«?Je ne suis pas un homme politique, mais en tant que médecin, j'ai le devoir de me battre pour chaque vie humaine, n'est-ce pas?? C'est simplement le devoir de tout médecin d'empêcher la guerre?!?» Un nouveau virus, venu de Chine, frappe mortellement les plus de quarante ans. Jusqu'à ce qu'un modeste médecin mette au point un traitement contre cette terrible «?maladie blanche?». Sa seule condition pour dévoiler sa découverte?: que toutes les nations s'engagent à ne plus faire la guerre. Mais les puissants sont-ils prêts à abandonner leurs rêves de gloire et de richesse pour rester en vie??
Critique fervente du totalitarisme, La Maladie blanche, écrite en 1937, confirme une nouvelle fois l'intuition géniale et l'extraordinaire don d'anticipation de Karel Capek.
Faust fut pour l'imagination populaire l'incarnation de l'esprit aventurier de l'époque, à cheval sur le Moyen Âge et les Temps modernes. Dans son ouvrage, Robert Nye utilise des documents historiques qui attestent l'existence de Faust en jetant quelque lumière sur sa personnalité, en y mêlant les éléments d'une fiction romanesque hilarante. L'ouvrage se présente comme le journal de Christophe Wagner, le jeune disciple?de l'alchimiste, qui nous entraîne dans un ébouriffant pèlerinage à Rome à la suite d'un Faust inattendu, ivrogne invétéré, chevalier d'industrie débauché et vicieux. Sont aussi du voyage Hélène de Troie, maîtresse du mage, emmerdeuse moche, mythomane et mystique, ainsi que sept ravissantes jeunes filles pratiquant chacune une spécialité érotique différente au bénéfice de ce jeune paillard de Wagner. Traversent également le récit Henri VIII, Luther, Marguerite de Navarre, Calvin, etc. Passionnant comme un polar, joyeusement obscène comme un Rabelais contemporain, le Faust de Robert Nye est l'un de ces ouvrages de la lecture duquel on sort avec l'impression d'être plus intelligent.
« Une femme a` la tombe´e du soir, quelque part dans le Westhoek, un coin d'Europe occidentale. Elle est bien habille´e, d'a^ge moyen, elle marche vers nous avec difficulte´, comme si elle traversait un champ laboure´. Elle ne porte pas de chaussures. Les traces de ses pas brouillent le dessin des sillons, le paysage est gris comme la pierre et plat comme une table d'autopsie ».
Cette femme qui s'avance est la me`re d'un jeune homme coupable d'avoir commis une tuerie de masse sur un quai de me´tro. Gaz est le plaidoyer de cette me`re damne´e, un monologue vertigineux ou` l'amour et la souffrance s'extraient de l'innommable.
Dans un avenir proche, l'Europe est envahie par les Sino-Mongols, et asservie à leur philosophe Murti Bing. Impuissant à se défendre, car irrémédiablement décadent, l'Occident dépose les armes. La déliquescence est encouragée par la distribution de pilules de davamesk, qui, à l'instar de la « société dancingo-sportive », ont l'avantage de simplifier le monde, rendant le questionnement existentiel superflu. L'Europe en décadence, qui répertorie tous les types représentatifs d'intellectuels, d'artistes, de femmes fatales, de mantes religieuses ou de politiciens à vestes réversibles, sans oublier les grands fauves du terrorisme, constitue l'arrière-fond de cette grande symphonie crépusculaire. Publié vingt ans avant 1984 de George Orwell, L'Inassouvissement propose la vision d'une société dont le dessein serait l'asservissement de la personne humaine. Roman d'anticipation, réceptacle de toutes les idées de l'auteur en matière de philosophie, d'histoire et d'esthétique, porté par une langue étourdissante, L'Inassouvissement méritait, près de cinquante ans après sa première parution en français, d'être présenté à une nouvelle génération de lecteurs dans une traduction intégralement revue.
Gide´on Rottier intervient quand les autres capitulent. Incendie ? Suicide ? Attentat terroriste ? Et c'est ce be`gue qu'on appelle pour nettoyer les lieux du drame... Son existence solitaire bascule lorsque son patron engage Youssef. Une amitie´ nai^t entre les deux hommes et Gide´on de´cide d'accueillir ce demandeur d'asile, puis sa femme et ses enfants, chez lui. De´marre alors une e´trange mais heureuse vie de famille.
