À l'heure où la littérature, et a fortiori la poésie, sont affaire virile, essentiellement réservée à une élite sociale et intellectuelle parisienne, le destin de Marceline Desbordes-Valmore fait figure d'anomalie à plusieurs titres. Femme provinciale modeste, d'abord comédienne et chanteuse de métier, autodidacte, elle est pourtant tôt reconnue et obtient une notoriété dont attestent les nombreux hommages qui lui sont dédiés au fil du siècle par Lamartine, Baudelaire, Verlaine, Saint Beuve, plus tard par Aragon, Stefan Zweig, Yves Bonnefoy.
Si elle tient un statut particulier au sein de l'histoire littéraire, cette « oubliée admirée » - selon les mots de Christine Planté - s'est pourtant souvent vue réduite à une image sentimentale et larmoyante, portrait qui a joué en sa défaveur à l'heure d'un regain d'intérêt pour les figures féminines des siècles passés, et en partie encouragé par le titre de l'un de ses recueils les plus célèbres, qui fait l'objet de la présente étude, Les Pleurs.
Paru en 1833, ce recueil est pourtant bien plus que le témoignage d'une douleur personnelle, et mérite d'être lu au-delà de la biographie ou des représentations réductrices entourant la « sincérité féminine ». Si la poésie passionnée et l'épanchement des pleurs en sont constitutifs, ils y prennent une valeur universelle au travers d'un dialogue entre le soi et l'autre. Les pièces amoureuses y côtoient par ailleurs des morceaux didactiques, teintés de politique et d'une indignation sociale qui s'affirmera dans ses ½uvres plus tardives, pour forger un ensemble pluriel. L'écriture, surtout, par la grande part qu'elle offre à l'oralité et surtout à la vocalité, par sa recherche de simplicité et de mouvement, mérite d'être redécouverte.
Marceline Desbordes-Valmore s'y inscrit dans une tradition poétique ancienne et contemporaine, masculine et féminine, et y travaille l'émotion comme catalyseur d'une parole à la fois personnelle et en partage, dont les contributions de cet ouvrage tentent de restituer la richesse.
Qui est le héros de l'Intrigue du mariage de M. le duc de Berry ? Le petit-fils de Louis XIV, sa future épouse, le futur Régent ou Saint-Simon lui-même ? Narrateur omniprésent, il révèle le secret des êtres et les arcanes du pouvoir en des pages très denses où il ne cesse de se mettre en scène et de traduire ses obsessions. Ce texte requiert donc une lecture plurielle faisant la part de l'événement, du genre et de la langue. Ainsi les études réunies dans ce manuel permettent-elles de découvrir la cour de 1710, l'originalité créatrice de Saint-Simon et son style, cette prose intarissable qu'anime l'énergie du courtisan devenu conteur.
Ce manuel veut exposer la singularité de la dramaturgie de Marivaux, notamment le traitement du temps, l'exposition et le dénouement ainsi que la dimension spectaculaire des pièces. Le jeu de scène, si important pour Marivaux est abordé ici à travers les acteurs pour lesquels ces pièces furent écrites et le temps fort de la représentation : on trouvera par exemple dans ce livre la partition intégrale du divertissement de La Surprise de l'amour.
Ce manuel retrace l'histoire de la tragédie française et propose une anthologie de 102 extraits, permettant de suivre concrètement l'évolution du genre dans ses différentes modalités, du XVIe au XVIIIe siècle. Genre prestigieux, la tragédie ne fleurit qu'à certaines périodes très limitées, moments de transformation historique.
Sommaire :
L'âge classique, le théâtre et le tragique
* Tragique et tragédie
* Les âges classiques de la tragédie
La Renaissance et le baroque
* La tragédie de l'épreuve (1550-1584)
* Entre l'épreuve salutaire et la violence complaisante (1585-1628)
La dramaturgie classique
* L'instauration d'une discipline
* L'art comme imitation
* L'économie des oeuvres
La tragédie héroïque et politique
* L'énergie mise en scène
* Corneille et la tragédie épique (1637-1643)
* Le politique et le romanesque (1643-1653)
De l'héroïque au romanesque et au tragique (1653-1677)
* Vanité des intrigues, fatalité des passions, impossibilité de l'héroïsme
* Le tragique racinien
Les dernières réussites d'une forme (1673-1793)
* De Quinault à Crébillon en passant par Esther et Athalie (1673-1717)
* La tragédie mélodramatique et la tragédie antifanatique (1718-1743)
* La mort d'un genre
Anthologie
Chronologie
Chronologie synoptique
Le Misanthrope, oeuvre d'un dramaturge et d'un acteur, est explicable en partie par les besoins de la scène et du jeu théâtral. Ce manuel analyse la composition stratégique d'une intrigue présentée à l'endroit après avoir été composée à l'envers. Il insiste sur le fait que les rôles déterminent les caractères et il tâche de distinguer pour chaque personnage ce qui s'explique par la psychologie de ce qui relève de la dramaturgie et du jeu théâtral. Cela conduit notamment à montrer que Philinte assume deux rôles nettement différents et à faire de nouvelles hypothèses sur celui d'Alceste.
