Disons-le d'emblée : aucun pays n'a inventé de système parfait permettant de lutter contre le racisme et les discriminations. L'enjeu est d'imaginer un nouveau modèle, transnational et universaliste, qui replace la politique antidiscriminatoire dans le cadre plus général d'une politique sociale et économique à visée égalitaire et universelle, et qui assume la réalité du racisme et des discriminations - pour se donner les moyens de les mesurer et de les corriger, sans pour autant figer les identités, qui sont toujours plurielles et multiples.
Howard Zinn était fermement convaincu que le fait de rassembler des personnes de races et de nationalités différentes permettrait de faire advenir un monde plus solidaire, où l'égalité serait une réalité et non un simple rêve.
Ces écrits, qui s'étendent sur cinq décennies, expriment la conviction inébranlable que les gens ont le pouvoir de changer les choses, et d'abolir le racisme s'ils suivent ensemble la tradition américaine de la désobéissance civile. Dans une prose claire, sensible et vivante, Zinn nous livre ses réflexions sur les abolitionnistes, la marche de Selma à Montgomery, John F. Kennedy, les piquets de grève et, pour finir, son message aux étudiants de l'université de New York au sujet de la question de la race, dans un .
« Ultra documenté, fluide et précis, passionnant, La Pensée blanche appelle à dire l'histoire de la domination des peuples non plus du seul point de vue des puissances occidentales.
Pour enfin passer à autre chose ».
Télérama.
« Ce livre raconte l'histoire de la pensée blanche, son origine et son fonctionnement, comment elle s'est répandue à travers le monde au point d'être aujourd'hui universelle. Depuis des siècles, la pensée blanche est une norme qui signifie aux Blancs et aux non-Blancs ce qu'ils doivent être. Indifférence et neutralité ne sont plus possibles. Ayons le courage d'ôter nos différents masques, pour défendre la seule identité qui compte?: l'humaine. Le «?Je?» c'est «?Nous?».
Lilian Thuram
"Les Doctrines de haine" est consacré à la violence politique, religieuse et sociale de notre société, régulièrement traversée par des "moments haineux" portés par les courants populistes de droite ou de gauche. Leur discours est celui des "anti" : antisémitisme, anticléricalisme, antimaçonnisme, anticapitalisme... Tous se présentent comme les seuls vrais défenseurs des libertés. Ils utilisent tous les mêmes arguments. Et fantasment tous un ennemi de la France. Pour Anatole Leroy-Beaulieu, l'antagonisme des passions porte donc moins sur les croyances que sur l'appartenance nationale : que signifie être un citoyen français ?
Plus d'un siècle après sa parution, ce livre résonne encore comme un appel à la tolérance mutuelle, la paix religieuse, la liberté de tous dans le respect de chacun. N'en avons-nous pas furieusement besoin ?
Fin observateur des réalités religieuses de son époque, notamment celles de l'affaire Dreyfus, de la séparation de l'Église et de l'État, ou encore de la détestation des protestants au tournant du siècle, Anatole Leroy-Beaulieu (1842-1912) est l'un des pères de la science politique française. Intellectuel engagé, fervent catholique, par ailleurs grand voyageur et précurseur des études russes et orientales, il a dirigé l'École libre des sciences politiques (qui deviendra Sciences Po) de 1906 à 1912.
À l'heure où le terme « ensauvagement », d'abord charrié par l'extrême droite, pénètre les sciences sociales et se discute dans la sphère médiatique et politique comme un phénomène tangible, Louisa Yousfi nous propose ici un récit à la fois politique et littéraire de ce (re)devenir barbare des Noirs et des Arabes de France.
Pas besoin de vous la présenter, la téléréalité est aujourd'hui partout. Si les programmes et les participants sont souvent méprisés, il n'empêche qu'ils sont devenus un élément incontournable du paysage télévisuel en France et que leur influence se propage dans toutes les couches de notre société. Nous sommes très nombreux à regarder de la téléréalité et participants bénéficient de côtes de popularité digne de celles de stars hollywoodiennes.
