C'est d'abord un roman policier, un vrai, un grand polar, qui sort à jets savamment cadencés d'une plume que se disputent Conan Doyle et saint Thomas d'Aquin : une "série noire" pour amateur de crimes en série et de criminels hors pair qui ne se découvrent qu'à l'ultime rebondissement d'une enquête allant, en humour et en cruauté, malice et séductions érotiques, train d'enfer dans un lieu voué au silence, à la chasteté, à la prière. Car oyez, oyez, bonnes gens : c'est le moine qu'on assassine. Tout advient en l'espace de sept jours (une mort violente par jour) dans la très sainte enceinte d'une abbaye bénédictine située entre Provence et Ligurie, en l'an de grâce et de disgrâce 1327.En arrivant dans le havre de sérénité et de neutralité que devrait être cette abbaye - admirée de tout l'Occident pour la science de ses moines et la richesse de sa bibliothèque, l'ex-inquisiteur Guillaume de Baskerville, accompagné de son secrétaire Adso de Melk, se voit prié par l'Abbé de découvrir au plus vite qui a poussé un de ses moines à se fracaser les os au pied des vénérables murailles. C'est le premier des sept assassinats qui seront scandés par les heures canoniales de la vie monastique, danse de mort autour d'une bibliothèque interdite d'où se feront entendre les sept trompettes de l'Apocalypse, le rictus du Diable et le rire d'Aristote. Et le Verbe du commencement rejoint le mot de la fin dans une parabole sanglante et risible où s'inscrit l'histoire de l'humanité.
Entre le corps d'Amalia, qui flotte dans la mer, à l'aube, mystérieusement noyé, et le corps de Delia, sa fille, exposé à la brutalité, au sang et à la pluie d'une Naples au ciel plombé et aux rues hostiles, se déroule ce thriller familial, sensuel et désespéré, dont les rebondissements vous griffent le coeur.
Qu'est-il arrivé à Amalia ? Qui se trouvait avec elle la nuit de sa mort ? Pourquoi n'est-elle vêtue que d'un soutien-gorge neuf quand on la retrouve ? A-t-elle vraiment été, comme le portent à penser les dernières heures de sa vie, la femme que sa fille a toujours imaginée, ambiguë et insatiable, prête à de secrètes déviations, capable d'échapper dans la ruse et la grâce à la surveillance obsédante de son mari ? Qui est Caserta, ce vieil ami d'Amalia, une victime ou un bourreau ? Quels sont ces hommes qui entravent et révèlent le destin de Delia ?
La moquerie de la virilité triomphante existe depuis bien longtemps, et elle a été notamment pratiquée par des hommes. Le romancier italien Luigi Malerba, dont Umberto Eco appréciait, tout autant que la modernité du style, le « mode malicieusement ironique » (La repubblica, 2009), en a fait tout un roman en 1973 dans Le Protagoniste (première traduction française chez Grasset en 1975). Et quel roman ! Et quel protagoniste ! Qui est-il, lui qui se promène avec toute son assurance sur le monde moderne et se raconte dans une prose saccadée, parfois rudimentaire, qui semble présager le parler des réseaux sociaux ? « Je suis le Centre Vital Générateur », dit-il. Malerba ne le nomme jamais, en laissant le soin, en bas de page, à des écrivains latins beaucoup moins prudes que l'Européen contemporain. Il ressemble aux obélisques, il ressemble aux campaniles, faits à son image. Il est... Il est...
Trois personnages mènent cette histoire qui raille ce que l'on appelait alors la phallocratie : le Protagoniste, le Patron, un radioamateur qui est son double, et Elisabella. Effréné, le Protagoniste conquiert Rome, en commençant par le « tunnel romain », qui passe sous le Quirinal. Outrageux, grossier, misogyne, jusqu'où ira-t-il ?
Jonglant avec les mots qu'aussi bien Malerba crée de toute pièce en défiant les règles de la grammaire, mordant, entre féerie et farce, Le Protagoniste est un opéra anarchiste qui défie les conventions sociales, religieuses et coutumières de son temps - mais encore du nôtre.
Trente ans après Le Nom de la rose, Umberto Eco nous offre le grand roman du XIXème siècle secret. De Turin à Paris, en passant par Palerme, nous croisons une sataniste hystérique, un abbé qui meurt deux fois, quelques cadavres abandonnés dans un égout parisien. Nous assistons à la naissance de l'affaire Dreyfus et à la création de l'évangile antisémite, Les Protocoles des sages de Sion. Nous rencontrons aussi des jésuites complotant contre les francs-maçons, des carbonari étranglant les prêtres avec leurs boyaux. Nous découvrons les conspirations des renseignements piémontais, français, prussien et russe, les massacres dans le Paris de la Commune où l'on se nourrit d'illusions et de rats, les coups de poignard, les repaires de criminels noyés dans les vapeurs d'absinthe, les barbes postiches, les faux notaires, les testaments mensongers, les confraternités diaboliques et les messes noires...Les ingrédients sont donc réunis pour faire de ce savoureux feuilleton un diabolique roman d'apprentissage. Tout est vrai ici, à l'exception de Simon Simonini, protagoniste dont les actes ne relèvent en rien de la fiction mais ont probablement été le fait de différents auteurs. Qui peut, cependant, l'affirmer avec certitude ? Lorsque l'on gravite dans le cercle des agents doubles, des services secrets, des officiers félons, des ecclésiastes peccamineux et des racistes de tous bors, tout peut arriver...
En 1992, à Milan, un groupe de journalistes, cinq hommes et une jeune femme, sont embauchés pour créer un nouveau quotidien qu'on leur promet dédié à la recherche de la vérité, mais qui se révèle un pur instrument de calomnie et de chantage.
Ils fouillent dans le passé pour mettre en page leur « numéro zéro », et c'est le présent qui leur saute au visage...
« L'ombre de Mussolini, donné pour mort, domine tous les événements italiens depuis 1945 » : est-ce là le délire d'un journaliste d'investigation paranoïaque ? Mais alors, pourquoi le retrouve-t-on assassiné un beau matin ?
Attentats, tentatives de coups d'Etat, empoisonnements, complots, stratégie de la manipulation, de la désinformation et de la tension : quand tout est vrai, où est le faux ?
Umberto Eco nous offre ici la tragédie burlesque de notre temps.