On ne peut comprendre la dynamique technicienne caractéristique de notre civilisation sans tenir compte d'un esprit du technicisme qui n'a rien à voir avec la raison utilitaire.
C'est pourquoi le champ de l'imaginaire technique est d'une importance politique cruciale. Le rythme d'expansion de notre système technique s'avère de plus en plus insoutenable. De nombreux signaux suggèrent qu'il bute déjà sur des limites et que si l'on veut éviter le chaos écologique et social il faudra procéder à des révisions déchirantes; une remise en cause profonde de notre mode de vie techniciste et consumériste semble inévitable.
Une telle politique devra affronter un obstacle redoutable : les croyances et l'imaginaire collectif. Mobilisant la notion de chair comme fil conducteur, les essais réunis dans ce volume proposent une exploration de cet imaginaire techniciste. Le rapport de l'homme moderne aux techniques est nécessairement médiatisé par un imaginaire qui s'organise en mythes sensibles tout autant qu'en idées abstraites.
C'est également parce que l'homme est un être de chair que le déploiement rapide de la puissance technicienne peut avoir des effets désorganisateurs, voire déshumanisants, individuellement et collectivement. Mais évoquer l'idée d'un renoncement à certaines formes de puissance, c'est suggérer à "l'homme-de-la-société-du-développement" de s'arracher la peau ; il ne sait répondre que par un appel à plus de technique.
C'est pourtant parce que l'homme est un être de chair qu'il est vital d'imposer un rythme plus lent au changement technique : tâche difficile à laquelle nous sommes bien mal préparés et dont une des premières conditions est de procéder à une démythologisation de notre imaginaire technique.
La gauche des luttes ne peut-elle se définir que négativement ? Elle est antilibérale, anticapitaliste, souvent antinucléaire, anti-ogm, anti-gaz de schiste... Au mieux, quand elle se fatigue des luttes "contre", quand elle essaie de proposer des "pour" et des "avec", semble-t-elle pouvoir se définir en référence au monde qu'elle critique, de façon "alter": altermondialisme, alter-développement ; ou "slow": slow food, slow city, slow money...
Pourquoi devrait-elle maintenant se prétendre antiproductiviste ? Est-ce seulement possible ? Car le productivisme a appartenu au logiciel commun de la gauche et du monde qu'elle prétendait critiquer. Une gauche antiproductiviste devra doubler sa critique du capitalisme d'une critique des critiques classiques du capitalisme. Autant dire qu'il y a là un potentiel de radicalité que la gauche n'a peut-être jamais osé approcher.
Comment atteindre une telle radicalité ? Suffit-il d'ajouter au rouge du socialisme le vert de l'écologie pour obtenir une réelle transition vers une société libérée de la religion du progrès et de la croissance ? Suffit-il d'ajouter au refus du productivisme le rejet du consumérisme pour pouvoir construire un monde de juste répartition de la richesse et de respect de la nature ?
Qu'est-ce qui lie les individus ? pourquoi agissent-ils ensemble ? voici les questions centrales de ce livre ! c'est dans l'analyse du caractère social que nous trouverons la clé de la compréhension du caractère des individus, de leurs visions du monde et de leurs actions, tout comme celle de la stabilité de notre société individualisée, fragmentée et déchirée.
La subjectivité des individus socialisés, malgré l'apparence libre et ludique de notre société, est un ensemble de variations du caractère autoritaire intimement lié au capitalisme. l'analyse des expériences vécues des contradictions de notre société fait comprendre le lien abstrait entre les individus, lequel se crée et se reproduit grâce au caractère social qu'ils partagent : le caractère autoritaire.
Les travaux désormais classiques de l'école de francfort permettent de comprendre pourquoi le caractère autoritaire s'est constitué et se reproduit dans la société. l'ouverture phénoménologique de ces travaux permet de mieux saisir la vie concrète dans notre société, les mondes de la vie et les modes d'expérience des individus ainsi que les médiations sociales qui les lient.
