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Mêlant le témoignage de Gabriele à ses propres réflexions, et utilisant comme toujours son humour et son sens de la formule, Amandine Dhée atteint l'objectif qu'elle s'était fixé : « écrire un livre réconfortant sur la mort ». L'occasion de réfléchir avec elle sur nos propres angoisses, sur notre désir de transmission, sur les pertes et les liens qui unissent les êtres et qui marquent les générations. Liant l'intime au politique, Sortir au jour est aussi un texte qui questionne nos façons de faire société... On pourrait lire Sortir au jour comme un texte qui parle de la perte, mais c'est exactement l'inverse. Sortir au jour raconte ce qui nous lie.
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La narratrice explore la question du désir et de l' attachement à la lumière du parcours d' une femme et de ses expériences sexuelles et affectives.
Comment devenir et rester soi-même dans une société où les discours tout faits et les modèles prêts à penser foisonnent? La narratrice revisite toute sa vie, de l' enfance à l' âge adulte et se projette aussi dans la vieillesse.
La réflexion féministe apparaît à chacun de ces âges de la vie.
Amandine Dhée poursuit ainsi la réflexion entamée en 2017 avec La femme brouillon sur la représentation des femmes dans l' imaginaire collectif et leur émancipation.
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S'appuyant sur de nombreuses sources d'archives journalistiques, matériaux essentiels à son travail, Perrine Le Querrec explore l'histoire du danseur Nijinski. Dépassant la légende grâce à des années de recherches, écoutant les mille voix qui évoquent le danseur, cherchant la vérité au milieu des interprétations, démêlant l'intime et le public, l'autrice questionne le parcours et la fin d'un homme qui sombre dans la folie.
Mais surtout, d'un point de vue psychanalytique, l'autrice met en avant « la danse immobile » de Nijinski, apaisant ainsi la souffrance d'une vie d'internement, et replaçant Nijinski toujours au coeur d'une création, d'une avant-garde, dont les années d'asile l'ont privé.
Des salles de spectacle aux couloirs d'un hôpital psychiatrique, Nijinski passe de la lumière de la célébrité aux ombres de la honte ; Perrine le Querrec dresse le portrait de son Nijinski... Soudain Nijinski...
De Nijinski on sait qu'il fut danseur étoile
De Nijinski on sait qu'il sautait plus haut que quiconque
De Nijinski on connaît les Ballets russes, Diaghilev, L'Après-midi d'un faune
De Nijinski, Dieu de la danse, sans doute connait-on l'incroyable carrière
De Nijinski on connaît peut-être ses Cahiers
De Nijinski on connaît beaucoup la légende, les récits, les approximations
De Nijinski on croit connaître
De Nijinski sait-on qu'il dansa jusqu'à ses 29 ans
De Nijinski sait-on la dernière danse le 19 janvier 1919 à l'hôtel Suvretta en Suisse
De Nijinski sait-on ensuite l'effondrement
De Nijinski sait-on qu'il fut interné plus de 30 années
De Nijinski connaissons-nous le grand oubli où il fut abandonné
De Nijinski sait-on l'immobile comme une autre danse
Perrine Le Querrec -
«Pendant plusieurs semaines, des femmes, des héroïnes, m'ont confié leur vie et leurs mots. Notre besoin commun de briser le silence et l'indifférence autour des violences conjugales et ses nombreux visages. [...] C'est cela que vous allez lire.»
Perrine Le Querrec -
Écrivaine et féministe, Amandine Dhée témoigne de sa maternité avec laquelle elle doit composer sans véritable modèle familial, mais dont elle fait nalement une force.
Enceinte puis jeune mère, l'auteure raconte la norme qu'on tente quotidiennement de lui imposer et sa lutte pour préserver son émancipation : son éveil politique et la création. Elle s'interroge sur la perception de son propre corps: où dire la violence d' être habitée par un autre ? Sur son métier d'auteure : mon cerveau est colonisé. Même absent, le bébé m' accapare. Mais aussi sur sa sexualité, la répartition des rôles au sein de la famille, la transmission ou encore sur ses propres contradictions...
