Alexandre Dumas (1802-1870)
"Le lundi, dix-huitième jour du mois d'août 1572, il y avait grande fête au Louvre.
Les fenêtres de la vieille demeure royale, ordinairement si sombres, étaient ardemment éclairées ; les places et les rues attenantes, habituellement si solitaires, dès que neuf heures sonnaient à Saint-Germain-l'Auxerrois, étaient, quoiqu'il fût minuit, encombrées de populaire.
Tout ce concours menaçant, pressé, bruyant, ressemblait, dans l'obscurité, à une mer sombre et houleuse dont chaque flot faisait une vague grondante ; cette mer, épandue sur le quai, où elle se dégorgeait par la rue des Fossés-Saint-Germain et par la rue de l'Astruce, venait battre de son flux le pied des murs du Louvre et de son reflux la base de l'hôtel de Bourbon qui s'élevait en face.
Il y avait, malgré la fête royale, et même peut-être à cause de la fête royale, quelque chose de menaçant dans ce peuple, car il ne se doutait pas que cette solennité, à laquelle il assistait comme spectateur, n'était que le prélude d'une autre remise à huitaine, et à laquelle il serait convié et s'ébattrait de tout son coeur.
La cour célébrait les noces de madame Marguerite de Valois, fille du roi Henri II et soeur du roi Charles IX, avec Henri de Bourbon, roi de Navarre. En effet, le matin même, le cardinal de Bourbon avait uni les deux époux avec le cérémonial usité pour les noces des filles de France, sur un théâtre dressé à la porte de Notre-Dame."
Paris, août 1572. La paix aura-t-elle enfin lieu entre les Catholiques et les Protestants, grâce au mariage d'Henri de Navarre et de Marguerite de Valois, soeur du roi de France Charles IX ?
Voyage à travers les alcôves du palais du Louvre et de ses secrets... Complots, poisons et poignards garantis...
Emile Zola (1840-1902)
"Vers la fin du mois de mai 184., un homme, d'une trentaine d'années, marchait rapidement dans un sentier du quartier Saint-Joseph, près des Aygalades. Il avait confié son cheval au méger d'une campagne voisine, et il se dirigeait vers une grande maison carrée, solidement bâtie, sorte de château campagnard comme on en trouve beaucoup sur les coteaux de la Provence.
L'homme fit un détour pour éviter le château et alla s'asseoir au fond d'un bois de pins, qui s'étendait derrière l'habitation. Là, écartant les branches, inquiet et fiévreux, il interrogea les sentiers du regard, semblant attendre quelqu'un avec impatience. Par moments, il se levait, faisait quelques pas, puis s'asseyait de nouveau en frémissant.
Cet homme, haut de taille et de tournure étrange, portait de larges favoris noirs. Son visage allongé, creusé de traits énergiques, avait une sorte de beauté violente et emportée. Et, brusquement, ses yeux s'adoucirent, ses lèvres épaisses eurent un sourire tendre. Une jeune fille venait de sortir du château, et, se courbant comme pour se cacher, elle accourait vers le bois de pins.
Haletante, toute rose, elle arriva sous les arbres. Elle avait à peine seize ans. Au milieu des rubans bleus de son chapeau de paille, son jeune visage souriait d'un air joyeux et effarouché. Ses cheveux blonds tombaient sur ses épaules ; ses petites mains, appuyées contre sa poitrine, tâchaient de calmer les bonds de son coeur.
- Comme vous vous faites attendre, Blanche ! dit le jeune homme. Je n'espérais plus vous voir."
Philippe Cayol, jeune républicain désargenté, est amoureux de Blanche de Cazalis, la nièce du puissant député Cazalis. Les deux amants décident de s'enfuir, engendrant la colère et la vengeance du député qui est également le tuteur de Blanche. Marius, le frère de Philippe, fait tout pour sauver celui-ci et protéger leur amour...
Charlotte Brontë (1816-1855)
"Dans ces dernières années, une abondante pluie de vicaires est tombée sur le nord de l'Angleterre. Les collines en sont noires : chaque paroisse en a un ou plusieurs ; ils sont assez jeunes pour être très actifs, et doivent accomplir beaucoup de bien. Mais ce n'est pas de ces dernières années que nous allons parler ; nous remonterons au commencement de ce siècle. Les dernières années, les années présentes, sont poudreuses, brûlées par le soleil, arides ; nous voulons éviter l'heure de midi, l'oublier dans la sieste, nous dérober par le sommeil à la chaleur du jour et rêver de l'aurore.
Si vous pensez, lecteur, après ce prélude, que je vous prépare un roman, jamais vous ne fûtes dans une plus complète erreur. Pressentez-vous du sentiment, de la poésie, de la rêverie ? Attendez-vous de la passion, des émotions, du mélodrame ? Modérez vos espérances et renfermez-les dans des bornes plus modestes. Vous avez devant vous quelque chose de réel, de froid, de solide ; quelque chose d'aussi peu romantique qu'un lundi matin, quand tous ceux qui ont du travail s'éveillent avec le sentiment intime qu'ils doivent se lever, et agissent en conséquence. Nous n'affirmons pas positivement que vous ne serez pas quelque peu excité vers le milieu ou à la fin du repas ; mais il est résolu que le premier plat servi sur la table peut être mangé par un catholique, oui, même un Anglo-catholique, le vendredi saint : ce seront de froides lentilles au vinaigre et sans huile, du pain sans levain et des herbes amères, sans agneau rôti.
