Cette peintre étatsunienne méconnue en France a développé une oeuvre picturale très originale focalisée sur le monde végétal et les fleurs en particulier. Un nouvel engouement pour son travail se fait jour, pour preuve le succès incroyable de l'exposition temporaire que le Centre Pompidou lui a consacré en 2021. Dans la lignée de son remarqué "Apprendre à voir" (5 800 ventes - lauréat de la première édition du Prix de l'essai EcoloObs décerné ce 9 mai), l'historienne de l'art et naturaliste Estelle Zhong Mengual explique comment et pourquoi ces oeuvres nous donnent à voir les fleurs comme on ne les avait jamais vues et renouvellent profondément notre rapport à elles et, plus largement, au monde vivant.
Georgia O'Keeffe est l'une des plus grandes figures de l'art nord-américain du XXe siècle, amazone de l'art contemporain, artiste ho rs normes. Pour Estelle Zhong Mengual, Georgia O'Keeffe, qui peint les fleurs comme si elle zoomait avec un appareil photo, nous invite à changer de focale, et à faire l'expérience de la beauté du monde du point de vue d'une abeille ou d'un colibri.
Cinquième volume de la collection «Savoir & faire», cette encyclopédie est consacrée à une matière à la fois forte et fragile, le verre. Elle explore les arts du verre, son usage en architecture, ainsi que les possibles voies d'innovation.
Une somme encyclopédique qui explore le verre dans toutes ses dimensions : artistiques (vitrail, cristal, dans l'architecture, ...), historiques, techniques, philosophiques, scientifiques, économiques, environnementales, et embrasse la diversité des usages de ce matériau pour donner à comprendre sa beauté et sa richesse. Ce livre s'adresse à l'amateur, qui aime et souhaite découvrir plus avant le verre, autant qu'au spécialiste qui viendra compléter son domaine d'expertise par d'autres regards, points de vue et connaissances.
Cette biographie, complétée d'un cahier photo inédit, rend hommage à une figure iconique du cinéma de la deuxième partie du XXe siècle : Margot Capelier, la reine du casting.
Dans la lignée du Billy Wilder de Camerone Crowe, Bertrand Tavernier enrichit son édition d'Amis américains par des entretiens inédits - notamment avec Alexander Payne, Quentin Tarantino et Joe Dante - et de prestigieux documents iconographiques.
"Je veux dessiner le dedans que je sens tellement, la vie fait tant d'effets !" Anouk Grinberg dévisage. Elle observe son entourage et dessine. A travers ses dessins surgissent des émotions enfouies, faisant du s pectateur le témoin de son propre étonnement.
Cet ouvrage est le premier consacré à l'oeuvre plastique d'Anouk Grinberg. Réunissant près de 200 oeuvres, encres, pastels, gouaches, broderies..., il révèle l'univers à la fois puissant, sensible, poétique et complexe d'une artiste aux multiples talents.
Sur le modèle de Calligraphie (C. Médiavilla) le premier grand livre d'art déployant toutes les dimensions de l'art chinois du trait, graphique aussi bien que pictural. Principes des idéogrammes, outils, définitions des styles, arrière-plan spirituel, contexte historique et social, oeuvre des grands maîtres.
Ce livre est habité par la rencontre de et avec Soulages. Ses rencontres ont marqué à jamais sa vision de l'art : d'abord avec l'archéologie et l'art pariétal, ensuite avec Conques et l'art roman, enfin avec l'abstraction pendant la Seconde Guerre mondiale. Ses grandes rencontres des années 1950-1960, avec Picabia, Hartung, Atlan, Senghor, puis autour de Conques avec Georges Duby et Jacques Le Goff, sont aussi des moments phares de son oeuvre, comme l'est sa rencontre avec le Japon. Michaël de Saint-Cheron et Matthieu Séguéla tracent ici un triangle d'or entre l'art de Soulages, l'Afrique noire et le pays du Soleil levant. Ce livre analyse l'outrenoir à travers une double approche novatrice confrontée à l'histoire du xxe siècle et au dialogue des cultures et des arts.
