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Eterotopia
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Que sont les philosophies queer ? Comment
conceptualisent-elles la sexualité ? Combien de sexes reconnaissent-elles chez
les êtres humains ? Quel rapport entretiennent-elles avec la philosophie
politique ? Et quel rapport avec la « théorie du genre » ? Chaque question
génère d'autres questions, selon une progression fractale. Le volume procède par
problèmes, indique des pistes de recherche, émet des hypothèses de généalogie.
Son but n'est pas de résoudre l'énigme de la relation entre sexualité et pouvoir
par une argumentation linéaire, mais d'explorer la pluralité de ses dimensions.
Il n'entend pas non plus clore le débat, polémique. Il entend plutôt présenter
un côté particulièrement dérangeant de la philosophie critique et expliquer
pourquoi celle-ci ne cesse de soulever des conflits au sein des mouvements
sociaux, des universités et de l'opinion publique des sociétés actuelles.
L'ouvrage répond à la fois aux intérêts des débutant-e-s et des spécialistes du
domaine. Le récit est divisé en trois chapitres accessibles, qui peuvent être
lus indépendamment. Le premier chapitre, « Théorie critique et philosophie
politique », soutient que les théories queer sont ancrées dans la tradition,
philosophico-politique, critique, qui se définit de manière différenciée par
rapport à deux autres traditions philosophico-politiques, à savoir le réalisme
et le normativisme. Dans le deuxième chapitre, « Exercices de critique queer :
comment "fonctionne" la sexualité », on présente une critique de
l'hétérosexisme, ainsi que du binarisme inhérent au système
sexe-genre-orientation sexuelle qui est aujourd'hui adopté pour définir les
identités sexuelles, en adoptant le point de vue des subjectivités trans,
non-binaires et intersexes. Le troisième chapitre, « Éléments de théorie queer
», esquisse une histoire du débat queer, dont de multiples généalogies sont
proposées, allant des mouvements féministes et de libération sexuelle des années
1960 et 1970 à l'Ecole de Francfort dans les années 1930, en passant par les
luttes anticoloniales des années 1950 et 1960. Au sein de cette histoire, trois
paradigmes différents sont mis en évidence : le freudo-marxisme, le
constructionnisme radical et les théories antisociales et des affects. -
Pouvoir et répression, eurocommunisme, crise du modèle léniniste, fonction de la classe ouvrière, agencements collectifs révolutionnaires et critique de la notion du sujet révolutionnaire, nomadisme du désir et circulation internationale des luttes, révolution machinique et révolution moléculaire, schizophrénie et schizo-analyse, critique de la psychanalyse et théorie de la pulsion de mort, valeurs d'usage et valeurs de désir, micro-fascisme quotidien, nouveau militantisme et libération, processus révolutionnaire et auto-organisation du désir, dépassement de la figure de l'intellectuel. Il apparaît donc nécessaire de retracer les agencements matériels, subjectifs, sociaux capables de créer les conditions par lesquelles le désir, concept central dans toute l'oeuvre de Félix Guattari, ne cesse de communiquer et de réinventer le champ social. Dans ces deux entretiens, réalisés, pour le premier (inédit en France) en 1977, et pour le deuxième en 1992, Félix Guattari aborde les problèmes essentiels de la construction d'une pratique et d'un discours révolutionnaires ici et maintenant, en se confrontant à la contradiction et à la richesse des processus de transformation en cours.
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Critique de la société technologique avancée
Herbert Marcuse
- Eterotopia
- Rhizome
- 14 Novembre 2024
- 9791093250694
La critique de la société technologique avancée est le fil conducteur de tout le développement de la pensée de Marcuse et relie L'Homme unidimensionnel, le texte qui est devenu le manifeste des mouvements de protestation en 1968, aux réflexions publiées dans ce volume.
À travers l'essai inédit publié dans ce livre, on peut retracer l'ensemble de l'élaboration de Marcuse sur des thèmes qui sont aujourd'hui d'une grande actualité, tels que les implications sociales de la technologie moderne, la relation entre la technologie et la liberté, le rôle de l'individu dans la société industrielle avancée, et la relation entre les développements de la techno-science et les transformations de la politique.