Dans ces dernières années, dis-je, une abondante pluie de vicaires est tombée sur le nord de l'Angleterre ; mais, en 1811 ou 1812, cette pluie n'était pas descendue : les vicaires étaient rares alors. Il n'y avait pas encore de sociétés établies pour tendre la main aux recteurs et aux bénéficiers vieux et infirmes, et leur donner le moyen de payer un jeune et vigoureux collègue, frais émoulu des bancs d'Oxford ou de Cambridge."
1812, Yorkshire. Victime de l'embargo mené par la France, l'industrie anglaise subit une grave crise. Robert Moore voit son usine tourner à vide. Il doit également faire face à la violente colère des ouvriers qui accusent les machines-outils de voler leur travail. Sa cousine Caroline est amoureuse de lui sans succès... Arrive une jeune héritière, Shirley...
Tome I
Charlotte Brontë (1816-1855)
"L'autre jour, en cherchant dans mes papiers, j'ai trouvé au fond de mon pupitre la copie suivante d'une lettre que j'ai écrite l'année dernière à un ancien camarade de collège :
« Mon cher Charles,
« Je ne crois pas, lorsque nous étions ensemble à Eton, que nous fussions très aimés : tu étais caustique, observateur, froid et plein de malice ; je n'essayerai pas de faire ici mon portrait ; mais, autant que je puis me le rappeler, mon caractère n'avait rien d'attrayant. J'ignore quels effluves magnétiques nous avaient rapprochés ; assurément je n'ai jamais eu pour toi l'affection d'un Pylade, et j'ai certaines raisons de penser que tu étais également dépourvu à mon égard de toute amitié romanesque. Nous n'en étions pas moins inséparables entre les heures des classes, et la conversation ne tarissait pas entre nous ; lorsqu'elle roulait sur nos camarades et sur nos professeurs, nous nous entendions à merveille ; et, si je venais à faire allusion à quelque tendre sentiment, à quelque vague aspiration vers un idéal dont la beauté m'entraînait, ta froideur sardonique me trouvait d'une complète indifférence ; je me sentais supérieur à tes railleries, et c'est une impression que j'éprouve encore actuellement.
« Il y a bien des années que je ne t'ai vu, bien des années que je n'ai reçu de tes nouvelles. En jetant dernièrement les yeux sur un journal de notre comté, j'ai aperçu ton nom ; cela m'a fait songer au passé, aux événements qui ont eu lieu depuis que nous nous sommes quittés, et je me suis mis à t'écrire ; je ne sais pas ce que tu as fait ni ce que tu es devenu, mais tu apprendras, si tu veux bien lire cette lettre, comment la vie s'est comportée envers moi."
William Crimsworth, refusant de devenir pasteur, part travailler chez son demi-frère ; mais celui-ci ne le traite pas comme un membre de la famille et profite de lui. William décide de s'exiler en Belgique où il devient professeur d'anglais dans un pensionnat...
Alexandre Dumas (1802-1870)
"« Voir Naples et mourir », dit le Napolitain. « Qui n'a pas vu Séville n'a rien vu », dit l'Andalou. « Rester à la porte d'Avignon, c'est rester à la porte du paradis », dit le Provençal.
En effet, s'il faut en croire l'historien de la ville papale, Avignon est non seulement la première ville du Midi, mais encore de la France, mais encore du monde.
Écoutez ce qu'il en dit :
« Avignon est noble pour son antiquité, agréable pour son assiette, superbe pour ses murailles, riante pour la fertilité du solage, charmante pour la douceur de ses habitants, magnifique pour ses palais, belle pour ses grandes rues, merveilleuse pour la structure de son pont, riche par son commerce, et connue par toute la terre. »
Voilà un bel éloge, j'espère ! Eh bien ! à cet éloge, quoique nous arrivions cent ans après celui qui l'a fait, nous n'enlèverons presque rien et nous ajouterons même quelque chose.
En effet, pour le voyageur qui descend le fleuve auquel Tibulle donne l'épithète de celer, Ausone celle de praeceps, et Florus celle d'impiger ; pour celui qui commence, depuis Montélimar, à s'apercevoir qu'il est dans le Midi, au ton plus chaud des terrains, à l'air plus limpide, aux contours plus arrêtés des objets ; pour celui qui passe enfin en frissonnant sous les arches meurtrières du pont Saint-Esprit, dont chacune a son nom, afin que l'on sache à l'instant même où un bateau se brise contre une d'elles à quel endroit il faut porter secours ; pour qui laisse à droite Roquemaure, où Annibal traversa le Rhône avec ses quarante éléphants ; à gauche le château de Mornas, du haut duquel le baron des Adrets fit sauter toute une garnison catholique ; Avignon, à l'un des détours du fleuve, se présente tout à coup avec une magnificence vraiment royale."