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Jean, dit Jeannot, est né en France en 1939. Jean, dit Jeannot, a une biographie courte et accidentée. De ses années d'enfance à son engagement en Algérie, de la mort par pendaison de son père à sa claustration volontaire avec mère et soeur, Jean, dit Jeannot, échappe à la raison et au monde réel.
En 1971, la mère meurt et les deux enfants, Jeannot et Paule, obtiennent l'autorisation de l'enterrer à l'intérieur de la maison.
Dès lors, Jeannot n'a plus qu'une seule raison d'être : graver son réquisitoire, s'écrire à lui-même, creuser ses mots sur ce plancher qu'il n'aura pas quitté depuis... Jusqu'à y mourir, cinq mois plus tard.
« Écrire Le Plancher, c'est côtoyer la folie au plus près, s'autoriser la débauche du mot brut, de la syntaxe, emprunter des chemins de réflexion et d'écriture inédits, braver les interdits. C'est aussi donner un corps et une voix à celui dont chacun s'est détourné.
C'est Jeannot le Coupable, celui qui encombre, la société, les mémoires, ce sont ceux dont on se détourne, ce sont les lits supprimés des hôpitaux psychiatriques, ce sont les SDF abandonnés, les malades abusivement enfermés en prison, tous les fragiles, les différents, les marginaux, les furieux. »
Perrine Le Querrec -
Née dans une tribu amérindienne du Canada, Fille-Rousse grandit avec les garçons, s' adonnant avec joie à la chasse, la pêche et la course.
Lorsqu' elle observe les groupes de femmes, elle pense que rester au campement n' est pas fait pour elle !
Dans l' esprit du chamane de la tribu émerge alors l' idée que la petite fille, dont la naissance est nimbée de mystère et dont le parcours étonne, pourrait être une Peau-Mêlée, un être à part, homme et femme à la fois.
Si certains dans la tribu acceptent sa nouvelle condition, d' autres doutent et ne cessent de mettre la jeune fille à l' épreuve.
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Sur les bouts de la langue : traduire en féministe/s
Noémie Grunenwald
- La Contre Allee
- La Sente
- 13 Septembre 2024
- 9782376651581
Traduire en féministe/s, un essai
Traductrice de l'anglais, et notamment de nombreuses autrices engagées, comme Julia Serano, bell hooks ou encore Dorothy Allison, Noémie Grunenwald cherche sans cesse à retranscrire cet engagement féministe au sein de ses traductions, questionnant les formes d'écriture, le choix des termes, se heurtant aux manques, aux absences, et élaborant de nouvelles stratégies dans une pratique politique, militante, de la traduction.
Convoquant les autrices et auteurs qui ont marqué sa pratique, Noémie Grunenwald explore ce que signifie « traduire en féministe/s ».
Traduire en féministe/s, un récit
C'est avec franchise, humilité et humour que Noémie Grunenwald ponctue son essai ? organisé en différentes rubriques, comme Se décentrer, Élargir, Inclure ?, ou encore Citer ? d'un récit plus personnel sur le parcours qui a été le sien, depuis les premiers articles de fanzines traduits, juste pour mieux comprendre, jusqu' à la traduction professionnelle. Rendant hommage aux êtres et aux textes qui jalonnent sa formation, l'autrice raconte son engagement, sa passion et sa détermination, et nous interpelle avec un ton aussi direct et percutant qu'accrocheur. «Traduire en féministe/s », c'est un moyen de lutter contre l'ordre établi. -
Par l'entremise de micro-scènes, Passer l'été nous précipite au coeur d'un été caniculaire, alors que la sécheresse et les feux de forêts font rage. Au-delà du cadre qu'offre le jardin d'une maison familiale où l'on subit, dans l'impuissance et le repli, la brûlure de cette chaleur écrasante, c'est à un mouvement à l'oeuvre beaucoup plus vaste que l'on assiste, page après page, avec les mutations profondes et inquiétantes de notre environnement.