Entre critique sociale et réflexion philosophique, Marcuse se confronte aux grands penseurs du XXème siècle (de Husserl à Heidegger en passant par Sartre) et aux dérangeantes questions, éthiques et sociales, qui sont posées par le développement de la technologie. -
L'espace produit par la modernité est celui qui fut nommé par Henri Lefebvre « l'espace abstrait ». Produit de l'État moderne, cet espace est structuré par la violence. Violence de prédation : celle de l'accumulation primitive du capital, destructrice de tous les mondes qui ne sont pas compatibles avec ou qui résistent à la logique capitaliste. Violence d'homogénéisation : celle qui nie les différences tout en fragmentant et hiérarchisant les existences. L'espace abstrait est l'espace « neutre » ou neutralisant, qui est assigné aux classes moyennes, mais aussi l'espace de ségrégation (néo-) coloniale et de hiérarchisation.
Ce livre analyse la production violente de l'espace abstrait à partir de l'histoire de la construction d'un dispositif d'intervention spatiale ayant structuré Paris selon une logique cartographique : la rénovation urbaine. Ce dispositif, déployé massivement par Haussmann, trouve sa logique systémique dans la rénovation fonctionnaliste-gaulliste des Trente glorieuses, son origine dans l'histoire coloniale et sa place dans les processus d'accumulation du capital.
Notre analyse se concentre sur Paris et sa banlieue. En effet, si les interventions spatiales de l'appareil d'État ont touché en profondeur la campagne française et l'ensemble du territoire national, la rénovation urbaine a surtout visé Paris et sa banlieue. La rénovation urbaine se présente tout d'abord comme une bataille continue de l'État contre Paris - le Paris populaire, le Paris communal - et comme sa transformation progressive en « capitale », centre du dispositif cartographique. Le Paris populaire, qui s'est souvent manifesté dans l'histoire comme le Paris ingouvernable, était ce qui devait être dominé, domestiqué ou expulsé. -
Femmes, corps et révolution
Aleksandra Kollontaj, Rosa Luxemburg, Clars Zetkin
- Eterotopia
- Rhizome
- 8 Février 2024
- 9791093250649
Quatre femmes de nationalités différentes, de langues différentes, traversent les années tumultueuses de la révolution bolchevique. Elles s'appellent : Rosa Luxemburg, Clara Zetkin, Alexandra Kollontaï et Asja Lacis. Elles sont des militantes, des artistes, des activistes et chacune d'elles apportera une contribution spécifique et originale à la révolution. Elles sont des femmes et leur regard est plus libre, intéressé à mettre l'accent sur la dimension de la vie, des passions, de la créativité et du féminisme des premiers temps. Rosa Luxemburg, fondatrice de la Ligue de Spartacus questionnera les structures de pouvoir envisagés par les Soviets, elle luttera dans l'Allemagne épuisée de l'après-guerre pour affirmer le regard puissant et compatissant de ceux qui partagent la condition de l'oppression. Clara Zetkin fera de la bataille pour les droits
des femmes un élément d'affirmation spécifique de la condition féminine qui ne peut pas être réduite à la seule lutte de classe. Aleksandra Kollontaï, dans le grand bouleversement de la révolution bolchevique, indiquera dans la liberté sexuelle et dans le dépassement des rôles une critique non seulement de la société bourgeoise mais aussi du patriarcat. Le théâtre pour enfants d'Asja Lacis se réalisera dans les moments les plus difficiles du chemin [cheminement?] révolutionnaire, la même Lacis finira en Sibérie. Elle ne niera jamais son adhésion à la révolution, elle renforcera plutôt son engagement en tant qu'artiste, ayant travaillé avec Bertold Brecht, poursuivant la recherche pédagogique d'un théâtre destiné aux enfants les plus démunis. À ces femmes et à beaucoup d'autres, souvent passées sous silence, nous devons la force de pouvoir encore affronter et combattre dans un monde qui n'a pas été capable d'effacer ses nombreux préjugés par rapport aux subjectivités féminines. Les textes ici rassemblés ne sont que partiellement connus, certains pas publiés depuis un certain temps, comme dans le cas de Clara Zetkin, d'autres encore inedits en France comme pour Asja Lacis. Ce livre s'articule autour du thème du regard féminin et de la différente façon d'agir des femmes. Ce volume est le premier d'une trilogie qui se propose de s'interroger sur les moments de transition les plus marquants du féminisme et du militantisme féminin aux XXe et XXIe siècles. -
L'artifice humain ; pour une anthropologie négative
Günther Anders
- Eterotopia
- Rhizome
- 21 Mars 2024
- 9791093250656
Günter Anders était, comme il devait le rappeler lui-même, un penseur chassé de toutes les frontières et c'est à partir de cette condition que nous pouvons comprendre une vie intellectuelle inquiète qui a traversé les événements, souvent dramatiques, d'une grande partie du siècle dernier. De cette situation, Anders réussit à produire une réflexion intellectuelle très riche, fondée sur une base théorique d'une grande importance, à partir aussi d'une formation philosophique qui a vu une comparaison variée avec la phénoménologie, l'anthropologie philosophique (dont il peut être considéré comme l'un des premiers et des plus radicaux représentants), l'existentialisme, l'éthique technologique. Ce recueil de textes, notamment de jeunesse, veut permettre d'approcher la figure d'un penseur qui offre encore aujourd'hui des pistes importantes pour pouvoir réfléchir de manière critique sur la dynamique de la civilisation technologique et sur les enjeux environnementaux de plus en plus urgents qui en découlent.