Bannière est novice chez les Jésuites. Il fait le mur de son couvent afin d'aller au théâtre. Il rencontre Champmeslé, l'un des comédiens, qui a honte de sa profession : ce soir il ne veut pas monter sur les planches... Une décision qui va chambouler l'avenir de Bannière...
Volume 1/3.
Alexandre Dumas (1802-1870)
"Le lendemain, la rumeur était grande à Versailles. Les gens ne s'abordaient qu'avec des signes mystérieux et des poignées de main significatives, ou bien avec des croisements de bras et des regards au ciel, qui témoignaient de leur douleur et de leur surprise.
M. de Richelieu, avec bon nombre de partisans, était dans l'antichambre du roi, à Trianon, vers dix heures.
Le comte Jean, tout chamarré, tout éblouissant, causait avec le vieux maréchal, et causait gaiement, si l'on en croyait sa figure épanouie.
Vers onze heures, le roi passa, se rendant à son cabinet de travail, et ne parla à personne. Sa Majesté marchait fort vite.
À onze heures cinq minutes, M. de Choiseul descendit de voiture et traversa la galerie, son portefeuille sous le bras.
À son passage, il se fit un grand mouvement de gens qui se retournaient pour avoir l'air de causer entre eux et ne pas saluer le ministre.
Le duc ne fit pas attention à ce manège ; il entra dans le cabinet, où le roi feuilletait un dossier en prenant son chocolat.
- Bonjour, duc, lui dit le roi amicalement ; sommes-nous bien dispos, ce matin ?
- Sire, M. de Choiseul se porte bien, mais le ministre est fort malade, et vient prier Votre Majesté, puisqu'elle ne lui parle encore de rien, d'agréer sa démission. Je remercie le roi de m'avoir permis cette initiative ; c'est une dernière faveur dont je lui suis bien reconnaissant."
Tome III
Michel Zévaco (1860-1918)
"Rome ! L'antique capitale du monde civilisé dormait, appesantie en une morne tristesse.
Une sorte de terreur mystérieuse et profonde glaçait la superbe cité jusque dans ses moelles. Rome se taisait, Rome priait, Rome étouffait.
Là où la voix puissante de Cicéron avait fait retentir la tribune d'un Forum tumultueux, psalmodiaient des voix sinistres. Là où les Gracchus avaient combattu pour la liberté, pesait de tout son poids le sombre et farouche despotisme de Rodrigue Borgia.
Et Rodrigue Borgia n'était qu'une personne dans la trinité menaçante qui régnait sur la Ville des Villes. Rodrigue avait un fils qui, plus que lui, représentait la Violence, et une fille qui, mieux que lui, symbolisait la Ruse !
Le fils s'appelait César. La fille s'appelait Lucrèce...
Nous sommes au mois de mai de l'an 1501, à l'aube du seizième siècle. Ce jour-là, le soleil s'est levé dans un ciel rutilant. La matinée est radieuse. Une joie immense est dans les airs."
Le chevalier français Ragasten va à Rome afin de vendre ses qualités de soldat à César Borgia. Non loin de la ville éternelle, il défend une jeune fille, Primevère, qu'un moine semble harceler... Ce geste des plus chevaleresques va précipiter Ragasten dans le monde impitoyable de la famille Borgia...
Alexandre Dumas (1802-1870)
"Vers le milieu du mois de mai de l'année 1660, à neuf heures du matin, lorsque le soleil déjà chaud séchait la rosée sur les ravenelles du château de Blois, une petite cavalcade, composée de trois hommes et de deux pages, rentra par le pont de la ville sans produire d'autre effet sur les promeneurs du quai qu'un premier mouvement de la main à la tête pour saluer, et un second mouvement de la langue pour exprimer cette idée dans le plus pur français qui se parle en France :
- Voici Monsieur qui revient de la chasse.
Et ce fut tout.
Cependant, tandis que les chevaux gravissaient la pente raide qui de la rivière conduit au château, plusieurs courtauds de boutique s'approchèrent du dernier cheval, qui portait, pendus à l'arçon de la selle, divers oiseaux attachés par le bec.
À cette vue, les curieux manifestèrent avec une franchise toute rustique leur dédain pour une aussi maigre capture, et, après une dissertation qu'ils firent entre eux sur le désavantage de la chasse au vol, ils revinrent à leurs occupations. Seulement un des curieux, gros garçon joufflu et de joyeuse humeur, ayant demandé pourquoi Monsieur, qui pouvait tant s'amuser, grâce à ses gros revenus, se contentait d'un si piteux divertissement :
- Ne sais-tu pas, lui fut-il répondu, que le principal divertissement de Monsieur est de s'ennuyer ?
Le joyeux garçon haussa les épaules avec un geste qui signifiait clair comme le jour : "En ce cas, j'aime mieux être Gros-Jean que d'être prince. "
Suite et fin des aventures des "Trois mousquetaires" et de "Vingt ans après".
Volume I
Alfred Jarry (1873-1907)
"- L'amour est un acte sans importance, puisqu'on peut le faire indéfiniment.
