Après le succès de De l'autre côté de la Machine, Aurélie Jean nous entraîne dans un nouveau voyage : au coeur de nos institutions juridiques et des algorithmes qui s'y exercent. Comment la loi est-elle pensée et appliquée au temps des algorithmes ? Comment les algorithmes sont-ils utilisés au sein du système judiciaire ? Et est-il vraiment possible de les réguler ? C'est un fait : les algorithmes rythment nos vies. Ils nous aident à nous déplacer, à travailler, à nous soigner, et même à légiférer. Certains, alarmistes, diraient qu'ils sont de partout... Or, peu d'entre nous les comprennent, sans parler d'en maîtriser les subtilités. Nos dirigeants, parlementaires et nos juristes n'y font pas exception, et participent pour certains à augmenter la confusion autour de leur utilisation et de leur supposé danger... Pourtant, il est aujourd'hui nécessaire, voire capital, de comprendre le fonctionnement des algorithmes développés, mais aussi d'anticiper leur développement, de l'encadrer et de l'accompagner aussi judicieusement que justement. Une chose demeure cependant certaine : les algorithmes ne disposent d'aucune personnalité juridique face à un tribunal. En revanche, s'ils ne peuvent réellement faire la loi, ils l'influencent et en orientent désormais la pratique. Mal employés, ils deviennent une menace pour ses principes de transparence et d'équité. Bien maîtrisés, ils peuvent, au contraire, guider ceux qui la font et l'exercent afin de garantir le traitement égalitaire de chacun face à la justice. Consciente du défi qui nous attend, Aurélie Jean nous appelle à agir et propose de dompter (plutôt que de réguler) les algorithmes à travers des lois souples et anticipatrices, afin de ne rien sacrifier au progrès tout en les pensant dans la plus grande objectivité scientifique, sociale et économique. Car c'est cette même transparence intrinsèque à l'exercice de la justice qui doit s'appliquer dans le champ des algorithmes afin de permettre à chacun - du citoyen au législateur - de garantir l'harmonie, la justice et l'essor intellectuel au sein de nos sociétés.
« Je sais bien ce que je fuis, mais non pas ce que je cherche », expliquait Montaigne à propos de la longue chevauchée qu'il fit à travers l'Europe en 1580.
Gaspard Koenig aussi sait ce qu'il fuit : les injonctions permanentes des gouvernements et des algorithmes. Il s'est donc lancé sur les traces de Montaigne, en suivant le même itinéraire, avec le même moyen de transport : un cheval, ou plutôt une jument, Destinada. Pour rejoindre Rome, le cavalier et sa monture ont parcouru 2 500 kilomètres pendant cinq mois, passant par le Périgord, la Champagne, les Vosges, la Bavière, la Toscane...
Toquant aux portes pour trouver gîte et couvert, parcourant les campagnes mais aussi les zones commerciales et les centres-villes, l'écrivain a eu tout le loisir de « frotter et limer sa cervelle contre celle d'autrui », comme le recommandait Montaigne. Dans cette plongée au coeur des territoires, la générosité et l'hospitalité sont presque toujours au rendez-vous.
Au rythme du pas, notre modernité révèle ses vertus et ses travers. L'occasion pour l'auteur de renouer avec certains thèmes chers à Montaigne : la relation entre l'homme et l'animal, l'art du dépouillement, les conflits religieux, la diversité des cultures ou les leçons de la nature...
Au fond, que Gaspard Koenig pouvait-il bien chercher dans un tel vagabondage, sinon la liberté ? La sienne, celle que l'on cultive dans cette « arrière-boutique » où se réfugiait Montaigne. Mais aussi la nôtre, exigence politique plus contemporaine que jamais.
