En 1967, Cabu dessine la rafle du Vel d'Hiv à partir du livre événement de Claude Lévy et Paul Tillard. Une série inédite depuis cinquante ans.
Claude Lévy et Paul Tillard, tous deux résistants et anciens déportés, publient La Grande Rafle du Vel d'Hiv', 16 juillet 1942 (Robert Laffont, 1967). Cet ouvrage, qui rassemble documents et témoignages, pointe le rôle de la police française et du gouvernement de Vichy dans la déportation des juifs, et provoque une onde de choc (ce livre a été réédité en Texto, 2020) Le magazine Candide décide d'en publier les bonnes feuilles et fait appel à un jeune dessinateur de 29 ans, Jean Cabut, dit Cabu, pour les illustrer. Cabu est profondément bouleversé par ce qu'il lit : il consacre 16 grandes planches au déroulement de la rafle et dessine les décors, les scènes, les visages, sans rien laisser au hasard. « Toute son âme est là pour raconter cette tragédie » (Véronique Cabut) À l'occasion des 80 ans de la rafle du Vel d'Hiv, Véronique Cabut, son épouse, et Laurent Joly, historien spécialiste de l'Occupation, proposent de redécouvrir ces dessins jamais publiés depuis leur parution dans la presse. Cet ouvrage est aussi un hommage à un dessinateur génial et populaire qui fut l'une des douze victimes de l'attentat djihadiste du 7 janvier 2015 contre la rédaction de Charlie Hebdo.
« La guerre avait fauché une génération. Nous étions effondrés. Mon oncle et ma tante avaient beau être médecins, ils ne possédaient plus rien. Leur clientèle avait disparu. Leur maison avait été pillée. Leurs économies avaient fondu. Le lendemain de mon arrivée à Paris, comme ils n'avaient ni argent ni vêtements à m'offrir, c'est une voisine qui m'a secourue avec une robe et des sous-vêtements.
Il régnait dans la maison une atmosphère de désolation.
Il n'y avait plus le moindre meuble. Les miroirs avaient été volés, à part ceux qui étaient scellés aux murs et que les pillards n'avaient pas pu emporter.
Je faisais ma toilette matinale devant un miroir brisé par une balle. Mon image y apparaissait fissurée, fragmentée.
J'y voyais un symbole.
Nous n'avions rien à quoi nous raccrocher. Ma soeur Milou était gravement malade, mon oncle et ma tante avaient perdu le goût de vivre. Nous faisions semblant de vouloir continuer. » Simone Veil raconte son enfance, sa déportation, et l'impact de cette épreuve dans sa vie.
Récit recueilli par David Teboul.
Membre convaincu du parti nazi dès 1923, aveuglément soutenu par son épouse Charlotte, Otto von Wächter a rapidement intégré l'élite hitlérienne, devenant notamment, au début de la Seconde Guerre mondiale, gouverneur de Cracovie en Pologne, puis gouverneur du district de Galicie, dans l'ouest de l'Ukraine actuelle - deux territoires qui furent le théâtre de l'extermination des Juifs. En 1945, après la défaite du Reich, il parvient à fuir, se cache dans les Alpes autrichiennes avant de rejoindre Rome et le Vatican, qui abrite l'une des principales filières d'exfiltration des nazis vers l'Amérique du Sud. C'est là qu'il trouve la mort, en 1949, dans des circonstances. Comment a-t-il pu se soustraire à la justice, de quelles complicités a-t-il bénéficié ? A-t-il été réduit au silence ?
La rafle dite du "Vel d'Hiv" est l'un des événements les plus tragiques survenus en France sous l'Occupation. En moins de deux jours, les 16 et 17 juillet 1942, 12 884 femmes, hommes et enfants, répartis entre Drancy (près de 4 900) et le Vel d'Hiv (8 000), ont été arrêtés par la police parisienne à la suite d'un arrangement criminel entre les autorités allemandes et le gouvernement de Vichy. Seule une petite centaine de ces victimes survivra à l'enfer des camps nazis.