Tous tournèrent les yeux vers celui qui venait d'émettre une telle absurdité.
Les hôtes d'André Marcueil, au château de Lurance, en étaient arrivés, ce soir-là, à une conversation sur l'amour, ce sujet paraissant, d'un accord unanime, le mieux choisi, d'autant qu'il y avait des dames, et le plus propre à éviter, même en ce septembre mil neuf cent vingt, de pénibles discussions sur l'Affaire.
On remarquait le célèbre chimiste américain William Elson, veuf, accompagné de sa fille Ellen ; le richissime ingénieur, électricien et constructeur d'automobiles et d'avions, Arthur Gough, et sa femme ; le général Sider ; Saint- Jurieu, sénateur, et la baronne Pusice-Euprépie de Saint-Jurieu ; le cardinal Romuald ; l'actrice Henriette Cyne ; le docteur Bathybius, et d'autres.
Ces personnalités diverses et notables eussent pu rajeunir le lieu commun, sans effort vers le paradoxe et rien qu'en laissant s'exprimer, chacune, sa pensée originale ; mais le savoir-vivre rabattit aussitôt les propos de ces gens d'esprit et illustres, à l'insignifiance polie d'une conversation mondaine.
Aussi la phrase inattendue eut-elle les mêmes effets que ceux, mal analysés jusqu'à ce jour, d'une pierre dans une mare à grenouilles ; après un très court désarroi, un universel intérêt.
Elle aurait pu, avant tout, produire un autre résultat : des sourires ; mais par malheur c'était l'amphitryon qui l'avait prononcée."
"L'amour est un acte sans importance, puisqu'on peut le faire indéfiniment." Cette phrase lancée au cours d'un dîner par André Marcueil ouvre une discussion à la fois scientifique, philosophique et même fantasque ! Et si un surmâle existait... un surmâle capable de faire l'amour une multitude de fois en un temps donné ?
Alexandre Dumas (1802-1870)
"S'il vous est arrivé par hasard, cher lecteur, d'aller de Nantes à Bourgneuf, vous avez, en arrivant à Saint-Philbert, écorné, pour ainsi dire, l'angle méridional du lac de Grand-Lieu, et, continuant votre chemin, vous êtes arrivé, au bout d'une ou deux heures de marche, selon que vous étiez à pied ou en voiture, aux premiers arbres de la forêt de Machecoul.
Là, à gauche du chemin, dans un grand bouquet d'arbres qui semble appartenir à la forêt, dont il n'est séparé que par la grande route, vous avez dû apercevoir les pointes aiguës de deux minces tourelles et le toit grisâtre d'un petit castel perdu au milieu des feuilles.
En 1832, ce petit castel était la propriété d'un vieux gentilhomme nommé le marquis de Souday, et s'appelait le château de Souday, du nom de son propriétaire.
Le marquis de Souday était l'unique représentant et le dernier héritier d'une vieille et illustre Maison de Bretagne ; le marquis de Souday, déjà héritier, sinon des biens - il n'en restait d'autres que la petite gentilhommière que nous avons dite - du moins du nom de son père, était le premier page de Son Altesse royale Monsieur le comte de Provence.
À seize ans - c'était l'âge qu'avait alors le marquis, - les événements ne sont guère que des accidents ; il était, au reste, difficile de ne pas devenir profondément insoucieux à la cour épicurienne, voltairienne et constitutionnelle du Luxembourg, où l'égoïsme avait ses coudées franches.
C'était Monsieur de Souday qui avait été envoyé sur la place de Grève pour guetter le moment où le bourreau serrerait la corde autour du cou de Favras, et où celui-ci, en rendant le dernier soupir, rendrait à Son Altesse royale sa tranquillité un instant troublée.
Il était revenu à grande course dire au Luxembourg :
- Monseigneur, c'est fait !
Et monseigneur, de sa voix claire et flûtée, avait dit :
- À table, messieurs ! à table !"
Pays de Retz, 1831. Le marquis de Souday, ancien aide de camp du chef vendéen Charette, est revenu au pays avec ses deux filles, jumelles et bâtardes, Bertha et Mary. Elles n'ont pas bonne réputation (à tort) et sont surnommées les "louves". La vie se passe tranquillement jusqu'au jour où elles rencontrent le jeune Michel de la Logerie dont elles tombent amoureuses. C'est aussi à cette époque que la duchesse de Berry décide de mener le combat armé, dans l'Ouest, afin de reconquérir le trône de France pour son fils Henri V... Elle entraîne dans ce complot le marquis et les jumelles...
Emile Souvestre (1806-1854)
"Les vapeurs du matin venaient de s'entr'ouvrir ; le soleil illuminait les pointes arides de Pharmacuse et dessinait les rivages ombreux de Chypre..."
Natif de Bretagne, Emile Souvestre a énormément écrit sur des sujets variés ; il reste connu pour ses écrits tournant autour de la Bretagne. Mais qui aime la Bretagne, aime aussi la mer...
Dans ce recueil de cinq nouvelles, Emile Souvestre esquisse cinq histoires maritimes d'époques différentes, de pays différents ; mais le destin de chaque héros est lié à la mer.