Alors que les crises sanitaires ont intensifié notre rapport au numérique, les enfants et les adolescents ont vu leur temps d'exposition aux écrans atteindre des niveaux records, sans qu'aucune attention soit vraiment portée aux contenus qu'ils regardaient. Comment en sommes-nous arrivés là?? Comment y remédier?? Comment aider nos enfants à reprendre le contrôle face à des algorithmes de plus en plus sophistiqués?? Dans cet essai qui tient autant de l'analyse critique que du guide pratique, Carole Bienaimé Besse explore avec intelligence et rigueur les enjeux et les défis de notre société hyperconnectée, et les conséquences sur les plus fragiles, qui sont souvent les plus jeunes. Elle démontre comment les écrans affectent leur santé mentale, leur développement intellectuel, leur vie sociale, et met en lumière les nombreux pièges auxquels nous sommes finalement tous confrontés?: le rabbit hole, la distraction perpétuelle, la tyrannie de l'image de soi, les contenus inappropriés, la désinformation, la surveillance de masse. Mais au-delà de la critique, et sans jamais sombrer dans le fatalisme, Carole Bienaimé Besse propose surtout des solutions concrètes pour aider les parents, les éducateurs et les adolescents à naviguer dans cet univers complexe. Elle suggère des pistes pour faire évoluer le cadre législatif, et plaide pour que l'éthique soit enfin remise au coeur de l'innovation. Son objectif ? Que chacun puisse tirer le meilleur parti de la révolution numérique - sans en devenir une victime.
Si notre parole se libère heureusement pour dénoncer les injustices, les traumatismes, on constate qu'elle s'abime également en propageant les haines et les mensonges - par le harcèlement en ligne, les fake news, les trolls... Il faut sans doute le reconnaître : les mots font mal. Ils peuvent être des armes destructrices.
Voici la thèse défendue par Roger-Pol Droit et Monique Atlan, dans le prolongement de leur dernier livre, Le sens des limites (2021). Loin d'un pessimisme mortifère ou d'un constat d'échec, leur nouveau livre éclaire la puissance de la parole et propose des solutions pour comprendre notre responsabilité dans son usage. Pour les auteurs, il est essentiel et urgent de ré-apprendre à parler, pour sauver notre humanité.
Aujourd'hui où l'on ne peut plus tracer de plan de la Cité idéale, et où les lendemains « ne chantent plus », peut-on faire autre chose que défaire ce qui bloque l'état présent des choses pour y rouvrir des possibles ?
Or, qu'est-ce qui bloque, si ce n'est des coïncidences idéologiques installées depuis trop longtemps, paralysant la société ? Ne pouvant les renverser (comment en aurait-on la force ?) et les dénoncer ne s'entendant plus, on ne peut que les fissurer : localement, sur le terrain, chacun en ayant l'initiative là où il est.
Mais ces dé-coïncidences se relient et se relaient, elle se répondent et peuvent s'associer.
Une Association en est née, dont chacun peut faire partie. Car c'est quand même avec des fissures que commencent à s'effondrer les cavernes.
La philosophie a pensé la vie, mais non pas vivre ; et le religieux, qui prenait en charge la question du vivre, est aujourd'hui en retrait. Ainsi « vivre » est laissé en friche, abandonné au prêche ou bien au truisme ; et de là prospèrent le Développement personnel et le marché du Bonheur, qui vendent vivre comme du « tout positif ».
Or, comme le montre François Jullien dans ce nouveau livre, vivre est paradoxal, s'étendant du vital au vivant. Il est à la fois la condition de toutes les conditions : être en vie ; et l'aspiration de toutes nos aspirations :
Vivre enfin ! Nous sommes en vie, mais nous n'accédons pas pour autant à vivre. De là que nous puissions être nostalgiques de la vie au sein même de la vie - ou que « la vraie vie est absente ».
Comment faire pour vivre ? Comment vivre enfin ? Car répéter qu'il faut « cueillir le jour », « profiter de la vie », n'est jamais très utile ou efficace...
Le philosophe de La Vraie vie trace donc plutôt, pour s'y repérer, une carte de ces possibles intensifs entre lesquels décider vivre. Vivre y reparaît alors dans sa ressource, dans son essor, dans son « matin », dégagé de ce qui l'enlisait, au fil des jours, et l'emmurait.
Telle est « la transparence du matin », en amont de tous les enseignements de la morale.
La France n'est pas un pays qui sombre, contrairement à ce que certaines voix clament, mais elle n'est pas non plus un pays qui excelle.
