Dans ce bref ouvrage, Elena Ferrante se confie sur sa vision de l'écriture et du roman à travers trois « conférences » - qui n'en sont peut-être pas vraiment - et un essai. L'autrice de la saga de L'amie prodigieuse revisite l'écrivaine en devenir qu'elle était sur les bancs de l'école jusqu'à la parution des best-sellers qui ont fait sa renommée actuelle. En se souvenant de ses cahiers d'écolière, elle relève une tension qui marque encore aujourd'hui sa plume : elle s'appliquait à respecter les marges tout en désirant les dépasser. Elena Ferrante apparaît dans Entre les marges comme une romancière qui interroge sa pratique en profondeur. Elle n'hésite pas à s'appuyer sur les citations d'écrivains qui ont compté pour enrichir ses réflexions et évoque, notamment, Goliarda Sapienza comme un véritable séisme dans sa vie de lectrice et d'écrivaine. Cette découverte lui a permis de s'émanciper d'une forme d'écriture « masculine ». À travers ces interrogations, Elena Ferrante s'aventure sur des territoires plus vastes, ne questionnant pas seulement sa propre oeuvre mais nourrissant une réflexion sur l'art et l'écriture créative en général. Ces courts textes, que l'on peut voir comme une continuation de Frantumaglia (2019), éclairent avec finesse et profondeur le chemin d'écriture d'une des autrices les plus énigmatiques de notre époque.
"Je suis convaincue de l'urgence morale qu'il y a à nous atteler à imaginer ensemble une éducation différente pour nos enfants, pour tenter de créer un monde plus juste à l'égard des femmes et des hommes."
À une amie qui lui demande quelques conseils pour élever selon les règles de l'art du féminisme la petite fille qu'elle vient de mettre au monde, Chimamanda Ngozi Adichie répond sous la forme d'une missive enjouée, non dénuée d'ironie, qui prend vite la tournure d'un manifeste. L'écrivain nigériane examine les situations concrètes qui se présentent aux parents d'une petite fille et explique comment déjouer les pièges que nous tend le sexisme, à travers des exemples tirés de sa propre expérience. Cette lettre manifeste s'adresse à tous : aux hommes comme aux femmes, aux parents en devenir, à l'enfant qui subsiste en nous et qui s'interroge sur l'éducation qu'il a reçue. Chacun y trouvera les clés d'une ligne de conduite féministe, qui consiste à croire en la pleine égalité des sexes et à l'encourager.
Grand Prix de l'Héroïne Madame Figaro 2017
Comment dire adieu à un être cher alors que le monde entier est frappé par une crise sanitaire, que le défunt repose au Nigeria et que ses enfants sont bloqués en Angleterre et aux États-Unis ? Le père de Chimamanda Ngozi Adichie vient de mourir. Séparée de ses proches, cette dernière vit un deuil empêché et solitaire. Elle écrit alors sous la forme de courts chapitres, composés comme des soubresauts de chagrin et de rage, où l'amour et l'admiration qu'elle portait à son père explosent à chaque page.
James Nwoye Adichie a traversé plusieurs époques de l'histoire du Nigeria. S'il a transmis la culture et la langue igbos à ses enfants, essentielles à l'oeuvre de l'autrice, il s'est aussi élevé contre certaines traditions de son pays. En partageant des anecdotes familiales simples et touchantes, Chimamanda Ngozi Adichie rend hommage au professeur émérite de l'université du Nigeria, mais surtout au père humble et affectueux qu'il était, son "dadounet originel".
La perte se voit ainsi transcendée par l'amour et la transmission.
Véritable mosaïque littéraire composée de quarante-huit fragments, Café et cigarettes propose des réflexions sur le monde qui nous entoure et sur notre façon de l'habiter. Au fil des rencontres, de Munich à Paris, en passant par Rio, Ferdinand von Schirach nous offre un commentaire du réel, à la fois dépouillé et intime. Pour la première fois, il se met en scène, évoquant son enfance et le sombre passé familial. Privé et commun se rejoignent alors dans l'entremêlement de récits personnels, d'observations générales et de courtes nouvelles dans la veine de ses recueils célèbres.