Mais lorsque deux terroristes commettent un attentat meurtrier dans la Gare centrale d'Anvers et que Youssef disparai^t, dans la maison de Gide´on, comme dans tout le pays, c'est le de´but du ravage.
Tom Lanoye prouve encore une fois qu'il sait frapper la` ou` c¸a fait mal. Avec ce nouveau roman, il e´carte les failles, comme autant de plaies be´antes, d'un monde qui se veut libe´ral mais qui se renferme sur lui-me^me. Au fur et a` mesure des pages, avec une force narratrice implacable, Tom Lanoye montre que l'ide´alisme ne peut pas re´sister a` l'injustice et a` la folie, dans un monde qui se de´sinte`gre.
Sang et roses. Au XVe siècle, Jeanne d'Arc, simple paysanne, reçoit l'ordre divin de «bouter les Anglais hors de France». Elle mène les troupes françaises, lève le siège d'Orléans, conduit le dauphin Charles au sacre, à Reims, et contribue ainsi à inverser le cours de la Guerre de Cent Ans. Capturée à Compiègne, elle est vendue aux Anglais puis condamnée au bûcher pour sorcellerie. Gilles de Rais, grand seigneur de France, est un des rares hommes à combattre aux côtés de Jeanne d'Arc jusqu'au bout. Après la guerre, il se livre à la magie et aux dépravations sexuelles. Il est condamné pour sodomie et pour le meurtre de dizaines d'enfants. Jeanne et Gilles, grandes figures de l'Histoire de France, sont au coeur de cette histoire. Une histoire qui se concentre sur les pouvoirs judiciaire et religieux, pour dénoncer les dangers des fondamentalismes qu'ils abritent en leurs seins.
Mamma Medea. Cette adaptation libre et contemporaine d'Euripide mêle le vers et la prose, la langue soutenue de la tragédie classique et le franc-parler d'aujourd'hui. Arrivé en Colchide, Jason veut récupérer la Toison d'or. Le despote Aiétès la lui remettra s'il sort vivant de l'épreuve qu'il lui impose. Médée, la fille d'Aiétès, tombe instantanément amoureuse de Jason. Pour lui faire gagner l'épreuve et pour s'enfuir avec lui, elle accepte de trahir son père, d'abandonner sa soeur et de tuer son frère. Ces épreuves passées, Médée, Jason et leurs fils se sont exilés en Corinthe. Médée a sombré dans la folie, car Jason, qu'elle aime plus que tout et pour qui elle a renié sa propre famille, a décidé de la bannir et d'épouser la fille du roi Créon. Désespérée, Médée assassine Créon et sa fille, ce qui rend Jason fou de rage. Calme et sérénité ne reviendront qu'après une querelle passionnée qui poussera Médée et Jason à assassiner leurs propres enfants.
Hospitalisée suite à une attaque cérébrale, Josée, la mère de l'auteur, perd l'usage de la parole. Elle souffre d'une aphasie, une perte presque totale de la capacité de s'exprimer. Désormais, elle émet des sons inintelligibles traduisant son désespoir et sa colère d'être incomprise. Ancienne bouchère à Saint-Nicolas, comédienne dans une troupe de théâtre amateur, elle était pourtant connue pour son sens de la repartie et son caractère bien trempé. La langue était son instrument principal, désormais son seul combat est de lutter pour essayer d'émettre quelques syllabes.
À travers ce récit, Tom Lanoye rend hommage à sa mère, une femme forte et inspirante, il se remémore son enfance tout en étant confronté à l'insoutenable, la maladie, le silence et la mort.
Un style puissant. Tom Lanoye manie la langue, joue avec le rythme et bouscule sans cesse les émotions du lecteur.
