C'est un événement. Simone Veil accepte enfin de se raconter à la première personne.
De son enfance niçoise dans une famille juive complètement assimilée, et de sa déportation à Auschwitz avec sa mère et l'une de ses soeurs en mars 1944, jusqu'à ses fonctions les plus récentes, elle a su s'imposer comme une figure singulière et particulièrement forte dans le paysage politique français. Femme libre s'il en est, elle a exercé le pouvoir sans jamais le désirer pour lui-même mais pour améliorer, autant qu'elle l'a pu, les conditions de vie de ses concitoyens : à l'administration pénitentiaire, puis au ministère de la Santé dans le gouvernement Chirac sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing - c'est là qu'elle fait voter, contre son camp, la loi sur l'IVG ; à la présidence du Parlement européen, où elle se montre capable de tenir tête au Premier Ministre français, Raymond Barre ; comme ministre des Affaires Sociales, de la Santé et de la Ville dans le gouvernement dirigé par Balladur et présidé par François Mitterrand ; au Conseil constitutionnel ainsi qu'à la Fondation pour la mémoire de la Shoah.
Fidèle à ce qu'elle estime être la fonction des rescapés des camps de la mort, elle a témoigné, chaque fois qu'elle l'a pu, en France comme partout, de son expérience d'Auschwitz.
Mais cette femme de mémoire n'est jamais nostalgique, jamais passéiste, elle n'a souci que du monde de demain, celui qu'elle lèguera à ses petits-enfants et à ses arrière-petits enfants dont la place est grande dans sa vie.
Elle a beaucoup voyagé, rencontré la plupart des « grands » de ce monde, vécu de près les événements majeurs du XXe siècle. Elle en parle sans forcer sa voix, mais on l'entend.
« Ce livre est différent de tous mes autres livres.
J'y aborde un sujet dont je m'étais toujours efforcé de garder les détails secrets, un sujet que je ne comprendrai jamais à la perfection mais sur lequel j'ai beaucoup progressé, en l'épluchant, en le fouillant, en l'explorant, en le questionnant : mon vécu.
En le partageant avec vous, chers lecteurs, qui m'êtes fidèles depuis tant d'années, j'entends donner des clés qui vous permettront de déverrouiller certains aspects d'un autre vécu, le vôtre. Au nom du partage d'expériences, au nom de la transmission qui ouvre sur tant d'espaces de réflexion et de compréhension.
Une enfance modeste peut être fondatrice de bien des miracles si elle est heureuse. Vous allez découvrir que l'histoire familiale est capitale dans la construction et les choix de l'homme que je suis devenu. Vous allez constater que le cancer n'arrive pas qu'aux autres et qu'il importe de se faire dépister car on n'a pas toujours la « chance », comme moi, de le découvrir par hasard... Et vous verrez aussi que les polémiques pèsent peu au regard des amitiés et des rencontres inoubliables que réserve la vie. »
Sincère, émouvant, parfois drôle, mais jamais impudique, un livre inattendu, où celui qui reste le médecin préféré des Français parle pour la première fois des moment importants de sa vie. Avec des révélations qui toucheront un large public.
Êtes-vous plutôt Havaïanas ou Birkenstock ?
Kebab ou graines alimentaires ?
L'application Yuka a-t-elle révolutionné votre façon de faire les courses ou avez-vous cédé à la livraison Deliveroo ?
Dans ses chroniques mensuelles pour Philosophie magazine, Tobie Nathan s'est attaché à décoder nos nouvelles pratiques en se faisant ethnomythologue, à savoir, en explorant à partir de l'ethnologie, de la mythologie et de la psychanalyse, le sens caché de nos objets contemporains.
Prenons le jean slim qui souligne nos formes : a-t-il encore quelque chose à cacher ? La réponse se trouve peut-être chez les Indiens d'Amazonie.
Et la gourde en métal ou en verre, qui remplace petit à petit la bouteille en plastique, incarne-t-elle une salutaire prise de conscience écologique ou est-elle la confirmation des théories d'une pionnière de la psychanalyse ?
Quant aux monocycles électriques qui envahissent rues et trottoirs, saviez-vous que ce sont probablement les mythes grecs antiques qui ont donné des ailes à ce nouveau moyen de transport urbain ?