H. J. Magog (1877-1947)
"Ce matin-là à dix heures trente - heure vraiment ridicule - James Oldsilver - le beau James, comme le nommaient les enthousiastes de l'écran - fit une entrée aussi gauche que grotesque dans le boudoir de miss Perle Rose.
Or, si quelqu'un devait savoir se présenter avec aisance, c'était certainement le plus jeune milliardaire de Chicago devenu, depuis tantôt un an, par un caprice inexplicable, une des gloires du Cinéma, dont miss Perle était l'incontestable reine.
Contre toute vraisemblance, l'actrice se trouvait déjà dans son boudoir, le cinéma lui ayant appris à se lever de bonne heure. James Oldsilver trébucha, pivota sur lui-même comme ébloui et demeura planté au milieu de la pièce, foudroyant de regards farouches un innocent fauteuil, qui contenait, frileusement pelotonnée, la plus mignonne, la plus exquise des blondes.
Il est bien inutile de faire le portrait des vingt-deux ans de miss Perle ; les deux mondes savent qu'elle a de grands yeux bleus et qu'elle secoue d'adorable façon d'authentiques boucles blondes. Paris, après New York, l'a vue nager, galoper, sauter, lutter ou faire le coup de feu. Quel est le sport que n'a point pratiqué miss Perle et où elle n'excelle point ?"
Le milliardaire James Oldsilver est amoureux de la comédienne Perle. Pour elle, il se lance dans le cinéma et joue à l'acteur : celui qui sauve l'héroïne et qui reçoit le baiser final ! Mais Perle se moque de son amour... La réalité va peut-être venir en aide à James : Perle est enlevée...
H. J. Magog (1877-1647)
"Je venais tout juste de rentrer chez moi, quand on frappa à ma porte deux coups discrets. - Entrez ! criai-je, ainsi que j'avais coutume de le faire.
La porte s'entre-bâilla aussitôt et laissa paraître une silhouette placide de bureaucrate, tandis qu'une voix déférente demandait :
- M. Wellgone ?
- C'est ici, répondis-je avec assurance.
En réalité, j'affirmais une chose inexacte, et le souci de la vérité aurait dû me faire déclarer :
- M. Wellgone habite à côté et il est absent. Mais, moi Antonin Bonassou, son voisin de palier, je me suis chargé de répondre à ses visiteurs. Et c'est pourquoi vous avez trouvé sa carte sur ma porte.
Mais cela faisait bien des explications et je trouvais plus simple - plus agréable aussi pour mon amour-propre - de répondre tout bonnement :
- C'est ici."
Paddy Wellgone, célèbre détective, a loué l'appartement en face de celui d'Antonin Bonassou, commis aux Ponts-et-chaussées. Il n'arrivera pas avant quelques mois ; bien que ne le connaissant pas, Antonin, par amusement, s'improvise son secrétaire... un client arrive...
Gustave Aimard (1818-1883)
"C'était vers la fin de mai 1855, dans un des sites les plus ignorés des immenses prairies du Far-West, à peu de distance du Río Colorado del Norte, que les tribus indiennes de ces parages nomment, dans leur langage imagé, le fleuve sans fin aux lames d'or.
Il faisait une nuit profonde. La lune aux deux tiers de sa course montrait, à travers les hautes branches des arbres, sa face blafarde, dont ne s'échappaient qu'avec peine de minces rayons d'une lumière tremblotante qui ne laissait distinguer que vaguement les accidents d'un paysage abrupte et sévère. Il n'y avait pas un souffle dans l'air, pas une étoile au ciel. Un silence de mort planait sur le désert. Silence interrompu seulement à de longs intervalles par les glapissements saccadés des coyotes en quête d'une proie, ou les miaulements ironiques de la panthère et du jaguar à l'abreuvoir.
Pendant les ténèbres, les grandes savanes américaines, où nul bruit humain ne trouble la majesté de la nuit, prennent, sous l'oeil de Dieu, une imposante splendeur qui remue à son insu le coeur de l'homme le plus fort et le pénètre malgré lui d'un religieux respect.
Tout à coup les branches serrées d'un buisson de floripondios s'écartèrent avec précaution, et dans l'espace laissé vide apparut la tête anxieuse d'un homme dont les yeux brillants comme ceux d'une bête fauve lançaient dans toutes les directions des regards inquiets. Après quelques secondes d'une immobilité complète, l'homme dont nous parlons quitta le buisson au milieu duquel il était caché et s'élança d'un bond au dehors."
Fortuné du Boisgobey (1821-1891)
"La nuit était sombre et froide.
Les grands arbres de la forêt de Saint-Germain, secoués par le vent d'automne, craquaient en inclinant leurs cimes sur une route étroite et profondément encaissée.
Par moments, une rafale plus forte chassait les nuages et la lune brillait à travers les feuilles.
On entrevoyait alors au fond du chemin creux un véhicule de forme étrange.
Ce n'était pas une voiture, et ce n'était pas une charrette.
Cela roulait cependant, car un bruit aigre de roues mal graissées se détachait sur le grondement sourd de l'orage qui passait dans les hautes branches.
