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Les apparences d'un roman historique...
Habilement cousu d'histoires intimes, de remèdes, de croyances, de sororités, de coutumes et de soins, La Morelle noire est un sémillant roman, formellement inventif, au propos vif et mâtiné d'humour, dont le héros n'est pas celui que l'on croit... Dans La Morelle noire les protagonistes s'emparent de leur liberté et, pour cette fois, les « sorcières » gagnent, et vont à l'encontre de la pensée chère à Descartes selon laquelle il faudrait se « rendre maître et possesseur de la nature ».
... écoféministe & écocritique...
Avec Christine de Suède, qui refusera de prêter son corps pour donner un héritier au trône, Hélène Jans, l'herboriste qui défie l'ordre établi, et Inés Andrade, l'étudiante irrévérencieuse, La Morelle noire met en avant des protagonistes qui se soustraient au discours patriarcal, livrant une autre lecture de la sphère domestique, ce lieu déconsidéré par l'histoire vue et racontée par les hommes, où les femmes se sont le plus souvent retrouvées réduites et assignées. Ce que l'on va lire et apprécier au fil des pages nous rappelle combien cet espace est aussi et surtout source d'apprentissage, de transmission et de savoirs tout aussi mal considérés.
... poétique, politique et incisif : un patchwork stylistique particulièrement dynamique
La Morelle noire est fait d'humour et d'ironie, d'amour et de sagesse, y apparaissent des lettres d'il y a trois cents ans, des courriels du xxie siècle, des recettes de sortilèges pour attirer les amants réservés, des brouillons de poèmes, des fragments d'essais et de réflexions scientifiques, des histoires et légendes anciennes, un herbier... autant de formes qui témoignent de la richesse de la diversité des voix, des façons de dire et de faire, contre la pensée unique et le discours historique patriarcal. -
Structurée par les 77 mouvements de la partie Fischer - Pomar, se trame au fil de cette confrontation une histoire à la forme originale offrant une réflexion quant à l'engagement personnel et, plus largement, sur la façon dont les deux joueurs ont été instrumentalisés par leurs gouvernements respectifs. Aux portraits des deux joueurs d'échecs s'ajoutent ceux de nombreux autres « pions » voués à une cause politique durant cette année de turbulence où, lors de la Crise des missiles de Cuba, la guerre nucléaire a failli éclater. Ainsi, communistes, maquisards, ouvriers, socialistes, membres de l'ETA, chrétiens, républicains, étudiants, phalangistes, Afro-Américains, pacifistes, indigènes, militants antinucléaires, gauchistes ou militaires à l'obéissance aveugle... jalonnent ce texte comme autant de « mythes » fabriqués et utilisés à des fins politiques, des personnes sacrifiées et payant le prix fort ; celui de la mort, de la prison, de l'exil ou de la solitude. Mais un pion n'est jamais seulement un pion...
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Tiré d'un poème de l'auteure, ce titre souligne à la fois la charge érotique du texte et la rebellion extraordinaire d'une femme face à l'ambiance étouffante qui règne en Tchécoslovaquie d'après-guerre.
Probablement écrite en 1962, cette lettre est un véritable manifeste pour la liberté individuelle.
Dans les années qui précèdent le Printemps de Prague, Jana ?erná livrait dans cette lettre à Egon Bondy sa volonté de révolutionner les codes de conduite, de rechercher de nouveaux " possibles " dans la vie privée, les rapports sentimentaux et la sexualité. En refusant de se soumettre à la primauté masculine, elle affirme aussi son souhait d'une sexualité non séparée des sentiments et de l'activité intellectuelle.
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Dans le Madrid des années 1930, Matilde cherche un emploi. La jeune femme enchaîne les entretiens infructueux : le travail se fait rare et elles sont nombreuses, comme elle, à essayer de joindre les deux bouts. C'est dans un salon de thé-pâtisserie que Matilde trouve finalement une place. Elle y est confrontée à la hiérarchie, aux bas salaires, à la peur de perdre son poste, mais aussi aux préoccupations, discussions politiques et conversations frivoles entre vendeuses et serveurs du salon.
