Dans la chaleur de l'été 2019, Rosa Maria Unda Souki devrait être plongée dans les préparatifs de son exposition à venir. Recluse au Couvent des Récollets, entre vertiges du doute et farouche détermination, elle tarde à rédiger le texte destiné au catalogue, à penser l'agencement des tableaux - toujours en cours d'acheminement depuis le Brésil.
Dans l'attente, elle retrace ce qui l'a menée là. Comment elle a consacré cinq ans à la figure emblématique de Frida Kahlo en peignant sa célèbre Maison bleue, constituant une oeuvre picturale d'une richesse saisissante. En quête d'elle-même, Rosa Maria renoue avec une Frida intime, comme si les clés pour se retrouver elle-même étaient aussi celles qui permettent de comprendre Frida. Rosa Maria investit les espaces, présents et passés : l'atelier où elle réside à Paris, le lieu de cette exposition en cours, mais aussi la maison de sa propre enfance à Guama, au Venezuela. Elle cherche à rendre l'écho des voix, celle de son père disparu, celle du pays dont elle s'est exilée, celle de Frida.
Dans un dialogue permanent, superbement illustré de dessins au graphite et des tableaux originaux de l'auteure, Ce que Frida m'a donné nous invite à un troublant voyage, à la fois très personnel et universel, au coeur même du processus créatif, de la construction de la mémoire et de la réconciliation avec soi-même.
« Il n'y a que dans la certitude de ne bientôt plus exister que je peux raconter cette histoire. » Malmené par la vie, un romancier toxicomane revient dans la petite station balnéaire espagnole où il a grandi. Le passé lui pèse et il est hanté par les fantômes du jeune Pinilla et de la belle Russe Luda Petrova, qui se sont tous les deux volatilisés vingt ans auparavant. Plus personne ne se souvient d'eux à présent, à part notre écrivain qui se met en tête de faire la lumière sur leur disparition. Qui sait, ce sera peut-être là l'occasion d'écrire son meilleur livre... Mais on ne se frotte pas impunément aux Marquis, l'une des plus grandes familles de la région, qui répugnent à ce qu'on fouille dans leurs errances passées. Que pèse la vérité face à leur toute-puissance??
Roman de moeurs, récit social, portrait d'une Catalogne des années 1990 en pleine mutation, La Nuit sans mémoire est aussi une ode au pouvoir de l'écriture.
Un virus a éradiqué la quasi-totalité des animaux sur Terre. Pour pallier l'absence de bétail, une nouvelle espèce a été développée à partir du génome humain - des êtres en tout point semblables à nous, mais destinés aux abattoirs.
C'est pour l'un de ces établissements que travaille Marcos. Il supervise la chaîne de production, de l'élevage à la boucherie. Mais, chaque jour, sa tâche le dégoûte un peu plus, jusqu'à l'intolérable. Sa vie bascule quand, au mépris de la loi et de la morale, il sauve une femelle de la mort...
Deux frères, le Grand et le Petit, sont prisonniers au fond d'un puits de terre, au milieu d'une forêt. Ils tentent de s'échapper, sans succès. Les loups, la soif, les pluies torrentielles : ils survivent à tous les dangers. A leurs côtés, un sac de victuailles donné par la mère, mais ils ont interdiction d'y toucher. Jour après jour, le Petit s'affaiblit. S'il doit sauver son frère, le Grand doit risquer sa vie.
Le Petit sortira-t-il ? Le Grand survivra-t-il ? Comment surtout se sont-ils retrouvés là ? Le Puits est un conte brutal à la fin cruelle et pleine d'espoir. Une fable sur l'amour fraternel, la survie et la vengeance, un roman «qui a mérité sa place au panthéon des Jules Verne, Alain-Fournier et autres Antoine de Saint-Exupéry, selon Zoé Valdés. Un roman indispensable, alors que beaucoup d'entre nous avions déjà annoncé la défaite de l'imagination contre la quotidienneté médiocre et étriquée».
La révolution féministe sera violente ou ne sera pas... Prenant conscience des combats encore nombreux à mener pour une égalité des sexes, "l'allié" décide de passer à l'attaque. Le prix à payer ? Devenir l'homme qui déteste le plus la femme qu'il aime.
« Publier signifie mettre un livre dans les librairies. Et le vendre pour que les autres le lisent. Alors je serai écrivaine et vous serez mes lecteurs. C'est fou. C'est le plus fou qui m'est arrivé dans ma prostituée de vie. » Marga, Nati, Patricia et Angels vivent ensemble dans un appartement d'un quartier populaire de Barcelone. Pour ces cousines « en déficience intellectuelle », comme l'administration les qualifie, chaque jour apporte son lot de condescendance et d'infantilisation. Féministe, désinhibée et férue de danse, Nati s'attire souvent des ennuis. Patri n'a qu'une crainte, se faire virer de l'appartement et perdre son indépendance, tandis que Marga cherche à squatter un autre habitat pour être libre d'aimer qui elle veut. Angels observe le tout et se lance dans le récit de leur vie à quatre en lecture facile.