Réexplorant ainsi nos nouvelles lubies, Tobie Nathan en fait surgir avec humour l'étrangeté souvent, l'ironie parfois, et une certaine absurdité de notre monde.
Chacun a éprouvé/testé /adoré au moins une ces lubies contemporaines et s'y reconnaîtra.
Chaque premier mercredi du mois, Charlotte Bienaimé interroge des anonymes et des expertes sur des questions de féminisme. Aujourd'hui, son podcast iconique devient enfin un livre, magnifiquement illustré par Ana Wanda Gogusey.
Entre intimité et expertise, Charlotte Bienaimé fait le bilan dans ce livre aux témoignages forts et sensibles de l'évolution du féminisme au quotidien. S'attachant à l'ensemble des problématiques de genre, de classe et de race, elle questionne l'entrelacement des luttes...
On retrouvera au sommaire, une vingtaine de chapitres qui traitent de thématiques variées comme le sexisme ordinaire, la grossophobie, le rôle des pères, la transidentité, les luttes sociales, l'écoféminisme, le prix du sexe ou encore l'horloge biologique.
Un ouvrage de référence, à lire et à offrir. En coédition avec Arte éditions.
Un nouvel impérialisme menace la paix du monde, et il est russe. C'est cette réalité que l'invasion de l'Ukraine par la Russie oblige à regarder en face. Celle d'un impérialisme de revanche, mû par le ressentiment des nations déchues qui retournent leurs blessures en agressions contre d'autres peuples. Celle aussi d'un impérialisme de mission, convaincu de défendre une vision du monde conservatrice et identitaire, alternative aux idéaux démocratiques assimilés à une décadence occidentale. Celle enfin d'une puissance nucléaire à la merci d'un homme et de son clan oligarchique, ayant basculé de l'autoritarisme à la dictature.Outre sa propre population que cette fuite en avant guerrière détourne de ses aspirations sociales et de ses revendications démocratiques, la première cible de cet impérialisme est le libre arbitre des peuples à disposer d'eux-mêmes, leur droit de choisir leur destin, leur liberté d'inventer leur futur. C'est le ressort de la crise ukrainienne depuis 2014. Mais c'est aussi celui de l'intervention russe en Syrie venue, à partir de 2015, au secours de l'une des pires dictatures du monde arabe, comme ce fut celui de la seconde guerre de Tchétchénie en 1999 où, déjà, Vladimir Poutine affirma son pouvoir par la violence en menant une guerre d'extermination contre les volontés indépendantistes d'un peuple du Caucase.Il nous reste à comprendre pourquoi, pour la plupart, nos gouvernants, politiciens, diplomates, hommes d'affaires, éditorialistes et commentateurs, n'ont pas vu venir le surgissement de ce spectre né des décombres de l'URSS, offrant une synthèse agressive du stalinisme communiste et du tsarisme grand-russe. Cet aveuglement est consubstantiel de l'ascension, dans nos débats publics, d'idéologies nationalistes et autoritaires, racistes et anti-démocratiques.Cet essai entend le démontrer en exhumant les polémiques fondatrices qui accompagnèrent la crise yougoslave, notamment lors de la guerre du Kosovo en 1999, dont L'Épreuve fut partie prenante. Près d'un quart de siècle après, La Contre-épreuve en vérifie et confirme les analyses à l'aune du présent. Le tout à l'enseigne de cette recommandation du poète Édouard Glissant : « Agis en ton lieu mais pense avec le monde. »
Le 24 février 2022, le monde a changé. Pour la première fois depuis 1945, par la volonté de Vladimir Poutine, la guerre, la vraie, celle des chars, des canons et des missiles, des sièges sanglants et des exodes massifs de population, s'est de nouveau déclarée sur le continent européen. Le martyre de l'Ukraine, chacun en est conscient, a ouvert un nouveau chapitre de l'histoire du monde. D'un côté une dictature redoutable, décidée à faire peser sa loi sur un pays voisin et indépendant, de l'autre un peuple soucieux de liberté, soutenu par la coalition des grandes démocraties de la planète.François Hollande tire de cet événement majeur toutes ses conséquences pour l'Europe, pour le monde et pour l'avenir du peuple français. L'ancien président de la République a connu de près le chef du Kremlin. Il a négocié avec lui et Angela Merkel les accords de Minsk qui avaient établi un fragile compromis en Russes et Ukrainiens. Il a dirigé cinq ans la politique de la France, au milieu des menaces de toutes sortes, en constante liaison avec les alliés et les adversaires de notre pays. Fort de cette expérience incomparable, il éclaire de sa vive intelligence la nouvelle donne planétaire. Les démocraties sont-elles déclinantes et menacées par les tyrannies à l'offensive ? Quels sont les nouveaux rapports de force entre l'Europe, la Russie, la Chine et les États-Unis ? Comment la renaissance des empires affecte-t-elle l'équilibre du monde ? Comment ce retour tragique de la guerre se combine-t-il avec les grands défis du siècle, le dérèglement climatique, la montée des inégalités, la fragilité des démocraties, l'émergence du populisme et du nationalisme dans nombre de pays ? Témoin privilégié, acteur du jeu diplomatique, analyste respecté, homme d'État responsable, François Hollande livre un diagnostic aigu et original, trace des perspectives inattendues et propose aux Français une ligne de conduite nouvelle dans ce monde en plein bouleversement géopolitique et stratégique.
