Le Moine est un roman sulfureux, comme le XVIIIe siècle a su en produire.
L'anti-catholicisme qui l'inspire offre à la vindicte publique les agissements criminels d'un supérieur de couvent pétri de vertus, qui succombe, étape par étape, à toutes les tentations. Celles, banales, de la chair, que lui procure une novice (en réalité agent du Diable) et qui ouvrent en lui de nouveaux appétits, car la sexualité mène au crime, c'est bien connu. Ambrosio, pris au piège de désirs inexplorés, est inéluctablement conduit vers de nouveaux méfaits.
Viols, matricide, inceste... sous l'oeil courroucé de Satan, qui mène le bal et obtiendra du pécheur une fatale signature, scellant son destin et sa chute. A priori rien de vraiment original dans ce parcours faustien, qui a pourtant suscité une attention soutenue de génération en génération. Alors que les surréalistes - surtout Éluard et Breton - en avaient fait l'étendard de leur combat, la récente adaptation du Moine à l'écran, par Dominik Moll, atteste de l'intérêt sans cesse renouvelé pour cette oeuvre intemporelle.
Cet ouvrage, revu, augmenté et annoté par Maurice Lévy, reprend la traduction originelle de cette oeuvre emblématique du roman gothique.
Enfin disponible en français, A Critique of the Study of Kinship est un classique qui a contribué, en particulier via une historiographie critique et une approche réflexive, à la réforme des théories, des méthodes et des résultats en matière d'études de parenté outre-Atlantique, outre-Manche et, plus récemment, en France autour du renouvellement des formes familiales et des modes de procréation.
Les dimensions construites et culturelles versus données et biologiques de la parenté y sont mises au premier plan. Les études féministes et de genre revendiquent ce livre comme fondateur.
Cette étude se présente comme une enquête sur les théories anthropologiques à partir de deux descriptions alternatives du système de parenté à Yap (Micronésie), où Schneider a mené ses recherches doctorales entre 1947 et 1948.
Dans la première, il adopte de manière caricaturale le style et la forme des descriptions conventionnelles des systèmes de parenté. Dans la seconde, il propose une description qui « ne présuppose pas la parenté » mais part des unités culturelles locales pour les décrire à partir de leurs multiples significations. Se répondant étroitement l'une l'autre, ces deux descriptions visent à débusquer les théories, souvent implicites, qui se dissimulent sous les « prétendus faits ethnographiques ».
Des Derniers jours de Pompéi publiés par Bulwer-Lytton en 1834 aux bandes dessinées (Muréna), séries télévisées (Rome) ou jeux vidéo (Assasin's Creed: Odyssey), sans oublier l'art et l'architecture, la littérature et le droit, la philosophie et la morale, la politique ou les noms donnés aux étoiles, l'Antiquité ne cesse de nous parler. Explorer les formes de réception de l'Antiquité consiste à analyser les mille et une manières de réinvestir le passé grec, romain, mais aussi égyptien ou phénicien, dans un va-etvient entre Antiquité(s) et présents multiples. À travers un florilège large et varié d'entrées, ce livre illustre la richesse des perspectives ouvertes par les études de réception, à la croisée des époques, des espaces et des disciplines.
Loin d'ériger l'Antiquité en indépassable modèle, il s'agit au contraire de proposer une approche vivante et critique d'une Antiquité dynamique.
Cet ouvrage propose un regard pluridisciplinaire résolument tourné vers un phénomène contemporain : la réactivation des chemins de Saint-Jacques.
Elle témoigne de la revitalisation de l'itinérance sur des sentiers aménagés, de son appropriation par les sociétés du xxie siècle et des multiples initiatives observées dans les territoires traversés. Sa consécration par l'inscription au patrimoine mondial des « Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France » incite, vingt ans après, les chercheurs en sciences humaines et sociales à questionner le processus de construction de cet objet patrimonial.
En interrogeant la valeur exceptionnelle de ce bien commun et la diversité de ses 78 composantes, cette publication met en évidence l'importance des traces et des témoignages historiques en des lieux spécifiques, comme les enjeux aujourd'hui incarnés dans les politiques publiques de développement culturel et touristique des territoires.
Depuis les années 1980 en France, les expériences urbaines contribuent au renouvellement de la performance chorégraphique. En se multipliant, les propositions « hors les murs » produisent des actions sociales et citoyennes plutôt que des oeuvres élitistes faisant de l'art un produit abstrait. La danse s'affiche alors dans des dispositifs où des individus, appartenant à des mondes sociaux différenciés, peuvent se rencontrer et interagir différemment.