Le jeu consiste pour l'artiste à "obéir" aux traits non réalisés du personnage. Ainsi découvre-t-son dans le livre I des repas chromatiques et des jours en b ou en c (comme Calle). Ce même ouvrage commence par le passage référentiel du roman, avec des paragraphes encadrés qui renvoient aux autres livrets dans lesquels on découvre ou reconnaît les "épisodes de la vie' c'est-à-dire les ceuvres de S. Calle.
La vie de Sophie et comment elle a influencé celle de Maria (livres II, III, IV, V, VI) : Ces rituels que Paul Auster m'a "empruntés" pour façonner Maria sont : la suite vénitienne, la garde-robe, le strip-tease, la filature, l'hôtel, le carnet d'adresses, le rituel d'anniversaire. Léviathan m'offre l'occasion de présenter les projets artistiques dont s'est inspiré l'écrivain et que désormais nous partageons, Maria et moi. Ce livre VI est déployé (passe de 4 pages à 24 pages) à l'occasion de cette nouvelle édition avec des éléments inédits.
Les Panoplies (livre III) s'ouvre plus largement sur cette anthropologie de la sphère privée spécifique des oeuvres de Sophie Calle et qui fait de l'artiste (avec Messager) l'annonciatrice des interrogations récentes sur l'intime.
Livre-monument, ces Impressions sont bien plus qu'un « exercice de style » aux multiples dess(e)ins et signatures. Tout en constituant « le » livre présentant le plus grand musée européen de l'imprimerie, l'AMI (Atelier-Musée de l'Imprimerie), à Malesherbes (Loiret), elles rendent un hommage d'exception à tous les inventeurs et artisans du livre et de la presse (journalistes, auteurs, illustrateurs, compositeurs, papetiers, imprimeurs, brocheurs...) en même temps qu'à la beauté et l'éternité de l'écrit et de ses typographies.
Menée par de nombreux amoureux de la « chose imprimée », l'insolite entreprise a mis en partage :
UNE COLLECTION ET DE NOMBREUX SAVOIR-FAIRE.
- un prestigieux ensemble de casses, de composeuses-fondeuses, de machines à imprimer du XVIIIe au XXe siècle, de livres imprimés... - une collection initiée par l'association Artegraf ;
- la passion et le savoir-faire d'un grand imprimeur français, Jean-Paul Maury.
LES REGARDS SINGULIERS.
- de François Deladerrière, photographe sculpteur de machines et de paysages (Ugine, une ruée vers l'acier, Actes Sud, 2014, et The Walking Mountain, Calamita /à Project, 2016) ;
- de Stéphane Couturier, photographe combinateur de formes (Stéphane Couturier, Xavier Barral, 2016, et Sète #18 Images Singulières, Éditions Le Bec en l'Air, 2018) ;
- et de Primo Sallpist, photographe des matérialités.
TROIS RECITS.
- la chronique de la création de l'Atelier-Musée de l'Imprimerie, par son directeur, Jean-Marc Providence, penseur et ordonnateur de musées ;
- la savante relation des 600 ans d'histoire du livre imprimé par l'historien Olivier Deloignon (Gutenberg, l'aventure de l'imprimerie, dir. scient., film de M. Jampolsky, Arte, 2017, et J.-M. Chatelain, O. Deloignon, J.-Y. Mollier, D'encre et de papier. Une histoire du livre imprimé, Imprimerie nationale Éditions, 2021) ;
- une dystopie tout en plomb et en papier par le romancier Raphaël Jerusalmy (La Confrérie des chasseurs de livres, Actes Sud, 2013, La Rose de Saragosse, 2018).
UNE CREATION ORIGINALE.
- un livre dessiné, dans sa mise en pages et toute sa matérialité, par Sophie et Philippe Millot.
LE BON A TIRER.
De ce livre, le « bon à tirer » a été donné conjointement par l'historien Pascal Ory, de l'Académie française, et par les éditeurs.