Cette opération emblématique et monstrueuse demeure pourtant relativement méconnue. L'arrière-plan administratif et la logistique policière de la grande rafle n'ont été que peu étudiés, et jamais dans le détail. Légendes (tel le nom de code « opération Vent Printanier ») et inexactitudes (sur le nombre de personnes arrêtées ou celui des effectifs policiers) sont répétées de livre en livre. Et l'on ignore que jamais Vichy ne livra plus de juifs français à l'occupant que le 16 juillet 1942 !
D'où l'ambition, dans cet ouvrage, d'une histoire à la fois incarnée et globale de la rafle du Vel d'Hiv. Une histoire incarnée, autrement dit au plus près des individus, persécutés comme persécuteurs, de leur état d'esprit, de leur vécu quotidien, de leurs marges de décision. Mais aussi une histoire globale, soucieuse de restituer la multiplicité des points de vue, des destinées, et attentive au contexte de la politique nazie et de la collaboration d'État.
Une recherche largement inédite, la plus riche et variée possible, de la consultation de centaines de témoignages à une exploitation inédite des « fichiers juifs » de la Préfecture de police de Paris. Mais la partie la plus importante de l'enquête a consisté à rechercher des « paroles » de policiers : 4 000 dossiers d'épuration des agents de la préfecture de police ont été dépouillés. Parmi eux, plus de 150 abordent la grande rafle et ses suites. Outre les justifications de policiers, ces dossiers contiennent des paroles de victimes, des témoignages (souvent accablants) de concierges, et surtout des copies de rapports d'arrestation, totalement inédits.
Fruit de plusieurs années de recherche menées par l'auteur, où les archives de la police et de l'administration auront été méticuleusement fouillées, La Rafle du Vel d'Hiv apporte une lumière nouvelle sur l'un des événements les plus terribles et les plus difficiles à appréhender de notre histoire contemporaine.
L'histoire oubliée du combat des femmes dans les ghettos de Hitler.
C'est en cherchant des exemples de femmes juives résistantes à la British Library que Judy Batalion est tombée sur Women in the Ghettos [Femmes dans les ghettos], un livre insolite et poussiéreux de deux cents pages, écrit en yiddish. Connaissant la langue, elle se plonge dans la lecture et tombe sur des histoires d'armes, de grenades et d'espionnage.
«C'était un polar yiddish, l'histoire des «filles du ghetto» juives polonaises, qui soudoyaient les gardes de la Gestapo, cachaient des pistolets dans des ours en peluche et organisaient des réseaux d'abris souterrains. Elles séduisaient les nazis, les amadouaient avec de l'alcool et des confiseries, et les tuaient. J'étais stupéfaite.
J'avais grandi dans une famille de survivants de l'Holocauste, et on ne m'avait jamais parlé de cette histoire. Je savais que j'avais trouvé un trésor, et que je devais retrouver la trace de ces filles. »
Nous sommes à Varsovie, le 19 septembre 1940 ;
Les nazis tiennent la ville. Ils ont envahi la Pologne l'année précédente. Le pays est soumis au règne brutal de la terreur. Des milliers de Polonais - médecins, professeurs, écrivains, avocats, Juifs et catholiques confondus - sont enlevés en pleine rue pour être fusillés ou incarcérés. Au mois de juin, les Allemands ont ouvert un nouveau camp de concentration où enfermer leurs prisonniers. Son nom est Auschwitz.
On ne sait pas grand-chose sur ce qu'il s'y passe.
Witold Pilecki, 38 ans, père de 2 enfants, propriétaire terrien, sans passé politique, décide d'infiltrer le camp, de monter un réseau clandestin et de réunir des preuves contre les crimes nazis afin d'alerter l'opinion internationale.
Dans une synthèse très complète, l'historien Chris Millington offre une approche renouvelée de la France durant les années 1940-1945 au prisme de l'historiographie la plus actuelle:la question du genre, notamment le rôle des femmes combattantes, la question raciale éclairant des épisodes méconnus de la guerre dans l'Empire français ou encore le long travail de la mémoire.Au fil d'une chronologie resserrée, l'auteur raconte cette histoire selon les temporalités des différents territoires de la France:la guerre y a trouvé des prolongations différentes que l'on soit à Paris, en Zone sud, en Algérie ou en Guadeloupe...Loin des grands affrontements politiques à la Une des journaux, l'ouvrage s'attache aux parcours des Français confrontés à un événement d'une telle ampleur historique qui est associé pour beaucoup à la souffrance due à la faim ou aux persécutions.Des figures héroïques ou de simples témoins s'en détachent à l'instar de la résistante fondatrice du réseau du musée de l'Homme, Agnès Humbert ou du journaliste Léon Werth, qui donnent à ce livre une dimension très vivante et presque palpable plus de soixante-quinze ans après.