Sous des apparences désinvoltes et fatalistes, von Schirach s'interroge sur le devoir, l'éthique et le caractère éphémère du bonheur, mais sans oublier de faire preuve d'humour et d'empathie.
"Je me dis souvent que j'ai eu de la chance de connaître Milan pas trop jeune. Dans le dernier tiers de sa vie. Il avait déjà fait voeu de silence médiatique. À l'apogée de la maturité et de la liberté, il s'est mis à ressembler de plus en plus au vieil homme de La vie est ailleurs. Ce vieux savant qui observe en silence des jeunes gens "tapageurs"."
Une amitié ancienne lie Florence Noiville et son mari, "le garçon de Jablonec", à Milan Kundera et son épouse Vera. Saisies au vol comme le souvenir éclos d'une sensation, des scènes de complicité malicieuse - déjeuners au Touquet, visites à leur appartement, rencontres au café, "insoutenable nostalgie d'un insignifiant bavardage dans une auberge" - dessinent avec sensibilité et tendresse l'oeuvre (vécue) et la vie (romanesque) de Milan Kundera. Jamais une oeuvre n'aura autant dit de son auteur.
Des fragments de textes et de conversations, des souvenirs, un carnet de voyage en Bohême et de nombreuses photos sont ici rassemblés dans un seul but : donner envie de (re)découvrir l'un des plus grands artistes du XXe siècle. Ce maître de l'ironie et de la désillusion qui n'a cessé de nous montrer de quelles plaisanteries nous nourrissons nos rêves et nos mensonges.
Avec ce récit de voyage, Martín Caparrós nous invite à redécouvrir l'Amérique hispanique au début du XXIe siècle, un vaste territoire qui s'étend du Mexique à l'Argentine et qu'il rebaptise ici ' Namérique ', pour souligner à la fois son étrangeté et ses liens privilégiés avec la langue espagnole.
Le grand reporteur scande son périple par des escales dans des villes emblématiques comme México, la mégalopole de tous les excès, Miami, la capitale du reggaeton et de la pop latino, ou Buenos Aires, la nouvelle pépinière du football mondial ; mais il nous offre aussi des chroniques remarquables de ses séjours à La Havane, Bogotá, Caracas, Managua et la surprenante El Alto, perchée à plus de quatre mille mètres sur les montagnes de Bolivie.
Au cours de son voyage, Caparrós nourrit sa réflexion par des données historiques, sociologiques et culturelles, ce qui ne l'empêche pas de l'affiner au gré des nombreuses rencontres qu'il fait sur les marchés, dans les camps de migrants, dans les stades, dans les mines, voire dans les maisons closes. Ce sont les protagonistes de ce nouveau Nouveau Monde qui s'expriment constamment dans ces pages et c'est bien avec eux que l'auteur peint son impressionnante fresque de cette Namérique aussi vivante que tourmentée, aussi aguerrie que vulnérable, aussi créative que dangereuse.
"Peut-être est-ce cela, une rencontre, la vie ramassée en une seconde. Un mirage, un éclat, qui permet, l'espace d'un souffle, à peine le temps d'un battement de cils maquillés, d'entrevoir la vérité, avant qu'elle nous échappe pour toujours."
Monica Sabolo
Neuf grands écrivains nous racontent une rencontre, réelle ou imaginaire. Un recueil de textes où Ilona Gesmay, la première fiancée de Romain Gary, côtoie Leonard Woolf et Bonnie Parker ; où l'on célèbre le pouvoir consolateur des livres, avec André Breton et Mme de Lafayette ; où se dévoilent des amitiés fondatrices avec Jean Genet et Italo Calvino. Autant de rendez-vous heureux ou malheureux - car on peut aussi y voir la main du diable, de Paris à Cuba -, mais qui tous témoignent de la beauté d'une rencontre, de sa part de hasard, de la révélation qui en découle et change une vie à jamais.