Du personnel au social, de l'intime à l'universel, Passer l'été est un texte pressant, dans lequel il n'est question ni d'imaginaire, ni de lyrisme ou d'onirisme, mais plutôt de la force du réel meurtri, par le prisme d'une poésie du dicible, quasi documentaire, à la fois poignante et percutante, pour ce qu'elle laisse entrevoir comme avenir proche.
À l'écoute du vivant, Irène Gayraud emploie le pronom « on », à la fois personnel et impersonnel, individuel et collectif, comme dans un récit-choral qui engloberait chacun·e d'entre nous, mais également, et surtout, les mondes animal et végétal parmi lesquels nous nous trouvons.
Écopoétique, au ton direct, parfois empreint d'une forme d'ironie, il se dégage de Passer l'été, au-delà de la beauté des fins tragiques, un sens critique affûté doublé d'une douloureuse lucidité. -
D'abord, il y a la rencontre avec Arden et Jeff - cette grande femme aux mains d'araignée et cet homme à l'oeil de verre -, alors qu'ils tentent de sauver une orignale sur les berges d'un lac gelé de l'Ontario, au Canada. Touchée par cette rencontre, notre narratrice décide de les suivre et de rester avec eux dans le refuge dont ils s'occupent, soignant les animaux blessés.
Au coeur de cette nature marquée par les saisons, où humains et non-humains tentent de cohabiter, notre narratrice, suffisamment énigmatique pour que l'on puisse y trouver une part de nous-même, apprivoisera ses propres fêlures tout en apprenant à soigner les bêtes sauvages, et à écouter et interpréter les sons de la forêt et de la rivière.
Border la bête est un roman magnétique, tant par les impressions fortes que génère l'évocation sensible et incarnée des paysages, que par celles que nous procurent ses personnages aux silences éloquents et aux caractères forgés par l'existence. -
Dans un monologue intérieur, un enfant s'adresse à sa mère que l'on devine puis découvre malade. En route vers le nord, sans toujours bien comprendre pourquoi, sur la banquette arrière d'une voiture conduite par un père distant et énigmatique, l'enfant vit un temps en marge, sans école, sans camarades, avec la route et les paysages pour seul décor, tenant compagnie à sa mère.
Quand le drame survient, l'enfant se sent seul face à sa douleur. Emporté par la nécessité, dans une langue intense, sans ponctuation ni majuscules, l'enfant questionne sa mère et son absence.
Porté par un style à la fois sobre et poétique, à l'émotion palpable, Au nord tes parents se lit comme en apnée, tandis que nous accompagnons cet enfant dans son voyage. -
Des montagnes de questions
Stéphanie Lux
- La Contre Allee
- Contrebande
- 13 Septembre 2024
- 9782376651529
« Moi qui ai toujours eu du mal à (sa)voir où je serais dans dix ans, je serais bien incapable de prédire mon propre avenir dans le métier. Ce que je sais, c'est que ma pratique ne cesse d'évoluer. Et que cet exercice d'écriture, le plus long auquel je me sois livrée jusqu'ici, la modifiera forcément. L'expérience me rendra-t-elle meilleure traductrice, ou au contraire plus mauvaise, parce que j'aurai pris goût à choisir mes mots sans contrainte étrangère, sans texte de départ à respecter ? Une chose est sûre, j'aimerais montrer davantage les coutures de la traduction, la trame du travail en train de se tisser. Montrer les doutes, les montagnes de questions que je me pose en traduisant, les décisions que je finis par prendre, et qu'aucune d'elles n'est définitive. C'est ce que je me suis efforcée de faire ici. Montrer la traduction comme une prothèse magique permettant d'évoluer, de courir dans une oeuvre dont on ne pratique pas (encore ?) la langue. »
Stéphanie Lux -
Envoyée à l'église par son père, dont elle craint la fureur et qui est convaincu que, là, il n'y aura aucune tentation, la narratrice tombe immédiatement amoureuse du prêtre.