Ce manuel étudie l'oeuvre théâtrale de Jean-Luc Lagarce à travers deux pièces, Derniers Remords avant l'oubli et Juste la fin du monde. Il s'attache à l'examen des ponts existant entre l'oeuvre de Lagarce et des auteurs littéraires et philosophiques, de la question du réalisme et de la mise en scène lagarcienne de la dispute familiale et des règlements de compte. La dernière partie se consacre à l'écriture dramatique et ses spécificités, notamment les didascalies, le hors-scène et les reprises de discours, toutes trois essentielles chez Lagarce.
Quel est le statut des Faux-Monnayeurs ? Où situer leur esthétique ? Ce manuel propose de dessiner des lignes de partage dans l'enchevêtrement romanesque en analysant plusieurs aspects du texte : sa dimension autobiographique, religieuse, littéraire, morale ; sa dynamique d'enquête policière, son rapport à la musique et à la justice, ses intertextes. Le style de Gide et la manière dont il « travaille » et il déconstruit ses personnages et son intrigue sont ainsi étudiés.
En raison de son format " portatif " qui servit de surnom aux premières éditions, le dictionnaire philosophique a longtemps été désigné comme l'ancêtre de nos livres de poche.
Condamné par un arrêt du parlement et brûlé sur le bûcher du chevalier de la barre, il est surtout un texte à l'histoire extraordinairement complexe et l'un des plus vibrants témoignages de l'ardeur polémique de voltaire.
Mémoires d'Hadrien, oeuvre complexe, échappe à tout protocole de lecture univoque. C'est qu'une double voix s'y exprime, qui sait jouer de la duplicité propre aux grandes figures de l'Histoire et de la littérature pour interroger « l'aventure humaine ».
"Mémoires d'une âme", Les Contemplations sont lentement élaborées, à partir des années 1840, entre deux périodes de crise, biographique, politique et poétique. Hugo y figure une série de deuils, deuil de sa fille Léopoldine, mais également deuils de certains idéaux politiques, de son statut social et de son ancien éthos poétique. Réinventant le templum latin, cet espace sacré que les augures délimitaient dans le ciel et sur terre pour y observer les présages, le poète organise le recueil autour d'une ligne de points symbolique, dans laquelle le noir de l'encre fait apparaître par contraste le blanc de l'indicible et de l'invisible.
Cette ligne de démarcation qui se répercute à l'infini dans l'un et dans l'autre sens d'un lieu bipartite, autrefois et aujourd'hui, ici et là-bas, en bas et en haut, dessine un espace lyrique dans lequel le sujet ne coïncide jamais avec lui-même pour mieux permettre au recueil de se déplier et de se replier dans l'interprétation.
Les Ames fortes occupe une position singulière dans l'oeuvre de Jean Giono. Encore plus qu'avec Un roi sans divertissement qui avait pourtant beaucoup déconcerté en 1947 et de façon plus subtile que dans Noé (1948) où les multiples récits sont ouvertement présentés comme des développements imaginaires, cette troisième Chronique déroute par sa complexité. Ce récit d'une vie à deux voix pour le moins équivoques, notamment celle de l'intéressée, Thérèse, est un agencement de versions résolument antinomiques et qui pourtant s'ajustent pour dessiner peu à peu le plus grinçant des portraits de l'espèce humaine. Avant les expériences du Nouveau Roman, l'auteur semble s'y complaire à éprouver le lecteur dans son désir d'adhésion à un texte contradictoire et d'identification à des personnages à l'identité éclatée.
A la "vérité plurielle" de ce récit est consacrée une lecture plurielle offrant des angles d'approche multiples, de nombreux repères contextuels et intertextuels, variant les échelles et les méthodes entre étude de réception, histoire littéraire, stylistique, critiques génétique, thématique et générique.
Pris dans un tourbillon de répétitions ratées et d'idées reçues, les intrigues amoureuses de Frédéric Moreau et les desseins politiques du moment imitent jusqu'à les parodier des schémas et prototypes romantiques et révolutionnaires, minés par le cynisme, la lâcheté et la brutalité réactionnaire. Cet ouvrage apporte de nouveaux éclairages sur L'Éducation sentimentale à partir d'un éventail d'approches sociales, historiques, stylistiques et intertextuelles, et constitue un ouvrage de référence à destination des étudiants préparant l'oeuvre au programme des concours.
Ce manuel prend le parti de lire le premier recueil de La Fontaine (1668) comme un texte possible, indépendant et pour cela intéressant. Le lecteur est alors invité à un double parcours, dans l'univers textuel de La Fontaine mais tout autant dans le paysage critique contemporain (questionnements de la métrique, rhétorique de la lecture, écriture poétique et fabulique, philologie...). Dans une partie « Documents de travail », le lecteur trouvera également ce que critiquer a pu vouloir dire dans le Commentaire littéraire et grammatical que Charles Nodier livre en 1818 sur chacune des cent vingt-quatre fables du recueil de 1668.