Ce livre, aussi audacieux dans sa structure que dans son propos, est une charge féroce et drolatique contre le machisme, contre l'oppression, contre l'injustice. C'est aussi un roman qui célèbre le corps et la sexualité, le désir, la dignité de celles et ceux qui sont marqués par les stigmates de la « différence » et le pouvoir révolutionnaire du langage.
Quelque part en Amérique latine, un après-midi de l'année 1939, Julia frappe à la porte de doña Yolanda pour demander du travail. Nul ne se doute alors que grandit en elle le fruit d'un péché. La maîtresse de maison prédit que l'enfant, Alfonso, sera responsable du destin tragique des femmes de la famille. Hélas, la prophétie se réalise : doña Yolanda puis toutes ses descendantes sombrent dans la folie.
Quand Primitiva, l'arrière-petite-fille timide de doña Yolanda, commence à perdre la raison à son tour, elle laisse place à son alter ego, Mulatona, une femme forte et irrévérencieuse... Pour raconter son histoire, et celle des autres avant elle, là où tout a commencé. Avant qu'il ne soit trop tard...
Après quinze ans, Aurelio Blanco sort de la prison où il a été incarcéré pour son implication dans l'escroquerie d'Olinka, un complexe de luxe construit suite à l'appropriation de terrains publics. À nouveau libre, il compte bien récupérer ce qu'on lui a volé : son foyer, sa fille, sa vie. Après tout, par loyauté aux Flores, sa belle-famille, il avait endossé la faute contre la promesse de sortir tôt de prison... avant qu'on l'abandonne à son sort.
Olinka décrit les affaires et secrets d'un clan de Guadalajara, capitale et paradis du blanchiment d'argent. C'est là que les Flores ont construit leur ville. Mais la réalité mexicaine transforme les utopies en farces sanglantes, et la multiplication des projets immobiliers est un signe clair de la corruption rampante.
Avec ce roman noir, Antonio Ortuño confirme qu'il est l'un des observateurs les plus lucides des impasses et de la violence, sous toutes ses formes, de son pays.
Umami donne voix aux habitants d'un lotissement de Mexico, que la disparition d'une petite fille renvoie à leurs propres blessures et au passé qui les hante. C'est Ana, sa grande soeur, qui mène la danse : elle voudrait vivre mais la peine des adultes, l'ennui d'un été et son propre chagrin l'en empêchent. Elle décide de se lancer corps et âme dans un projet audacieux : planter dans l'arrière-cour de sa maison une milpa , le champ de maïs traditionnel des communautés indiennes du Mexique. La jeune adolescente invite les habitants à démêler leur douloureux passé. Les questions se bousculent, les souvenirs et les émotions fusent avec poésie : à l'instar des saveurs élémentaires qui donnent leur nom à chacune des maisons - sucré, salé, amer, acide, umami - l'auteur joue de la gamme des sentiments humains et donne corps à toute leur complexité.
Un premier roman choral, loin des clichés sur le Mexique, de sa violence endémique et de ses problèmes de corruption. Émouvant sans jamais être sentimental, empreint d'une douce mélancolie mais aussi d'une véritable drôlerie, Umami traite avec beaucoup d'originalité la perte de soi et des autres, l'impossible deuil, la vie qui va.
La Maison de la Beauté est un luxueux institut de la Zona Rosa, l'un des quartiers animés de Bogotá, et Karen l'une de ses esthéticiennes les plus prisées. Son rôle dépasse largement la manucure et la cire chaude. Ses clientes lui confient leurs secrets les plus intimes : leurs implants mammaires, leurs week-ends à Miami, leurs divorces ou leurs amants.
Un après-midi pluvieux, une adolescente en uniforme d'écolière et sentant l'alcool entre dans le salon : Sabrina doit être impeccable pour une occasion très particulière. Le lendemain elle est retrouvée morte. Qui Sabrina a-t-elle rejoint ce soir-là? Seule Karen, dernière personne à l'avoir vue vivante, le sait...
Trinidad Ríos n'a jamais connu son père. Et voilà qu'à 30 ans, elle doit retrouver sa trace à tout prix, mais tremble de peur que ce paternel mystérieux la rejette. Pourtant, la peur, Trinidad connaît : jeune métisse, orpheline, elle a grandi au coeur de la jungle de Madre de Dios, au Sud du Pérou, travaillant dès son plus jeune âge dans des mines de mercure pour survivre.