Quand les rues de Madrid s'emplissent d'ouvriers et ouvrières en colère, que la lutte des classes commence à faire rage, Matilde et ses collègues s'interrogent : faut-il rejoindre le mouvement ? Quel serait le prix à payer ? Peut-on se le permettre ? Qu'est-ce qu'être une femme dans cet univers ?
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À travers les 11 nouvelles de ce recueil, Luisa Carnés dresse le portrait de personnages en prise avec le régime franquiste : des combattant.es, des femmes emprisonnées, prisonnières politiques, des personnages en révolte, lancés dans le combat pour leurs libertés, leur dignité, poussés par le désir de voir renaître une Espagne nouvelle et juste. On ne peut qu'être profondément touché·es par Marta, qui entend les pleurs de son enfant à travers les murs de la prison ; par les membres de cette milice lancée dans une opération suicide ;
Ou encore par cette femme qui tente de passer la frontière française avec une étrange valise. Des nouvelles comme autant de coups portés au régime fasciste, des textes écrits par une autrice en exil, réfugiée au Mexique, mais qui n'aura de cesse de militer et de lutter pour son pays. -
Dans un sens, se souvenir signifie se réveiller. Et dans ce roman
l'évocation du souvenir est d'une importance cruciale. Le texte
commence avec Claudio endormi, sous anesthésie générale, alors
qu'il va se faire opérer de la cataracte. Cette opération lui offrirat-elle l'opportunité, à son réveil, d'un autre regard sur l'histoire ?
Claudio, regarde est le livre le plus récent d'Alfons Cervera. Le
Claudio du titre est son frère. Ils vivent ensemble. Ils sont très
différents, mais ils partagent un passé commun (famille, enfance,
amitiés, vie). Avec Claudio, regarde, Alfons Cervera vient pour
ainsi dire clôturer le cycle des « voix fugitives », une littérature de
l'oubli qui se déploie ici sur le versant de l'histoire familiale, une
mémoire plus intime.
Avec Claudio, regarde on assiste à un sauvetage de l'oubli qui ne
se limite pas exclusivement à l'imaginaire de la famille Cervera,
mais s'étend à une forme d'universalité, jusqu'à nos quotidiens
mouvementés, nous avertissant qu'il y a des « portes » qui se sont
fermées à tort.
D'une manière ou d'une autre, Alfons Cervera s'oblige, ainsi que
le lecteur/la lectrice, à contempler les paysages du passé. Pas en
vain, comme il le dit : « le passé n'existe que lorsque nous nous en
souvenons », il s'agit de récupérer la mémoire collective de l'Histoire
récente, activement, et ici, en l'occurrence, celle des Républicains,
des vaincus, à travers la littérature. -
L'instant décisif
Pablo Martín Sánchez
- La Contre Allee
- La Sentinelle
- 19 Septembre 2017
- 9782917817698
Moi et les gens de ma génération, les enfants de la Transition, nous avons grandi heureux dans les années 90, avec l'illusion que cela avait été un chemin de roses, sans violence. Depuis, nous avons découvert les ssures du conte (...). Pablo Martín Sánchez C'est le roman d'un seul jour comme le Ulysse de Joyce ou 24 heures dans la vie d'une femme de Zweig Le récit se déroule sur 24 heures et débute le 18 mars 1977, le jour de naissance de l'auteur, à minuit. Nous sommes à Barcelone, peu de temps avant les premières élections démocratiques depuis la dictature ; l'année la plus violente de la Transition. Cette année-là, il y eut plus de mille manifestations, plus de 4000 arrestations et, entre autres, la tuerie d'Atocha.
Un roman polyphonique Avec une structure narrative divisée en 6 parties, chacune habitée par les voix de 6 personnages, L'instant décisif retrace une journée d'incertitude où chaque protagoniste aff ronte une situation qui transformera sa vie.