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Le voyage contre le tourisme (3ème édition)
Thierry Paquot
- Eterotopia
- Rhizome
- 7 Mai 2024
- 9791093250670
L'Office Mondial du Tourisme fanfaronne : les touristes sont deux milliards. Que signifie qu'un Terrien sur quatre soit
à un moment de l'année un touriste ? Une plus grande tolérance envers autrui ? Une ouverture d'esprit marquée par
une curiosité sans limite ? Une disponibilité accrue envers ce qui nous est étranger ? Le tourisme n'est pas neutre. Il
favorise une économie globalisée aux retombées locales minimes et banalise un néo-colonialisme de subordination
généralisée... De même, croire que le hit-parade des « hauts lieux » de l'Humanité mis en place par l'Unesco stimulerait
une « mémoire collective » aux fonctions éducatives se révèle un incroyable leurre. La multiplication des équipements
standardisés (aérogares, hôtels, musées, fronts de mer et de fleuve, « quartiers historiques », etc.) et des
coûteux « événements » (Jeux Olympiques, Expositions universelles, etc.) homogénéisent les sites, leurs temporalités
et leurs spectacles. Le pic pétrolier et le dérèglement climatique appellent à une plus grande responsabilité envers le
pourquoi et le comment des mobilités. Le tourisme est déjà responsable de 8 % des émissions mondiales de gaz à
effet de serre... Faut-il, là aussi, décroître ? Il convient, à coup sûr, de rompre avec le tourisme massifié (et ses sousproduits
que sont les tourismes sexuel, médical, équitable, durable...) et de privilégier le voyage et ses acclimatations
progressives aux cultures que l'on découvre, plus lentes, plus économes, plus attentives. L'être humain est relationnel,
il serait aberrant de lui interdire de voyager ! Mais, compte tenu des nouvelles contraintes environnementales,
il devient indispensable de repenser le proche et le lointain, ces deux aimants de toute boussole existentielle. -
Poésie urbaine : De Baudelaire à Grand Corps Malade
Thierry Paquot
- Eterotopia
- Rhizome
- 7 Novembre 2023
- 9791093250540
La ville de la modernité captive romanciers et poètes, ils ne savent plus où donner de la rime. Tout en elle les enchante ou les irrite, les exalte ou les révolte. La ville qu'ils poétisent au ras du bitume n'est pas toujours tirée au cordeau, comme la mer elle a sa marée basse et ses tempêtes, elle combine la turbulence de l'écume et le miroitement du soleil. Toute ville suscite mille et une métaphores que les poètes adoptent pour exprimer l'exacerbation de leurs sens et révéler l'esprit des lieux.
Poètes, paroliers, rappeurs, slameurs, inventent leurs villes, leurs mots s'entrechoquent, leurs formules rivalisent d'intensité, leurs phrases se déchaînent, leurs qualificatifs se contorsionnent...Chaque ville est plurielle. Chaque situation possède son ambiance. Chaque sentiment réclame son lieu. -
Femmes, races et décolonisation
Gloria evangelina Anzaldua, Paula Gunn allen, Audre Lorde
- Eterotopia
- Rhizome
- 22 Septembre 2022
- 9791093250557
Cet ouvrage met en relation les géo-bio-mytho-graphies de trois figures féminines dissidentes qui ont affecté le panorama des états-Unis pendant les années 1970 et 1990 : les écrivaines-professeures-féministes-militantes lesbiennes Audre Lorde, Gloria Anzaldùa et Paula Gunn Allen. Issues respectivement de la tradition afro-américaine, chicana et amérindienne, elles ont joué un rôle essentiel dans l'histoire et le développement des féminismes transnationaux et de la culture queer. La lecture et l'analyse des trois essais traduits dans ce volume permettent de dégager les caractéristiques de la communauté trans-ethnique des Third world women writers.
