Ce livre propose une structure inspirée de la forme poétique de la muwashshah pratiquée dans l'Andalousie arabe du Moyen Âge, et notamment de sa kharja, «sortie» du poème résolue par l'insertion de la voix d'un autre, d'une voix autre, pour aborder dans le même geste la question de la «fin du poème». Comment sortir d'un poème? Comment un poème peut-il parvenir à sa fin? Le thème du jardin déploie une réflexion sur les noms scientifiques des plantes. Les noms savants des plantes, leurs noms latins, ne sont qu'exceptionnellement prononcés, comme s'ils prenaient leurs distances avec les langues parlées pour demeurer dans une altérité irréductible. En convoquant les noms propres qui n'ont jamais été appelés, il s'agit de rendre leur place aux rangs de la nature, de les décrire sans réduire la part d'incompréhensible qu'ils recèlent afin d'en préserver la distance. «Je passe la parole à l'Autre» ; cette formule caractéristique de muwashshah serait un bon modèle pour réunir les questionnements proposés ici.
L'annonciation est un texte dont la composition (une construction en miroir), l'écriture (parce qu'elle joue sans cesse avec certains genres, des reports, des décalages) et la lecture (parce qu'elle contrarie non seulement les points de vue et les perspectives, mais aussi des systèmes rhétoriques : extension des figures, jeux de mots, énigmes, hypothèses sans conclusion, forclusion et perturbation des modes de représentation) interrogent la conduite du récit et testent les possibilités d'une relation. Ce livre met en scène des formes de personnages autour et dans des fragments d'architectures dont la figure principale est celle du château. Visite parcellisée où le lecteur est amené à traverser une enfilade de pièces comme autant de chambres d'échos, ou leurs reflets, ou leurs ruines, et dans lesquelles il pourra, s'il y croit, entendre des voix.