L'objet avait la forme d'une longue caisse surmontée d'un tuyau en fonte et percée d'ouvertures latérales.
On eût dit une maison ambulante, et cette maison devait être habitée, car il s'en échappait des jets de lumière dont le reflet éclairait le taillis à droite et à gauche.
Le ravin pierreux que suivait ce logis voyageur tournait brusquement auprès d'un bouquet de vieux chênes et s'élevait ensuite par une pente assez raide.
Au bas de cette montée il y eut un temps d'arrêt, suivi du bruit sec et cadencé des sabots d'un cheval martelant les cailloux, puis le bizarre équipage, qui venait sans doute de rencontrer une ornière imprévue, s'inclina comme un navire surpris par un grain et resta accoté sur une énorme souche plantée là fort à propos pour l'empêcher de chavirer tout à fait."
1870 : Dans la forêt de Saint-Germain, non loin de Paris, le journaliste Valnoir et le commandant de Saint-Sénier ont rendez-vous pour un duel ; leurs témoins sont le journaliste bossu Taupier et le lieutenant de Saint-Sénier, cousin du commandant. Mais ils ne sont pas seuls... trois saltimbanques - l'hercule Pilevert, le paillasse Alcindor et la tireuse de cartes muette Régine - assistent, cachés, au mortel duel...
H.-G. Wells (1866-1946)
"- Leur Progrès, comme ils disent, ça marche, déclara M. Tom Smallways, ça marche, et l'on se demande comment ça peut toujours marcher.
M. Smallways faisait cette remarque longtemps avant le début de la guerre dans les airs, accoté contre la palissade, au bout de son jardin, et, d'un regard qui n'exprimait ni louange ni blâme, il contemplait la vaste usine à gaz de Bun Hill. Au-dessus des gazomètres pressés les uns contre les autres, trois formes étranges apparurent, grandes vessies flasques qui se balançaient lourdement, devenaient plus rondes et plus énormes - des ballons que l'on gonflait pour les ascensions hebdomadaires de l'Aéro-Club.
- C'est comme ça tous les samedis, précisa le voisin M. Stringer, le laitier. Pas plus tard qu'hier, tout le monde se serait précipité pour voir un ballon partir, et maintenant il n'y a pas un trou à la campagne qui n'ait son départ de ballon tous les dimanches... Heureusement pour les compagnies du gaz !
- Samedi dernier, répliqua M. Smallways, j'ai été obligé de ramasser trois brouettées de gravier dans mes pommes de terre... trois brouettées de lest qu'ils nous ont versées sur la tête. Ils m'ont écrasé les touffes qui n'étaient pas enterrées.
- Il y a des dames, parait-il, qui montent là-dedans...
- Si on peut appeler ça des dames... En tout cas, ce n'est pas l'idée que je me fais d'une dame... Grimper en l'air et jeter des tas de sable sur le monde, ce n'est pas cela qu'on m'a enseigné à considérer comme une occupation pour des dames.
M. Stringer approuva de la tête, et les deux voisins continuèrent à surveiller les masses boursouflées, avec une expression qui avait passé de l'indifférence à la désapprobation."
Roman d'anticipation écrit en 1907.
Bert Smallways vit tranquillement dans une petite ville d'Angleterre. Avec son associé Grubb, il vivote de la location de vélos et la réparation mécanique. Rien ne le prédestinait à se retrouver à bord du dirigeable allemand qui allait agresser New-York et déclencher une terrible guerre mondiale sans fin...
Jules Verne (1828-1905)
"Le 27 février 1854, deux hommes, étendus au pied d'un gigantesque saule pleureur, causaient en observant avec une extrême attention les eaux du fleuve Orange. Ce fleuve, le Groote-river des Hollandais, le Gariep des Hottentots, peut rivaliser avec les trois grandes artères africaines, le Nil, le Niger et le Zambèse. Comme elles, il a des crues, des rapides, des cataractes. Quelques voyageurs, dont les noms sont connus sur une partie de son cours, Thompson, Alexander, Burchell, ont tour à tour vanté la limpidité de ses eaux et la beauté de ses rives.
En cet endroit, l'Orange, se rapprochant des montagnes du duc d'York, offrait aux regards un spectacle sublime. Rocs infranchissables, masses imposantes de pierres et de troncs d'arbres minéralisés sous l'action du temps, cavernes profondes, forêts impénétrables que n'avait pas encore déflorées la hache du settler, tout cet ensemble, encadré dans l'arrière-plan des monts Gariepins, formait un site d'une incomparable magnificence. Là, les eaux du fleuve, encaissées dans un lit trop étroit pour elles et auxquelles le sol venait à manquer subitement, se précipitaient d'une hauteur de quatre cents pieds. En amont de la chute, c'était un simple bouillonnement des nappes liquides, déchirées çà et là par quelques têtes de roc enguirlandées de branches vertes. En aval, le regard ne saisissait qu'un sombre tourbillon d'eaux tumultueuses, que couronnait un épais nuage d'humides vapeurs, zébrées des sept couleurs du prisme. De cet abîme s'élevait un fracas étourdissant, diversement accru par les échos de la vallée."