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Le rapport des artistes au paysage est fortement reposé dans le contexte contemporain du dérèglement climatique et de la sixième extinction de masse des espèces. Partant d'un parcours d'oeuvres initié par le Pays Portes de Gascogne (Gers), dans le cadre des « itinéraires artistiques », cet ouvrage interroge la façon dont les artistes s'emparent des questions écologiques pour donner à voir et à sentir le paysage et son rôle dans nos imaginaires contemporains. Pensé lui-même comme un micro-paysage composé de divers strates, présences et points de vue, le livre met en résonance des propos d'artistes, de scientifiques, d'acteurs locaux et de penseurs afin de rendre sensible un paysage contemporain qui tend à être écrasé par des logiques de rentabilité et qui perd chaque jour ses richesses et ses singularités.
Le fait d'être attaché à un paysage n'est pas uniquement le fruit d'une construction intellectuelle, d'un regard humain posé sur une portion de pays. Nous habitons un paysage et, à ce titre, nous y sommes liés quelles que soient ses qualités esthétiques. Concentrant les enjeux écologiques les plus marquants de notre époque, le paysage, qui a beaucoup été représenté par les artistes depuis la Chine ancienne, en passant par Cézanne, nous permet d'explorer les évolutions de notre rapport au monde vivant. Prendre le temps de regarder le paysage, c'est prendre de temps d'appréhender sa complexité et les interactions qui s'y déroulent, des croisements que la modernité a été tentée de couper sous prétexte d'efficacité et de lisibilité immédiate. Cet ouvrage, richement illustré, nous propose ainsi d'entrer dans l'univers d'artistes contemporains, dont les oeuvres invitent, par l'imaginaire qu'elles déploient, à habiter le paysage sous des modalités renouvelées. -
Pour une architecture des communs : Autoconstruction et espaces collectifs
Collectif
- Eterotopia
- 5 Octobre 2023
- 9791093250632
Alors que les crises sociales et écologiques s'intensifient, la création d'espaces communs est aujourd'hui au coeur de nombreux mouvements d'émancipation. Si de nombreuses expérimentations autonomes donnent à penser autrement nos manières d'habiter les territoires, ce livre met en lumière des pratiques d'autoconstruction accompagnées par des professionnel·les jouant avec les cadres réglementaires pour mieux les vivifier, les bousculer ou les détourner. L'enjeu est le suivant : favoriser la construction collective et conviviale d'espaces de subsistance, de sociabilité ou de création, avec celles et ceux qui en auront l'usage. Pour ce faire, nous avons enquêté sur l'expérience de la cuisine de quartier de Récolte Urbaine, construite collectivement à Montreuil, ainsi que sur des initiatives menées par d'autres collectifs afin de répondre aux questions suivantes : Comment les architectes, les artisan·es et les usager·es peuvent-ils·elles travailler de manière cooperative ? Comment repenser ces métiers, le rapport au travail et les modes d'apprentissage ? Quelles marges de manoeuvre peut-on négocier avec les réglementations ? Comment organiser un chantier collectif ? Comment faire perdurer ces espaces autogérés ? Les éclairages théoriques et les conseils pratiques que nous proposons émanent chaque fois d'expériences de terrain
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L'écologie aux marges : vivre et créer dans les ruines du capitalisme
Igor Babou
- Eterotopia
- 9 Février 2023
- 9791093250588
Habiter dans les ruines du capitalisme industriel, y vivre et y développer l'écologie par des formes d'éducation populaire centrées sur l'action plus que sur le discours, aller d'expulsion en expulsion dans un habitat temporaire tout en tissant des liens étroits avec les habitants de quartiers populaires : des collectifs s'organisent au coeur des contradictions contemporaines en pratiquant une écologie sociale et solidaire. Des friches urbaines squattées fournissent des lieux de vie et d'action à des activistes qui refusent l'état du monde et l'inaction politique.
Ce livre raconte l'aventure d'activistes installés en banlieue parisienne pour y développer une écologie sociale et populaire. Il repose sur un long travail d'enquête ethnographique avec une participation durant plus de deux ans au quotidien des activistes et des entretiens menés avec des habitants et les animateurs du lieu. Il restitue cette expérience inspirante en accordant une large place à la photographie et à la parole des personnes.