Problème : les programmes sont empreints de sexisme, à la fois devant et derrière la caméra. Les situations sexistes et violentes envers les femmes sont légion et font l'objet de plus en plus de dénonciation de la part des acteurs du milieu.
Valérie Rey-Robert et à la fois militante féministe et spectatrice de téléréalité. C'est donc tout naturellement que lui est venue l'idée d'écrire ce livre et de mettre des mots sur ce sujet de société trop souvent mis sous le tapis car considéré comme insignifiant ou peu digne d'intérêt. Au fil des pages, elle démontre l'importance d'arrêter de détourner le regard de nos écrans qui sont tout à la fois le reflet et le modèle pour nos sociétés actuelles et qui influencent parfois plus que de raison nos comportements dans « la vraie vie ».
- Un sujet plus que d'actualité : Les Anges de la téléréalité ont été déprogrammés suite à des dénonciations de faits de sexisme et de harcèlement.
- L'expertise d'une militante féministe reconnue qui a l'habitude de regarder ces programmes.
- Ce livre est indispensable pour enfin penser une réflexion autour de la téléréalité qui est considérée comme peu digne d'intérêt alors qu'elle a une influence immense sur nos vies culturelles.
Face au racisme d'État, à la possibilité du fascisme, à la perspective d'un nouveau duel électoral entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron, il est urgent de rendre accessible au plus grand nombre les expériences et outils, académiques et militants, issus des luttes antiracistes et antifascistes, passées et en cours.
Dans ce livre d'entretiens, Ugo Palheta, sociologue, militant anticapitaliste et auteur de La possibilité du fascisme (La Découverte) et Omar Slaouti, conseiller municipal à Argenteuil, militant antiraciste et auteur de Racismes de France (La Découverte), analysent la situation, clarifient les définitions, proposent des actions pour défaire le racisme, affronter le fascisme et ouvrir ainsi la voie de prochaines victoires sociales et politiques.
Parler de racisme, c'est parler d'une histoire-monde, celle de la xénophobie, de l'antisémitisme, des préjugés, de l'esclavage ou celle de la ségrégation. Mais c'est aussi parler d'images : la caricature, les objets, l'affiche politique ou de propagande, la publicité ou le tract, la photographie ou la peinture... Nombreux sont les supports qui ont véhiculé la représentation de l'« autre » comme un être inférieur, stigmatisé dans sa différence, que celle-ci soit ethnique, religieuse, culturelle ou sexuelle. Ils relèvent d'une culture visuelle qui a contribué pendant des siècles à façonner des relations tronquées, marquées par une violence pouvant aller jusqu'à l'extermination ou au génocide. En analysant près de 250 images, l'historien Pascal Blanchard et l'anthropobiologiste Gilles Boëtsch décryptent les différentes strates de cette haine de l'autre dans une perspective à la fois historique, culturelle et thématique. Car comprendre la construction de ce discours racial sur le temps long, c'est participer à sa déconstruction. Les auteurs donnent aussi la parole à une quinzaine de personnalités : chacune livre ici un éclairage à hauteur de sa propre expérience, de ses convictions et de ses engagements. Une saisissante histoire visuelle et mondiale du racisme pour en maîtriser désormais tous les codes et représentations.
Née en banlieue parisienne, dans une famille croyante et pratiquante, Mariame Tighanimine a longtemps porté le voile. Jusqu'à ce que, petit à petit, elle réalise que tout ce qu'elle dit, écrit, pense est regardé par le monde extérieur à travers son "hijab".
Ce livre-manifeste, qui assume le courage de la nuance dans un débat qui l'est souvent peu, explore les questions que le voile soulève pour les femmes et, au-delà, pour toute la société française.