À l'égal des conférences de Krishnamurti, ses dialogues avec d'éminents penseurs du XXe siècle sont de notoriété publique. Dans les intervalles entre ces centaines d'événements, Krishnamurti se rendait également disponible pour des conversations et des entretiens privés avec ceux qui souhaitaient le rencontrer.
Un esprit calme et silencieux est une compilation de soixante de ces conversations, à ce jour inédites, mémorisées et retranscrites par Krishnamurti entre la fin des années 1960 et le début des années 1970. Elles font état de questionnements profonds sur des sujets tels que l'être et la conscience, les qualités essentielles à une bonne éducation, l'esprit religieux et la méditation. De même que pour tous ses autres écrits, le style est direct, et l'auteur, fuyant la rhétorique, énonce des vérités profondes sous forme d'informations accessibles à toute personne ouverte à l'écoute. Ces textes incluent également des descriptions témoignant de l'amour que Krishnamurti portait à la nature.
L'ouvrage, divisé en trois parties, propose une exploration poussée dans des domaines liés à la conception que l'on peut se faire de la vie, de l'éducation et de la méditation, et met en lumière l'approche radicale de Krishnamurti dans chacun de ces domaines.
Depuis 30 ans, dans son labo de chercheuse et sur tous les terrains du monde, Nathalie Gontard explore et scrute l'univers du plastique. D'abord fascinée par les potentialités du matériau magique, elle l'a vu ringardiser les matières traditionnelles et envahir sournoisement la planète. Elle a découvert ses empreintes sur les plages, au coeur des sols et même dans la chair d'innombrables animaux. Inquiète, elle est allée chercher des matériaux cousins moins envahissants, puis a tenté de calmer l'appétit du monstre en le piégeant dans son propre recyclage.
Mais aujourd'hui elle se rend à l'évidence : tous les recycleurs, tous les inventeurs de « nouveaux matériaux » ne suffiront pas à dompter la bête. Il faut supprimer la source du danger, couper le robinet de l'invention-inondation ! Les industriels et les décideurs politiques sont shootés à l'innovation, les mains liées par leur croyance dans le progrès uniquement matériel ? À nous de nous mobiliser pour terrasser la créature ! À nous de trouver comment assurer notre confort sans déséquilibrer la petite planète dont nous sommes locataires. Ce qu'il faut, c'est reconnaître notre addiction pour ralentir notre consommation jusqu'au strict nécessaire. Un défi tout à fait accessible, et que ce livre incite à relever dès aujourd'hui.
Voici le récit, de l'intérieur, d'un an de haines sanglantes, de règlements de comptes toxiques et de tractations secrètes qui ont failli tuer la gauche. Les électeurs ont assisté, médusés, à la bérézina d'Anne Hidalgo et au fiasco de la campagne 100 % non recyclable de Yannick Jadot. Le journaliste Laurent Telo en raconte les dessous : la guerre intérieure qui précipite le Parti socialiste au bord du précipice, les implacables trahisons qui font vaciller les écologistes, mais aussi les frénésies politiques d'un Jean-Luc Mélenchon aux irrépressibles tentations hégémoniques...