S'intéresser aux usages de l'espace urbain et aux espaces des usages en danse offre un nouvel éclairage sur les compétences qui se développent sur les terrains chorégraphiques, dans des contextes in situ, où l'imprévisible (ré)active les jeux de rôles. Ces compétences donnent aux phénomènes spatiaux une dimension heuristique pour appréhender les transformations du monde de la danse.
À partir d'une enquête ethnographique multi-située, l'ouvrage s'intéresse à l'espace dans toutes ses dimensions. L'étude montre comment les expériences dans l'espace urbain prennent corps dans les carrières des danseurs, leur permettant de circuler pour s'adapter à une société qui se développe de plus en plus en réseaux.
Sous ce titre, Pierre Bruno tresse un lien entre poésie, politique et psychanalyse.
Cette tresse relève du profane, en opposition au sacré, en tant que ce dernier, outre sa dimension religieuse, opère une discrimination entre les sujets.
La première partie, « Poésie », concerne en majorité Antonin Artaud. Elle explore la partition entre l'effort immense du poète pour s'inscrire dans une filiation qui ne soit pas faussée par l'impasse faite sur l'insondable nouveauté d'une naissance, et pour produire une langue à la hauteur de ce qui excède à toute filiation, à savoir son être de symptôme.
La deuxième partie s'applique notamment à éclairer le lien de Lacan à Marx, et à rappeler que le discours dit du maître rend pensable l'inconscient, à partir de son refoulement même.
Enfin, la dernière partie met en place les catégories majeures de la psychanalyse : division du sujet, satisfaction de la fin, séparation, désir, jouissance, grâce auxquelles peut devenir lisible la tresse poésie, politique, psychanalyse.
Les souffrances psychiques contemporaines auxquelles s'intéresse cet ouvrage se présentent sous de multiples formes et facettes : états-limites, violences répétées, problématiques psychiques entraînant des difficultés de fécondation, néosexualités, addictions, recours privilégiés à des passages par l'acte face au débordement de forces pulsionnelles peu maîtrisables, voire quête de « transidentités ». Ces souffrances, troubles et comportements relèvent de « maladies du narcissisme » qui se singularisent par une défaillance d'une tiercéité fonctionnellement efficace jouant le rôle d'un « tain » utile à toute réflexivité psychique et triangulation oedipienne. Dans ces conditions, la relation à l'autre, ou à l'autre en soi-même, reste dans ces problématiques narcissiques duelle, fusionnelle ou d'une « inquiétante étrangeté », de là les angoisses d'intrusion, de pénétration, de dépersonnalisation ou... de vide, de « terreur d'exister » ou d'incertitude identitaire.
Ces cliniques font l'objet de prises en charge allant de la cure analytique à l'entretien familial psychanalytique mais également relevant de travail analytique en face à face dans des institutions hospitalières ou médicopsychologiques, ce que cet ouvrage illustre dans ses vignettes cliniques.
Les partis sont un des piliers de la démocratie représentative et un objet central de la science politique qui en étudie les recompositions permanentes.
L'ouvrage propose un abécédaire qui s'attache à la fois aux notions de la science politique et aux mots des acteurs partisans ou politiques. Il présente les concepts les plus essentiels et récents de l'analyse des partis mais aussi le vocabulaire indigène propre aux organisations politiques.
Le cinéma en France après la Libération devient le loisir favori de la jeunesse populaire, et les magazines spécialisés, comme Cinémonde, le plus diffusé d'entre eux, proposent un courrier des lecteurs et lectrices qui, au-delà de sa fonction de fidélisation, construit au cours des années 1950 une communauté de fans cimentée par le goût des acteurs et actrices et l'amour des films comme leçons de vie. Cet ouvrage propose une exploration sur 20 ans de la rubrique hebdomadaire de Cinémonde, intitulée « Potinons », son évolution au cours de ces deux décennies, sa composition sociologique et genrée, le parcours de quelques « potineuses » et « potineurs », une analyse des préférences cinéphiliques des courriéristes, très majoritairement féminines, et la réception de quelques films français et hollywoodiens des années 1950 qui ont fait date pour ce public jeune et populaire, et enfin la rencontre avec la Nouvelle Vague au tournant des années 1960. Cette rubrique se révèle en particulier une source sans équivalent pour documenter des formes de cinéphilie féminine et leurs spécificités par rapport à la cinéphilie dominante, quasi exclusivement masculine à l'époque.