Depuis une dizaine d'années, un nombre considérable de Blancs pensent être les nouvelles victimes d'un « racisme anti-blanc », d'une « discrimination inversée », d'un « remplacement » et pour les plus extrémistes, d'un « génocide blanc ».Ces discours, propres aux sympathisants d'un nationalisme ethno-racial, ont motivé l'élection de Donald Trump à la présidence des EU et menacent d'entériner sa réélection en novembre 2020.Dans de très nombreux ouvrages, cette crispation communautariste blanche est souvent présentée comme une réaction politique à la mondialisation néolibérale et aux inégalités nouvelles qui en résultent, à l'immigration dite « massive » et surtout au développement d'une société multiculturelle en passe d'assurer un bouleversement démographique et culturel.Pourtant, ces discours sur le « déclin » même relatif des Blancs américains ne résiste pas à l'étude des données disponibles sur l'inégalité réelle et les positions de pouvoir entre Noirs, Hispaniques et Blancs.En réfléchissant à la construction historique d'une identité nationale ethno-raciale aux EU, Sylvie Laurent démonte le nouveau mythe du Blanc victime qui a déjà traversé l'Atlantique (Brexit, par exemple) et qui invisibilise des inégalités raciales pourtant toujours criantes.Elle dévoile avec brio que ce discours est en réalité l'ultime tour de passe-passe de la domination blanche aux États-Unis, qui s'approprie la posture de l'opprimé pour préserver un ordre social chahute´ par l'élection de Barack Obama et l'activisme des minorisés.
En un demi-siècle, depuis les lois sur les droits civiques aux États-Unis, le combat pour la libération emmené par les luttes noires américaines a pris une dimension internationale ; il a joué à la fois le rôle de révélateur des grandes injustices et de catalyseur des espérances du moment.
Angela Davis a été un témoin majeur de ce demi-siècle. Militante communiste et proche des Black Panthers dès 1968, elle accompagne la radicalisation des mouvements noirs et leur engagement sur une multiplicité de fronts, de la guerre du Vietnam à la lutte contre l'apartheid en Afrique du Sud.
Ce recueil d'entretiens et de textes inédits d'Angela Davis donne à voir cet engagement sans trêve pour la libération.
Figure iconique et mondialement reconnue, le parcours et l'engagement d'Angela Davis sont bien connus en France - notamment à travers son Autobiographie (récemment rééditée) - tout comme sa lutte contre l'enfermement et la prison, déployée dans Les Goulags de la démocratie.
Ce recueil d'articles et d'entretiens rassemble des textes et interventions contemporaines d'Angela Davis. Derrière une grande pluralité d'enjeux se dégagent deux grandes thématiques.
Davis y décrit d'abord la violence d'État et l'oppression comme des phénomènes mondiaux :
Elle souligne ainsi la porosité entre l'oppression des Palestiniens et l'incarcération en masse des Africains-américains, ou encore les liens entre les violences policières et la guerre sans fin menée au Moyen-Orient. Depuis sa perspective états-unienne, Angela Davis revient ainsi sur une série d'événements qui ont scandé la dernière séquence de la politique d'émancipation : les mobilisations autour de Ferguson, puis le mouvement Black Lives Matter contre les violences policières racistes, condensent un plus large spectre de résistances à l'échelle du monde.
D'autre part, le livre trace une continuité entre les luttes du passé et les luttes présentes.
On y rencontre d'abord les grandes figures ou séquences des luttes africaines-américaines :
Non seulement Malcolm X et les Black Panthers, mais aussi la guerre de Sécession et W.E.B Du Bois. Davis rappelle ainsi combien ces luttes se sont nourries des luttes de libération en Asie, en Afrique, en Amérique latine, et les ont inspirées en retour.
Mais ce livre porte aussi un regard optimiste sur les formes émergentes de résistance, et sur la capacité des nouvelles générations à reprendre le flambeau d'une lutte sans frontières contre l'injustice et l'oppression.
Esclavage et ségrégation des noirs aux États-Unis, colonialisme européen, génocide des juifs... Le racisme est au coeur de certaines des plus grandes injustices que notre monde ait connu ces derniers siècles et nous sommes loin d'en avoir fini avec lui ainsi qu'avec son cortège de souffrances et de vies brisées. L'objectif de ce livre est de permettre au lecteur de poser un regard critique sur lui-même ainsi que sur les accusations et les dénégations de racisme qui abondent dans le débat public. Pour cela, l'ouvrage présente les différentes définitions du racisme qui ont cours dans le débat académique et propose des ressources pour comprendre et dénouer les controverses actuelles. L'enjeu est d'aider à ce que les personnes qui veulent lutter contre le racisme puissent se comprendre et se parler, quelle que soit leur approche, pour renforcer les capacités et la motivation de tous à agir pour le changement.