Ce livre aurait pu être le faire-part de décès d'une gauche expirant sous le poids de ses divisions morbides et de la macronie triomphante. Avant le coup de tonnerre de la Nupes. Voici le journal de bord d'une folle histoire qui s'est jouée dans les coulisses, celle d'une renaissance politique.
« Toute personne qui prend sur elle d'ouvrir le dossier de l'identité doit s'attendre à s'y brûler les doigts. C'est un sujet des plus délicats, et des plus dangereux, d'autant qu'il est incandescent : à son contact se propage un feu qui éblouit peut-être, qui aveugle sûrement, mais qui n'éclaire ni ne réchauffe. »Dans cet autoportrait philosophique, l'auteur affronte le plus épineux des problèmes, celui que nous pose notre identité. Pourquoi la simple information d'un lieu de naissance est-elle la source des souffrances les plus empoisonnées ?Né au Liban et se voulant « plus français que les Français », Paul Audi se livre à une analyse rigoureuse et sensible des mécanismes combinés de la honte, de l'asservissement au regard des autres et de la haine de soi. Pour pénétrer les arcanes de son trouble et mettre en échec le démon de l'appartenance, il emprunte les chemins que lui désignent la relecture de certaines oeuvres, notamment littéraires et cinématographiques. Mais c'est à travers une réflexion sur l'identité juive, jusqu'au bouleversant épilogue, que ce texte à la première personne acquiert sa portée véritable : trouvant une sortie au désespoir identitaire, il met au jour une éthique de la cohabitation avec soi, dès lors que l'on a déposé les armes si longtemps brandies contre soi.
« Drôle, intelligent, poignant et historiquement fascinant. »The Times Comme tant d'autres en Grande-Bretagne, la vie de la jeune Alathea Fitzalan Howard a été bouleversée par le début de la Seconde Guerre mondiale. Pour échapper aux bombardements qui menacent Londres, elle est envoyée chez son grand-père dans son domaine de Cumberland Lodge, à quelques pas du célèbre château de Windsor. Enfant solitaire et mélancolique, Alathea trouve l'affection dont elle rêvait grâce à son amitié privilégiée avec ses nouveaux voisins : les jeunes princesses, Elizabeth et Margaret, et leurs parents, le roi George VI et son épouse. Ensemble, les adolescentes aimeront les fêtes, les soirées cinéma et les pique-niques. Mais la guerre n'est jamais loin. Leur quotidien est rythmé par les sirènes nocturnes, le souvenir des jeunes gens envoyés au front qui n'en reviendront jamais et l'hôpital de campagne où Alathea travaille comme bénévole.
Dans ses journaux intimes, Alathea a tout consigné : les détails à la fois profondément sincères et fascinants de sa vie avec la famille royale, ses moments d'angoisse et de peur face cette époque troublée qu'est la Seconde Guerre mondiale, mais aussi ses rêves et espoirs de devenir une femme de demain.
Publié pour la première fois, Dans l'intimité des Windsor dévoile un portrait franc et plein de vie de la famille royale et de la princesse Elizabeth, jeune fille si chaleureuse et pourtant très discrète, déjà en route vers son destin : la Couronne. Traduit de l'anglais par Nathalie Azoulai
« J'ai avorté deux fois et je suis la preuve qu'un avortement peut provoquer l'indifférence ou une déflagration. Je suis la preuve qu'il peut occuper vingt ans ou les seules semaines nécessaires à son accomplissement. Qu'il peut être l'unique issue envisageable ou simplement permettre d'attendre un meilleur moment.
Alors, j'ai été lasse des discours péremptoires sur les raisons pour lesquelles les femmes devraient y avoir recours et sur ce qu'elles devraient, ou non, ressentir à son occasion. J'ai eu envie d'écouter certaines d'entre elles raconter ce qu'elles avaient vécu, en refusant que d'autres parlent pour elles.
Ma préoccupation n'était pas le droit à l'avortement mais le droit à la parole de celles qui l'ont expérimenté.
Le droit à l'avortement est inscrit dans la loi depuis 45 ans mais son exercice doit toujours être discret, si ce n'est secret. La loi nous autorise à avorter, la société nous empêche d'en parler. Nous sommes nombreuses à nous plier à cette loi du silence, parce que la gêne et la culpabilité sont toujours là.
