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"C'était un petit jeune homme de dix-huit à dix-neuf ans, faible en apparence, avec des traits irréguliers, mais délicats, et un nez aquilin...
Qui eût pu deviner que cette figure de jeune fille, si pâle et si douce, cachait la résolution inébranlable de s'exposer à mille morts plutôt que de ne pas faire fortune !...Dès sa première enfance, il avait eu des moments d'exaltation. Alors il songeait avec délices qu'un jour il serait présenté aux jolies femmes de Paris, il saurait attirer leur attention par quelque action d'éclat. Pourquoi ne serait-il pas aimé de l'une d'elles, comme Bonaparte, pauvre encore, avait été aimé de la brillante Mme de Beauharnais ? Depuis bien des années, Julien ne passait peut-être pas une heure de sa vie sans se dire que Bonaparte, lieutenant obscur et sans fortune, s'était fait le maître du monde avec son épée.
Cette idée le consolait de ses malheurs qu'il croyait grands, et redoublait sa joie quand il en avait."
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Valet bavard et raisonneur, Jacques a la conviction que "tout ce qui nous arrive de bien et de mal ici-bas était écrit là-haut". Par le récit de ses mésaventures, il prétend le démontrer à son maître. Lequel, chemin faisant, ne demande qu'à savoir comment un fatal concours de circonstances rendit son serviteur amoureux... et boiteux. La lecture du fantasque Tristram Shandy, de Laurence Sterne, avait beaucoup réjoui Diderot qui, de 1771 à 1778, ne cessa d'enrichir Jacques le fataliste, dialogue entrecoupé d'aventures, d'apostrophes au lecteur, de soudaines digressions et de réflexions morales...
Ou amorales. Diderot s'y affranchit de toutes les conventions pour livrer une "rhapsodie de faits, les uns réels, les autres imaginés, distribués sans ordre". Longtemps connu dans la traduction de Goethe, le satirique Neveu de Rameau met en scène une conversation à bâtons rompus, au café de la Régence, entre un philosophe et le parent du célèbre compositeur, bohème génial et extravagant.