Il faudra beaucoup de patience à la jeune fille pour vivre enfin, pleinement, son histoire d'amour. Beaucoup tenteront de lui mettre des bâtons dans les roues, les obstacles seront nombreux... Les amitiés et les soutiens aussi, qui l'aideront à traverser les épreuves.
Six ans, et encore une année. Six ans plus un pour que le prêtre prenne conscience que cette histoire doit être vécue, malgré l'Église, malgré tout...
Poignante histoire d'amour, Nuits de noces a été écrit dans une prose poétique qui s'est immédiatement imposée à l'autrice : des vers libres pour jouer des répétitions, des ressassements, des ruptures. L'amour, les sentiments, les émotions... autant de sujets qui sont comme la marque de fabrique de Violaine Bérot, qui excelle à les mettre en mots et en rythme. -
Fresque familiale à l'incroyable souffle romanesque, Mississippi, la Geste des ordinaires charrie près de deux siècles d'Histoire, porté par les voix particulièrement incarnées de ses personnages. Traversant les époques, les drames et les bouleversements sociétaux, cette généalogie mêle la petite et la grande histoire, du XIXe siècle jusqu'au XXIe, de la colonisation à l'ouragan Katrina en passant par la Commune, les chasses aux sorcières, les guerres mondiales... Questionnant la violence sociétale et la manière dont elle innerve les familles au fil des générations, Sophie G. Lucas dresse les portraits d'êtres qui courent après leurs rêves, qui tentent de prendre des chemins de traverse et d'émancipation, et dont les existences sont comme une mythologie de vies ordinaires.
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Jean-Baptiste Rivière est né au milieu du xxe siècle. On le rencontre après la perte de Claire, qu'il avait rencontrée à la fin des années 1960 et avec qui il avait connu trente années d'amour et de bonheur.
De la décennie psychédélique 1965-1975, avec son utopie hippie pétrie de contre-culture, de rock et d'aventures, jusqu'à la jungle numérique contemporaine en passant par la désillusion des années 1980, læ lecteurice est emporté·e par le courant de l'existence de Jean-Baptiste, ce « bouseux psychédélique » qui a préféré s'installer à la campagne et communiquant sur Twitter avec un mystérieux jeune anarchiste.
Histoire d'amour, Rivière porte une réflexion sur l'enfance, la fidélité, la douleur, la mort, le deuil, le souvenir. Face à face du réel et du virtuel, modifications du langage liées aux nouvelles techniques de communication, différences générationnelles, responsabilité individuelle et nécessaire solidarité humaine..., autant de questionnements abordés qui font de Rivière un texte portant un regard non dénué d'humour sur une slow life apaisée. -
La nuit des terrasses & caverne ; cadavres
Makenzy Orcel
- La Contre Allee
- La Sente
- 3 Novembre 2023
- 9782376650904
« J'ai commence´ a` fre´quenter les bars, donc boire, tre`s tard dans ma vie. Pour une raison tre`s simple, il faut payer apre`s avoir consomme´... Aujourd'hui, de`s que j'arrive dans une ville, la premie`re chose qui me vient a` l'esprit, c'est d'aller faire la tourne´e des bars. Tous les poe`mes du recueil La nuit des terrasses forment ensemble une seule plonge´e a` travers ces espaces re´els ou imaginaires, pour combiner non seulement ces instantane´s, ces souvenirs disparates, mais aussi inviter l'autre a` sortir sa te^te de son verre, a` la convivialite´. Le verbe « boire » ne se conjugue-t-il pas mieux ensemble ? La nuit des terrasses ce´le`bre l'instant, la rencontre des corps et l'amitie´. » Makenzy Orcel « Caverne est une chanson personnelle. Un chant intime. Caverne est une descente dans mes cavernes, mes zones existentielles les plus reculées, une exploration de l'intime. J'ai vu tant de cadavres dans ma vie, autant que des vivants je crois. Et ceci, dès ma plus petite enfance dans ce quartier violent, à Martissant, où j'ai grandi avec ma mère. Des cadavres d'amis, d'inconnus, de femmes, d'hommes et d'enfants. Des gens que je n'ai pas eu le temps d'aimer, de connaître, avec qui je n'ai pas eu le temps de discuter. Ce poème est une manière de dire que je pense à eux, que je regrette qu'ils soient partis si tôt, avant d'avoir vécu, aimé. S'il faut coucher avec les morts avant de trouver un vers, la poésie sert à ça aussi : à donner vie aux morts. Comme Caverne, Cadavres est un poème intime, un retour sur les lieux de l'enfance, de l'intérieur. » Makenzy Orcel
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« Au centre de cette histoire, il y a le corps d' une femme, ses hantises et ses obsessions, & il y a la nature. C' est l' histoire d' une échappée belle, d' une femme qui quitte, presque du jour au lendemain, tout ce qui déterminait son identité sociale.