Pero Tafur (v. 1405/9-v. 1480/90) est un noble andalou au service du maître de l'ordre de Calatrava. Agent commercial et diplomatique dans les années 1430, il effectue, notamment pour le pape Eugène IV, des voyages à travers l'Europe et jusqu'au Proche-Orient, dont il a laissé un récit très vivant, dans le portrait des personnes rencontrées et la description des lieux visités. Aventurier ouvert à toutes les curiosités et les rencontres, il veut faire partager au lecteur ses découvertes, mais surtout se mettre en valeur comme le noble héros de péripéties souvent glorieuses.
Il s'agit ici de la première traduction française intégrale, où l'auteur est replacé dans son contexte historique, littéraire et linguistique.
Alors que les manifestations de la mémoire de la traite et de l'esclavage ne cessent de progresser dans le contexte de la concurrence des « mémoires blessées », ces Mots, loin des simplifications abusives et des formules à l'emporte-pièce, proposent un parcours pédagogique autour des grandes questions liées à l'esclavage dans les Amériques. D'où l'incursion sur les trois continents impliqués dans la traite et la structuration de l'ouvrage, conçu dans une perspective résolument comparative, autour de trois idées fédératrices, à partir du profond renouvellement de l'historiographie. Celle visant à mettre en lumière la diversité et la complexité de l'univers esclavagiste, loin des images véhiculées par la fiction littéraire ou cinématographique ; celle de la réhabilitation de l'individualité de l'esclave, acteur doté de ressources et capable, face à l'adversité, de construire sa vie, de résister et de produire de la culture ; celle, enfin, de la dimension transaméricaine et atlantique de l'institution. Au gré du vagabondage parmi des dizaines d'entrées qui se répondent, ce petit ouvrage fournit au lecteur les clés historiques de compréhension des débats sociétaux sur l'esclavage.
La psychiatrie, qui s'est positionnée dès les années 1830 comme une médecine du corps social, doit-elle soigner ceux qui par principe n'en font pas partie - esclaves et colonisés ? Cette question est posée au tournant du XXe siècle dans le cadre de l'administration de nouveaux territoires à « civiliser » et celui des États post-esclavagistes, à une époque où les savoirs raciaux accompagnent plus que jamais le gouvernement des populations. En maints lieux de ces empires ou ex-empires, la pathologisation de la race rejoint alors la médicalisation de la folie, renforçant les catégories raciales mais aussi les modifiant, voire les déconstruisant. Dans un espace transnational où les savoirs médicaux circulent rapidement, les configurations politiques et les trajectoires singulières des médecins déterminent des articulations très diverses voire opposées entre savoirs psychiatriques et raciaux, que ce dossier cherche à éclairer depuis le Brésil, les États-Unis et les colonies françaises en Afrique dans la première moitié du XXe siècle.
Zygmunt Hübner, acteur, metteur en scène, directeur du Teatr Stary de Cracovie, écrivain et pédagogue, est une figure importante du théâtre polonais de l'après-guerre. En 1977, il entreprend l'adaptation théâtrale du livre de Kazimierz Moczarski, Entretiens avec le bourreau. Devenu célèbre et traduit en plusieurs langues, le livre de Moczarski donne lieu à de nombreuses adaptations théâtrales et filmiques : d'Andrzej Wajda et de Maciej Englert en Pologne, de Philip Boehm aux États-Unis, entre autres.
La pièce est inspirée des mémoires de Kazimierz Moczarski, ancien résistant déclaré « ennemi du peuple » par les autorités communistes, incarcéré dans la même cellule qu'un criminel de guerre nazi. Le face-à-face bourreau-victime permet la confrontation en direct sur scène de propos opposant deux logiques antagonistes. La pièce montre les atrocités de la guerre à travers le regard du bourreau et dévoile les mécanismes psychologiques qui mènent à la transformation d'un homme ordinaire en criminel. C'est une mise en garde poignante, toujours actuelle, contre le danger de l'endoctrinement et contre les idéologies fondées sur l'obéissance absolue et la discipline autoritaire, susceptibles d'atrophier le sens moral d'un homme.
Dans un contexte où la rhétorique du renouveau occupe le haut du pavé en urbanisme, cet ouvrage dépasse le registre idéologique et pose frontalement la question du changement en étudiant les pratiques qui s'en revendiquent. Cette approche empirique du changement en urbanisme est examinée autour de trois axes, d'abord au prisme de ses acteurs, puis de ses instruments, enfin d'une lecture plus méthodologique.
L'ouvrage apporte ainsi une contribution singulière au chantier ouvert de la recherche sur le changement en urbanisme et intéressera aussi les étudiants en urbanisme et aménagement autant que les professionnels de l'urbanisme confrontés à la conduite du changement.
Ce numéro, destiné à fêter le 20e anniversaire de la revue Diasporas.