Le « Laboratoire écologique zéro déchet », créé par une poignée d'activistes d'abord à Noisy-Le-Sec puis installé à Pantin, démontre que la cohérence d'un projet mené avec détermination, tact et bienveillance peut réussir aux marges du capitalisme et de l'Etat là où les collectivités territoriales et les institutions échouent depuis des décennies. On se prend alors à rêver : et si, au lieu d'empêcher ces initiatives au nom du principe de propriété et de l'ordre établi, l'Etat laissait agir celles et ceux qui savent comment transformer le monde et le rendre plus habitable, peut-être pourrions-nous éviter la catastrophe environnementale et climatique qui s'annonce. -
Pour une écologie libertaire : penser sans la nature, réinventer des mondes
Damien Darcis
- Eterotopia
- 24 Mars 2022
- 9791093250526
Dans ce livre, nous racontons une histoire, celle de la disparition des communautés paysannes avec l'avènement de la modernité. Auto-gouvernées et auto-subsistantes, celles-ci entretenaient avec leurs territoires une relation de co-construction impensable au départ des catégories modernes, en particulier celles d'industrie, de patrimoine et de nature. Nous défendons une hypothèse : l'industrialisation des territoires, indissociable de l'invention de zones à valeur patrimoniale (historique ou naturelle), s'inscrit dans une logique de gouvernement des vivants. Une fois séparés le monde des humains et celui de la nature, une fois rompues les puissances qui les lient ou les attachent l'un à l'autre, une fois que chacun a son monde, sa zone, sa place et son rôle bien à soi, les interactions entre ces mondes peuvent être soigneusement contrôlées, chacun d'eux peut être plus facilement gouverné.
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« Seule demeure la langue maternelle » c'est un entretien avec Gu¨nter Gaus paru à la Télévision allemand le 28 octobre 1964. Dans ce texte Hannah Arendt souligne sa pensée politique par rapport aux problèmes du déracinement, de l'appar- tenance surtout à la langue d'origine, qui même dans les situations plus difficile résiste comme une façon particulière de regarder le monde. Dans une situation politique critique, la pensée a le pouvoir de prévenir les fausses valeurs et fausses croyances et, par suite, celui de nous préparer à la faculté du jugement, ce qui est la plus politique des activités mentales. Pour toutes ces raisons, auxquelles il faut ajouter la fonction de régulation éthique, nous voyons que la pensée conserve d'importantes affinités avec l'action, la politi- que et le monde des apparences. Bien qu'elle découvre, en visitant les décombres de la tradition philosophique, les raisons pour lesquelles la pensée s'est toujours opposée à l'action et à la politique, Hannah Arendt se refuse à croire qu'elle n'ait pas une place propre dans la vie de l'homme commun. Dans le deuxieme essai ici proposé «Compréhension et politique» du 1953, Arendt aborde la question de la ruine du sens commun. Pour elle, l'effondrement de la société de classes a mené à la désolation des individus, c'est-à-dire à leur déracinement social et culturel. Perdus, ils se sont alors repliés vers le totalitarisme qui présentait une certaine cohérence. Son autre ouvrage majeur est un essai sur le procès d'Adolph Eichmann, l'un des exécutants de la solution finale. Dans Eichmann à Jérusalem, elle décrit le gradé nazi comme un homme ordinaire, privé de conscience, illustrant la fameuse idée de la « banalité du mal ». Montrant avec force qu'Eichmann se contentait d'obéir aux ordres. Ses derniers ouvrages sont, eux-aussi en prise directe avec l'époque. Le totalitarisme n'est plus politique, il est désormais économique : le capitalisme triomphe. Ce sont La Condition de l'homme moderne et La Crise de la culture. Elle y critique la suprématie du monde du travail. Suprématie qui exerce une pression de plus en plus forte sur les individus:chacun doit se battre pour sur- vivre. Cette déshumanisation soumet le citoyen au diktat de l'économie et appauvrit sa réflexion politique. C'est tout l'espace public qui en pâtit.