Elle ne chute pas, mais glisse lentement, frappée par une sorte de démission collective. La recherche de l'excellence fait aujourd'hui place à la satisfaction du confort de l'à-peu-près. L'économie ? Elle ne se porte pas si mal, mais son avenir est hypothéqué par le poids de la bureaucratie et surtout par un manque d'excellence en matière d'innovation. L'écologie ? La France obtient de bons résultats, mais les atermoiements successifs sur le nucléaire nous mettent en risque de dépendance énergétique et écologique. La santé ? Notre système a longtemps fait notre fierté et nous pouvons encore nous faire soigner correctement, mais l'idéologie et les corporatismes nous empêchent de développer un secteur sanitaire adapté aux enjeux du XXIe siècle.
Pour l'économiste Nicolas Bouzou, il est temps d'arrêter de niveler la société par le bas en encourageant l'intelligence, la lucidité, la précision et le courage - des qualités qui ne sont plus guère plébiscitées dans notre pays - et en investissant massivement dans un système éducatif exigeant
Depuis la sortie grand public de ChatGPT, l'intelligence artificielle est dans toutes les bouches, suscitant la curiosité autant que la crainte. A rebours des discours anti-tech, Alexandre Gefen propose un livre optimiste et plein de conseils pour se saisir au mieux des outils novateurs que nous offre l'IA.
C'est historique : l'intelligence artificielle a fait son entrée dans la vie des êtres humains il y a quelques mois, sous le nom de Midjourney, Dall-e, Stable Diffusion, ou encore ChatGPT. En externalisant l'intelligence, une nouvelle ère s'ouvre devant nous, où nous allons désormais être de plus en plus assistés et soutenus pour réfléchir, programmer, traduire, séduire, mentir, créer des images et des textes - avec une facilité et une vitesse déconcertantes.
On peut s'effrayer de ces nouvelles possibilités qui s'offrent à nous, quasi-prométhéennes. (Certaines grandes écoles ont déjà interdit l'utilisation de l'IA en cours.) On peut aussi essayer de tirer le meilleur parti de ces incroyables avancées numériques, maintenant, tout de suite, afin de se faciliter la vie, et de s'approprier une révolution technologique qui ne fait que commencer. C'est tout l'enjeu de ce livre clair et argumenté, bourré d'astuces, qui ne tait pas les dangers futurs de l'intelligence artificielle ; mais qui doit bien reconnaître que nous serions bien sots de ne pas vivre à notre époque, et de ne pas apprendre à utiliser des outils que tout le monde attendait.
Depuis #Metoo, le débat public semblait enfin admettre l'ampleur des violences conjugales, ces dernières ayant quitté les colonnes « faits divers » pour être traitées dans la presse comme un fléau de société.
Pourtant, les féminicides se poursuivent, et les avancées conquises de haute lutte sont remises en question à la moindre affaire. Chacun y va de son assertion navrante, de son idée reçue. Mais que faire quand les politiques s'expriment et jouent la petite musique des « juste une fois », ou quand ils servent avec absurdité des propos politiques sans lien avec la protection des femmes (« Les hommes qui mangent de la viande sont plus violents ») ?
Pour décrypter, analyser et démonter ces idées reçues, Marlène Schiappa a mené un travail minutieux de recherches, basé sur dix ans d'études officielles du ministère de l'Intérieur sur les « morts violentes au sein du couple », jamais à ce point mises en perspective. « Être tuée par amour », « les policiers ne prennent plus les plaintes », « le harcèlement de rue, ça n'a rien à voir » : chaque idée reçue est déconstruite à l'aide de pourcentages, chiffres et affaires.
Saviez-vous que lorsqu'on dessine un cercle autour d'une fourmi, elle est incapable de s'en échapper ? Elle croit que le trait du crayon est un mur infranchissable, et cette croyance l'empêche d'avancer, d'aller de l'autre côté. On pourrait par extension appeler « syndrome de la fourmi » cet état paralysant qui nous empêche de passer à l'action en matière de transition écologique. Comme les fourmis, nous semblons empêtrés dans nos préjugés, nos croyances, nos mauvaises habitudes. Voyez : la maison brûle, nous savons ce qu'il faudrait faire... et nous ne faisons rien ! Il existe pourtant des moyens pour sortir de ce cercle, à commencer par faire un pas de côté pour concevoir problèmes et solutions autrement. Ensemble, toutes générations confondues : faisons ce pas.