Circulations, Migrations, Histoire, a pour objectif, en 41 courts articles, de revisiter les recherches effectuées au cours des dernières années sur l'histoire des migrations et des mobilités, des phénomènes diasporiques et des minorités (ethniques et confessionnelles) tant en France que sur le plan international, du xvie au xxie siècle.
Trois entrées, qui correspondent aux trois parties qui le structurent, se proposent de décentrer nos regards vers des thématiques dont l'approche s'est renouvelée au cours des vingt dernières années ou des objets de recherche encore trop peu explorés (1re partie), vers vingt dates marquantes pour l'histoire et les mémoires individuelles et collectives d'une ou plusieurs minorités et communautés diasporiques (2e partie) et enfin vers des « vues d'ailleurs », bilans historiographiques de travaux sur les questions migratoires et diasporiques en grande partie ignorés par le lectorat francophone ou anglophone parce que publiés dans des langues moins accessibles au plus grand nombre (arménien, chinois, grec, hébreu, japonais, portugais, russe, turc) (3e partie).
Embrasser l'histoire des contrées bordant le détroit de Gibraltar entre le iiie s.
A.C. et le xve s. p.C., tel est le pari de cet ouvrage de synthèse.
Sur un axe nord-sud, l'étroitesse du détroit lui assure un rôle privilégié, celui de point de passage pour tous les flux qui parcourent la région. Mais si la solution de continuité créée par le débouché de la Méditerranée dans l'océan Atlantique n'est pas un obstacle, elle induit néanmoins des contraintes géographiques que les sociétés autochtones et toutes celles qui sont intervenues dans la région ont dû surmonter, contourner ou fantasmer. Sur un axe est-ouest, le détroit fonctionne comme une porte, généralement franchie de la mer Méditerranée vers l'espace océanique. L'ambiguïté du cadre spatial est, ici encore, manifeste :
La possibilité de circuler oriente les circuits mais la difficulté à concevoir ce qui se trouve au-delà du passage, en dépit du caractère très précoce des premières explorations atlantiques, et les difficultés techniques posées par la navigation dans un milieu physique très différent de celui qui était jusqu'alors familier ont compliqué le franchissement de ce seuil.
L'histoire des États-Unis est celle de relations tumultueuses entre différents groupes que des expériences coloniales, migratoires, économiques et politiques (de la quasi-extinction des populations autochtones à la ségrégation raciale en passant par l'esclavage) ont liés sans parvenir à les fusionner dans le creuset d'un seul et même projet de société. Au travers de chapitres rédigés par des spécialistes de l'histoire politique, sociale et culturelle des États-Unis, le présent ouvrage propose des perspectives innovantes et suggère, sous la forme de neuf « regards croisés », une réflexion sur les tenants et les aboutissants d'une hypothétique Amérique post-raciale dont l'avènement fut annoncé au lendemain de l'élection de Barack Obama. En étudiant divers groupes racialisés (Amérindiens, immigrants venus d'Amérique latine ou de la Caraïbe, Africains- Américains), et en se penchant sur la vie politique, sur le sport, le cinéma, l'éducation, la cuisine et sur la mémorialisation de l'esclavage, de la suprématie blanche ou de la pratique du lynchage, le volume sonde l'omniprésence et la complexité des questions raciales aux États-Unis aujourd'hui.
Alexandre Grothendieck et Hanka, sa mère, Michel del Castillo et Isabel, sa mère, Rosi Wolfstein, Steffie Spira, Teresa Noce, Salomon et Sébastien Wisner, Esperanza Sanchez et ses enfants, Marguerite et Pierrette Gargallo, Mathilde Péri... ont été internés à Rieucros, sur les flancs d'un Causse lozérien. À partir de février 1939, durant trois années, une centaine d'hommes, vétérans de la guerre d'Espagne, escrocs et pauvres hères, puis, après la déclaration de la guerre, un millier de femmes, venues de toute l'Europe, militantes politiques, rebelles, bohèmes, « immigrées du travail », et une centaine de leurs enfants, y ont coexisté, ainsi que, finalement, des Françaises. Hommes puis femmes ont été conduits à Rieucros par mesure administrative, c'est-à-dire de manière arbitraire, en raison de leur dangerosité supposée. Dans ce camp « répressif », les personnes juives ont été minoritaires, mais l'antisémitisme s'y est manifesté, comme partout en France, avant même l'été 1939. Tandis que les protagonistes lozériens et les membres de l'Administration ont joué un rôle essentiel dans les évolutions du camp et les destins des personnes internées, le champ de l'internement administratif s'est élargi jusqu'à participer à la politique éliminatrice de Vichy. Les intrications de la société locale avec le camp ont été permanentes.