Diversité », « lutte contre les discriminations », « statistiques ethniques » : autant d'expressions qui, depuis les années 2000, n'ont cessé d'alimenter la controverse au sein de la sphère publique française. Dans ce contexte, les domaines audiovisuel et cinématographique ont été au coeur des préoccupations et la question de la représentation des dites « minorités visibles » a été particulièrement polémique. Inversant les termes habituels du débat français autour de la « diversité », cet ouvrage propose d'interroger la construction sociale de la blanchité. Ce concept anglo américain, né à la fin des années 1980 et presque complètement ignoré en France, désigne un mode de problématisation des rapports de race : l'étude des modalités dynamiques par lesquelles des individus ou groupes peuvent adhérer ou être assignés à une « identité blanche » socialement gratifiante. Entre études histo- riques novatrices sur l'articulation entre capitalisme et racisme et enquêtes sociologiques consacrées à l'hégémonie blanche, Dans le blanc des yeux rend ainsi compte des débats qui ont renouvelé la conceptualisation du racisme et pose à nouveaux frais la question de la dimension racialisante des représentations médiatiques.
Qu'y a-t-il de commun entre Joyce Echaquan, mère de famille Atikamekw morte en septembre 2020 dans un hôpital de Joliette, et Marie-Joseph Angélique, esclave noire exécutée à Montréal en 1734 ?
La militante de longue date Alexandra Pierre en aurait long à dire sur le sujet. Dans ce livre, elle s'entretient avec neuf femmes engagées afin de connaître leurs histoires de résistance et faire apparaître le fil qui les unit les unes aux autres. Elle en tire un matériau inédit, ancré dans les luttes passées et futures, et détaché des grandes trames du féminisme blanc et du militantisme traditionnel.
Habilement orchestré, alternant de l'intime au politique, cet essai révèle une pensée en mouvement, généreuse et insoumise.
Le documentaire Petite fille en 2020 nous aura rappelé que la question des jeunes trans gagnerait à être mieux connue du grand public. Longtemps, les identités trans et non binaires chez l'enfant ont été comprises comme une pathologie du développement à mettre en veilleuse, voire à corriger plus tard.
À l'image des personnes homosexuelles qui ont subi ces mêmes violences, un·e enfant qui exprime une identité de genre non conforme n'est absolument pas malade. Défendant l'approche dite « transaffirmative », qui repose sur une vision non binaire du genre, non pathologisante, respectant l'autodétermination et l'expertise des personnes sur leur vie, cet ouvrage pluridisiciplinaire entend fournir des fondements théoriques et pratiques sur le sujet, dans le but d'accompagner et d'améliorer la qualité de vie de ces enfants souvent vulnérables.
Il existe de grandes différences entre les hommes et les femmes dans la façon d'être surdoué et de vivre cet état. Les femmes à haut potentiel ne répondent pas de la même manière que les hommes aux contraintes d'une société dans laquelle les schémas de réussite sont encore imprégnés de sexisme. Le défi est double pour elles : dans un monde fondé sur l'image d'une femme au corps parfait et non d'une femme dotée d'un cerveau, il leur faut réussir à articuler leur féminité et leur intelligence et se faire accepter.
En se fondant sur les dernières études sociologiques et scientifiques, et sur de nombreux exemples de patientes, Monique de Kermadec met en lumière les nombreuses barrières sociales et professionnelles auxquelles se heurtent ces femmes qui se sentent en décalage. Elle leur donne des clés pour optimiser leur potentiel afin d'arriver à assumer le rôle qu'elles pourraient avoir dans notre société pour le bénéfice de tous.