Mais l'impétueuse Trini manie à la perfection l'art de la survie, jusqu'au jour où, empoisonnée au mercure, une maladie l'oblige à chercher la seule personne capable de la sauver en lui donnant un rein... : ce père étranger, un chanteur de seconde zone, qui gagne sa vie en imitant les Bee Gees et en écumant les bars de la capitale. Mais va-t-il la reconnaître ? Et, surtout, acceptera-t-il de lui sauver la vie ?
Les Matins de Lima est une tragicomédie féroce où les personnages sont forcés de composer avec les codes d'une société pleine de contrastes, de préjugés et de violence. Un roman où le tragique et le comique dessinent un portrait passionnel et passionnant du Pérou .
Deux hommes s'affrontent pour construire ou déconstruire une ville. Emil est un architecte plein d'avenir qui, enlisé dans son malheur de ne pouvoir fonder une famille, commence à bâtir une ville aussi grise et bileuse que son mal-être et son amertume. Face à lui, le Muet, colosse au coeur qui s'ouvre, souhaite sortir de l'obscurité souterraine de la ville et construire un espace d'espoir pour lui et la cohorte de marginaux qui le suit.
Quand José perd son travail, le fragile équilibre de son existence se brise en mille morceaux. Il tente tant bien que mal de canaliser l'amertume et la jalousie qui le rongent. Mais un soir, Guillermo, son voisin, homme charismatique à qui tout réussit, lui propose de passer chez lui afin de faire plus ample connaissance. Ce qui avait commencé comme une soirée tout à fait amicale - les deux hommes discutent, boivent du bon vin et écoutent du jazz - tourne au bain de sang : lorsque José entend Petite fleur , standard de Sydney Bechet, une irrépressible envie de meurtre le submerge et il assassine son nouvel ami.
Pourtant, le lendemain, à la stupeur de José, Guillermo passe devant sa fenêtre en sifflotant, plus éclatant de santé que jamais. Pour José, c'est un signe du destin ; désormais, tous les vendredis, il ira chez Guillermo prendre l'apéritif et le tuer, chaque fois plus sauvagement. Et très vite, une nouvelle idée germe en lui : pourquoi ne procéderait-il pas de la même façon avec sa femme, leur relation se dégradant de plus en plus...
Que se passe-t-il lorsque le meurtre devient un acte sans conséquence, voire libérateur ? Petite fleur (jamais ne meurt) est un conte cruel et hypnotique sur la fragilité et l'ambiguïté des rapports humains. Un roman incroyablement jouissif et brillant écrit par le petit génie des lettres argentines.
« Julia nourrissait une passion pour les fruits tropicaux, car ils éveillaient en elle la volupté que l'Europe avait anesthésiée, et c'était le moins qu'on puisse dire : en Italie, dès qu'elle ouvrait les yeux et ce jusqu'au moment de les fermer, elle ne voyait que des images religieuses lui rappelant sa condition de mortelle et de pécheresse ; les fruits exotiques invitaient au contraire à être contemplés, reniflés, sucés, léchés et dévorés à pleines dents ».
Lorsque la belle Julia frappe à la porte de doña Yolanda à la recherche d'un travail, nul ne se doute qu'elle porte en elle le fruit d'un péché. Le jour de l'accouchement, Yolanda prédit que cet enfant, Alfonso dit « le poète », sera à l'origine du destin tragique de la famille. 70 ans plus tard, Primitiva Serapio, l'arrière-petite-fille de Yolanda est en train de sombrer dans la folie comme toutes ses parentes avant elle. Comment un même homme a-t-il pu faire perdre la raison à quatre générations de femmes cultivées et intelligentes ? C'est cette histoire que Primitiva raconte.
D'une plume vive et sensuelle, María Eugenia Mayobre nous offre un premier roman original et impertinent en jouant avec les codes de la littérature latino-américaine et le réalisme magique.
Bonnie et Clyde vivent dans le centre de Buenos Aires. Lui se consacre entièrement à l'écriture, elle étudie le dessin de mode sans conviction, chacun vit avec son chat. Après une rencontre sur Internet, ils se voient pour la première fois dans une pizzeria.
Conte moderne mettant en scène des personnages à la fois seuls et hyperconnectés, Te quiero raconte, jour après jour, le début de l'histoire d'amour entre Bonnie et Clyde, leurs rencontres successives et leurs échanges virtuels, ainsi que leurs difficultés à parler, à se comprendre, à s'apprivoiser ou encore à s'engager. Aussi fantasques l'un que l'autre, les deux amoureux planifient de délirants cambriolages qu'ils ne mettent jamais à exécution, et font de leur quotidien un débordement permanent d'imagination.