"Depuis des mois, je suivais des inconnus dans la rue. Pour le plaisir de les suivre et non parce qu'ils m'intéressaient. Je les photographiais à leur insu, notais leurs déplacements, puis finalement les perdais de vue et les oubliais..." Préambule - Sophie Calle
"Le lundi 16 février 1981, je réussis, après une année de démarches et d'attente, à me faire engager comme femme de chambre pour un remplacement de trois semaines dans un hôtel vénitien. On me confia douze chambres du quatrième étage. Au cours de mes heures de ménage, j'examinai les effets personnels des voyageurs, les signes de l'installation provisoire de certains clients, leur succession dans une même chambre. J'observai par le détail des vies qui me restaient étrangères. Le vendredi 5 mars 1981, mon remplacement prit fin." Sophie Calle - Préambule
Titien (1488-1490 - 1576) est le contemporain de Vasari, Michel-Ange, Tintoret et Véronèse. Il reste le souverain indiscuté de la scène vénitienne durant trois quarts de siècle.
Formé dans l'atelier des Bellini et bientôt associé à Giorgione, il est dès son adolescence l'un des artistes le plus en vue à Venise. À la mort de Giovanni Bellini, en 1516, il est nommé peintre officiel de la République de Venise. Le cercle de ses commanditaires s'étend rapidement, grâce notamment au soutien de l'Arétin : son ami écrivain et essayiste ne cesse, dans ses Lettres, de décrire et de louer ses tableaux, et, ce faisant, lui permet de tisser un puissant réseau de relations.
Malgré les guerres de religion et les voyages, les succès s'enchaînent : Mantoue et Ferrare auprès de Frédéric II Gonzague, Rome auprès du pape Paul III, Augsbourg auprès de Charles Quint. Enfin, il peint pour Philippe II, roi d'Espagne, et se fixe définitivement à Venise où il meurt en 1576.
Titien est l'auteur d'une oeuvre immense. On lui connaît directement deux cent soixante-dix oeuvres : portraits, scènes religieuses, mythologiques, allégoriques ou érotiques.
La vision sereine de ses débuts s'estompe dans sa période maniériste, au profit d'une maîtrise toujours plus libérée. Puis les guerres de religion donnent à ses travaux un ton plus dramatique, mais avec un chromatisme plus expressif.
Titien est avant tout un peintre de la liberté.
Une liberté thématique. Il privilégie le rendu expressif de l'aspect physique et moral de ses sujets et donne naissance au nouveau genre qu'est le portrait officiel. Parallèlement, il détourne les thèmes religieux pour exalter les plaisirs terrestres et les fastes de la mondanité. Sa peinture transpire le bonheur païen et innocent.
Une liberté technique. Le recours aux tout nouveaux liants et pigments, comme à la toile, suscite à Venise recherches et inventions. Alors que l'école florentine continue d'accorder la primauté à la ligne et au dessin préparatoire, Venise privilégie la spontanéité de la touche et la richesse des coloris. S'attachant moins aux détails, Titien va jusqu'à mélanger et projeter les couleurs du bout des doigts, dans une gamme chromatique plus restreinte où se juxtaposent des taches qu'on dirait informes.
Une liberté de diffusion. La toile ne présente pas les contraintes des panneaux ou des fresques. Elle se transporte aisément, même de grands formats, se montre et suscite l'envie des amateurs. C'est dans ce climat d'ouverture que l'artiste déploie son talent et connaît fortune et reconnaissance.
Le Rituel d'anniversaire (livre II) traduit un parti-pris d'inventaire qui rend hommage à C. Boltanski et A. Messager.
Devant la porte de la cuisine, il y a toujours l'escalier de pierre qui monte au grenier. Dans le flou de ma mémoire, j'ai l'impression que c'est mon premier repère de la ferme. Enfant, je n'avais le droit qu'aux premières marches. Je venais m'y asseoir. De là, je pouvais voir l'intérieur de la cuisine; surtout l'été, quand la fenêtre était ouverte. Plus tard, toutes les marches de l'escalier ont été autorisées. Elles sont restées très longtemps un lieu de jeu et d'observation privilégié. Je faisais de l'acrobatie sur la rampe. C'est là que j'ai fait mon premier saut et mon premier équilibre ! A la fin de la journée, on pouvait s'asseoir et écouter les bruits de la ferme, des hangars, des écuries, lorsque mon pire et les ouvriers agricoles revenaient des champs. On pouvait aussi entendre ma mère préparer le repas du soir, sentir les plats de la cuisine. Et, après le dîner on allait de nouveau jouer et sauter dans le vide.