Parmi ces 6 personnages, entre lesquels se tissent des relations subtiles, on compte une petite fi lle de 11 ans qui vit mal l'école, un enseignant et une étudiante en journalisme, un chef d'entreprise corrompu, mais aussi un chien et un tableau. « Je voulais la voix de quelqu'un qui avait vécu tout le XXème siècle et j'ai pensé qu'un tableau, ce serait parfait. » Pour parachever ce portrait d'une société convulsive qui, de surcroît, est minée par le fl éau des vols de bébés, s'ajoute un septième personnage, un foetus, qui n'a pas de voix propre. Ponctuellement, au fi l de la journée, le narrateur lui annonce les événements qui vertèbrent les autres histoires et jalonnent les 24 heures de ce jour qui s'avère être celui sa naissance.
Un lecteur impliqué Particulièrement dynamique, l'alternance des voix narratives génère également des blancs que le lecteur est alors invité à combler par lui-même. Pour l'auteur, une façon de dire que « l'ensemble des mémoires crée un récit. Qu'il n'est pas de vérité unique. Que l'Histoire est un récit, et que le roman peut apporter une grande part dans ce jeu. » Ce qu'en dit le
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Au XVIIe siècle, William Davisson, un botaniste écossais, devenu médecin particulier du roi polonais Jean II Casimir, suit le monarque dans un long voyage entre la Lituanie et l'Ukraine. Esprit scienti que et n observateur, il étudie les rudesses climatiques des con ns polonais et les coutumes locales.
Un jour, lors d'une halte, les soldats du roi capturent deux enfants. Les deux petits ont un physique inhabituel:
Outre leur aspect chétif, leur peau et leurs cheveux sont légèrement verts.
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Alors qu'il termine l'écriture de son roman Un père étranger, Eduardo Berti reçoit un colis inattendu contenant des photocopies du dossier que son père présenta à son arrivée en Argentine, dans les années 1940. Originaire de Roumanie et fuyant la Seconde Guerre mondiale, son père avait conservé jusque dans sa tombe de nombreux secrets, jusqu'à son véritable nom de famille.
Parmi toutes les révélations que comporte le dossier, la découverte de l'adresse de la maison natale de son père, dans la ville roumaine de Galati, anciennement Galatz, est comme un nouveau point de départ. Une invitation à entreprendre un voyage à la rencontre du pays natal de son père. Parti en Roumanie sans jamais imaginer qu'il naitrait un livre de ce séjour, Eduardo Berti passe de l'autre côté du miroir, et devient l'étranger. Partir à la recherche de cette maison natale fut ainsi le premier pas vers Un fils étranger, comme un écho à Un père étranger.
Dans ce voyage à Galati, l'invention est au coeur de la reconstitution de l'histoire familiale. Pour combler les silences et les zones d'ombres imposées par le père, le fils n'aura d'autres recours que de lui inventer une histoire, et d'accepter ce qui continuera de lui échapper, à l'image de cette fameuse maison familiale, au n°24, qui se trouve peut-être ne pas être celle que l'on pensait y trouver.
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Sous la forme d'??un puzzle narratif, Un fil rouge, premier roman de Sara Rosenberg, raconte l'?histoire de Julia Berenstein, jeune femme engagée dans l'?action révolutionnaire en Argentine, dans les années 1970. À travers le discours et la perception des personnes qui l'?ont connue, le lecteur découvre petit à petit un aspect de l'?histoire de l'Argentine, dans un contexte de lutte armée et de « guerre sale ».
Sur les traces de Julia, Miguel, son ami, est en quête de vérité. Élaborant un scénario à son sujet, il se met en quête de celles et ceux qui ont croisé son chemin, l'?ont aidée, aimée, incomprise ou trahie jusqu'?à sa disparition. Faire ce film sur l'?amie d'?enfance à jamais perdue est aussi une façon pour Miguel de faire son deuil, et de rendre une présence à celle qui a disparu. D'?affirmer que les assassins et leurs complices ne pourront en finir avec les souvenirs, l'?amour, la mémoire.
La polyphonie et les jeux formels, de même que la construction labyrinthique du roman, offrent au lecteur/à la lectrice une grande liberté d'interprétation. -
De Buenos Aires à Madrid, en passant par Paris et le Kent, ce roman nous entraîne au coeur des questionnements sur l'identité, la transmission, l'exil et l'écriture.