Ces Brèves rencontres ont été lues par leurs auteurs sur France Inter tout au long de l'été 2022.
"Et maintenant, il est trop tard, répond Ari, pétri de remords. Anna esquisse un sourire, elle lui caresse à nouveau la main et lui dit, quelle sottise, il n'est jamais trop tard tant qu'on est en vie. Aussi longtemps que quelqu'un est vivant."
À la mesure de l'univers est la suite du roman D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds. Ari rentre en Islande après avoir reçu une lettre de son père lui annonçant son décès imminent. Le jour se lève sur Keflavík, l'endroit le plus noir de l'île, à l'extrémité d'une lande à la végétation éparse et battue par les vents. Ici, la neige recouvre tout mais, partout, les souvenirs affleurent. Ari retrouve des connaissances qu'il n'a pas vues depuis des années. Ses conversations et ses rencontres le conduisent à s'interroger et finalement à accepter son passé : les deuils, les lâchetés, les trahisons, afin de retrouver celui qu'il était, et qui s'était perdu "au milieu du chemin de la vie".
Comme dans la première partie de son diptyque, Jón Kalman Stefánsson entremêle les époques, les histoires individuelles et les lieux : le Norðfjrður, dans les fjords de l'Est, où évoluent Margrét et Oddur, les amants magnifiques, et Keflavík, ce village de pêcheurs interdits d'océan, très marqué par la présence de la base militaire américaine. Dans une langue à la fois simple et lyrique, nourrie de poésie et de chansons de variétés, agissant comme autant de madeleines de Proust, l'auteur nous parle de mort, d'amour, de lâcheté et de courage. Mais ce récit délivre aussi un message d'espoir : même si le temps affadit les plus beaux moments, ces derniers restent vivants au coeur de l'homme, car le langage a le pouvoir de les rendre éternels. L'amour est le ciment et la douleur du monde.
On connaît tous le sourire énigmatique de Mona Lisa mais on ignore celui de Mona Dialysa, tout de tendresse et de connivence avec ses patients dialysés et autres malades de l'hosto dont elle est la star !
Journal de bord foutraque et fantasque des maladies accumulées du poète, cet ensemble s'offre comme un antidote à base d'humour, d'autodérision et de concassage de la langue : "un remède anti-morosité".
"Si l'on veut comprendre quand l'embrasement a commencé, il faut se souvenir que la cigarette responsable des flammes a été jetée, il y a plusieurs années, dans un trou. C'est d'ici que le grand incendie du début du XXIe siècle est parti. Du sexe des femmes. C'est de cette tranchée même que nos contes de guerre et de vengeance se racontent désormais. Encore faudrait-il les écouter."
Dans ce livre iconoclaste, l'autrice dit tout haut, avec une audace rare, ce que beaucoup de femmes pensent tout bas et que beaucoup d'hommes se refusent à concevoir. Désir féminin, maternité, viols, prétendue "zone grise" du consentement, dialogue impossible entre les sexes sont au coeur de ce petit traité à l'humour ravageur. Et si le rire était l'arme la plus puissante pour surmonter nos antagonismes stériles ?
"Chaque jour est précieux, parce que nous respirons encore pour rester attentifs, chacun à notre façon, émus par la lumière qui tombe sur une haute branche, la table de travail le matin, la tombe d'un poète bien-aimé."
Un livre de jours retrace en photos une année de vie dans l'univers de Patti Smith. Chaque jour est l'occasion de découvrir un nouveau cliché de l'autrice ou de sa collection. De sa guitare favorite à des images de son enfance en passant par son édition rare d'Une saison en enfer ou un portrait d'Allen Ginsberg, nous plongeons de manière ludique et esthétique au coeur du monde fascinant d'une artiste culte qui se dévoile ici comme jamais. Accompagnés de légendes pleines d'esprit et de douceur, les 366 visuels, poétiques, tendres et souvent nostalgiques, sont aussi une célébration de la vie et de toutes les petites réjouissances qu'elle offre chaque jour.