Aujourd'hui encore, j'aime m'asseoir sur cet escalier. Est-ce la forme si parfaite de ses pierres usées par le temps? Leur couleur, qui change selon la lumière, la saison ? Sous le soleil d'hiver, il y fait doux. On y est bien protégé de la bise, ce vent qui souffle sur la vallée delà Saône. En été, c'est le lieu le plus chaud de la cour. Le soir, le soleil rouge vient mourir en haut des marches.
Fondée le 25 mars 421, jour de l'Annonciation, Venise entretient, dès son origine légendaire, un lien fondamental au sacré. Les innombrables églises, près d'une centaine, qui scandent les six sestieri et les îles, et autour desquelles s'organise le tissu urbain, dessinent son profil et forment une féerie changeante d'architectures, tantôt sobre (Sant'Alvise), tantôt d'un classicisme épuré (les palladiennes San Giorgio Maggiore et Redentore), tantôt démesurément baroque (San Moisè ou Santa Maria del Giglio).
Centre de la vie religieuse et point de rencontre entre Orient et Occident, la basilique byzantine San Marco, qui abrite les reliques du saint parvenues à Venise en 829, est placée sous le patronat du doge, princeps in ecclesia, princeps in re publica. Et, tout autour, essaiment les églises paroissiales, les églises des ordres monastiques (les Frari, les Carmini), celles, encore, érigées par des fidèles (Santa Maria dei Miracoli), pour la plupart dédiées à la Vierge mais aussi à des saints vétéro-testamentaires (San Zaccaria, San Geremia ou San Giobbe). Vivant témoignage des strates infinies de styles et d'époques mêlés, formant un ensemble artistique unique au monde, d'un foisonnement inégalé, toutes sont une leçon de beauté. Cisèlement des architectures, richesse des ornements, pavements en opus sectile et opus tessellatum, revêtements pariétaux de marbre ou de mosaïque, fresques, tableaux, sculptures, monuments funéraires : chaque édifice est un musée, chacun est le lieu d'expression et de création d'artistes venus de Vénétie ou de maints ailleurs. Architectes (Codussi, Sansovino, Palladio, Longhena), sculpteurs (Donatello, Lombardo, Vittoria, Le Court, Morlaiter), peintres célèbres (Vivarini, Carpaccio, Bellini, Lotto, Cima da Conegliano, Titien, Schiavone, Palma, Véronèse, Tintoret, Piazzetta, Tiepolo.), tous ont cherché à sceller la rencontre entre la tradition antique, l'héritage d'un passé plus immédiat et l'exigeante idée de modernité.
Par-delà les édifices les plus majestueux, telles la basilique ducale et son chatoiement de mosaïques d'or, la Salute, couronne votive élevée à la gloire de Marie, ou encore la basilique Santi Giovanni e Paolo, panthéon majestueux de la ville, ce livre s'attache à révéler d'autres églises, moins connues, parfois oubliées, mais d'égale richesse. La Madonna dell'Orto, pour laquelle Tintoret peignit nombre de chefs-d'oeuvre et où il est enseveli, San Sebastiano et le cycle pictural de Véronèse, San Polo et la première Via Crucis de la ville réalisée par Giandomenico Tiepolo, Santa Maria Assunta à Torcello avec la mosaïque du Jugement dernier et la Vierge Hodeghétria («Celle qui indique la voie») d'héritage byzantin en sont de vibrants exemples.
Venise, telle une admirable Conversation sacrée, est, parmi toutes, «le divin reposoir sis sur le chemin de la beauté, pour la joie des pèlerins passionnés qui y cheminent» (Morand).
Par deux grands spécialistes de la peinture du XVIe siècle italien - Strinati , surintendant des musées de Rome y organisa l'exposition Caravage ; Vezzosi, grand connaisseur de Léonard - un Raphaël inédit - tel cet autoportrait récemment attribué - et dont les auteurs révèlent l'influence, méconnue, sur la peinture du XXe siècle.
Ce livre dévoile pour la première fois l'importance des nombreux éléments de la judéité séculière de Mark Rothko dans son exceptionnelle carrière -érudit, artiste, intellectuel, éducateur.