Menacées par la montée des populismes, accusées d'être dépassées, les démocraties sont aujourd'hui vacillantes. Pour Perrine SimonNahum, ce ne sont pourtant pas elles qu'il faut réformer, mais bien le rapport que nous entretenons à elles : il nous faut inverser le discours et partir de leurs limites pour les transformer en points forts.
Qu'il s'agisse de la gestion de la pandémie ou, aujourd'hui, du retour de la guerre en Europe, les démocraties ont été blâmées pour la lenteur de leur réaction et leur inefficacité. On peut le regretter, mais il est bon de reconnaître qu'en l'état, le manque de connaissance scientifiques sur la nature du virus ou l'incertitude liée à la volonté de l'agresseur rendent tout leur intérêt au temps long et au débat informé que seule permet la démocratie. Surtout quand il en va de nos libertés, aisément bafouées par des régimes dont certains n'ont pas hésité à vanter les réussites... au prix de combien de morts ?
Remplacer un récit sur les vertus par un plaidoyer pour les faiblesses est une véritable révolution philosophique. C'est aussi reconnaître que, dans sa vie, chacun préfère la discussion à la violence, le compromis à la guerre. Repartir de nos expériences démocratiques quotidiennes pour les opposer à la violence, faire des faiblesses des démocraties leur force, telle est la seule manière de redonner envie à nos concitoyens et d'assurer ainsi leur devenir.
Alors que Rouge vif avait mis en évidence le renouveau idéologique à l'oeuvre sous la présidence de Xi Jinping, Ce nouvel essai d'Alice Ekman, qui s'inscrit dans le prolongement du premier, analyse les conséquences géopolitiques de ce flamboiement idéologique. Quelle est la vision actuelle chinoise du monde ? Pourquoi cette haine renouvelée des États-Unis ? Pourquoi et comment le Parti communiste chinois souhaite-t-il promouvoir un système politico-économique alternatif à celui des États-Unis et de leurs alliés ? La Chine parvientelle à fédérer autour d'elle ? S'oriente-t-on vers une bipolarisation du monde, avec les démocraties d'un côté et les régimes autoritaires de l'autre ?
Telles sont les questions qui sont soulevées, avec précision et rigueur, par Alice Ekman, à partir de l'analyse minutieuse de sources chinoises. Bien sûr, sont pris en compte dans l'analyse l'impact géopolitique de la crise de la Covid-19, l'évolution des relations Chine/États-Unis, mais aussi celles des relations Chine-Russie - y compris les derniers développements, depuis le début de la guerre en Ukraine.
Pourquoi la France des années 1970 n'est-elle pas devenue, bien au-delà de l'Allemagne, la grande puissance qu'on lui promettait de devenir ?
Parce que le pacte gaulliste et pompidolien qui liait l'État, les entreprises et les citoyens s'est défait. Les grandes entreprises plaçant leur espoir dans les bras du capitalisme financier américain, l'État perdant sa fonction de stratège et devenant le thérapeute d'une société en voie d'archipellisation ont entraîné le décrochage de notre pays. Mais la « grande reconfiguration » géopolitique, industrielle et financière que connait le monde aujourd'hui donne à la France la chance de retrouver sa place parmi les grandes (et nouvelles) puissances. Elle a de multiples atouts - système énergétique, compétences industrielles et technologiques, secteur financier, soft power... ? mais elle doit avant tout redevenir un acteur économique majeur en se réindustrialisant.
La transition énergétique, avec les investissements colossaux qu'elle impose, le permet dès lors que la France se dote, autour d'un État refondé, d'une nouvelle économie politique via un nouveau pacte entre les entreprises, l'État et les citoyens : la puissance publique redevient stratège et planificatrice, et fait de l'Europe un levier, l'entreprise intègre l'intérêt général, et les citoyens peuvent alors reprendre confiance dans l'avenir du pays. Cette nouvelle économie politique, s'appuyant sur le renouveau de la démocratie économique et sociale, permettra de faire de la France une puissance maître de son destin.