Le malaise, souvent et depuis longtemps évoqué ou dénoncé comme une fatalité de l'existence, existe et persiste dans la société. Ce livre propose une analyse du tiraillement entre les exigences auxquelles les individus sont confrontés, de leurs manques divers, de leur liberté de choix croissant et de la nécessité de vouloir faire ce qu'ils doivent faire. Comprendre ces phénomènes signifie en découvrir le sens pour les dépasser.
Histoire de l'indifférence à travers ses origines et ses effets : montée de l'individualisme dans l'anonymat des grandes villes, rationalisation excessive ou atonie de la vie politique, fin des différences et des hiérarchies. La compréhension de ce sentiment passe par la capacité à en mesurer les degrés et à enregistrer ses mouvements pour en faire des questions politiques.
Découvrez Entropia N° 12, printemps 201. Fukushima, fin de l'anthropocène, le livre de Jean-Claude Besson-Girard. Loin de l'agitation médiatique et des surenchères de promesses électorales inhérentes au rituel quinquennal de l'Hexagone, cette publication semestrielle a choisi, pour sa douzième livraison, de consacrer son dossier à l'appréhension de la catastrophe de Fukushima comme dévoilement de l'Anthropocène. Notre ambition est ici de faire connaître à des lecteurs curieux et exigeants l'ampleur de la signification de ce mot nouveau qui, pour l'heure, reste largement méconnu. Cette ère est caractérisée par une espèce humaine devenue force géologique par la transformation systématique que ses activités font subir à la nature. Si Hiroshima en est le seuil, Fukushima sera-t-il le déclic qui détermine de nouveaux imaginaires, empêche l'amnésie et réveille l'insurrection devant l'illusion d'une croissance sans fin ?
Hosea jaffe va au coeur du problème désigné aujourd'hui par les expressions " nouvel ordre international " ou " mondialisation.
Pour lui, ces termes, couramment utilisés pour expliquer l'état du monde, masquent la condition politique, sociale et humaine dans laquelle se trouve piégée la réalité internationale. cette réalité, tragique pour les peuples soumis aussi bien que pour les oppresseurs, est en fait une condition coloniale. jaffe se focalise sur l'afrique du sud et la palestine, qui constituent les points culminants du colonialisme aujourd'hui, avec son cortège de violences, d'oppression et d'exploitation de la part du monde " développé.
La politique menée par l'occident au moyen-orient, en afrique et ailleurs ne peut conduire qu'à la guerre.
La seule issue réside dans une décolonisation radicale et réelle, passant par une lutte anti-impérialiste, dont il étudie les conditions de mise en oeuvre.
" le nominaliste, parce qu'il envisage une succession de singularités irréductibles les unes aux autres, est bien obligé de savoir spécifiquement de quoi il parle et de le dire tout aussi catégoriquement.
D'où par exemple son refus d'appeler le développement par autre chose que son nom propre l'occidentalisation. " le nominalisme constitue non seulement la clef mais l'essentiel du contenu de l'oeuvre de michael singleton. refus de fétichiser les mots et les concepts, d'y voir autre chose qu'une manière commode et contingente de découper une réalité mouvante et insaisissable, son nominalisme, loin de fonder un individualisme méthodologique qui aboutit à des positions platement universalistes et solidement ethnocentristes, débouche sur un relativisme très relatif et très subtil.
Il ne s'agit plus d'une scolastique justifiant les aberrations thatcheriennes, mais d'une critique avertie qui reconnaît qu'" au danger de réification des institutions répond celui de l'objectivation de l'individu ".
comment comprendre notre société et notre époque déchirée et fragmentée ? se donner les moyens de cette compréhension nécessite de forger une théorie critique de la société.
l'auteur propose treize contributions à cette entreprise, qui sont autant d'interventions dans le débat à mener pour élaborer cette théorie. partant d'une réflexion sur la manière de constituer le lien social, jan spurk brosse quelques traits essentiels du tableau de nos sociétés au sein d'une europe émergente. il en explore les images et l'hétéronomie, se penche sur le déclin des classes sociales et l'apparition de l'individualisme sériel, revient sur la mobilisation de la subjectivité dans la constitution du lien social, s'interroge enfin sur l'héritage de l'ecole de francfort, de pierre naville, jean-paul sartre et pierre bourdieu.