Je suis cependant convaincue que ce droit sera toujours fragile si nous n'assumons pas pleinement d'y avoir recours comme bon nous semble et si nous pensons le protéger en faisant profil bas, laissant alors au passage certains professionnels de la santé nous malmener.
Voici donc ce livre, mélange de témoignages et d'une quête personnelle qui m'a transformée.
Ce sont quelques histoires d'interruption.
Douloureuses ou anodines. Singulières.
Une interruption aussi je l'espère, quand bien même furtive, du silence, de la honte et de la colère. »S. V.
Dans un contexte où le combat antiraciste revient sur le devant la scène, la lutte contre l'antisémitisme semble être restée en marge. Pire, l'extrême droite, vecteur historique et premier de cette vieille haine, ose même prétendre être le chantre de la « défense » des Juifs.
C'est oublier que les Juifs ne sont pas « blancs » au sens sociologique du terme. Comme les autres racismes, il fait système : du cliché sur des traits physiques ou moraux, à l'insulte, jusqu'au meurtre, il y a un continuum. L'antisémitisme est un racisme, mais pourquoi n'est-il pas considéré comme tel au sein des luttes antiracistes ?
Illana Weizman s'attache à en décrypter les raisons en partant de sa propre expérience : l'idée que les Juifs sont privilégiés (cliché antisémite s'il en est), la mise en compétition des différentes minorités, la confusion avec l'antisionisme... Et si les milieux de gauche ne sont pas intrinsèquement antisémites, leur complaisance laisse le terrain à des discours stigmatisant en particulier les Noirs et les Arabes, leur faisant porter le chapeau de l'antisémitisme contemporain. Reconnaître ces biais relève de la décence, mais également de l'efficacité. Si toutes les luttes antiracistes ne convergent pas, nous en sortons tous perdants. Car, rappelle l'autrice avec Franz Fanon : « Quand vous entendez dire du mal des juifs, dressez l'oreille : on parle de vous. »
Marcher n'est pas une activité pour Axel Kahn, c'est une manière d'être. Il se définit comme un homme qui marche, un chemineau de la vie. Au rythme de son pas, sur les chemins et les sentiers, sur les pavés parfois, il a pensé, cherché, douté, le cas échéant, trouvé. Il a aimé, aussi, passionnément. Son ouvrage est un hymne à l'esprit, à la beauté et à la liberté. Un hymne à l'amour. L'existence d'un homme en chemin, au fil de ses souvenirs de l'enfance à la vieillesse. Cent cinquante ans après Julien et André dans Le Tour de la France par deux enfants, Axel Kahn, marcheur obstiné et attentif, peint de ce pays un tableau émerveillé mais lucide.
« Félix Mora était comme un animal en chasse. Il parlait avec ses yeux et ne faisait qu'observer. Tout y passait : leurs dents, leurs yeux, leurs muscles... Les candidats étaient tous torse nu. Quand il est arrivé au niveau de mon père, Mora n'a rien dit. Il l'a regardé et il l'a tamponné. »
C'est une histoire française, une histoire d'immigration aussi.
Comme des dizaines de milliers de Marocains, en 1963 le père de Mariame Tighanimine a été débauché par un agent recruteur, Félix Mora, au service des houillères du Nord et du Pas de Calais. Il fallait remplir les mines de France. Lahcen Tighanimine est alors envoyé à la mine à Lens. Avec une paie de 250 francs reçue tous les quinze jours en liquide, avec un logement et le charbon gratuit, le quotidien, loin de sa famille et de son pays, est loin d'être facile. Aucune de ces gueules noires, à qui on avait apposé un tampon vert pour rentrer en France comme du bétail, n'imagine rester. Une génération plus tard, dans l'hexagone, leurs descendants sont des centaines de milliers.
Avec force et passion Mariame Tighanimine retrace ce pan de l'histoire encore méconnu ; cet « angle mort du récit national », comme l'a écrit la journaliste Ariane Chemin. Elle raconte aussi la venue de sa mère, par le regroupement familial, le travail à l'usine, à Flins, chez Renault, après la fermeture des mines de charbon, l'installation de la famille à Mantes la jolie... Un destin arrimé à la France, où l'autrice, son frère et ses quatre soeurs sont nés.