Depuis son irruption dans le langage politique français au début des années 2010, le « Grand Remplacement », présenté comme une thèse ou une « théorie », traduit avant tout une grande peur idéologisée qui est apparue au cours de la seconde moitié du XIXe siècle sous la plume de divers auteurs : la peur de la fin d'un monde. C'est la thèse du nouveau livre de Pierre-André Taguieff, sorte d'archéologie passionnante autour d'une notion fausse et faussée, qui fait grand bruit dans notre pays, alimentée en outre par la peur légitime du terrorisme jihadiste. A travers l'analyse des textes de Maurice Barrès, Arthur de Gobineau, Georges Vacher de Lapouge, Jean Raspail, Renaud Camus ou encore Eric Zemmour, le philosophe et historien des idées décrypte un phénomène à l'oeuvre depuis plus d'un siècle et dont la peur du terrorisme islamique n'est que le récent révélateur.
Avec L'Incommensurable, François Jullien clôt son cycle d'essais à l'Observatoire, commencé par De la vraie vie, puis poursuivi par Ce point obscur et Moïse ou la Chine.
Le grand philosophe tâche ici de définir une alternative moderne à l'idée de Dieu, grâce à un nouveau concept qu'il nomme l'incommensurable. Car si en Occident c'est Dieu qui a longtemps contenu cet incommensurable, il est sans doute temps de ne plus se le dissimuler.
Il se pourrait bien que, dans le vertige qu'il provoque en nous, apparaissent de nouvelles traces de la vérité. Il se pourrait bien que ce nouveau concept - l'incommensurable - puisse changer la vie.
Un an après L'Amour sous algorithme, qui lui a valu le titre de « la Française qui a défié Tinder », Judith Duportail se sent trahie par sa propre science. Ses analyses et conclusions ne l'empêchent pas, elle aussi, de souffrir des « incivilités affectives » de notre époque (du ghosting, à l'orbiting, et autres cruautés désinvoltes 2.0), et de traverser un burn-out émotionnel à force de luttes et d'errance dans le monde post-Tinder.
Elle s'impose alors une « pause » affective pour reprendre son observation des relations amoureuses contemporaines et nous entraîne dans une (en)quête des liens et relations humaines à l'heure de la fin programmée de l'amour. Au-delà même de la problématique des applications de rencontre ou des réseaux sociaux, comment concevoir aujourd'hui le couple quand on appelle à le déconstruire ? Comment, concrètement, faire respecter ou tout simplement penser son consentement ? Ou même construire des relations égalitaires dans l'intimité quand notre société ne l'est pas encore ?
Dans un récit intime où le particulier touche à l'universel, Judith Duportail se met à nu et s'observe avec franchise, exi-gence et émotions. Croisant analyses sociologiques, anecdotes et confidences, elle s'empare d'un phénomène affectif contemporain encore trop peu exploré et pose des mots sur les maux amoureux de toute une génération.
Amusez-vous à lancer une discussion sur l'héritage dans un dîner. Avancez l'argument qu'une véritable société d'héritiers, presque une caste !, domine notre pays, et qu'ainsi, la méritocratie recule. Ajoutez qu'en France, il faut être sans enfant pour disposer librement des biens que l'on veut transmettre. Insi-nuez qu'on peut tout de même changer entièrement notre fiscalité, si tant est qu'on veuille réduire les inégalités... La discussion risque alors de tourner à l'empoignade, en créant deux camps irréconciliables : ceux qui ont déjà hérité ou qui ont l'espoir d'hériter un jour, et ceux qui savent qu'ils n'auront rien... Un Français sur deux tout de même ! Heureusement, l'élection présidentielle a ouvert une fenêtre pour re-penser totalement notre vieille conception de l'héritage. Cette réforme si nécessaire, tous les politiques la promettent soudain ! Et tous les Français la réclament enfin !
Parfait : l'heure est venue de passer à l'action.