La technique et la marchandise sont les deux faces de la même médaille. La technique a contribué à faire de la planète un territoire à asservir. La raison instrumentale de domination du monde n'est pas un modèle viable. Tous les indicateurs objectifs de cette perversion de la raison sont dans le rouge : crise climatique, effondrement de la biodiversité, accroissement des inégalités... La démocratie, la citoyenneté et la solidarité sont menacées. Face aux technophiles, il ne s'agit pas d'entonner la complainte des technophobes, mais de retrouver, pendant qu'il en est encore temps, le sens de la mesure et la mesure du sens de " la cause commune ". L'analyse critique des origines, des pratiques, des effets sociaux et écologiques de la technique est indispensable. Le monde de la virtualité techniciste n'a pas moins de limites que le monde réel. Le rôle et les orientations de la recherche doivent être soumis aux véritables attentes d'une société de responsabilité et de fraternité. L'objection de croissance donne à cette exploration une liberté d'interprétation, d'imagination et de proposition qui fouette l'esprit et repousse la fatalité. Son exigence est théorique, politique, pratique et poétique.
Oui, une autre manière d'imaginer, de penser et de faire de la politique est possible. Il existe d'autres perspectives que la résignation et la soumission
au modèle actuel.
Pour Utopia, il ne s'agit pas de corriger à la marge le système capitaliste, qui accentue les inégalités et détruit la planète. L'enjeu est de construire un projet politique permettant à chacun de se réaliser individuellement et collectivement.
L'originalité d'Utopia consiste à porter analyses et propositions au sein du monde associatif, mais aussi des mouvements et partis de gauche, depuis
les objecteurs de croissance jusqu'au Parti socialiste, en passant par les Verts, les altermondialistes, les antilibéraux et les alternatifs. Mais pour construire, il faut préalablement déconstruire et, pour cela, remettre en cause trois
aliénations : le dogme de la croissance comme solution « magique » à tous les maux, la consommation comme seul critère d'épanouissement individuel,
et le travail érigé en valeur absolue.
Notre utopie considère que la réflexion alliée à l'imagination arrivera à fédérer un mouvement fort, capable de construire non pas l'alternance, mais un projet susceptible, à terme, d'entraîner l'adhésion du plus grand nombre.
C'est notre impératif et notre urgence.
Une trentaine d'acteurs du mouvement Frères des Hommes se sont récemment retrouvés et interrogés sur leurs engagements, au fil des années 1965-1992.
Pourquoi sont-ils partis " aider " le tiers-monde ? Quels obstacles ont-ils dû surmonter pour que cet élan fraternel qui - tous - les animait, se transforme en solidarité humaine effective ? Que leur reste-t-il de cette immersion dans l'incroyable diversité des hommes, où l'invincible espérance se mêle au tragique quotidien ? Et aujourd'hui, repartiraient-ils ? A travers ces témoignages, c'est une mémoire collective qui s'élabore et qui apporte sa lumière à l'actualité d'une planète en proie aux mêmes fléaux : régions arides ou climats hostiles certes, mais aussi injustices structurelles, corruptions, guerres civiles, sans parler d'une mondialisation économique forcenée qui détruit les identités culturelles.
Autant de situations dramatiques et toujours scandaleuses qui appellent des consciences déterminées, des actions volontaires et patientes, au Nord comme au Sud, en faveur de la liberté, de la justice et de la fraternité. Ce livre, dédié à tous ceux qui se sont mis au service de leurs frères humains, devrait donner aux plus jeunes l'idée de les suivre sur ces chemins solidaires.