L'exploit d'Oskar Schindler est connu, celui de Felix Kersten l'est beaucoup moins. Pourtant, un mémorandum du Congrès juif mondial établissait dès 1947 que cet homme avait sauvé en Allemagne « 100 000 personnes de diverses nationalités, dont environ 60 000 juifs ». Dans son roman Les Mains du miracle, Joseph Kessel retraçait déjà l'action du thérapeute d'Himmler, sans que le lecteur puisse toujours distinguer la part de Kessel de celle de Kersten. Pour reconstituer cette dernière au travers des archives, des mémoires, des journaux, des notes et des dépositions des principaux protagonistes, il fallait un historien spécialiste de la Seconde Guerre mondiale qui soit également polyglotte. Le résultat est un récit de terreur, de lâcheté, de générosité, de fanatisme et d'héroïsme qui tiendra jusqu'au bout le lecteur en haleine.
« Ces pages seront-elles jamais publiées ? Je ne sais. Il est probable, en tout cas, que, de longtemps, elles ne pourront être connues, sinon sous le manteau, en dehors de mon entourage immédiat. Je me suis cependant décidé à les écrire. L'effort sera rude : combien il me semblerait plus commode de céder aux conseils de la fatigue et du découragement ! Mais un témoignage ne vaut que fixé dans sa première fraîcheur et je ne puis me persuader que celui-ci doive être tout à fait inutile. Un jour viendra, tôt ou tard, j'en ai la ferme espérance, où la France verra de nouveau s'épanouir, sur son vieux sol béni déjà de tant de moissons, la liberté de pensée et de jugement. ».
1938, c'est la veille de la guerre, les Français espèrent encore. Après le « lâche soulagement » des accords de Munich, Hitler envoie son ministre des Affaires étrangères, Joachim von Ribbentrop, à Paris, le 6 décembre, pour signer une déclaration de bon voisinage. Il est reçu avec tous les honneurs de la République. S'agit-il d'une nouvelle ruse du Führer ? Faut-il continuer à réarmer la France à marches forcées ?
Pourtant, le pogrom de la Nuit de Cristal, quelques semaines plus tôt, le déchaînement des persécutions antijuives dans toute l'Allemagne, ainsi que la reprise des discours incendiaires d'Hitler, ont rallumé la méfiance d'une partie de l'opinion et des responsables politiques. Le gouvernement d'édouard Daladier est divisé. Il doit faire face à d'autres crises telles que les violentes manifestations fascistes antifrançaises orchestrées par le régime de Mussolini à Rome.
C'est en fait toute l'Europe qui marche à l'abîme. Mais la brillante vie parisienne occulte aussi la réalité de la menace et favorise l'inconscience devant le danger.
On danse sur un volcan. au grand bal des illusions, où se trouvent encore la lucidité, l'intelligence et le courage ?
Frédéric Mitterrand retrace avec verve cet épisode méconnu d'une histoire qui s'avérera tragique.
Et dont l'écho résonne encore fortement dans la France d'aujourd'hui.
Je vous écris d'Auschwitz « Mes chers, je suis dans un camp de travail et je vais bien... » Voici les quelques mots expédiés depuis Auschwitz par près de 3 000 juifs de France, attestant l'existence d'une correspondance entre les déportés à Auschwitz et leur famille entre 1942 et 1945. Ces lettres-cartes, écrites sous la contrainte, faisaient partie d'une vaste opération de propagande, la Brief-Aktion, qui visait à rassurer leurs proches et dissimuler l'horreur. D'autres lettres, clandestines celles-ci, ont pu entrer et sortir du camp et dévoilent l'enfer concentrationnaire. Sont rassemblées ici aussi des lettres écrites dès la libération du camp, preuves de survie uniques et émouvantes adressées aux familles par les rescapés.