Le monde se transforme, tout vacille et change sous nos yeux. Les pays se font la guerre autrement : les geeks-soldats de la cyber guérilla précèdent désormais les chars d'assaut. La Russie construit son propre Inter-net, pour s'éloigner un peu plus du monde occidental. La monnaie, comme le bitcoin, n'est plus seulement créée par des États, mais par des particuliers. La vie privée menace de disparaître. La parole des professionnels vaut autant que celle des amateurs. Les réseaux sociaux ne servent plus seulement à discuter entre amis, mais à in-fluencer les prochaines élections. Bref : les séparations disparaissent entre des catégories qu'on croyait évidentes et pérennes. Péages et murailles remplacent peu à peu les frontières classiques qui distinguaient les environne-ments personnels, économiques et institutionnels.
Nicolas Arpagian prend la mesure de ces changements dans ce livre qui alerte les lecteurs, sans cris d'orfraie et sans panique. Oui, les choses changent. Oui, nous devons nous y habituer. Sinon ? Nous en pâtirons.
Un essai clair et pédagogue, pour mieux comprendre le monde d'aujourd'hui et se préparer à celui de demain.
Alors que les "assises de la psychiatrie française" s'ouvrent à la demande expresse d'Emmanuel Macron, le grand psychiatre français Daniel Zagury tire la sonnette d'alarme. La situation de la psychiatrie publique n'a cessé de se dégrader dans notre pays depuis plus de vingt ans ! La fermeture massive des lits hospitaliers, le doublement du nombre de patients suivis, la chute de la démographie hospitalière ont conduit à l'asphyxie du dispositif et à l'épuisement physique et moral du personnel soignant...
Tout le monde s'accorde à constater ce désastre, qui était prévisible et qu'aucun gouvernement n'a voulu gérer, au nom de doctrines absurdes, d'ignorances feintes, d'abandons et de lâchetés. Daniel Zagury est formel : c'est par la révolte salvatrice des soignants unis, la remobilisation des intelligences collectives, l'allègement de la bureaucratie, le retour à des synergies entre gestion et soin, l'abrogation des lois de défiance et la promotion d'une psychiatrie ouverte à tous ses courants, que nous pourrons tourner la page d'une situation qui fait honte à notre pays.
Osons réclamer une psychiatrie nouvelle, et humaine !
« Le but de l'ouvrage que vous tenez entre les mains est de dire que la littérature ne doit pas être édulcorée, nettoyée ou purifiée. Les meilleurs livres sont souvent salaces, répugnants, couverts de crachats, obscènes, ils exploitent ce qu'il y a de plus voyeur en nous, ils exposent ce que la société voudrait masquer, ils révèlent la face obscure de notre humanité, ils fabriquent du beau avec du pervers, ils explorent les limites, dépassent les bornes, enfreignent les interdits. Mais surtout : ils se mêlent de ce qui ne les regarde pas. Un bon livre est celui qui ne donne pas de leçons. » Dans un hit-parade aussi joyeux que corrosif, Frédéric Beigbeder inscrit pour l'éternité cinquante livres dans un panthéon littéraire où se croisent et s'apprivoisent Philip Roth, Simone de Beauvoir, Isaac Bashevis Singer, Virginie Despentes, Octave Mirbeau, Simon Liberati, Thomas Mann, ou Colette (évidemment). Et bien d'autres encore...
Au-delà d'un top-50 revisité, c'est un véritable manifeste pour la littérature dans sa forme la plus pure et impure que signe Frédéric Beigbeder ; un remède imparable à notre époque en gueule de bois.
Comment soutenir l'innovation ? Faire que la justice sociale ne soit pas qu'un slogan ? Mener une politique écologique ni liberticide, ni injuste ? Rendre le secteur public plus efficace ? Faire régner l'ordre ? Grâce au « libéralisme populaire » défendu par Nicolas Bouzou. L'économiste dresse une analyse percutante de la situation économique de la France et propose des solutions concrètes pour que notre pays redevienne une puissance de premier plan. Le libéralisme populaire, c'est faire en sorte que tout le monde, de la base au sommet, profite du succès des entreprises. À mettre entre les mains de tous nos femmes et hommes politiques.
Contre les déraisons modernes - collapsologie, cancel culture, essentialisme, identitarisme... -, Perrine Simon-Nahum prône une «?dé-sidération?» urgente grâce à la philosophie.