Notre histoire de France est un récit intime, un portrait familial émouvant, qui, au fil des pages, se transforme en un antidote puissant contre les poisons identitaires de notre époque.
« Arrivée à l'assemblée nationale avec des idéaux, j'ai déchanté dès le premier café avalé (3,60 euros en face du Palais Bourbon). Machisme, violence, silence, rapports de domination : le Parlement reproduit les hiérarchies qui écrasent les femmes et les minorités. » Comme collaboratrice d'élus, Mathilde Viot était aux premières loges pour voir le pouvoir masculin à l'oeuvre. Son livre au ton mordant et vif est un récit de l'intérieur, nourri d'anecdotes, de scènes vues... et de colère. Elle y décortique cette masculinité hégémonique et toxique pour notre démocratie et analyse la façon dont l'institution tout entière est tournée vers la dissimulation de la violence qu'elle génère. Alors, autant s'en débarrasser ! Car la politique a tout à gagner à une redéfinition féministe et écologiste de ses codes.
Il a beaucoup été dit combien les catastrophes mettent à jour les inégalités et les maux de nos sociétés. Cependant, envisager le soudain déferlement du mal comme le reflet de profonds dysfonctionnements a des racines anciennes. Et c'est la signification même du mot apocalypse : une révélation. L'une des plus fameuses illustrations de ce dévoilement du monde corrompu est le livre de l'Apocalypse de Jean où l'un des quatre cavaliers de la fin des temps figure la peste et la mort. Mais l'épidémie meurtrière accompagnée de guerre annonce une ère où triompheront vérité et justice.Ce motif ambigu de destruction et de création apparaît dans les textes fondateurs religieux et dans les oeuvres littéraires qui interrogent leur impact. De la Bible à OEdipe Roi, des Évangiles au Talmud, de l'Islam au Bouddhisme tibétain, mais aussi dans le Décameron ou Faust, chez Ben Johnson, Pouchkine, Zweig, Camus, Saramago, Butler, on lit les ravages des fléaux, le désarroi des hommes devant un Dieu qui s'absente, la quête de réponse face à des maux qui nous dépassent, la tentation de la haine et les persécutions, mais aussi l'urgence de l'espoir.Si la solution humaine pour donner sens à ces ruptures dans nos vies est d'en faire le récit, relire les textes sacrés qui racontent la catastrophe nous y aide précisément. Ils lient les existences singulières au collectif, les individus aux mythes, le passé au futur, et peut-être même à ce que certains appellent l'éternité. Émerge alors une vision des écrits religieux non pas comme des normes ou des prescriptions mais comme des miroirs tendus, presque comme des romans. A leur suite, des livres qui sont devenus des pierres angulaires de notre littérature racontent comment la proximité entre ce qui tue et ce qui sauve nous constitue, nourrissant instinct de survie et besoin d'espérance. Le double regard qu'elle pose sur la religion et sur l'histoire littéraire donne naissance à cet essai lumineux sur une notion à la fois atemporelle et terriblement actuelle. De la Bible à Octavia Butler, Clémence Boulouque transmet ici des réponses salutaires à des enjeux existentiels.
Non, Mozart n'était pas une femme. Mais Mozart aurait pu être une femme : Maria Anna Mozart fut, comme son frère, un prodige de la musique, avant de devoir se marier et de disparaître de la scène - mais aussi des livres, des films et de l'histoire. Résultat : personne ne se souvient d'elle.
Qui peut se vanter de pouvoir citer ne serait-ce qu'une compositrice ? Connaissez-vous... Cassienne de Constantinople, l'une des premières de l'histoire ? La flamboyante Hildegarde de Bingen, femme de pouvoir et pionnière de la musique médiévale ? Ou encore Élisabeth Jacquet de La Guerre, protégée de Louis XIV et claveciniste de génie ? Quant à Hélène de Montgeroult, après avoir échappé à la guillotine grâce à sa virtuosité, elle rédige l'une des plus importantes méthodes d'enseignement du piano de l'histoire. D'autres, comme Clara Schumann, Fanny Mendelssohn ou Alma Mahler, ont vu leur talent et leur prénom rester dans l'ombre d'un grand homme.