La pensée se construit à partir de la catégorisation. Faire acte de racisme, c'est créer des catégories que l'on déprécie. Il convient de noter que ce n'est pas l'esprit qui crée des catégories mais les catégories qui créent l'esprit. Ces catégories naissent de façons d'interpréter des conjonctions de faits ou des situations sociales.
Dans notre monde fait de signes, la signification élue l'est en choisissant ses interprétants les plus motivants. Pour trouver une signification raciste au monde qui nous entoure, les motivations les plus fréquemment retenues sont : le différentiel de pouvoir (économique, de force ou symbolique), les métaphores corporelles, la culture environnante, l'affect, la gratification apportée par l'adoption des biais cognitifs, les relations intergroupes.
La première partie est psychanalytique. Elle rappelle ce que sont les défenses inconscientes, les fixations et régressions, le clivage, la projection, la position schizo- paranoïde et le narcissisme. Elle montre comment le racisme se greffe sur ces éléments. Le narcissisme en souffrance peut déboucher sur une perte de l'estime de soi et sur une fragmentation de la personnalité. Pour lutter contre ces risques, une pensée rigidifiée est instaurée, où l'autre aura pour vocation de devenir le dépositaire de cette souffrance, son lieu de débarras. Le complexe d'OEdipe et le mythe de Narcisse permettent de comprendre comment l'Autre est perçu par le raciste. Une typologie de la place du racisme en fonction des personnalités qui lui sont sous-jacentes est proposée.
Dans la deuxième partie, l'Auteur aborde le fait que le racisme n'est pas qu'une problématique individuelle : il se développe dans le groupe et grâce aux mécanismes mêmes qui permettent de penser.
Mika Alison s'appuie sur son parcours de transition personnel (alors qu'elle était déjà enseignante) et sur sa pratique professionnelle quotidienne pour nous livrer quelques éléments d'analyse sur le milieu scolaire, tirés de son vécu. Si l'école entretient encore parfois un rapport ambigu avec les transidentités et plus largement avec les questions LGBT, des avancées certaines doivent être soulignées. Bien entendu, il reste du chemin à parcourir - et l'auteure s'y emploie, que ce soit en tant que professeure, qu'experte associée sur les questions LGBT au sein de son académie ou par le biais de son engagement associatif. Ce témoignage rare, courageux et émouvant, est l'occasion rêvée pour découvrir notre système scolaire - et, plus largement, notre société - à travers le vécu et les analyses d'une transeignante.
Après l'élection de Barack Obama, certains ont proclamé l'avènement d'une société post-raciale. Avec une liberté de ton décapante, Reni Eddo-Lodge montre ici combien nous en sommes loin. Elle analyse les méfaits d'un racisme structurel persistant d'autant plus sournois qu'il avance masqué. Car le racisme va bien au-delà de la discrimination ou de l'injure personnelle. Il imprègne le récit historique, l'imaginaire collectif, les institutions et les entreprises.
Pourquoi les Blancs pensent-ils ne pas avoir d'identité raciale? Pourquoi la simple idée d'un James Bond noir fait-elle scandale? Comment une fillette noire en vientelle à se persuader qu'en grandissant, elle deviendra blanche? Le racisme n'est pas une question de valeur morale, mais d'exercice du pouvoir. Entretenir la légende d'une égalité universelle n'aide en rien. Au contraire. Car, pour déconstruire le racisme, il faut commencer par reconnaître l'étendue du privilège blanc.
Sarcelles 1990 ou la cité des diversités et des communautés heureuses. Sarcelles 2020 ou la cité des divisions et des rivalités identitaires.
Revenant dans cette ville-symbole dont elle est originaire, la journaliste Noémie Halioua découvre une réalité bien différente. La cité-dortoir, qui s'était si longtemps voulue rebelle à la malédiction de la banlieue, n'est plus ce qu'elle était. Juifs, chrétiens et musulmans qui la peuplaient et rêvaient d'une société nouvelle, brassant les cultes et les cultures, dépassant les barrières des langues et des coutumes, sont rattrapés par la guerre des identités. Ainsi débute le règne de l'hostilité.