Pour rendre hommage à la France et à ses lecteurs français qui lui sont si chers, Patti Smith a personnalisé cette édition avec une préface et des photos inédites.
Manhattan, été 1944. Autour de Will, serveur dans un bar, et de Mike, marin dans la marchande, gravite toute une constellation d'amis sans le sou, qui errent dans la chaleur de la ville, font le va-et-vient entre les appartements des uns et des autres et se retrouvent lors d'improbables soirées. Parmi eux, Phillip, un gamin de dix-sept ans à la beauté insolente, et Ramsay Allen, dit Al, la quarantaine un peu pathétique, qui est éperdument amoureux de lui. Partout où va Phil, Al, jamais découragé par l'indifférence et les refus du garçon, le suit comme son ombre, Pour lui échapper et par goût de l'aventure, Phil accepte la proposition de son ami Mike : s'embarquer, dès que possible, sur un navire de la marine marchande vers Paris, la ville des poètes et des artistes qui aura sûrement été libérée d'ici là. Mais le départ tant attendu est plusieurs fois reporté...
Le premier roman de William Burroughs et de Jack Kerouac raconte une histoire vraie. En 1944, écrivains alors inconnus, ils furent tous deux arrêtés à la suite d'un meurtre : un de leurs amis en avait poignardé un autre puis était venu leur demander conseil, et aucun d'eux n'avait prévenu la police.
Dans ces personnages encore indéterminés, animés du vague désir d'écrire ou de s'embarquer, dans ce goût des beuveries et de la marginalité, on reconnaît la matrice des oeuvres de deux grands auteurs de la Beat Generation.
« Ce texte entreprend le récit des étapes marquantes de mon Cosmos ambulant. Je n'y parle pas du coeur chaud de la création. Les tableaux témoignent des champs magnétiques de l'esprit et renseignent ceux qui savent regarder. Je vais révéler ici les circonstances, les rencontres, les peurs et les joies qui ont émaillé ces résidences éphémères. Détails et anecdotes en disent plus long que de vaines théories artistiques. » Richard Texier raconte une expérience essentielle de sa vie d'artiste : la pratique des « ateliers nomades » qu'il a installés successivement à New York, à Moscou, à la villa Noailles de Hyères, au phare de Cordouan et à Shangaï. Chaque fois il s'agit de s'imprégner de l'esprit d'un lieu ou d'une ville, de tisser pendant quelques mois des liens avec les personnalités et artistes locaux, de produire des oeuvres qui expriment quelque chose de cette immersion. Les récits de ces cinq ateliers s'enchaînent avec vivacité, et comme toujours on est frappé par l'intensité charnelle et sensuelle de la présence au monde qu'ils expriment. La joie hédoniste, l'émerveillement enfantin de l'artiste se communiquent naturellement au lecteur, qui partage avec plaisir cette expérience de vagabondage artistique en compagnie d'un grand amoureux de la vie.
« Un enfant dyslexique dessine minutieusement des pages de monstres. Leur donner une forme en réduit l'immensité, l'intensité et l'angoisse. La feuille les emprisonne avec ses bords. Plus ils sont nets, mieux ils sont domptés. »
Inspiré par ces diables gardiens de l'enfance, l'artiste et architecte Alessandro Mendini exécute à son tour une série de dessins. Dans un jeu d'improvisation où de l'image surgit la parole, Erri De Luca compose face à ces trente-cinq planches autant de textes qui leur répondent. De la rencontre de ces deux personnalités naît un compagnonnage inventif entre l'artiste et l'écrivain.
"Un accident de santé, soudain, fait danser la mémoire. Le tout éclate, des riens remontent, et c'est la fête. Dans une joyeuse incohérence, qui défie les censures."
Nick Hunt nous avait emmenés à la rencontre des vents d'Europe dans Où vont les vents sauvages. Nous le retrouvons alors qu'il arpente les quatre coins du continent, à la découverte des lieux les plus inattendus, "qui ne devraient pas se trouver là, si proches de nous". Depuis une zone polaire en Écosse, à travers la jungle de Pologne, un désert espagnol et les grandes steppes de Hongrie, nous suivons cette étonnante promenade, sensible, informée et littéraire, dans des paysages dont on a peine à croire qu'ils existent sous nos latitudes.