Grâce à des archives inédites, Karen Taieb dévoile un pan méconnu de l'histoire de la Shoah, honore la mémoire des victimes et redonne une identité à vingt et un déportés, dont ces lettres, qui nous plongent de façon saisissante dans la réalité du camp d'Auschwitz, sont parfois les dernières traces.
Karen Taïeb
C'est un livre qui transcende les genres et raconte une enquête. Elle mènera l'autrice - anthropologue, Américaine, d'origine juive - sur les traces de son ancêtre, Daniel Trocmé, instituteur pendant la Seconde Guerre mondiale au Chambon-sur-Lignon, le « village des Justes ». De Washington au Chambon, des camps de Buchenwald et de Majdanek à Jérusalem, Maggie Paxson s'interroge sur ce qui fait une société pacifique et ce qui pousse une collectivité, malgré la violence et le danger, à choisir l'altruisme. Au passage, elle rencontre des millions de Juifs d'hier et des millions de migrants d'aujourd'hui dans une même tradition d'accueil séculaire. Pour finir par se rencontrer elle-même. C'est un témoignage fort et émouvant sur le sens d'une vie, le concept de paix et le devoir de mémoire.
Un livre touché par la grâce, porté par une écriture lyrique, qui entrelace avec aisance et subtilité le récit historique, l'étude de terrain, le témoignage et l'introspection personnelle.
Maggie Paxson est chargée de recherche à l'université de Georgetown (Washington) et à l'United States Holocaust Memorial Museum. Elle a longtemps étudié les sociétés en conflit, en particulier en Russie, où elle a vécu dans un village du Nord-Caucase au contact de ses habitants. Elle est aussi chanteuse au sein de l'Imperial Palms Orchestra, l'un des principaux big bands de la côte Est.
Le 27 janvier 1945, les troupes soviétiques libèrent le camp d'Auschwitz Birkenau, le plus important camp de concentration, de travail et d'extermination du régime hitlérien. Ce jour-là, 2 819 détenus sont délivrés. Mais comment ont-ils fait pour survivre à cinq ans d'enfer ?
Certains ont été utilisés comme cobayes dans les expériences médicales du docteur Josef Mengele. Comme lui, de nombreux médecins SS ont profité de leur affectation à Auschwitz pour réaliser des expérimentations sur les déportés, et participer activement à chacune des étapes du processus d'extermination des Juifs, depuis la sortie des wagons jusqu'à l'entrée dans les chambres à gaz. De l'autre côté du miroir, on trouve les médecins déportés qui, eux, ont fait preuve d'obstination et d'acharnement pour soigner coûte que coûte les malades qui les entouraient.
Comment des membres du corps médical - qui avaient embrassé la carrière médicale pour soulager leur prochain - ont-ils pu commettre de telles atrocités ? À l'inverse, comment les soignants déportés ont-ils réussi à venir en aide aux autres détenus avec le peu de moyens dont ils disposaient ? Et, surtout, comment ont-ils pu rester intègres tout en collaborant avec des médecins SS ?
Dans cet ouvrage qui s'appuie sur de nombreux témoignages, le docteur Bruno Halioua répond à toutes ces questions et retrace avec maestria l'histoire méconnue des médecins d'Auschwitz qui est avant tout l'histoire d'une confrontation entre deux conceptions antinomiques de la médecine.
Ouvrage préfacé et introduit par Claude Quétel.
La lutte clandestine en France.
S'appuyant sur des archives variées, cet ouvrage propose une réflexion critique sur ce qu'a été l'expérience de la lutte clandestine en France. Des premières manifestations du refus en 1940 jusqu'aux libérations du territoire à l'été et à l'automne 1944, c'est ici une approche anthropologique du phénomène qui est privilégiée. Elle conduit à mettre l'accent sur la densité extrême du temps résistant, à scruter ses pratiques et ses sociabilités, à interroger aussi les liens qui se tissent peu à peu avec la société. Soumis à un danger permanent, sans modèle préalable auquel se référer, l'univers clandestin de la Résistance n'aura jamais cessé d'inventer sa propre action, tout en exposant l'ensemble de ses protagonistes à des risques identiques et mortels.
