L'exercice d'identification des territoires d'avenir, dévoilé dans ce numéro, est la somme d'un travail de réflexion mené durant le premier semestre de l'année 2022, en coconstruction avec le conseil scientifique de la revue. 35 indicateurs caractérisant 4 grandes dimensions de la vie locale (cadre de vie, économie et vie locale, accès au logement et capacité de développement) ont été retenus pour qualifier les zones d'emploi du territoire national. D'ores et déjà, les territoires ont changé la donne !
La question de la cohabitation a été abordée sous de nombreux aspects, à commencer par celui du « vivre-ensemble ». Pour aller plus loin sur la thématique, les 14 ateliers organisés ont permis d'explorer des pistes de réflexion sur les modes de cohabitation, à travers les prismes de la nature, du vivant, de l'habitat, des mobilités, des interactions entre territoires, du voisinage, des modes de travail, et même de la précarité.
Qu'est-ce que l'ingénierie territoriale et urbaine aujourd'hui ? Un domaine d'activité dont les moyens humains sont pour partie dans la sphère publique, les collectivités et pour partie dans des structures privées de conseil dénommées très diversement, bureau d'études, société de conseil, de consulting... Ce sont de nombreux métiers en perpétuelle réinvention au gré des politiques successives d'aménagement du territoire, de l'émergence des problématiques liées au développement durable, de nouvelles postures collectives par rapport aux incertitudes et aux risques, de l'évolution des positions et des moyens des collectivités locales. Ce sont des équipes d'ingénieurs - à qui on a demandé progressivement d'élargir leur vision et de devenir des généralistes capables, par la méthode, de résoudre la complexité croissante des missions - et d'universitaires, qui en ont peu à peu grossi les rangs en qualité de véritables experts, car les mieux formés aux réponses à apporter aux enjeux nouveaux.
Territoires oubliés, l'expression intrigue : Oubliés par qui ? oubliés par quoi ? C'est la réelle déperdition d'habitants, de services et de dynamique socio-économique, ainsi que le sentiment de dégradation qui caractérisent les territoires oubliés. Pourtant, jamais résignés localement et toujours soutenus par l'État et par l'Europe, ces territoires suscitent depuis un certain nombre d'années un nouvel intérêt auprès des masses métropolitaines qui viennent abonder ou stimuler les initiatives locales. Une réflexion qui trouve des échos en Europe avec des articles sur l'Espagne, le Portugal, la Suisse et l'Italie. L'invité de ce numéro est le photographe et réalisateur Raymond Depardon. Il revient sur sa longue et opiniâtre exploration des territoires français.
Nouvelle ligne éditoriale et nouvelle maquette : ce numéro est le premier de notre nouvelle formule. Un numéro consacré aux Jeunes - Digital versus informalité, comment les jeunes urbanistes et architectes vont-ils construire les villes ? - Les enfants dans la ville - Pour une politique de la jeunesse - Grandir en banlieue - Reportage : avoir 20 ans dans la Nièvre - La jeunesse francilienne - Les jeunes élites s'engagent pour le climat - A découvrir dans nos pages culture : des essais remarquables sur l'urbanisme, les territoires et la sociologie, mais aussi des films, une exposition (Hip-Hop 360), des interviews d'Hafsia Herzi et d'Audrey Estrougo.
Campus en mouvement « Campus en mouvement » : avant d'être le titre de ce numéro, c'était celui du colloque organisé par la Conférence des présidents d'université (CPU) à Orléans les 25, 26 et 27 mai 2016. L'occasion de remettre la forme, l'économie et la gouvernance des campus au coeur des débats sur la transformation des universités françaises. Cela faisait dix ans que le thème de la rencontre annuelle n'avait pas porté sur cette question - on parlait davantage à l'époque de « vie étudiante ». Entretemps, la mutation en profondeur des campus a commencé. Certains sont remarquables ; d'autres entament leur mue. Le paradoxe est que la société française ne le voit pas. Absents du cinéma, des séries télévisuelles et des romans - au Royaume-Uni ou aux États-Unis le « campus » est un genre en soi -, ils accueillent de plus en plus de jeunes : 2 596 800 très exactement pour la rentrée 2016-2017. Mais il manque un imaginaire autour du campus à la française, révélateur de la place de l'université dans la société, regrette Jean-Loup Salzmann, président de la CPU, dans l'entretien qui ouvre ce numéro. Il est vrai que coexistent en France plusieurs types de campus, comme l'analyse Hélène Dang Vu, à la différence du campus anglais ou américain. A contrario, « le campus bouge parce que le rapport de la société à l'enseignement supérieur change », a relevé Thierry Mandon, secrétaire d'État à l'enseignement supérieur et à la recherche, en ouvrant le colloque de la CPU. Les campus, donc, se transforment. Les universités en font le signe tangible de leur autonomie, l'incarnation de leur singularité et de leur stratégie. Quant aux collectivités locales, à l'image d'Orléans qui veut « redevenir une ville universitaire », elles ont compris le facteur d'attractivité qu'ils représentent et leur rôle de locomotive urbaine, comme à Saclay ou sur le site du campus Condorcet, ou économique comme à LyonTech-la Doua, exemples présentés dans ce numéro. À lire les récits, interviews et analyses, on comprend que la « vie de campus » vise toujours à améliorer les conditions matérielles des étudiants et à leur offrir la possibilité d'y vivre des « expériences » enrichissantes et formatrices. Mais elle va bien au-delà, en cherchant à donner corps à une communauté universitaire élargie, associant étudiants, enseignants, chercheurs, personnels, mais également collectivités locales et entreprises. Elle se comprend à l'aune de la transformation du patrimoine immobilier, non seulement les bâtiments d'enseignement, mais aussi les bibliothèques, les halls, les voies de circulation, les espaces extérieurs, les logements étudiants, les restos-U... qui élargissent leur usage et se transforment, qui en learning center, qui en espace de co-working, qui en lieu d'échange et de rencontre. Avec partout le même leitmotiv : l'ouverture sur le territoire. Ce n'est plus un voeu. Longtemps repoussées en périphérie pour éloigner l'agitation étudiante, les universités ont été rattrapées par la ville. Aujourd'hui, elles en réinvestissent de plus en plus le centre à la demande des collectivités elles-mêmes. La porosité entre la ville et le campus devient réalité. Lui-même commence à s'ouvrir aux habitants et aux acteurs économiques sous des formes variées : accès aux équipements sportifs ou culturels, parfois même aux cours, mise à disposition d'équipements ou de fablabs, co-construction d'événements et de projets. De ce point de vue, les expériences étrangères tirées d'une étude financée par la CPU et la Caisse des Dépôts sur les modèles économiques de la vie de campus constituent une source d'inspiration. Les universités françaises ont aussi des exemples à faire connaître. Plus que jamais, l'heure est à la diffusion des bonnes pratiques. Car, dans les transitions en cours (numérique/écologique), les universités sont plutôt bien placées pour jouer le rôle de poisson-pilote. C'est la bonne nouvelle qu'il faut diffuser : les campus se sont mis en mouvement.