Fils d'un immigré roumain installé à Buenos Aires, le narrateur, écrivain, décide de partir vivre à Paris. C'est dans un café qu'il prend l'habitude de lire les lettres que son père lui envoie, se remémorant l'histoire de sa famille.
Quand il apprend que son père est lui aussi en train d'écrire un livre, il se sent dérouté. Et voilà que vient s'intercaler une autre histoire, celle de Józef et de son épouse, Jessie, tous deux installés en Angleterre. Tiens donc, Józef est écrivain lui aussi, d'origine polonaise, exilé en Angleterre : l'immense écrivain Joseph Conrad pourrait bien être le personnage du prochain roman de notre narrateur argentin.
Avec ces histoires qui s'imbriquent, Eduardo Berti tisse une toile particulièrement fine et prenante. Son sens de la formule et son humour créent une narration dynamique qui emporte le lecteur.
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Camilla a 46 ans et vit avec ses trois enfants. Elle a une famille «normale» si ce n' est le fait que Federico, son deuxième enfant, tout en étant biologiquement un garçon, manifeste depuis l' âge d' un et demi l' exigence et le désir d' être (aussi) une fi lle. Il veut s' habiller en rose, mettre des jupes, préfère la compagnie des petites fi lles à celles des garçons, dans les jeux s' identifi e aux petites fées plutôt qu' à Spider-Man.
Camilla choisit de ne pas l' en empêcher et d' être à l' écoute. Elle se documente, lit, trouve sur internet des histoires similaires à la sienne. Elle découvre l' existence de la dysphorie de genre, des enfants gender fl uid, transgender, non-binaires et d' autres encore.
Elle découvre en somme les multiples développements atypiques de l' identité de genre.
Avec détermination, délicatesse et ironie, Camilla Vivian raconte l' histoire de Federico, un petit garçon serein et conscient de sa diversité, avec ses cheveux longs et son vernis à ongle rose. Elle raconte le quotidien de sa famille, à l' école et à la piscine, pendant les courses et les fêtes d' anniversaire, la pression sociale et familiale.
Elle explique aussi ses propres doutes, ses peurs, ses questionnements et sa volonté de comprendre. Tout cela est assez compliqué, mais elle est sûre d' une chose : ce n' est pas la personne non-conforme qui doit s' adapter, ce sont les autres, à commencer par la famille, qui doivent apprendre à connaître, comprendre et accueillir ces différences.
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Les quichottes : voix de la Laponie espagnole
Paco Cerda
- La Contre Allee
- Un Singulier Pluriel
- 6 Mai 2021
- 9782376650669
Les Quichottes, c'est le récit d'un voyage de 2 500 kilomètres à travers les 65 000 km2 du plus grand désert démographique d'? Europe - après la région arctique de Scandinavie -, qui s'étend à travers les provinces de Guadalajara, Teruel, La Rioja, Burgos, Valence, Cuenca, Saragosse, Soria, Segovie et Castellón, et où l'on recense 1 355 municipalités. Paco Cerdà, journaliste-écrivain, nous entraîne sur les routes impraticables de ce territoire froid et montagneux, au sud-est de Madrid, que l'on surnomme aussi " Laponie du Sud " ou " Laponie espagnole ", parce que, comme en Laponie, moins de huit habitants au kilomètre carré y vivent.
Dans toute l'Europe, il n'y a pas d'endroit aussi extrême et vide. Une région abandonnée des pouvoirs publics, où 1 % de la population occupe 13 % du territoire. Loin de l'idéalisation d'un monde rural bucolique, Paco Cerdà relate le manque d'infrastructures, de perspectives, l'absence d'écoles, de soins, de structures culturelles ou sportives. Enfin, Les Quichottes offre un regard sur la difficulté de s'? inscrire, aujourd'hui, pour bon nombre d'entre nous, dans un monde globalisé.
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Vie de Milena ; de Prague à Vienne
Jana Cerná
- La Contre Allee
- La Sentinelle
- 3 Octobre 2014
- 9782917817247
Biographie d'une intellectuelle et vision de l'histoire tchécoslovaque...