La philosophie a-t-elle encore quelque chose à nous apprendre pour nous préparer à affronter le monde qui vient?? Oui, affirme Perrine Simon-Nahum, si l'on rompt avec les pensées apocalyptiques et la guerre des identités qui nous ont exclus de l'histoire. Les premières en faisant de nous les spectateurs passifs d'un futur qui nous accable, les secondes en nous décrivant comme les victimes impuissantes d'un passé qui nous hante. Contre ces déterminismes, l'auteure nous appelle à la «?dé-sidération?», à reprendre pied dans le monde actuel, à «?refaire histoire?».
Comment?? En renouant avec un sujet acteur de sa propre vie. C'est à partir de la relation que la philosophie doit trouver à se redéfinir. Les liens qui nous unissent les uns aux autres, l'amour, l'amitié, mais aussi le deuil ou la perte?:?ces expériences intimes ne se comprennent que si elles sont vécues dans l'épaisseur d'un présent qu'elles permettent d'infléchir. Elles ne donnent sens à nos vies que si elles trouvent à se prolonger dans des institutions qui traduisent au niveau collectif l'importance que nous donnons à nos engagements individuels. Nous ne sommes pas condamnés à subir le sort que nous réservent les déraisons modernes. Les relations que nous tissons au monde, parce qu'elles sont nécessairement plurielles, parce qu'elles engagent, même au niveau le plus modeste, notre liberté, nous montrent le chemin à suivre.
Critique de l'Otan en état de « mort cérébrale », opposition violente au président turc Erdogan, tentative de rapprochement avec la Russie... Après avoir réussi un blitzkrieg à l'élection présidentielle, Emmanuel Macron a voulu renverser l'échiquier international. Sous la Ve République, la politique étrangère est un domaine réservé du chef de l'État. Mais Emmanuel Macron a poussé à l'extrême cette particularité française au sein des démocraties. Adepte du pragmatisme et de l'efficacité, il a souvent agi seul, et a multiplié les coups en contournant les administrations, notamment le ministère des Affaires étrangères, et en s'appuyant sur de petites équipes ad hoc.
Les résultats de cette méthode sont mitigés. Il a scellé la réconciliation avec le Rwanda et fait bouger les lignes en Afrique ; il a aussi donné une nouvelle impulsion à l'Europe, malgré les désaccords profonds avec l'Allemagne. Mais la politique de rapprochement avec la Russie a été un échec ; la France s'est aliéné une partie des pays d'Europe centrale et orientale, et n'a pas réussi à reprendre la main au Moyen-Orient. La plupart de ces revers sont dus au fait que la France ne peut plus, seule, exercer son influence dans le monde.
C'est la principale faiblesse d'Emmanuel Macron : ne pas savoir s'appuyer sur ses partenaires pour créer du consensus. Alors que la France vient de prendre la présidence de l'Union européenne, c'est surtout sur son bilan européen qu'il sera jugé. Et l'histoire n'est pas encore écrite.
Une analyse passionnante de la politique étrangère d'Emmanuel Macron, bourrée d'anecdotes, de révélations et d'entretiens, notamment avec le président lui-même.
Les avancées scientifiques sont aujourd'hui devenues suspectes, les nouvelles technologies considérées comme des menaces et les chercheurs comme des apprentis sorciers : comment restaurer la confiance de la société dans l'innovation ? Comment aider les jeunes à la percevoir comme un atout, au lieu de rêver à une décroissance dont ils veulent ignorer la face cachée ? Comment insuffler l'espoir d'un lendemain optimiste, sinon en réinventant un récit national d'émancipation par la science ?
Pour Paul Hermelin, les leviers pour aider à fédérer la société autour du progrès et de la technologie sont multiples : apprendre à s'informer sur les réseaux sociaux, réinventer la place de la formation, soutenir les mutations sociales que génère la destruction créatrice et réhabiliter le dialogue social élargi aux nouvelles formes du travail.
Avec une connaissance aussi approfondie des territoires que de l'économie, l'auteur démontre que l'objectif est à notre portée, non pour le plaisir vain d'une croissance décorrélée du bien-être social, mais parce que l'innovation et l'amour de la science sont bien les piliers d'une société démocratique et ouverte.