Compositrices, instrumentistes, cheffes d'orchestre, fondatrices d'ensembles... nombreuses sont celles qui ont dû renoncer au succès. Pourtant, la musique classique leur doit beaucoup. Et si on réécrivait l'histoire ?
Avec une passion et un engagement communicatifs, Aliette de Laleu s'attache à réparer des siècles d'invisibilisation en rendant aux femmes leur place dans l'histoire de la musique. Parce qu'il n'est pas de vocation sans modèles, pas de progrès sans héritage ni de génies sans histoires.
« Les gens de Raqqa m'ont choisie pour que je leur rende une vie, la parole, une démocratie, pas pour que j'ajoute mes larmes au torrent des leurs. »
Le 17 avril 2017, Leïla Mustapha est désignée maire de l'ancienne capitale de Daech, le théâtre de l'opération « Colère de l'Euphrate » menée par les Forces démocratiques Syriennes et la coalition. Elle est l'unique femme dans une assemblée de 130 hommes.
Qui mieux qu'elle, l'enfant de Raqqa, ingénieure en génie civil tout juste diplômée, trois fois major de sa promotion, non encartée mais engagée par choix et par nécessité, pour reconstruire les ponts, les écoles, les hôpitaux, les mosquées, les 25 000 bâtiments soufflés par les bombardements et les 30 000 autres troués par les tirs d'artillerie ?
Qui mieux qu'elle, la Kurde, qui a grandi chez et avec les Arabes, dans leurs universités, pour rebâtir à la fois la ville et la paix ?
Qui mieux qu'elle enfin, la femme jeune, « en cheveux » et jean slim, pour défendre ses « soeurs » qui pendant plus de trois ans ont survécu comme des esclaves ?
Son action à Raqqa, mélange de courage, de force et de lucidité, est une véritable révolution émancipatrice pour le Moyen-Orient... mais aussi pour l'Occident.
Une gifle de la modernité.
Marine de Tilly l'a suivie, observée, écoutée, dans les ruines comme entre les tombes des « martyrs » ou les tentes des camps de déplacés.
Un parcours d'exception, pour une femme porteuse d'espoir.
Les Grecs et les Romains ont-ils inventé le féminisme ?
Si les sociétés antiques peuvent être qualifiées de machistes, leur mythologie nous montre tout le contraire. Elle nous montre de savantes magiciennes, comme Médée ou Circé, de sages gouvernantes, comme Pénélope, d'irréductibles guerrières comme les Amazones et des déesses, tant de déesses, les Parques, les Muses, Aphrodite, Athéna, toutes porteuses de civilisation et de création. Non seulement la mythologie gréco-romaine nous offre des figures de femmes profondément puissantes, mais elle a donné des traits féminins aux plus belles forces de la civilisation. Dans la mythologie, le meilleur de l'Homme est une femme.
Actuels et éternels, voire prémonitoires, les mythes racontés dans cet ouvrage nous invitent à penser la place des femmes aujourd'hui et nous donne plus que jamais envie de se battre pour elle. Contre toute attente, le lecteur découvrira que les femmes de la mythologie sont parfois bien plus libres que celles d'aujourd'hui et se délectera de la beauté et de la fécondité de leurs histoires. Venues de la nuit des temps, ces figures féminines, une fois dépoussiérées des clichés, nous offrent autant de modèles merveilleux, ambitieux, fondamentaux et riches, motifs de rêveries et de réflexions, en tout cas à garder en mémoire et à transmettre aux femmes et aux hommes de demain. Soyons humanistes, c'est-à-dire féministes.
Que reste-t-il d'un pays disparu depuis plus de vingt-cinq ans et dont l'effacement est toujours un enjeu social et politique ? Sur les tables des videgreniers, par terre dans les hangars ou dans les entreprises délaissées, la République Démocratique Allemande (RDA, 1949-1990) est aujourd'hui un pays à la brocante, un pays à l'horizontal.
Ce livre invite à un voyage sur les traces de ce pays disparu. Dans les usines ou les écoles à l'abandon, il arrive que l'on récupère des dossiers individuels, des empreintes des vies de l'époque. Les traces ce sont aussi les milliards d'objets du temps du socialisme qui ont connu de nouveaux destins depuis la chute du Mur. L'enquête suivra ceux qui célèbrent, aujourd'hui, le souvenir de la RDA, et ceux qui veulent la faire revivre un peu.