Chronique d'une enfance douce, récit initiatique, enquête sociologique de terrain, mais aussi essai politique sur la faillite du multiculturalisme, miroir nostalgique et émouvant d'un monde en train de disparaître, ce livre fort et aigu décrit les fractures de la France d'aujourd'hui.
Un livre décisif, incarné, au féminin, superbement écrit, sur le grand malaise français.
"La race est particulièrement visible dans l'alimentation. D'abord parce que le concept fut inventé pour justifier la gourmandise de certain·es Européen·nes. Ensuite parce que la nourriture prend une telle place dans nos vies - la majorité d'entre nous mange trois fois par jour - que les restaurants, les supermarchés ou les cuisines sont des lieux privilégiés pour créer et perpétuer les constructions sociales.
Si je vous dis maintenant que le racisme, tel qu'on le connaît aujourd'hui, trouve son origine dans une histoire de sucre, vous risquez d'avoir du mal à l'avaler. C'est pourtant vrai. Le racisme s'est installé dans les têtes des Européen·nes en même temps que le sucre arrivait sur leurs tables. La corrélation n'a rien de fortuit. Ce système de pouvoir fut précisément créé pour que les Européen·nes puissent consommer du sucre en ayant la conscience tranquille.
Et l'industrie alimentaire l'entretient depuis". Dans Voracisme, l'auteur mène l'enquête sur les liens consubstantiels entre racisme et alimentation, depuis l'esclavagisme dans les cultures de cannes à sucre au 17e siècle jusqu'aux cuisines de nos restaurants, en passant par l'histoire du marketing alimentaire.
Du 6 mai au 11 juillet 2019 s'est tenu le procès France Télécom. Didier Lombard, ex-président du groupe, comparaissait aux côtés de son ancien bras droit, Louis-Pierre Wenès, de l'ex-directeur des ressources humaines, Olivier Barberot, et de quatre autres cadres pour des faits de harcèlement moral ayant conduit à de multiples suicides entre 2007 et 2010. Au premier rang des parties civiles, le syndicat Sud PTT et l'Union syndicale Solidaires, à l'origine de la plainte contre la direction de l'entreprise.
Porte-parole de Solidaires, Éric Beynel a lancé une démarche éditoriale inédite de suivi du procès, conviant chaque jour une personnalité (romancier.ère, chercheur.se, artiste) à rédiger ou dessiner un récit d'audience. Chaque texte constitue un épisode haletant, une plongée dans l'espace ritualisé, tragique, du tribunal.
À gauche les avocat.e.s des parties civiles, à droite ceux des prévenu.e.s, deux fois plus nombreux.ses. Au centre des débats, des hommes, des femmes immolé.e.s, défenestré.e.s sur leur lieu de travail, pendu.e.s à leur domicile. Les dirigeant.e.s de France Télécom paraissent patauger dans leurs contradictions...
Jamais ils n'en avaient parlé. De quoi ?
De ce qui est au centre de la société française, dans tous les domaines : le mépris.
Tapie, Pinault, Onfray, Sarkozy, Hidalgo, Luchini et bien d'autres... Tous ont un point commun : à un moment ou à un autre, ils ont été confrontés à cette épreuve dont ils ont fait une force.
Avec une liberté de ton à laquelle nous ne sommes pas habitués, ils se sont confiés à Sébastien Le Fol.
Tous ont souffert un jour de ne pas avoir les bons codes, les bonnes manières, les bons diplômes, les bons réseaux. D'où cette terrible phrase souvent entendue : « Reste à ta place... ! ».
Mais au lieu de les accabler, cette arrogance les a galvanisés.
Ce livre inclassable mêle l'histoire et l'enquête. On passe de l'Ancien Régime à la Ve République, de Louis XIV à Macron. Il en résulte un décryptage iconoclaste du malaise de la société française. De l'école aux coulisses de la réussite, on y découvre un monde fermé, obéissant à des règles connues des seuls initiés.
Un document exceptionnel sur un phénomène de société qui est aussi un enjeu politique à la veille d'une élection capitale.