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Villes radicales ; du droit à la ville à la démocratie radicale
Collectif
- Eterotopia
- A Present
- 24 Avril 2019
- 9791093250328
En rapprochant les idées de Démocratie Radicale et de Villes Rebelles, ce livre a pour objet d'introduire et d'élaborer le concept de « Villes Radicales ». Dans le cadre de l'ordre néolibéral, les villes sont des lieux de répression, d'injustice et d'exploitation. Par exemple, les « villes numériques » sont souvent des laboratoires d'ordre policier et de contrôle, de discrimination raciale et de violence étatique. Au même temps, l'urbain envisage un espace où se déroulent des luttes politiques et des pratiques émancipatrices. Depuis la mouvance traditionnelle anarchiste jusqu'aux mouvements sociaux du vingtième siècle, le domaine urbain peut être considéré comme un champ d'interventions que par sa nature est capable de réaliser de réseaux autonomes. Il n'est donc guère surprenant qu'aujourd'hui des citoyens, des activistes et des politiciens soient entrain de reformuler un intérêt pour le gouvernement urbaine et locale. A travers l'Europe et même au-delà, nous pouvons observer de nouvelles formes de gouvernement au niveau local et général des villes, qui expérimentent des pratiques et des institutions démocratiques.
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L'intolerable du present, l'urgence de la revolution - minorites et classes
Maurizio Lazzarato
- Eterotopia
- 10 Février 2022
- 9791093250502
Au cours des deux derniers siècles, la révolution s'est posée comme la forme même de l'action politique. Les luttes syndicales, les luttes de libération nationale, le mutualisme ouvrier, les luttes pour l'émancipation étaient des stratégies qui, pour être efficaces, devaient nécessairement s'articuler avec la révolution. En partant de la défaite historique de la Révolution mondiale au milieu des années soixante-dix, ce livre dresse un bilan, dont l'élaboration fait défaut, par rapport au concept de révolution. Quelles sont les conditions qui pourraient nous amener à parler à nouveau de révolution ? Dans ce livre, Maurizio Lazzarato essaie d'interroger comme élément fondamental le passage de la lutte de classes (en tant que conflit entre capital et travail) aux luttes de classes plus récentes, qui s'ouvrent à des parcours pluriels : luttes sociales, sexuelles, de genre, de race.
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Le territoire, l'environnement de l'homme, est le « bien commun » par excellence. Ce territoire composé par petites, moyennes et grandes villes, villages et cités, systèmes agro-forestiers et environnementaux, infrastructures urbaines et rurales, produit des lieux de vie très complexes dont les gènes, la personnalité, la richesse et la beauté sont le résultat de processus de coévolution entre les établissements humains et l'environnement, sédimentés dans le temps long des civilisations. Ces caractéristiques identitaires et patrimoniales sont reprises dans Le Principe Territoire comme antidote à leur dramatique « désintégration » par la civilisation des machines, dans la course aux Mégapoles pour l'urbanisation globale de la planète. En renouvelant de manière créative tous ces caractéristiques « par le bas », des nouvelles formes conflictuelles de démocratie communautaire, sont générés, fondées sur le développement de la « conscience du lieu » des habitants.
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Dans un récit évocateur et panoramique de l'enfance urbaine, Colin Ward donne vie à la myriade de façons subtiles dont l'enfant a utilisé la rue dans le passé et le fait encore aujourd'hui.
Dans ce contexte, il se demande s'il est vrai, comme beaucoup le croient, que quelque chose a été perdu dans la façon dont les enfants vivent leur environnement urbain ; pourquoi certains enfants font preuve d'une ingéniosité sans bornes pour exploiter ce que la ville offre alors que d'autres sont isolés et prédateurs ; et que peut-on faire, à un moment où un grand nombre d'enfants de la ville sont en guerre avec leur environnement, pour rendre les liens entre ville et enfant plus fructueux et agréables pour tous.
Une exploration approfondie, attentive et opportune des façons dont la ville peut servir ou laisser tomber les enfants, ce livre soulève des questions urgentes pour les enseignants, les parents et les responsables des politiques.