«Bien sûr, le spectateur est libre d'aimer ou de ne pas aimer le spectacle. Néanmoins, que son avis soit positif ou négatif, d'une certaine façon, il va tout intégrer dans sa mémoire. Le dialogue avec l'oeuvre va s'instaurer à partir du moment où le spectateur se retrouve face à la scène. C'est précisément pour cette raison que nous devons déployer tous nos efforts pour donner naissance à des oeuvres qui s'intégreront et prendront racine au plus profond de la mémoire des gens.
Nous devons nous évertuer, avec la plus grande application, sans faire montre d'une autosatisfaction facile, à créer des pièces afin que ce formidable lieu de rencontre qu'est le théâtre permette un dialogue fécond entre acteur et spectateur.» Ushio Amagatsu Depuis les années 1980, chacun des spectacles de la compagnie Shankaï Juku, fondée et dirigée par le chorégraphe et danseur japonais Ushio Amagatsu, connaît un grand succès international.
Le présent ouvrage est basé sur une série d'entretiens d'Ushio Amagatsu recueillis par Kyoko Iwaki. Il se compose de deux textes distincts, le premier étant un essai autobiographique, le second une exposition des diverses thématiques qui nourrissent l'oeuvre du chorégraphe.
Dans une langue imagée et poétique, l'artiste livre des souvenirs d'enfance et de jeunesse, qui nous permettent de suivre le processus qui l'a conduit à fonder sa propre compagnie de danse, Shankaï Juku. Ses spectacles sont souvent comparés à des rituels, bien qu'aucun symbole religieux n'y figure. Leur structure est immuable : sept tableaux d'une durée totale d'une heure et demie. Ushio Amagatsu est habituellement chorégraphe, scénographe et interprète de ses propres oeuvres. Il est également metteur en scène d'opéra, notamment du Château de Barbe-Bleue de Bartók, des Trois Soeurs, ainsi que de Lady Sarashina de Peter Eötvös.
Cet ouvrage permet au lecteur de mieux comprendre l'esthétique d'une oeuvre singulière où la contemplation tient une place primordiale.
Le photographe américain Robert Mapplethorpe (1946-1989) a beau sculpter les corps à travers son objectif, et Rodin recourir à la photographie tout au long de sa carrière, rien ne semble lier les deux artistes.
Le premier court après la forme parfaite, le second s'obstine à capturer le mouvement dans la matière. Rien de spontané chez Mapplethorpe le méticuleux, tandis que Rodin s'en remet aux fulgurances du geste, quitte à en accepter l'expression accidentelle. L'un fut attiré par les hommes, l'autre par les femmes, et tous deux jusqu'à l'obsession. Cela n'a pas empêché Mapplethorpe de photographier des nus féminins, et Rodin de modeler de nombreux corps masculins. Jamais, pourtant, le photographe n'a fait clairement référence au maître de L'Âge d'airain... Il semble même qu'il ait parfaitement ignoré son oeuvre.
Confrontées l'une à l'autre, les oeuvres n'en dialoguent pas moins. Les plans hypermaîtrisés de l'un font écho aux rondes-bosses tourmentées de l'autre. La fragmentation des corps, leur examen compulsif, les drapés qui les dissimulent à peine signent une quête commune, également sensuelle. Distantes de près d'un siècle, les deux oeuvres présentent d'innombrables similitudes et produisent des diptyques saisissants.
Le jardin méditerranéen répond à de multiples besoins et offre en toute saison des plaisirs variés. Il permet de bien vivre en harmonie avec la terre, sans décor factice ni consommation effrénée. Il serait temps de le redécouvrir. même en Méditerranée.
Le jardin méditerranéen, né d'une vieille logique paysanne, est bien plus qu'un simple jardin d'agrément : il répond à de multiples besoins et offre en toute saison des plaisirs variés. Il était frugal et productif ; il devient écologique, gourmand, créatif, participatif. Il permet de bien vivre en harmonie avec la terre, sans décor factice ni consommation effrénée. Surtout, il témoigne d'une alliance heureuse entre l'homme et la terre, qui perdure depuis des millénaires.
De même que la cuisine méditerranéenne, issue elle aussi de pratiques populaires, est imitée aux quatre coins du monde sans rien avoir perdu de ses qualités ni de sa diversité, le jardin méditerranéen est adapté aux besoins de notre temps. Remettons-le à l'honneur, dans sa région d'origine, bien sûr, mais aussi au-delà des rivages de la Méditerranée.