Un village flamand, à deux pas d'une ville provinciale. Un petit garçon à l'imagination fertile s'identifie tantôt au poisson-épée, terreur des mers, tantôt au redoutable cow-boy Clint Eastwood, mais surtout à Jésus-Christ, dont il répète inlassablement, une lourde croix sur le dos, l'ascension du Golgotha, « comme à la télé ». Autour de lui, une maman qui s'ennuie sans homme à la campagne, une grand-mère insupportable, un ivrogne sympathique mais qui porte un lourd secret, un instituteur poète incompris, une demoiselle exaltée qui a entrepris de convertir en secret le garçon. En outre, quelque part un drame s'est produit, qui justifie l'entrée en scène d'un gros commissaire neurasthénique à la voix fluette.
Il enquête. Certaines choses éveillent des échos de l'inoubliable Chagrin des Belges : les rapports du petit garçon trop imaginatif avec sa jolie mère qu'il juge futile, la découverte de la religion par l'enfant à travers des mots et des formules qu'il ne comprend que superficiellement. On y retrouve également l'incomparable talent qu'a Hugo Claus (1929-2008) de nous plonger dans l'atmosphère de la province flamande, avec ses mesquineries et avec sa sensualité mal dissimulée malgré les contraintes morales et la pression sociale.
Paru en 1985, Un fils de boucher à petites lunettes est le premier livre publié par Tom Lanoye.
Il inaugure aussi la trilogie autobiographique que l'écrivain nommera a posteriori « La Trilogie du pays de Waes », dont les deux autres parties sont La Langue de ma mère et Les Boîtes en carton (La Différence, 2011 et 2013). On y trouve déjà le ton savoureux des oeuvres de maturité de Tom Lanoye, un mélange ingénieux de réel et de fantastique et une sentimentalité qui ne verse jamais dans le sentimentalisme grâce à l'ironie et à un sens aigu du grotesque.
Les débuts d'un grand écrivain.
On trouvera ici, dans une nouvelle traduction, l'oeuvre complète de Bruno Schulz dans le do- maine de la fiction; sont donc exclus ses essais et sa correspondance. Fiction certes, mais on y verra en filigrane un portrait de Schulz. On imagine aisément l'homme qu'il est: comment il s'évade de l'ennui quotidien en réinventant le regard de l'enfance, comment il lutte pour la moindre miette de ce temps qu'il voudrait tout entier consacré à l'écriture et à l'art, comment cet introverti agoraphobe crée des espaces et des temps magiques, comment ce timide se dépeint rampant, adorateur et soumis, aux pieds de femmes magnifiques en des dessins d'une technique éblouissante. Et puis l'on voit toute la place que tient la figure du Père, centrale dans une grande partie des récits, ce simple négociant en tissus devenant, sous la plume de son fils, inventeur fou, artiste et poète, prophète inspiré et même - ô hérésie ! - concurrent du Créateur, Démiurge, engendreur de Matière et de Vie !
Quant au titre choisi pour ce recueil, il se réfère à un passage des Boutiques de cannelle, qui nous montre que Schulz ne se satisfait pas du temps «ordinaire» et que son art consiste à en recréer un, falsifié, «mythifié»:
«Chacun sait que, dans une suite d'années normales et ordinaires, le temps se met parfois à divaguer et à engendrer des années autres, bizarres, dénaturées, sur lesquelles pousse parfois, comme un petit sixième doigt à la main, un faux treizième mois (...) Ce dont nous allons parler s'est déroulé dans ce treizième mois supplémentaire et en quelque sorte falsifié... »
Han Bijman est un homme quelconque, voire insignifiant : un emploi sans intérêt, un physique peu avantageux et une vie amoureuse inexistante font de lui une sorte de fantôme qui traverse la vie sans y laisser la moindre empreinte. Les cours de tango sont sa seule fantaisie, et une bonne occasion pour ce célibataire endurci d?être en contact avec la gent féminine. C?est lors de son premier salon de tango que Han fait la connaissance d?Esther, belle jeune femme séduisante et séductrice, éprise de rencontres et de liberté, qui va l?initier à l?amour.
Très vite, Esther devient sa raison d?être. Aussi, quand elle lui annonce l?arrivée à Amsterdam de son amant indien dont elle se dit follement amoureuse, Han comprend qu?elle ne lui appartiendra jamais vraiment. Comme ces tangueros qui ne vivent et ne respirent que pour la danse, Han est totalement obsédé par Esther, et se met à épier ses faits et gestes. Mais jusqu?où est-il prêt à aller pour la retenir ?