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Artisanat et combat : actes de création et nouvelles militances
Giorgio Passerone
- Eterotopia
- Rhizome
- 20 Avril 2023
- 9791093250601
Qu'est-ce qu'il y a de commun entre le cinéma roc des Straub, les oeuvres foisonnantes de Dante, de Pasolini, de Pound et les voyages dramatiques des « refugiés », la révolte des autonomes dans l'Italie des années 70, et plus bizarrement encore François d'Assise - non pas le Saint mais l'idiot -, ou les hérésiarques Margherita et Dolcino mis au bûcher en 1307 ? Aiguisés par la pensée vitale de Gilles Deleuze nous tentons de questionner, théorie et pratique, le rapport mystérieux qui lie l'art (isanat) au combat des plus opprimés des hommes : un rapport sans lequel toute résistance aux Pouvoirs ne pourra pas construire une libération de la Terre à l'heure de son saccage capitaliste planétaire. Car les cinq études qu'on présente ici (et qui demandent bien d'autres « cas ») sont autant de cartes d'une géographie intensive (géologie) qui se dérobe à l'Histoire écrite par les vainqueurs. Ces cartes tracent un espace/temps (transhistoire) peuplé d'événements dont les personnages-Noms Propres deviennent eux-mêmes des événements : autant les « reconnus », Baruch Spinoza, Karl Marx, Giacomo Leopardi, Friedrich Nietzsche ou plus près de nous Elio Vittorini, Franco Fortini, Félix Guattari, Jean-Luc Godard, Toni Negri... que les inconnus,... Khalid, Maya, Aida, Riaz... en lutte pour tout le monde. Ce sont nos « rencontres », sans distinction : des heccéités de relations irréductibles à la « forme » dominante, subjective ou objective, philosophique, politique et existentielle.
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Technique et expérience, mélancolie de gauche et autres textes
Walter Benjamin
- Eterotopia
- 25 Octobre 2016
- 9791093250120
Le choix de textes de Walter Benjamin (1929-1933) présentés dans ce livre concerne le rapport entre la technique et l'existence, avec un essai encore inédit en France, Mélancolie de gauche.
Au centre de ce livre il y a le rapport entre corps et transformations techniques qui transforment les subjectivités et le social, surtout eu égard à ce que Benjamin appelle la « pauvreté de l'expérience ».
Benjamin a été sans doute un des premiers philosophes à avoir compris comment un tel processus de transformation du capital pouvait agir en vue d'une domestication à travers l'introduction de la technique dans la vie et vice-versa.
Voici ce que le philosophe allemand écrit dans Expérience et pauvreté :
« De barbarie ? Mais oui. Nous le disons pour introduire une conception nouvelle, positive, de la barbarie. Car à quoi sa pauvreté en expérience amène-t-elle le barbare ? Elle l'amène à recommencer au début, à reprendre à zéro, à se débrouiller avec peu, à construire avec presque rien, sans tourner la tête de droite ni de gauche. Parmi les grands créateurs, il y a toujours eu de ces esprits impitoyables, qui commençaient par faire table rase. Il leur fallait en effet une planche à dessin, ils étaient des constructeurs ».
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L'Office Mondial du Tourisme fanfaronne : les touristes sont de plus en plus nombreux et le cap des deux milliards sera prochainement franchit ? Que signifie qu'un Terrien sur quatre soit à un moment de l'année un touriste ? Une plus grande tolérance envers autrui ? Une ouverture d'esprit marquée par une curiosité sans limite et une disponibilité accrue envers ce qui nous est étranger ? Le tourisme n'est pas neutre. Il favorise une économie globalisée aux retombées locales minimes et banalise un néo-colonialisme de subordination généralisée... De même, croire que le hit-parade des « hauts lieux » de l'Humanité mis en place par l'Unesco stimulerait une « mémoire collective » aux fonctions éducatives se révèle un incroyable leurre. La multiplication des équipements standardisés (aérogares, hôtels, musées, fronts de mer et de fleuve, « quartiers historiques », etc.) et des coûteux « événements » (Jeux Olympiques, Expositions universelles, etc.) homogénéisent les sites, leurs temporalités et leurs spectacles. Le pic pétrolier et le dérèglement climatique appellent à une plus grande responsabilité envers le pourquoi et le comment des mobilités. Le tourisme est déjà responsable de 8% des émissions mondiales de gaz à effet de serre... Fautil, là aussi, décroître ? Il convient, à coup sûr, de rompre avec le tourisme massifié (et ses sous-produits que sont les tourismes sexuel, médical, équitable, durable...) et de privilégier le voyage et ses acclimatations progressives aux cultures que l'on découvre, plus lent, plus économe, plus attentif. L'être humain est relationnel, il serait aberrant de lui interdire de voyager ! Mais, compte tenu des nouvelles contraintes environnementales, il devient indispensable de repenser le proche et le lointain, ces deux aimants de toute boussole existentielle.