Si, incontestablement, c'est la correspondance de Milena Jesenská (1896-1944) avec Franz Kafka qui l'a fait entrer dans la légende - les Lettres à Milena sont un témoignage saisissant de leur amour - Milena est à elle seule toute une histoire et un personnage attachant qui n'aura eu de cesse de fasciner ses contemporains. Elle est la première traductrice de Kafka en tchèque. Brillante, rebelle, généreuse, elle est une journaliste remarquable, temoin incontournable de l'Histoire de son pays entre la chute de l'Empire austro-hongrois (1918) et l'occupation nazie de la Tchécoslovaquie (1939).
Une femme à contre-courant Issue d'un milieu bourgeois, Milena fréquente les cafés littéraires et l'élite artistique pragoise de l'époque - notamment Karel ?apek et Max Brod. à Vienne, où elle s'installe avec son premier mari, elle écrit ses premiers articles comme correspondante de presse où déjà elle se démarque par l'emploi d'un ton nouveau, d'un style particulier qui fait vivre le quotidien des rues. De retour à Prague, Milena dont l'engagement s'appuyait sur un sens concret de la solidarité, plus que sur des certitudes idéologiques, écrit dans la presse communiste, puis se rétracte et devient une ardente adversaire des dogmatiques à la solde de Moscou.
Arrêtée en novembre 1939, elle est déportée à Ravensbrück où elle meurt juste avant la libération. Hommage posthume, on lui décerne en 1995 le titre de " Juste parmi les Nations " par l'Institut Yad Vashem de Jérusalem.
De la fille à la mère : Deux figures libres et rebelles en résonance En écrivant sur sa mère, avec qui elle a grandi jusqu'à ses onze ans, Jana ?erná en livre un portrait intime et inédit. Chacune a marqué son entourage et son époque, avec une similitude troublante. Milena Jesenská s'est imposée en tant qu'observatrice influente et respectée de la politique avant et pendant le Protectorat de Bohême-Moravie. Au moment de l'éclatement de la Seconde Guerre mondiale, elle soutient plusieurs familles juives dans leur fuite du pays avant d'être incarcérée par les nazis. Sa fille, Jana ?erná, n'a quant à elle pas hésité à critiquer le régime communiste et à dévoiler la machinerie du pouvoir dans la Tchécoslovaquie des années 1950 et 1960.
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Ce roman évoque la période de la guerre civile espagnole et se prolonge sur les années d'après guerre. Le père d'alfons Cervera, républicain, commit des actes de résistance qui, aujourd'hui encore, restent un mystère pour l'auteur.
Il ne parlait pas davantage de son travail, des raisons de l'errance familiale de village en village, ou de son talent reconnu pour le théâtre.
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Aventures dans la grammaire allemande
Yoko Tawada
- La Contre Allee
- La Sentinelle
- 3 Juin 2022
- 9782376650744
Composé de cinq parties, Aventures de la grammaire européenne est le seul recueil poétique de Yoko Tawada écrit en langue allemande, paru en Allemagne en 2010. Bernard Banoun, traducteur de l'autrice depuis 2001, nous en offre une traduction et accompagne son travail d'une postface éclairante sur l'ensemble du texte.
C'est la première section qui donne son titre au receuil questionnant notre rapport aux langues, leur apprentissage et les liens qui les unissent ou les éloignent. Yoko Tawada y déploie toute sa subtilité et tout son humour habituel. Dans les sections suivantes, l'autrice poursuit ses aventures au-delà des frontières de l'Allemagne, donnant une perspective européenne voire mondiale à ces pérégrinations. Rendant hommage à des figures tutélaires de la poésie, elle combine les systèmes graphiques et s'aventure vers la poésie concrète.
Avec ces poèmes comme des aphorismes, s'approchant parfois des haïkus, Yoko Tawada illumine le regard que nous portons sur les choses en mettant sa musicalité au service de l'étonnement. -
Tout commence à Lisbonne, un trajet à bord du célèbre tram 28 mène le narrateur et sa compagne au cimetière où est enterré son ami, l'auteur italien Antonio Tabucchi. Il laisse un mot sur sa tombe, et c'est le prétexte pour revenir sur le cours de leur histoire commune...