1854 : mesurer un arc de méridien en Afrique australe... c'est la mission qu'ont trois savants anglais et trois savants russes. Arriveront-ils à s'entendre ? Au cours de leurs aventures, ils apprennent que la guerre est déclarée entre leurs deux pays...
Paul Féval (1816-1887)
"Arthur n'avait point de compagnons de son âge, si ce n'est un jeune garçon, fils de bourgeois, dont le père était une créature du comte"
Pour le double malheur d'Arthur, un vent de folie souffle sur la France - c'est la Révolution - et Eustache lui ressemble comme un frère...
Publié une première fois sans titre, dans "Les bandits", en 1847, ce n'est pas le plus connu des romans de Paul Féval. Il faut attendre la seconde édition, en 1848, pour que cette histoire prenne le titre "Les aventures d'un émigré". En 1866, elle reparaît sous le nom "La fille de l'émigré" à la suite de "Le capitaine Simon".
Paul Féval Fils (1860-1933)
"Un matin d'avril de l'an 1641 - le roi Louis Treizième portant la couronne des lys, et Armand Duplessis, Cardinal-Duc de Richelieu tenant le sceptre - les gardes de faction à la Capitainerie du Louvre virent déboucher du quai de l'École un jeune homme, à l'allure militaire, qui se dirigeait de leur côté d'un pas rapide et dégagé.
Le nouvel arrivant portait le pourpoint à collet de buffle, traversé d'un baudrier de cuir, les grandes bottes passant le genou et le haut chapeau à bord relevé piqué d'une seule tête de plume, qui formaient la tenue de campagne des soldats de l'armée des Flandres. Une longue et fine rapière à coquille ronde, suspendue à son baudrier, complétait cet accoutrement martial.
Arrivé près des factionnaires, il porta la main au bord de son feutre en guise de salut et interpella cavalièrement en ces termes :
- Holà ! camarade ! pouvez-vous me dire si M. de Guitaut est au Palais ?
Celui à qui s'adressait plus particulièrement cette question était un beau garde, en costume de parade : revêtu de la casaque brodée et coiffé du large feutre à grand panache.
Sans répondre, il toisa dédaigneusement ce porteur de rapière, qui osait se présenter chez le Roy comme dans un camp - botté et éperonné - et qui se leurrait du fallacieux espoir d'être admis, en cet équipage, près M. le Capitaine des Gardes de la Reine."
Ecrit avec Maximilien Lassez.
Tome I
Que s'est-il passé pendant les 20 ans qui séparent les 2 romans d'Alexandre Dumas : "Les trois mousquetaires" et "Vingt ans après" ?
Paul Féval (1816-1887)
"Le vieux Mill's Mac-Diarmid avait une ferme de sept acres au delà de Knockderry, sur les bords du lac Corrib, à quelques milles de Galway.
Sa maison était assise à quatre ou cinq cents pieds au-dessus du niveau du lac, sur le versant du dernier mont de la chaîne des Mamturks, qui domine l'extrémité occidentale de la province de Connaught, en Irlande.
Sa situation pittoresque et les joyeux bouquets d'arbres qui l'entouraient d'une verte ceinture, sur le flanc de la montagne nue, lui donnait un aspect d'aisance et de bonheur. Elle était plus grande que ne le sont d'ordinaire les habitations des fermiers irlandais, surtout dans cette pauvre province de Connaught, où l'homme vit et meurt dans des cabanes indignes de servir d'asile à des brutes.
La maison de Mac-Diarmid était composée d'une construction principale qui avait sans doute formé dans l'origine une habitation complète, et de deux petits bâtiments ajoutés après coup.
Pour fixer tout de suite les idées de nos lecteurs, nous dirons que les trois parties de ce rustique édifice n'égalaient pas ensemble en valeur l'étable d'une ferme anglaise. C'était, à l'ouest du Connaught, une demeure presque opulente : en tout autre lieu de la terre, c'eût été un misérable réduit."
Bien que descendant des anciens rois d'Irlande, les Mac-Diarmid sont une famille pauvre. Lors de la grande famine, le père est partisan du nationaliste Daniel o' Connell ; il est pacifiste. Mais ses fils ont choisi d'intégrer la lutte armée contre l'oppresseur anglais...
Léon Tolstoï (1828-1910)
"C'était à la fin de 1851. Par une froide soirée de novembre, Hadji Mourad entrait dans l'aoul Machnet, d'où se dégageait la fumée odorante du kiziak ; c'était un aoul non pacifié de Tchetchenz, sis à vingt verstes des possessions russes.
Le chant monotone du muezzin venait de cesser, et dans l'air pur des montagnes, imprégné de l'odeur de la fumée du kiziak, on entendait distinctement, à travers les meuglements des vaches et les bêlements des brebis qui se dispersaient parmi les huttes de l'aoul accolées les unes aux autres comme des alvéoles, les sons gutturaux de voix qui discutaient, des voix d'hommes, de femmes, d'enfants qui revenaient des fontaines.