Telle est la thèse que défend Louisa Jones dans ce livre au ton engagé et personnel, qui s'appuie sur sa grande connaissance et sa longue pratique des jardins méditerranéens. Illustré de photos de jardins et de paysages du Bassin méditerranéen, ce manifeste apporte un éclairage nouveau sur le rôle que peuvent jouer les jardins à notre époque. Il intéressera particulièrement ceux qui les considèrent comme un lieu d'expérimentation des rapports entre activité humaine et biodiversité, entre travail personnel et partage.
Fugue aux variations infinies, le livre déploie, d'Ispahan à Grenade et à Fès, du Caire à Damas et Alep, de Telouet à Topkapi, les multiples splendeurs de l'architecture et de la décoration orientales, où règnent le rythme de la géométrie, l'entrelacs des arabesques et la calligraphie sacrée. Mais il inscrit cette beauté dans la réalité complexe et unitaire d'un monde issu du nomadisme et de la parole de Dieu. Les influences peuvent être les plus excentrées hellénistiques, persanes, ottomanes, italiennes, voire wisigothiques ; les styles régionaux différer profondément, les matériaux s'étager de la terre crue aux pierres multicolores et au marbre, en passant par le bois et la brique recouverte de céramique ou de stuc : les principes de l'urbanisme, de l'architecture domestique et du décor restent communs. L'auteur décrit « un certain ordre urbain sans urbanisme » qui fait ressembler telle vue aérienne de Damas au dédale d'un décor. Le repli des ruelles dessine l'autonomie de chaque quartier en contrepoint des voies ouvertes sur les édifices publics, la mosquée, le souk, le khan (caravansérail et entrepôt).
L'opposition fondamentale entre l'intérieur et l'extérieur, le privé et le public, préside à l'ordonnance de la demeure, et d'abord, au contraste saisissant entre la façade austère, nue, agrémentée seulement du décor de la porte, et, dès le seuil franchi, l'enchantement des façades internes, du bassin, des dallages, des îwâns surélevés, du jardin et des arbres de la cour (Damas, Bayt Khaled al-'Azm). À l'intérieur, la transparence des espaces met en valeur l'exubérance décorative (Le Caire, Bayt Suhaymi) ou la pure luminosité (palais Mousafirhané) : espace central de dégagement, la qâ'a ouvre sur plusieurs îwâns, elle est comme une cour, le « centre de légèreté » de l'ensemble, la pièce noble par excellence (Alep, maison Ghazalé). Le départ entre le lieu de l'intimité privée, l'enclos sacré du harâm, (équivalent du téménos grec et du templum romain), dont l'accès est interdit aux étrangers, et les zones d'accueil ('ataba, durqâ'a), s'il remonte à l'antique distinction de l'oikos et de l'andron, sans doute d'origine perse, est sanctifié par la référence à la demeure du prophète à Médine, à la fois lieu de prière, habitation privée, cadre des entretiens publics et du traitement des affaires.
Aussi, la description de ces riches palais et d'autres demeures plus modestes n'aurait-elle guère de sens si elle ne s'accompagnait de celle des modes de vie et de leur évolution, passée et actuelle. Nul cloisonnement, nulle spécialisation fonctionnelle, marquée par un mobilier spécifique, dans la maison orientale : tout y est fluide, labile, adaptable au fil des besoins. Ce nomadisme intérieur, plus sans doute que l'origine incertaine de la tente du nomade, caractérise un style de vie qui fit, et fait encore, rêver luxe, calme et volupté peintres, poètes et voyageurs européens.
« Le poète de la résistance », « le poète d'une nation en exil », ou « le poète des vaincus », autant d'appellations pour Mahmoud Darwich qui font de lui le porte-drapeau du peuple palestinien. Il est surtout, au-delà de toutes appellations, l'artiste qu'il n'est nul besoin de présenter sinon en disant que sa poésie était d'une beauté telle qu'elle fut traduite aux quatre coins du monde, et garde le même pouvoir d'envoûtement pour qui les écoute, sans souffrir du passage d'une langue à une autre.