L'HOMMAGE À L'AMI : « Les histoires ne commencent ni ne fi nissent mais arrivent ».
Cette phrase de A.Tabucchi est à la base du récit. La relation forte qui s'est tissée entre l'auteur italien et Roberto Ferrucci n'a ni commencé ni ne s'est terminée, elle est arrivée. Ces histoires qui arrivent brosse un portrait intime et rend hommage à l'un des plus grands protagonistes de la culture européenne, qui vécut simultanément à Venise, Vecchiano, Paris et Lisbonne.
A.TABUCCHI, LE PLUS EUROPÉEN DES ÉCRIVAINS ITALIENS : «J'ai tenté d'imaginer comment A.Tabucchi la raconterait aujourd'hui, cette Europe habitée par les populismes, les xénophobies, par ce sentiment de défaite et de résignation que l'on respire partout et contre lesquels il s'est battu à travers son écriture dans chaque page de son oeuvre.» R. Ferrucci S'il était de nationalité italienne, A.Tabucchi partait du principe qu'il avait «plusieurs chez lui» à travers l'Europe. Il était de ceux qui ouvrent les frontières intellectuelles.
Avec cette écriture qui le caractérise et qui off re d'infi nis allers-retours dans le temps, R.Ferrucci rapelle l'engagement de cet ami qui «n'aimait pas l'Europe des banques «, et qui était plutôt de ceux qui ouvrent les frontières intellectuelles.
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Voyages, déplacements, migrations, exils - l'oeuvre de Yoko Tawada s'intéresse essentiellement aux mouvements. Née à Tokyo, venue s'installée en Allemagne au début des années 1980, elle ne cesse de voyager entre les pays et les langues. Mais son point d'ancrage semble bien être l'Europe, qu'elle commente et évalue au gré de ses voyages, de ses départs et de ses retours.
Comme dans L'Oeil nu ou Le Voyage à Bordeaux, on retrouve dans Sommeil d'Europe ce qui marque régulièrement l'oeuvre de Yoko Tawada : une femme asiatique arrive en Europe et fait l'expérience de la fascination et de l'étrangeté.
Ce récit est une prose qui fonctionne sur l'enchaînement des images, des sensations, des associations d'idées souvent suggestives. Un récit non fragmenté, fait d'aller-retours dans le temps.
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« L'??histoire » n'??a rien d'??un récit linéaire. L'??unité est assurée par la thématique. Entre le prologue, où le lecteur fait connaissance avec un peintre raté errant par les rues de Vienne, et l'??épilogue, à la fois apaisé et inquiétant, il y a les camps, mais pas seulement. Karel Novotný, employé de banque aisé, interné par erreur, constitue le fil directeur. Mais il n'est pas ce que l'?on appelle un personnage central, car dans ce carrousel, chacun, à un moment ou à un autre, se trouve dans le faisceau de lumière projeté par Peroutka sur les situations.
Le rythme est nerveux, la caméra bouge tout le temps, d'?un lieu à l'?autre, d'??une personne à l'?autre, offrant une vision à la fois kaléidoscopique et panoramique. Peroutka, journaliste expérimenté, livre des faits. Malgré l'?apparente sécheresse de ton, le refus de tout pathos, la volonté de distance et de neutralité, une grande émotion se dégage du récit. Comme jouant avec un élastique, Peroutka tire et relâche la tension. Ces hommes et ces femmes ne sont pas des héros, ou alors malgré eux, sans le savoir. Ils sont simplement des humains, ils traversent la vie, ridicules, admirables, répugnants, tragiques, et l'ensemble, mine de rien, est bouleversant. C'?est la grande histoire arrachée au plus profond de la vie telle qu'??elle fut, telle qu'?elle est, cristallisée là dans le microcosme des camps.
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Dans cette biographie romancée, Alfons Cervera raconte la mort de sa mère. L'occasion pour l'auteur de revenir sur sa vie, ses souvenirs, ses sentiments, une histoire personnelle qu'il lie à l'histoire de l'Espagne, et notamment à la guerre civile et ses règlements de compte qui condamnèrent le père - anarchiste- dans les geôles franquistes.