Ce Hadji Mourad était le caïd de Schamyl, célèbre par ses exploits. Il ne sortait jamais sans ses insignes et escorté de quelques dizaines de murides qui galopaient autour de lui, mais ce soir-là il était enveloppé d'un bachelik et d'un manteau de drap à col de fourrure, de sous lequel apparaissait son fusil, et il était accompagné d'un seul muride. S'efforçant d'être aussi peu remarqué que possible, il fixait de ses mobiles yeux noirs les visages des habitants qu'il rencontrait sur son chemin."
Hadji Mourad, chef caucasien en lutte contre l'empire russe, tente de s'allier avec ses ennemis afin d'anéantir Schamyl dont il était le caïd... Schamyl a pris la famille de Hadji en otage...
Alexandre Dumas (1802-1870)
"Sur la rive gauche du Rhin, à quelques lieues de la ville impériale de Worms, vers l'endroit où prend sa source la petite rivière de Selz, commencent les premiers chaînons de plusieurs montagnes dont les croupes hérissées paraissent s'enfuir vers le nord, comme un troupeau de buffles effrayés qui disparaîtrait dans la brume.
Ces montagnes qui, dès leur talus, dominent déjà un pays à peu près désert, et qui semblent former un cortège à la plus haute d'entre elles, portent chacune un nom expressif qui désigne une forme ou rappelle une tradition : l'une est la Chaise du Roi, l'autre la Pierre des Églantiers, celle-ci le Roc des Faucons, celle-là la Crête du Serpent.
La plus élevée de toutes, celle qui s'élance le plus haut vers le ciel, ceignant son front granitique d'une couronne de ruines, est le Mont-Tonnerre.
Quand le soir épaissit l'ombre des chênes, quand les derniers rayons du soleil viennent dorer en mourant les hauts pitons de cette famille de géants, on dirait alors que le silence descend peu à peu de ces sublimes degrés du ciel jusqu'à la plaine, et qu'un bras invisible et puissant développe de leurs flancs, pour l'étendre sur le monde fatigué par les bruits et les travaux de la journée, ce long voile bleuâtre au fond duquel scintillent les étoiles. Alors tout passe insensiblement de la veille au sommeil. Tout s'endort sur la terre et dans l'air.
Seule au milieu de ce silence, la petite rivière dont nous avons déjà parlé, le Selzbach, comme on l'appelle dans le pays, poursuit son cours mystérieux sous les sapins de la rive ; et quoique ni jour ni nuit ne l'arrêtent, car il faut qu'elle se jette dans le Rhin qui est son éternité à elle, quoique rien ne l'arrête, disons-nous, le sable de son lit est si frais, ses roseaux sont si flexibles, ses roches si bien ouatées de mousses et de saxifrages, que pas un de ses flots ne bruit de Morsheim, où elle commence, jusqu'à Freiwenheim, où elle finit."
Tome I
Ce roman est inspiré de la vie de Joseph Balsamo, alias comte de Cagliostro.
L'histoire débute ainsi : un mystérieux personnage entre dans une mystérieuse association dont le but est de détruire la monarchie...
Arthur Bernède (1871-1937)
"À l'époque où commence cette histoire, c'est-à-dire au début du printemps de l'année 1637, le cardinal de Richelieu avait atteint l'apogée de sa puissance.
Déjà gravement atteint par la maladie qui devait quelques années plus tard le conduire au tombeau, on eût dit qu'il n'avait plus qu'à se reposer sur ses lauriers encore rouges du sang des victimes qu'il avait cru devoir immoler pour le triomphe de ses idées et de sa cause.
Il n'en était rien. Jamais encore le grand cardinal n'avait déployé, mais en secret cette fois, une activité plus fébrile ; car jamais encore, peut-être, aucun problème aussi troublant ne s'était posé à son esprit, sous la forme de cette question :
- Que va devenir la couronne de France ?"
Le jeune chevalier gascon Gaëtan de Castel-Rajac, pour l'amour de la belle duchesse de Chevreuse, se retrouve embarqué dans une étrange affaire qui ne prendra fin que bien des années plus tard. Mais qui sont les véritables parents de l'enfant qu'il doit protéger ? Et pourquoi tant d'ennemis à leurs trousses ? Heureusement, le jeune Gascon n'est jamais à court de ressources !
Paul Féval (1816-1887)
"... Le Comte Otto tira son glaive et le plongea dans le coeur du vieillard..."
Un grand murmure accueillit cette conclusion attendue. Messire Olivier, baron d'Harmoy, gardait son sourire tranquille.
De nos jours, une histoire semblable à celle de messire Olivier serait un conte à dormir debout ou bien une légende railleuse. En l'an 1469, c'était un récit tout plein d'émotion et d'actualité.
Il ne faut pas oublier, en effet, que les héros mystérieux et terrible de cette légende, le comte Otto de Béringhem, l'Homme de Fer, vivait à quelques lieues de Pontorson. Il ne faut pas oublier surtout que bien des mères étaient en deuil, depuis que ses soudards tenaient garnison dans les Îles Chaussey.
Ce que le récit de messire Olivier pouvait avoir de fantastique dans la forme disparaissait devant le réalité du fond. Il faisait écho aux terreurs de chaque jour."
Suite de "A la plus belle"