La Seconde Guerre mondiale a été menée derrière les lignes ennemies par une armée du silence. Cette armée, c'est celle des réseaux de résistance pilotés par les services secrets de la France libre et des Alliés. Leurs missions ? Recueil et transmission de renseignements, évasions de pilotes alliés, émissions radio clandestines, opérations secrètes par air ou mer etsabotages. Ces réseaux (Comète, Alliance, Saint-Jacques...) sont des acteurs majeurs de la victoire finale contre l'oppression nazie et fasciste. Leurs secrets et l'identité de leurs agents ont jusqu'ici été conservés dans des archives en France et à l'étranger, récemment ouvertes. Guillaume Pollack dresse la première synthèse d'un dépouillement général de ces documents qui révèlent un aspect inédit de l'histoire de la Résistance en France : une résistance transnationale, où s'activent des ressortissants des pays tombés sous la loi nazie, vichyste et fasciste, construite au mépris des frontières étatiques et des lignes de démarcation. Ce livre est l'histoire d'hommes et de femmes presque toujours restés anonymes, engagés pour la libération de l'Europe occupée, inlassablement traqués par la répression.
Le 16 juillet 1942, à l'aube, débute à Paris une vaste opération policière, baptisée « Vent printanier ». Voulue par les autorités allemandes, elle mobilise près de 9 000 hommes des forces du gouvernement de Vichy. Ce jour-là et le lendemain, 12 884 juifs sont arrêtés, dont 4 051 enfants.
Tandis que les célibataires et les couples sans enfants sont directement conduits au camp d'internement de Drancy, les familles, soit plus de 7 000 personnes, sont détenues au Vélodrome d'Hiver. Elles y demeurent plusieurs jours, dans des conditions épouvantables : entassées sur les gradins, dans une chaleur insupportable, presque sans eau, ni vivres. Jusqu'à leur internement à Pithiviers et à Beaune-la-Rolande, avant d'être déportées vers les camps de concentration d'Allemagne et de Pologne.
2 octobre 2009, Varsovie. Marek Edelman s'éteint. Figure de l'opposition au régime communiste polonais, il est célèbre d'abord pour avoir été l'un des dirigeants du soulèvement du ghetto de Varsovie en 1943. Membre du Bund, le mouvement socialiste des travailleurs juifs, il participe à ses publications clandestines. Quand les nazis décident de liquider le ghetto, il fait partie de ceux qui se savent condamnés mais ne veulent pas mourir sans combattre. Une poignée d'hommes contre une armée.
Marek Edelman ne posait pas au héros. «?Nous avions décidé de mourir les armes à la main. C'est tout. C'est plus facile que de donner ses habits à un Allemand et de marcher nu vers la chambre à gaz.?» Juif non religieux, non sioniste, c'était un éternel insoumis. Il avait publié en 1945 un récit sur le ghetto et son soulèvement, puis des entretiens.
Le jour de son enterrement, ses enfants, Aleksander et Ania Edelman, retrouvent dans son appartement trois carnets, où il avait consigné à la fin des années 1960 des souvenirs du ghetto, sans aborder le soulèvement.
Ce sont ces carnets retrouvés que nous publions ici, avec un appareil de notes et d'annexes permettant la compréhension de ce document exceptionnel.
Le témoignage de Robert Hébras, dernier témoin de la tragédie d'Oradour ;
Le 10 juin 1944, lorsqu'une unité de la Waffen SS investit Oradour-sur-Glane, Robert Hébras a l'insouciance d'un jeune homme loin de la guerre, tout à son match de foot du lendemain. L'histoire en décidera autrement. En ce sombre samedi, dans le paisible village de Haute-Vienne, les soldats allemands vont commettre le plus grand massacre de civils de la Seconde Guerre mondiale : 643 morts dont plus de 450 femmes et enfants enfermés dans l'église en flammes. Seule une poignée de personnes réchapperont de cet enfer, dont Robert Hébras.