"Je ne m'étais jamais mise auparavant dans les conditions d'écrire par obligation", confie Elena Ferrante en ouverture de ce recueil.
La romancière, dont l'identité n'a jamais été révélée, se dévoile à travers ces cinquante et une chroniques, publiées de façon hebdomadaire dans le Guardian, en 2018. Évoquant tour à tour la société, la politique, l'écriture, le cinéma, la ville, Elena Ferrante parle de son rapport au monde, et nous invite à repenser le nôtre. Son introspection touche à l'universel lorsqu'elle réfléchit aux liens familiaux, amicaux, à la maternité, toujours attentive à affirmer la puissance du féminin.
Dans ces essais écrits durant les années 1940 et 1950 alors qu'il n'avait qu'une vingtaine d'années, James Baldwin s'interroge sur ce que signifie être noir aux États-Unis. Ses réflexions sur la vie à Harlem, la politique, la religion, la presse, la littérature ou le cinéma, écrites dans une prose riche, dense et percutante, sont d'une profonde et vibrante actualité.
La force de ce recueil réside dans la virtuosité avec laquelle Baldwin entremêle sa critique d'une société injuste et clivante, et le récit très personnel de son expérience et de ses souvenirs. L'évocation de la mort de son père, figure insondable d'un pasteur guetté par la démence, l'entraîne à commenter les émeutes de 1943 à Harlem ; le témoignage de son emprisonnement injustifié dans la prison de Fresnes le conduit à poser un regard lucide sur le rapport de la France à la colonisation ; la chronique d'un voyage à Atlanta lui donne l'occasion de dénoncer le racisme systémique et le paternalisme des politiques qui infantilisent la communauté noire. Avec une justesse incomparable et une franchise désarmante, il détaille ainsi les comportements, explore les méandres des relations entre les Noirs et les Blancs et donne à voir une société aux prises avec ses contradictions.
Cette nouvelle traduction rend admirablement justice à l'intensité, la finesse et la perspicacité de l'oeuvre de Baldwin, et permet de redécouvrir la voix unique d'une des figures les plus brillantes du XXe siècle.
"En tous lieux, la terre est en pleurs, accablée de guerres, de crimes et d'agonies, d'épidémies aussi, mais rien n'empêche malgré tout les chenilles de devenir papillons et la mer d'être toujours recommencée. Et pour les océans, et pour les gens, c'est pareil exactement."
Sigmund, un vagabond dans la force de l'âge, note ses pensées alors qu'il chemine vers un château lointain qui n'existe peut-être pas. Abandonné par sa mère, débarqué sur les plages de Normandie à l'âge de vingt ans, c'est un pacifiste qui chérit sa liberté et la simplicité au contact de la nature. Gisella, elle, vit seule avec son vieux chien Roméo. Elle s'est échappée il y a longtemps d'un sinistre pénitencier pour jeunes délinquantes et a choisi elle aussi l'indépendance. Quand à un carrefour le sage Sigmund croise la sauvage Gisella, les deux enfants perdus décident de suivre la même étoile.
Un jour, Jim Sams, cafard au destin extraordinaire, se réveille dans le corps du Premier ministre britannique. Il sait qu'il a une mission à accomplir. Rien ni personne ne l'arrêtera dans sa volonté de porter la «voix du peuple».
Dans un habile jeu de miroirs, ce court texte rappelle évidemment La métamorphose de Kafka et le regard désabusé et satirique d'un Jonathan Swift. Il nous donne à voir un monde de faux-semblants et les rouages impitoyables du pouvoir. Avec intelligence et humour, Ian McEwan propose un commentaire piquant et absurde de la société britannique actuelle.
