Traduit de l'anglais par Edith Fournier.
« Extraordinaire mise en mots, en littérature, de l'exténuation, l'oeuvre de Samuel Beckett est ainsi, encore, paysage, attente et désir d'horizon. Lue sous cette lumière, elle ne peut plus, en aucune manière, être assimilée à la traduction imagée, ornée, romanesque pour tout dire, d'une pensée du désespoir, d'une morale mélancolique ou cynique élégamment balancée. Cap au pire est la traduction ? la recréation faudrait-il écrire, tant la version française d'Edith Fournier est convaincante ? d'un texte écrit en 1982 et publié l'année suivante, en anglais, sous le titre Worstward Ho.
Encore : premier mot du livre et de tout ce qu'écrit Beckett. Premier et aussi dernier mot, qui reste suspendu à la fin de la phrase, de la page ou du souffle, quand tout semble dit et que le langage, comme le sol, se dérobe, quand l'épuisement gagne, a gagné. À partir de cet encore, la langue cependant se délie, se reconstitue, quitte à nouveau ce port de silence qui n'est jamais le bon, apprend à nouveau, apprend à dire encore à partir de rien, ou de si peu... Un corps peut-être, d'abord, ou bien d'abord le lieu. Non. D'abord les deux. Et le langage reprend, se reprend, apprend à vouloir dire encore et ce corps et ce lieu...
Écoutez. Lisant, écoutez cette voix dénudée, ce chant très pur, comptine tout autant qu'épopée, ce chant qui est l'un des plus bouleversants encore de la littérature. » (Patrick Kéchichian, Le Monde)
Comme un thème que propose un compositeur, auquel les interprètes musiciens peuvent apporter toutes sortes de variations personnelles, c'est un thème que Samuel Beckett nous propose dans Le Dépeupleur. Il crée avec une rigueur mathématique et géométrique un microcosme totalement clos, un « cylindre surbaissé » qu'il peuple d'une foule d'êtres captifs. Il y fait régner des castes, des hiérarchies très précises, et des lois extrêmement rigoureuses. Pour autant, l'interprétation du thème reste ouverte et c'est même dans la multiplicité des lectures qu'il suscite que réside son infinie richesse.
Le Dépeupleur est paru en 1970.
Texte écrit en anglais entre 1977 et 1979.
La traduction française de l'auteur est parue en 1980.
« Le livre est là sur ma table, avec sa couverture blanche et le bleu du titre : Compagnie, et j'ai presque peur de ce qu'il y a dedans. Peur et envie et besoin d'entendre de nouveau la voix connue, jamais vraiment connue, autre chaque fois. "Il ne pourra pas aller plus loin.., une expérience limite... Au-delà, il n'y a plus que le silence...", etc. On entend dire ça depuis des années, depuis L'Innommable, mais la voix de Beckett est toujours là et les livres se succèdent, empiétant sur le silence ou, mieux, intégrant toutes les qualités, toutes les formes du silence, se raréfiant pour mieux se trouver, avec des airs de tituber, de se perdre, mais soudain lacérant notre espace, et dans un souffle le mot juste est là, avec toutes ses arêtes comme un prisme noir de basalte.
Donc, ce nouveau livre de Beckett, là, fermé encore. Histoire de l'apprivoiser, je le laisse un temps se familiariser sur ma table avec mon petit gâchis personnel (un mot cher à Beckett, ça). Compagnie, dit le titre, et déjà on se doute que c'est le livre d'une solitude, de la solitude. Oui, "seul", tel est bien le dernier mot, que je m'en vais cueillir aussitôt après avoir lu la première phrase : "Une voix parvient à quelqu'un dans le noir. Imaginer." Entre les premiers mots et le dernier tout le livre respire. Le clou du monosyllabe final troue la page. » (Geneviève Serreau, Le Nouvel Observateur, 1980)
Si Samuel Beckett assiste souvent aux discussions du groupe des artistes et des écrivains qui s'est formé, à Paris en 1947, autour de la revue de langue anglaise Transition que dirige Georges Duthuit, il n'aime guère y prendre directement part. C'est davantage dans une correspondance suivie, et au cours de conversations en tête à tête avec Georges Duthuit, qu'il se livre à un échange d'idées sur l'art en général et la peinture en particulier. En 1949, Samuel Beckett résume ces nombreux échanges et les transpose en trois dialogues imaginaires sur Tal-Coat, Masson et Bram van Velde.
Ce recueil est paru en 1998, traduit de l'anglais en partie par l'auteur, en partie par Edith Fournier.
Nouvelles écrites en anglais entre 1926 et 1933. Première publication : More Pricks Than Kicks, Londres, Chatto and Windus, 1934.
Cette traduction française d'Edith Fournier est parue aux Éditions de Minuit en 1995.
Table des matières : Dante et le homard (Dante and the Lobster) - Fingal (Fingal) - Ding-dong (Ding-Dong) - Rincée nocturne (A Wet Night) - Amour et Léthé (Love and Lethe) - Promenade (Walking Out) - Quelle calamité (What a Misfortune) - Le billet doux de la Smeraldina (The Smeraldina's Billet Doux) - Blême (Yellow) - Résidu (Draff).