Elle sort de stase et se met en mouvement. Son départ est d' abord une pulsion, une sorte de fuite vers l' avant qui tient du road movie, avec de longues traversées de paysages en voiture, en auto-stop, puis à pied.
De la fuite et l' errance du départ, cette échappée va se transformer en nomadisme et en un voyage vers la réalisation de soi.
L' Arrachée belle, c' est une échappatoire à une situation vécue comme oppressante : une vie de couple dont la violence réside dans l' absence de relation, dans le vide entre les corps, dans les non-dits, l' incompréhension, la distance qui se creuse. J' ai voulu faire ressentir la violence de ces quotidiens subis, cette perte de sens qui est devenue pour la femme une absence au monde et à elle-même, et que l' on nomme en psychologie un syndrome de déréalisation et de dépersonnalisation, une façon de s' extraire de ce qu' on ne peut pas supporter, symbolisée par l' absence de prénom de la narratrice. »
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Inédit à ce jour, Bonjour est associé dans ce recueil à la réédition de Hotdog (Le Pédalo ivre, 2017). L'un et l'autre ont pour trait commun de questionner des formes de précarité et d'invisibilité des femmes : femmes de ménage dans Bonjour, SDF toxicomanes dans Hotdog. Deux textes à l'écriture aussi poétique que documentaire, régulièrement mis en scène.
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Mauvaises méthodes pour bonnes lectures
Eduard Berti, Etienne Lécroart
- La Contre Allee
- La Sente
- 5 Mai 2023
- 9782376650898
Comment devenir un·e bon·ne lecteur·ice ? Dans cette méthode de lecture insolite et décalée, Eduardo Berti propose 135 exercices pour lire d'une nouvelle façon.
Avec des instructions tour à tour, drôles, émouvantes, réconfortantes, sérieuses voire des plus hasardeuses, vous êtes invité·es à une grande leçon de désapprentissage littéraire au cours de laquelle vous serez amené·es à lire dans le mauvais ordre, à mélanger les histoires, à bousculer les classiques, ou encore à inventer des auteur·ices. Des expériences qu'il est possible de partager avec des proches, ou de réaliser individuellement, pour jouer avec les livres et, pourquoi pas, chercher des liens là où ils ne semblent pas exister.