À travers tous ces chemins, à travers la pratique de l'exploration urbaine (Urbex), l'historien raconte les expériences sensorielles et personnelles de ces troublantes rencontres avec un monde disparu, toujours porté par ceux qui l'ont vécu, proposant ainsi une ample réflexion sur les traces et la mémoire.
Le 26 novembre 1974, Simone Veil, ministre de la Santé au gouvernement de Valéry Giscard d'Estaing, présente son projet de loi sur l'interruption volontaire de grossesse devant l'Assemblée nationale. Modifier profondément la loi répressive de 1920 est urgent : chaque année, entre 300 000 et 500 000 femmes ont alors recours à l'avortement clandestin ou se rendent à l'étranger pour se faire avorter, tandis que des médecins de plus en plus nombreux font part publiquement de leur pratique des IVG en toute illégalité.
Ce discours et les débats qui l'ont suivi révèlent à la France entière une femme courageuse et déterminée, défendant à la fois la dignité de la femme et l'intérêt de la Nation, face à des parlementaires déchaînés.
Personne n'a oublié ce discours. Beaucoup considèrent cette loi comme le fait le plus marquant du septennat Giscard.Trente ans plus tard, Simone Veil a enfin accepté de voir publier son discours de novembre 1974. Il est suivi d'un long entretien avec Annick Cojean, journaliste au Monde. Simone Veil revient ainsi sur ces débats. On comprend pourquoi la publication de ce texte est aujourd'hui plus que nécessaire. Aujourd'hui où certains tentent de remettre en cause cette loi au nom de conceptions religieuses contraires aux fondements de l'État républicain.
« Décidément, on ne se comprend pas du tout... c'est comme si l'on ne parlait pas la même langue ! »
C'est, à peu de chose près, en ces termes que s'achèvent bon nombre de discussions entre hommes et femmes.
Finalement, nous réalisons, une fois la crise passée, que malgré notre amour, notre bonne foi, et nos efforts, il s'agissait, bien entendu, d'un énorme... malentendu.
C'est justement pour essayer de dissiper ce malentendu, parce que nous sommes un homme et une femme ami(e)s de longue date, l'un médecin, l'autre psychologue, que l'envie nous a pris d'essayer d'apprendre à nous connaître, afin d'avoir une vraie chance de mieux comprendre le langage de l'autre malgré nos évidentes différences.
Nous avons cherché, dans nos pratiques respectives, ce qui pouvait expliquer d'un point de vue psychologique ou médical, les différences de comportement.
Nous avons également enquêté autour de nous et en particulier auprès de la jeune génération car nous voulions comprendre en quoi leur vision du monde différait de la nôtre.
Que ce livre vous fasse sourire ou vous étonne, sachez que nous n'avons rien travesti, ni rien exagéré des confidences reçues. Et si vous y découvrez le moyen de vivre à deux en harmonie malgré vos dissonances, en confiance et en toute complicité, faites-le-nous savoir... Nous serions vraiment heureux d'apprendre que nous aurions, en quelques pages, résolu un problème vieux de plusieurs milliers d'années ! »Michel Cymes et Patricia Chalon
La chronique de Moscou est emplie de grandeur et de sang, de complots, de folies et de mystères. Dans ce livre riche en révélations, Vladimir Fédorovski nous dévoile les coulisses du Kremlin, de la fin du stalinisme aux années Poutine. Acteur et observateur privilégié des événements qui ont entraîné la fin du communisme, sa longue familiarité avec les arcanes politiques lui a permis de recueillir des témoignages inédits et de se plonger dans des archives confi dentielles. C'est ainsi qu'il nous conte aussi bien l'histoire de l'espionnage russe
en Occident, avec ses épisodes parfois comiques, que les secrets du pouvoir suprême où certains accédaient à la gloire, tandis que d'autres finissaient en exil ou en prison.
Vladimir Fédorovski retrace ici une épopée hors du commun où la réalité dépasse souvent la fiction, avec certains souvenirs personnels qui font parfois songer à Game of Thrones. Enfin, à la lumière de l'élection présidentielle de 2018, l'auteur nous éclaire sur la guerre de succession autour de Vladimir Poutine.