Pépite de vivacité et de concision, Te quiero se place dans la droite lignée des oeuvres de Tao Lin (auteur états-unien publié au Diable vauvert), tout en ayant la fraîcheur et la fantaisie d'un Marcovaldo d'Italo Calvino.
Dans ces stations balnéaires de la Costa Dorada, sur le littoral de la Méditerranée, tous les habitants se connaissent. Le flux incessant des touristes a beau rythmer les saisons, ce sont toujours les mêmes jalousies, les mêmes rivalités, les mêmes clans. Lucía, qui a grandi ici, est belle, trop belle : elle attire tous les regards et déchaîne les commérages. Qu'il serait facile de lui imaginer une liaison avec le séduisant Ignacio Robles, fils à papa propriétaire d'une agence immobilière... Mais qui prendrait le risque de déclencher l'ire de son mari, le Crocodile, commandant local de la Guardia Civil ? Celui-ci est d'ailleurs sur une affaire délicate : un des jeunes de la ville a été retrouvé mort sur une plage, et il craint que ce cas révèle les petits trafics qu'il couvre en échange d'un pourcentage... Tous les ingrédients du drame à venir sont réunis.
Vingt ans après, le narrateur se rappelle cet été pas comme les autres. Il plonge dans ses souvenirs pour en faire revivre les acteurs et le décor. Roman de la mémoire, Ce que la mort nous laisse est également le portrait d'une ville où les antagonismes de classe sont d'une rare violence, en plein boom immobilier touristique des années 1990.
La Havane, 1947. À 19 ans, Patricio décide de tenter sa chance dans ce bout du monde, après avoir quitté la misère de son Espagne natale. Il ne possède que ce qu'il a sur le dos, mais mise sur son charisme, son regard magnétique et surtout sur une féroce volonté de vivre. Il sera cireur de chaussures, vendeur de billets de tombola, coursier, homme à tout faire à El Encanto, le grand magasin de la ville.
C'est là qu'il rencontre Gloria, la plus belle femme du monde. Mais elle s'est sacrifiée en épousant César Valdés, dangereux parrain de la mafia locale. Malgré tout, Patricio est persuadé qu'il peut encore l'éblouir et la sauver.
Été 1925. Les habitants de Biarritz sont secoués par un événement tragique : la découverte, dans le port, du cadavre d'une jeune libraire plonge la ville dans un profond émoi.
1938. Georges Miet, un jeune écrivain fougueux, décide d'écrire un roman « sérieux » sur le drame survenu près de quinze ans auparavant.
Tel un détective en herbe, Georges se rend dans l'élégante station balnéaire pour mener l'enquête et part à la rencontre de tous les acteurs de la frétillante cité : des employés de maison, des grandes bourgeoises, des journalistes, une paire de gendarmes, un photographe, des artistes, un juge, et même une bonne soeur. Il interroge tout ce petit monde, nous faisant pénétrer dans l'alcôve sombre d'une bourgeoise de province, mais aussi dans les cabarets, les bordels de luxe ou encore les restaurants les plus chics où les puissants s'adonnent à toutes les mondanités.
Umami donne voix aux différents habitants d'un petit lotissement de la ville de Mexico, que la disparition d'une petite fille renvoie chacun à leurs propres bles- sures et au passé qui les hante. C'est Ana, sa grande soeur, qui mène la danse : Ana voudrait vivre mais le poids de la peine des adultes, l'ennui d'un été qui n'en finit pas et son propre chagrin l'en empêchent. Elle décide de se lancer corps et âme dans un projet auda- cieux : planter dans l'arrière-cour de sa maison une milpa, le champ de maïs traditionnel des communautés indiennes du Mexique. La jeune adolescente remue la terre, ratisse et plante, invitant ainsi les habitants de ce drôle de voisinage à démêler le douloureux passé, pour un jour enfin renaître. Les questions se bousculent, les souvenirs et les émotions fusent avec énormément de poésie : à l'instar des saveurs élémentaires qui donnent leur nom à chacune des maisons - sucré, salé, amer, acide, umami * - l'auteur joue de la gamme des senti- ments humains et donne corps à toute leur complexité.
Un premier roman très sensible d'une jeune voix lati- no-américaine remarquée. Loin des clichés sur le Mexique, sa violence endémique et ses problèmes de corruption, Laia Jufresa explore le quotidien d'une classe moyenne urbaine mexicaine. Émouvant sans jamais être sentimental, empreint d'une douce mélan- colie mais aussi d'une véritable drôlerie, Umami traite avec beaucoup d'originalité de thèmes maintes fois explorés : la perte de soi et des autres, l'impossible deuil, la vie qui va.