Huit dessins originaux d'Étienne Lécroart viennent illustrer autant de méthodes. -
Avec ce nouveau roman, Thomas Giraud s'approche peut-être encore davantage qu'il ne l'avait fait jusque-là d'une de ces figures fulgurantes et insaisissables, celles qui n'ont fait que passer, qui ont expérimenté et qui nous laissent au bout du compte avec beaucoup d'interrogations, à peu près autant de passions, de frissons même. Si de Bas Jan Ader, artiste hollandais, nous savons peu de choses, endécouvrant ce qui aurait pu être son histoire, selon Thomas Giraud, on se demande forcément d'où lui vient cette fascination pour les chutes ? Qu'entend-il montrer en tombant à vélo dans un canal ou en se lâchant d'une branche d'arbre ? Est-ce là uniquement le goût d'aller contre un ordre établi du monde matériel ? D'y trouver ce qui fait s'écouler les montagnes immobiles ? D'éprouver le fait d'être au monde ? D'aller contre l'immobilité de ce qui semble inscrit dans l' éternité...? Ou faut-il chercher du côté de la petite enfance et de cet équilibre introuvable qui fait tomber à longueur de temps ? Ou encore d'avoir grandi dans l'absence et pourtant avec la figure omniprésente d'un père héros de guerre ? Avec Bas Jan Ader, sommes-nous devant une scène sans fin de la chute du père, fusillé par des soldats allemands ? Sommes-nous pris par l' immense solitude ressentie, causée par cette absence, par le manque ? Si Bas Jan Ader semble avoir laissé peu, c'est en même temps déjà beaucoup, pour penser, imaginer, construire, inventer. Bas Jan Ader a mené bon nombre d'expériences et de performances spectaculaires. Jusqu'à cette toute dernière dont il ne reviendra pas : la traversée de l'Atlantique à bord d'un bateau trop léger sans doute, In Search of the Miraculous... Thomas Giraud s'enquiert de son histoire, traverse l'océan à ses côtés et dresse son portrait à travers les âges, de son enfance à sa vie d'adulte, sa vie d'artiste.
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Il faut les fuir ces Chevals morts, ceux-là qui nous poussent à commettre des erreurs, de celles qui nous séparent, nous détournent, nous font prendre des chemins divergents. Mais comment faire en sorte de rester deux, de continuer à s'?aimer alors que les Chevals tentent de nous convaincre qu'?ailleurs peut-être... seul·epeut-être... ce serait mieux ?
Un texte comme un chant, au rythme haletant et mélodieux ; un hymne à l'?amour, au couple ; une course contre la tristesse et la solitude.
Nous serons si libres que nous attacher ne nous fera pas peur
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Une allée est au centre de ce texte. Une allée sur laquelle vont et viennent des familles et des proches qui rendent visite à des patient·es dans un ho^pital psychiatrique. Au bout de cette allée, se trouvent des jeunes qui décompensent, tout comme ces baleines échouées, égarées par le bruit du monde.
Confrontées à leur propre douleur, à leurs propres difficultés, toutes ces familles forment néanmoins un ensemble, un «?troupeau?», lit-on.
Sur cette allée, théa^tre d'?une histoire qui oscille entre espoir et résignation, on va et vient, comme dans un mouvement pendulaire, accompagnant les allers et retours de celles et ceux qui nous livrent, au fil de leurs visites, la mesure de la solitude dans laquelle chacun.e se trouve au quotidien. -
La fille a quitté la maison familiale depuis dix ans. Revenir n'est pas chose aisée, pourtant, elle veut retrouver Père, Mère, son chez elle, la douceur d'un foyer.
Le retour de la fille détraque la relation entre ses parents, elle gêne, perturbe, fait remonter des souvenirs douloureux. La communication est difficile entre eux trois. La folie guette, dans ce huis-clos familial où Nathalie Yot interroge le secret des familles. Avec une langue directe et percutante, proche de l'oralité, elle entraîne le/la lecteurice au sein d'un trio familial dysfonctionnel inoubliable. -
Recueil de textes poétiques ou en prose, On est les gens fait la part belle à la révolte, à l'engagement, au singulier et au collectif. Sophie G. Lucas donne à entendre celles et ceux qui luttent pour leur dignité, qui ont risqué des traversées mortelles en bateau et ne sont jamais arrivé.es, celles et ceux qui ne peuvent plus payer leurs factures, qui se sentent trahi.es et méprisé.es par une société et une classe politique désinvoltes. La lutte, c'est aussi parfois celle menée contre son propre corps, contre sa propre histoire, pour échapper à un avenir tout tracé et espérer encore... Contre l'indifférence et le mépris, Sophie G. Lucas dessine un continuum de la lutte sociale, allant de la Commune aux Gilets Jaunes, en passant par les grévistes de Mai 68. Avec ce souffle militant qui lui est propre, elle montre la beauté et la force de la colère sociale face à la noirceur des quotidiens difficiles.