Près de quatre-vingts ans après les faits, le drame résonne toujours en lui. Dans les ruines du village, il emmène Agathe, sa petite-fille, dès son plus jeune âge, et lui raconte Oradour. Sa jeunesse, sa mère et ses soeurs perdues dans l'église, et cette journée tragique dans chaque détail mais dont le récit est nécessaire à la sauvegarde de la mémoire.
Robert Hébras est un témoin essentiel, marqué à jamais par la folie de la guerre, mais aussi porté par le besoin de transmettre, inlassablement, son histoire aux générations futures. Pour ne jamais oublier.
Revenue seule des camps de la mort avec ses deux petits frères, c'est avec ses yeux d'enfant que Lili revit chaque jour les longs mois de survie au coeur de la barbarie nazie.
De l'Écosse à Mourmansk puis Moscou, le correspondant de guerre Alexander Werth livre dans ces ultimes carnets un témoignage de première main sur l'été noir de 42, ces mois les plus dramatiques des affrontements sur le front de l'Est, alors que la Wehrmacht fonce vers la Volga et le Caucase, avant d'être enfin arrêtée à Stalingrad.
Avec L'Été noir de 42 s'achève la publication des Carnets du célèbre journaliste britannique Alexander Werth. Il y raconte son périlleux périple en bateau entre l'Écosse et Mourmansk, le voyage en train aux côtés des Soviétiques jusqu'à Moscou et décrit son expérience de correspondant de guerre durant les mois les plus tragiques du conflit sur le front de l'Est.
Consigné dans la capitale, sans information fiable, Alexander Werth se livre à une analyse serrée de la presse quotidienne, des actualités filmées projetées au cinéma, des chroniques et autres « écrits patriotiques » publiés par les écrivains les plus populaires qu'il côtoie quotidiennement. Il scrute les métamorphoses de la propagande, le retour aux valeurs traditionnelles dans l'armée, mais aussi, à la moindre occasion, le vécu et le moral des Moscovites durant les semaines critiques qui suivent la chute de Rostov-sur-le-Don. Mais L'Été noir de 42 est aussi une réflexion sur le métier de journaliste en « conditions extrêmes ». Malgré les limitations imposées à ses déplacements, strictement encadrés par les officiels soviétiques qui organisent des « sorties » dans tel kolkhoze ou camp-modèle de prisonniers allemands, Alexander Werth glane des impressions, loin des discours officiels.
Nous connaissons aujourd'hui la « fin de l'histoire » : la victoire de l'Armée rouge à Stalingrad. Mais durant le terrible été 42, qui marque l'apogée de l'avancée des forces de l'Axe, qui pouvait prédire ce qui allait se passer ? Le témoignage d'Alexander Werth se fait dès lors journal de l'attente. Attente du désastre, non plus à l'échelle d'un pays, mais d'un continent.
13 octobre 1941, Myropol, en Ukraine. Un tireur pointe son fusil à quelques centimètres de la tête d'une femme, à demi masquée par un nuage de fumée. Elle est penchée en avant, au bord d'un ravin, et tient la main de son petit garçon aux pieds nus.
Cette scène insoutenable - le meurtre par balles d'une mère et de ses enfants -, l'historienne américaine Wendy Lower l'a découverte en 2009 dans les archives de l'United States Holocaust Memorial Museum à Washington. Dès lors, son but est de leur rendre justice. Au terme de dix années d'enquête menée en Ukraine, en Allemagne, en Slovaquie, en Israël et aux États-Unis, elle est parvenue a retrouvé les identités des victimes et des tueurs - des officiers allemands et des collaborateurs ukrainiens -, ainsi que celle du photographe slovaque qui a saisi cette exécution.
À travers cette image unique, Wendy Lower nous livre une lecture, nouvelle et saisissante, sur les massacres nazis perpétrés par les Einstazgruppen.
« cher papa, je viens de recevoir ta carte qui ma fait un grand plaisir et le colis. Je suis bien arrivé à Izieu il fait très beau ici a Izieu et ici c'est joli ».
Georges Halpern, 7 ans.