Le talent de Maupassant éclate, dans La Maison Tellier et les Contes du jour et de la nuit, avec une telle évidence qu'on doit bien se convaincre qu'ici l'art se dissimule à force d'art : "Jamais homme n'a senti l'encre moins que lui", écrivait Zola à son propos.
Les auteurs de ce volume tentent de pénétrer le secret de cette évidence en s'attachant à la manière dont une sensibilité à l'épaisseur des choses emprunte le chemin d'un art consommé de la fiction.
Ce manuel est destiné à aider les candidats à l'agrégation de lettres modernes à aborder le Roman de la Rose de Guillaume de Lorris, tout en contribuant à nourrir les études universitaires sur un roman qui se situe au carrefour des traditions lyriques et narratives. Il propose notamment la traduction en français d'un article et d'un chapitre de deux éminents spécialistes anglais du Roman ainsi qu'un repérage dans la tradition critique par une bibliographie des années 2001-2011.
Cet ouvrage aborde les six premiers livres des Confessions sous des angles variés et novateurs, mais pensés pour être utiles aux candidats à l'agrégation. Ont été privilégiées à la fois des approches synthétiques faisant le point sur des questions centrales de l'oeuvre et des approches inédites. On découvrira ainsi des contributions réinterrogeant la genèse et le projet de l'autobiographie, des enquêtes sur la question des moeurs, ou encore sur les effets du portrait de soi tant sur l'auteur lui-même que sur le siècle suivant.
Réunir On ne badine pas avec l'amour, Il ne faut jurer de rien et Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée, c'est voir Musset orchestrer une étourdissante chorégraphie où valsent les certitudes. En explorant la dramaturgie et la poétique, les motifs et les styles de ce « théâtre à lire » qui en vérité est avant tout un théâtre à voir et à entendre, cet manuel invite à redécouvrir le ballet inattendu que Musset compose de pièce en pièce.
Ce manuel rassemble des études textuelles précises des lettres de Mme de Sévigné. Elles ont en commun de pratiquer des protocoles de lecture attentifs à ne plus faire l'économie de l'analyse minutieuse des procédures et des formes signifiantes. Car c'est bien pour son style que la marquise est unanimement célébrée depuis plus de trois siècles, des générations de critiques et de commentateurs répétant à l'envi que « ce qui vaut encore mieux que les choses qu'elle dit, c'est la manière de les dire ».
Si les Aventures de Télémaque paraissent aujourd'hui peu accessibles, les contributions de ce manuel tentent d'en restaurer les conditions d'une lecture informée. oeuvre nourricière pour l'honnête homme d'aujourd'hui, chargée d'une immense mémoire humaniste, gréco-latine et biblique mais refusant avec élégance toute érudition visible, elle conserve une grande diversité de lectures possibles.
En 1562 éclate la première guerre de Religion qui ouvre une période de quarante ans de convulsions.
Ronsard doit alors redéfinir la nature et le rôle de la poésie. Pour lui donner une valeur politique, il s'était auparavant attaché à la célébration d'un royaume glorieux : il lui faut adapter son discours aux " miseres de ce temps ", " ce temps que le cruel orage Menace les François d'un si piteux naufrage ". Il veut d'abord croire en la politique pour éviter le conflit, et s'adresse à Charles IX, l'enfant roi, pour l'éduquer ou à sa mère, Catherine de Médicis, régente du royaume; puis, quand la guerre est là, il entre lui-même en lice : lâchant la bride à la polémique qu'il retenait jusqu'alors, il dénonce les protestants comme responsables des malheurs du temps.
S'ensuivra une guerre de libelles où s'entrelacent les enjeux politiques, religieux et poétiques. Pour analyser la dimension polémique de l'entreprise, ce volume réunit des spécialistes de la littérature du xvie siècle. II interroge d'abord la manière dont Ronsard rend compte des événements, désignant l'adversaire et le représentant pour que sa perversité apparaisse évidente. Le poète fait également valoir son système de valeur contre celui des protestants, dont il doit aussi rendre compte.
II cherche enfin à défendre son statut ébranlé par la polémique, et c'est une figure idéale du poète qu'il esquisse sur le dos de ses adversaires.
Ce manuel étudie En attendant Godot et Oh Les beaux jours, deux pièces de Beckett devenues des classiques. Contexte, dramaturgie et thèmes majeurs, les articles proposent des lectures critiques utiles aux étudiants, complétées par des regards d'écrivains et de metteur en scène.
Ce manuel éclaire Les Gommes et La Jalousie en fonction de leurs configurations narratologiques, dans un contexte de vives polémiques. Au-delà des décennies d'histoire littéraire et d'interprétations superposées, les auteurs y proposent des lectures contemporaines qui aideront les étudiants, et plus largement les lecteurs, à se construire diverses visions des textes. La manière du premier Robbe-Grillet, telle qu'il la théorisera dans Pour un nouveau roman (1963), s'affirme en rupture apparente avec les conceptions de l'homme et du monde qui prévalaient jusqu'alors.