Fruit d'une recherche de plusieurs années, conduite dans les archives locales, nationales et internationales, cet ouvrage laisse la place à de larges extraits de témoignages écrits en neuf langues et présente des incises biographiques. Il montre le caractère punitif sexué de Rieucros, et comment une politisation du quotidien, organisatrice de solidarités, a manifesté des refus de l'arbitraire.
En 1989, Bernard Magné (1938-2012) avait fait paraître aux PUM un recueil de Perecollages, réunissant les principaux articles qu'il avait consacrés à l'oeuvre de Georges Perec depuis 1981. Ce deuxième volume (dont B. Magné avait le projet) rassemble les plus importants des articles qu'il a publiés dans les années 1990 : ils sont notamment consacrés à La Vie mode d'emploi (1978), le chef-d'oeuvre oulipien de Perec, pour lequel cet ouvrage constituera donc un guide de lecture indispensable.
Manifestant une exigence critique peu commune, ce témoignage d'un lecteur d'exception regroupant des textes pour la plupart devenus introuvables est appelé à faire référence pour les spécialistes (enseignants et étudiants) et les amateurs, toujours plus nombreux, de l'oeuvre aujourd'hui classique de Georges Perec.
Depuis quelques années, la thématique des prisonnières suscite un intérêt inédit, à en croire la multiplication des séries et autres podcasts sur le sujet.
Cette curiosité reflète la volonté de savoir ce qu'est le monde inconnu et invisible des captives. Dans la société, la prison est une zone d'ombre. Quand elle est évoquée, c'est le plus souvent au masculin. Les femmes y sont très minoritaires. Il en va de même dans l'historiographie. Le propos de ce livre est de donner la parole aux captives pour écrire leur histoire, et restituer leur rôle d'actrices dans le monde carcéral.
Au cours du xixe siècle, leur quotidien en maison centrale connaît plusieurs bouleversements, faisant suite aux changements dans le personnel surveillant, propres aux prisons de femmes : il se compose de gardiens laïcs, puis de religieuses, enfin de surveillantes laïques. Les détenues s'adaptent ou résistent, en s'efforçant d'accroître leur capacité d'agir malgré leur condition d'empêchées. Les lettres échangées entre les prisonnières ou avec leurs proches esquissent les parcours de chacune, leurs relations sociales complexes et changeantes, leur vécu de l'incarcération, en un mot, la prison de l'intime.
Le nouvel essor des recherches sur la culture ludique antique a transformé nos connaissances en profondeur. Ce volume pluridisciplinaire, centré sur le monde grec, étrusque et romain, présente des découvertes archéologiques inédites et de nouvelles interprétations de scènes de jeu dans des textes ou sur des supports parfois méconnus.
Pour la Grèce, les articles révèlent notamment l'existence de plateaux de jeu funéraires en Attique, de hochets et boucliers miniatures dans les tombes d'enfants béotiens, d'osselets dans le sanctuaire de Déméter et Coré à Corinthe et sur les vases attiques, ainsi que des représentations de mystérieuses joueuses de ballon dans le monnayage de Larissa et de poupées articulées dans des scènes nuptiales en Italie du sud. Dans le monde étrusque et romain, les nouvelles trouvailles et lectures se sont aussi multipliées, dés truqués, divinatoires, poupée en bois, cerceau en métal, matériel de jeu en contexte funéraire (tombes de médecin, de femmes, d'enfants...), nouvelle scène d'ephedrismos à Pompéi. Les analyses d'images et de textes révèlent la diversité et la richesse métaphorique de la thématique ludique, liant jeu et chance, en déconstruisant plusieurs idées reçues.
Qu'est-ce que la médecine ? Cet ouvrage propose une enquête sur ses fondements et sur les transformations apportées notamment par l'ostéopathie.
La médicalité est un concept qui s'intéresse à l'essence de la médecine. Celle-ci était classiquement associée à la représentation que l'on se faisait de la pratique conventionnelle de l'art de soigner. Cette lecture théorique a enfanté d'une grille de lecture simple où les activités de soin sont considérées comme : médicales ou non médicales. Si certaines professions se sont parfaitement harmonisées avec l'idée d'une médicalité binaire, d'autres au contraire éveillent des interrogations sur cette modalité de détermination. L'ostéopathie participe à ce travail de redéfinition dans la mesure où son encadrement déroute d'ores et déjà la construction originelle. Cette disruption permet désormais d'envisager la nature médicale davantage comme un élément appréciatif et doit être interrogée à l'aune des changements contemporains du paysage sanitaire.