En mai 1943, avec une quinzaine d'autres enfants juifs, le petit Georgy s'installe à la villa Anne-Marie, une grande bâtisse située sur les contreforts du Jura, dans l'Ain, commune d'Izieu. Grâce à l'action de l'oeuvre de Secours aux enfants et en particulier de l'une de ses membres, Sabine Zlatin, qui en prend la direction, la maison va offrir en ces temps de guerre un refuge temporaire à 105 jeunes âgés de 3 à 17 ans, originaires de toute l'Europe, pour quelques semaines ou mois : c'est la « colonie des enfants réfugiés de l'Hérault ». Un an plus tard, le 6 avril 1944, sur ordre de Klaus Barbie, la Gestapo de Lyon rafle la maison : 44 enfants et 7 adultes sont arrêtés et déportés. Seule l'une des encadrantes reviendra d'Auschwitz.
Derrière eux, les pensionnaires d'Izieu ont laissé des dessins, cahiers d'écolier, lettres, photos... Ces témoignages, d'autant plus fragiles et bouleversants qu'ils sont rares, disent le traumatisme de la vie à l'écart, loin des proches, mais aussi les moments de complicité partagés, les rêves et les espoirs d'alors : les jeux, les repas, les soins, les promenades, les rencontres... À travers la reproduction de ces documents, rassemblés après le drame par Sabine Zlatin puis confiés à la Bibliothèque nationale de France en 1994, ce livre retrace ainsi, au fil des images qui nous sont parvenues, l'aventure humaine que fut la Maison d'Izieu, au plus près de ceux qui y ont pris part.
La vie de lady Churchill est aussi palpitante qu'un épisode de la série The Crown !
Issue de l'aristocratie écossaise, elle aurait pu se faire un nom à elle. Mais elle préféra se consacrer à encourager et assister le génie fantasque qu'était son mari, et surtout à lui communiquer son solide équilibre. « Clemmie » lui a littéralement appris à vivre.
Fine, pratique, imperturbable, douée de nombreuses qualités, elle se montra toujours pour lui une conseillère subtile et une compagne éblouissante. Il est peu de dire que sa perspicacité et son ascendant furent des facteurs essentiels dans l'ascension prodigieuse que connut Winston Churchill.
Poigne de fer dans un gant de velours, elle faisait la révérence à la tant décriée duchesse de Windsor mais était capable de tenir tête au général de Gaulle. Elle a traversé presque un siècle d'histoire, surmontant nombre d'obstacles et de tragédies (dont la mort brutale de deux de ses enfants), rencontrant tous les grands de ce monde, à commencer par Staline.
Qui sait à quel point la carrière de sir Winston et même l'histoire du monde auraient été différentes si Clémentine Churchill n'avait fait preuve de tant d'abnégation et d'intuition amoureuse ? Une vie fondée sur une complicité réciproque que l'humour de son couple rendit bien souvent savoureuse.
Nous le savons, la production cinématographique a été intense en Allemagne sous le IIIe Reich. Mais si l'on connaît les films de propagande exaltant l'esprit guerrier (tels Stukas ou Kolberg) ainsi que les incontournables documentaires de Leni Riefenstahl (notamment celui sur les Jeux olympiques de 1936), le cinéma de divertissement est souvent mis de côté, voire totalement ignoré.
C'est pourtant entre 1933 et 1945 que les studios allemands comme la UFA produisent le plus de films (comédies, mélodrames, films d'amour, policiers, etc.) et élèvent nombre d'actrices au rang d'icônes (Zarah Leander, Brigitte Horney, Camilla Horn...). Largement inspirée du modèle hollywoodien, cette industrie est une véritable usine à rêves qui présente alors deux avantages majeurs : d'une part, divertir les citoyens allemands et leur faire oublier la guerre en leur offrant un monde de glamour et de paillettes ; d'autre part, délasser les « grands » - tels Goebbels - qui se consolent facilement dans les bras des actrices...
Pour la première fois, cet ouvrage explore et analyse le star system nazi : le statut particulier et ambigu des comédiennes, leurs carrières étonnantes, leurs vies hors du commun, leurs rapports avec les hauts dignitaires, le rôle qui leur a été dévolu à l'écran... En dévoilant cette face cachée de l'univers national-socialiste, Isabelle Mity revisite de manière originale et inattendue l'histoire de l'Allemagne au XXe siècle.