À travers Ces vies-là, c'est toute l'histoire récente de l'Espagne qui refait surface. Une mémoire familiale qui exhume une mémoire collective, et dont on commence seulement à parler : celle des vaincus.
Esas Vidas a été retenu en sélection finale du Premio de Narrativa española 2010 et a reçu le Premio Náufrago en 2011.
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Tant de larmes ont coulé depuis
Alfons Cervera
- La Contre Allee
- La Sentinelle
- 23 Avril 2014
- 9782917817285
Un roman sur la mémoire et ses traces, l'oubli et les distorsions historiques, sur les blessures qu'ont laissées les exils, les fuites, les pertes.
Les travailleurs migrants espagnols : réfugiés, éxilés de la guerre Alfons Cervera aborde le phénomène de migration des Espagnols vers le Sud de la France qui s'est traduit par deux vagues successives : L'exil républicain qui suivit la victoire de Franco en 1939 et la migration économique des années 1960. Deux migrations que connurent de nombreux villages, quasi désertés, ravagés et dévastés par la guerre.
Cervera raconte l'histoire de quelques habitants du village de Los Yesares, dont les émigrés reviennent pour assister aux funérailles de Teresa, le personnage principal de Ces vies-là (La Contre Allée, 2011). Leur retour déclenche un flot de souvenirs et de nouvelles au sujet de ces vies qui ont fini par suivre des destins très différents.
"Tant de larmes ont coulé depuis parle précisément de ce vide qui se produit dans les endroits et aussi dans les gens qui parlent de ces endroits." Alfons Cervera
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« Les histoires de fiction surgissent toujours d'un lieu donné. Inventer, c'est fouiller dans ce qui existe, l'exhumer et construire d'une autre manière ce que l'on a trouvé. Le croisement de la réalité et de la fiction. Elles sont presque toujours une seule et même chose. Elles sont soeurs jumelles dans les pages d'un roman. [.] Mes romans naissent à partir d'un territoire moral qui est le lieu où je suis né, la maison où je continue de vivre tant d'années après, les personnages qui, avant d'être des êtres de fiction, ont été et sont mes amis de toute la vie. » Les lieux comme un leitmotiv, au fil de chacun des romans d'Alfons Cervera Comme l'évoque le titre, Les Chemins de retour, Alfons Cervera revient sur les lieux qui sont à la fois contexte, inspiration et personnages de son oeuvre. On les retrouve régulièrement au fil de son travail. Rapprochant réalité (les vrais lieux, les lieux référentiels) et fiction (tels qu'ils apparaissent dans l'univers romanesque), comparant le passé (les lieux tels qu'ils étaient) et le présent (ce qu'il en reste), confrontant « vérité » et souvenirs, c'est à nouveau une exploration de la mémoire, ses distorsions, ses pièges que mène Alfons Cervera.
Une réflexion à voix haute sur l'envers du décor dans la littérature Les photos prises par l'auteur lui-même attestent de cet univers réel ; cadrées par son oeil, elles sont déjà une reconstruction de la réalité. Elles ont en elles cette imprécision qui fait reconnaître sans vraiment reconnaître. Ce livre sur les lieux si importants pour l'écrivain est comme une mise en abîme. Ce n'est pourtant pas un ouvrage technique, mais plutôt une réflexion philosophique.
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Jeronimo Larrea, metteur en scène de théâtre, vivant à Madrid avec sa compagne Griselda, une comédienne alcoolique, disparaît. Il est retrouvé mort dans une chambre d'hôtel, alors que Griselda, poursuit sa cure et garde l'espoir de le voir revenir d'une simple escapade d'artiste.
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Bolaño sort des toilettes, la Mort en jean et en tee-shirt frappe à la porte, Némésio naît le jour où Armstrong marche sur la lune. Avec le bien nommé Frictions, puzzle littéraire borgesien et jubilatoire, Pablo Martín Sánchez, provoque des rencontres insolites, se joue des genres pour mettre en scène univers décalés et mystérieux, nous entraîne au devant de chutes aussi vertigineuses et terribles qu'elles peuvent être joyeuses et saisissantes.