Une femme, Miriàm. Un homme, Iosèf. Un jeune couple d'amoureux. Ils se sont rencontrés en Galilée, au nord d'Israël, et vont se marier à Nazareth. Quand Miriàm annonce à son fiancé qu'elle attend un enfant dont il n'est pas le père, Iosèf ne la dénonce pas aux autorités, comme la loi le prescrit. Il croit en sa parole. Il croit qu'elle est enceinte d'une annonce, il croit à une vérité invraisemblable. 'C'est l'hiver en Galilée, mais entre eux deux, c'est le solstice d'été, le jour de la lumière la plus longue'.
Avec Une tête de nuage, Erri De Luca poursuit sa relecture de la Nativité, abordée précédemment dans Au nom de la mère. Structuré en trois actes, le texte assume une forme dramatique parcourue par des dialogues intenses, non dépourvus d'ironie. Derrière la figure du Messie, Erri De Luca brosse le portrait intime de Marie et Joseph, ici présentés dans leur simple humanité : deux jeunes parents qui s'apprêtent à élever leur enfant, Jésus, dans mille difficultés. Un homme et une femme, liés par un sentiment qui dépasse les faits et s'inscrit dans les mots. 'En amour, croire n'est pas céder, mais renforcer, ajouter quelques poignées de confiance ardente'.
Ce livre inclassable retrace la jeunesse de M., personnage énigmatique dont nous suivons les aventures depuis sa naissance en 1929 dans une petite ville bavaroise jusqu'à son séjour à Paris dans les années 1950. À mi-chemin entre des Mémoires personnels et une fresque de l'Allemagne de la première moitié du XXe siècle, ce récit richement illustré dessine non sans humour un portrait du jeune artiste en formation et de son pays : s'y mêlent et s'y entrechoquent l'environnement familial et les premières amours, la passion pour l'écrit et l'intérêt pour les médias, la montée du nazisme et la violence de la guerre.
Complément rétrospectif de Tumulte, Un bouquet d'anecdotes est un saisissant collage de la mémoire servi par une plume vive et un regard amusé, qui jette une nouvelle lumière sur l'une des plus grandes plumes allemandes contemporaines.
Dans ce dialogue amical avec son éditrice Shira Hadad, Amos Oz se raconte. Celle-ci l'interroge sur son processus créatif, sur l'écriture, tout en l'amenant à évoquer sa vie, son passé. Comme assis à leur côté, nous découvrons certaines pensées intimes d'Amos Oz, le regard qu'il porte sur ses oeuvres, les thèmes qui l'ont occupé. Se dessine alors, à travers cet échange sincère, un autoportrait riche et tout en nuances d'un des plus grands écrivains de la litté rature israélienne.
"Ce livre montre Amos Oz tel que ses amis le connaissaient : ouvert, extraordinairement ironique et amusant."
David Grossman
"Je propose une vie à vendre. À utiliser à votre guise. Homme, 27 ans. Confidentialité garantie. Aucune complication à craindre."
Lorsque Hanio Yamada rate son suicide, il décide de mettre sa vie en vente au plus offrant dans un journal local de Tôkyô. Le premier acheteur ne se fait pas attendre et entraîne ce héros involontaire dans une course folle au coeur d'un monde de gangsters sanguinaires, d'espions et de contre-espions, de potions hallucinatoires, de femme-vampire, de carottes empoisonnées, de junkie désespérée et d'explosif artisanal. Alors que les cadavres se multiplient autour de Hanio, celui-ci demeure miraculeusement vivant et se demande comment enrayer cette machine infernale. La vie aurait-elle finalement une valeur à ses yeux, et serait-il enfin prêt à en payer le prix ?
Dans cette parodie jubilatoire de roman policier, Yukio Mishima subvertit également les codes de l'espionnage et dévoile une facette méconnue de sa personnalité d'écrivain. "Roman d'aventures psychédélique" et méditation cynique et saisissante sur la mort et la morale, Vie à vendre révèle la maîtrise exceptionnelle d'une écriture capable de faire accepter toutes les invraisemblances.
Un coup de maître littéraire resté jusqu'à ce jour inédit en France.