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écologie queer ; nature, sexualité et hétérotopie
Matthew Gandy
- Eterotopia
- Rhizome
- 29 Juillet 2015
- 9791093250076
Le géographe anglais Matthew Gandy a défini l'ensemble des groupes qui résistent à l'anéantissement de la richesse écologique « alliances hétérotopiques ». Une telle formulation découle d'un étude sur l'Abney Park de Londres. Abney Park fait partie des « magnifiques sept » cimetières de Londres érigés à la moitié du XIXème siècle pour faire face à la rapide augmentation de la population. Quand, à cause de sa surpopulation, le cimetière fut fermé, une longue période de décadence commença. Ce déclin était toutefois seulement apparent. À cause de l'abandon, à la ruine suivit, en effet, une incroyable histoire de croissance écologique. Le cimetière prit de plus en plus les apparences d'un parc, dont les bénéficiaires étaient les catégories humaines/sociales les plus radicales du quartier. Dans Écologie Queer, Gandy suggère que la présence d'une énergie omniprésente toujours capable de réinventer les vies, même dans une période de choc socio-économique comme l'actuelle. « Le parc devient donc le théâtre d'un nouvel horizon relationnel entre corps et nature, ainsi qu'entre des sexualités non conventionnelles. Un horizon qui est humain ou pas : queer, justement. » Qu'est ce que l'Écologie Queer ?
«Queer Ecology» c'est une façon d'explorer la matérialité urbaine et le ro^le des métaphores dans la théorie qui s'interroge sur les transformations des territoires à partir de la compréhension des extrêmes variations que ceux-ci décrivent.
La théorie représentée par la «Queer Ecology» sert à élargir la portée conceptuelle et matérielle de deux champs : d'un co^té le domaine de l'écologie politique et les recherches de la pensée du posthumanisme, et de l'autre les nouvelles conceptions de la complexité croissante au sein de la science de l'écologie elle-même.
L'écologie queer serait donc une critique à l'homologation des sexualités, ainsi que de la façon d'habiter et de vivre l'urbain contemporain et les territoires. L'écologie queer surmonte la contradiction du capitalisme actuel en y ajoutant le principe de précaution et la primauté du vivant sur la science, reconnaissant ainsi une séparation irrémédiable entre l'être et le savoir qui doit retenir toute notre attention.
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Femmes, corps et révolution ; Rosa Luxemburg, Clara Zetkin, Aleksandra Kollontaj, Lacis
Collectif
- Eterotopia
- Rhizome
- 10 Novembre 2020
- 9791093250427
Quatre femmes de nationalités différentes, de langues différentes, traversent les années tumultueuses de la révolution bolchevique. Elles s'appellent : Rosa Luxemburg, Clara Zetkin, Alexandra Kollontaï et Asja Lacis. Elles sont des militantes, des artistes, des activistes et chacune d'elles apportera une contribution spécifique et originale à la révolution. Elles sont des femmes et leur regard est plus libre, intéressé à mettre l'accent sur la dimension de la vie, des passions, de la créativité et du féminisme des premiers temps. Rosa Luxemburg, fondatrice de la Ligue de Spartacus questionnera les structures de pouvoir envisagés par les Soviets, elle luttera dans l'Allemagne épuisée de l'après-guerre pour affirmer le regard puissant et compatissant de ceux qui partagent la condition de l'oppression. Clara Zetkin fera de la bataille pour les droits des femmes un élément d'affirmation spécifique de la condition féminine qui ne peut pas être réduite à la seule lutte de classe.
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Communistes de conseils contre le capitalisme d'état
Karl Korsch, Paul Mattick, Otto Rühle, Anton Pannekoek
- Eterotopia
- Rhizome
- 23 Mars 2023
- 9791093250595
Si dans le concert de la vie historique moderne la « politique de puissance » (Machtpolitik) donne le la, le bolchévisme ne fait pas exception ; ce n'est point « l'utopie au pouvoir » mais l'apothéose du réalisme politique (Realpolitik).
Le bolchévisme, dont la pratique du pouvoir s'arc-boute sur le jargon marxiste-léniniste et ses mots vedettes, a établi un régime social sui generis analysé par ses critiques les plus lucides comme capitalisme d'État. Acteurs, pour beaucoup, de la Révolution allemande (1918-1923), témoins d'une apparition du trésor perdu de la Révolution sociale, vaincus par la contre-révolution, ceux-ci, communistes de conseils, nous ont légué une histoire qu'il nous faut transmettre. En effet, cette pensée permet de renouer avec le projet d'une critique conjointe de la politique et de l'économie politique.
Alors que la société spectaculaire fait les frais de la politique de puissance, le communisme de conseils est une alternative si nous voulons, au milieu des ruines d'une civilisation marchande universelle et tautologique rivée à la boucle rétroactive argent-marchandise-argent, nous frayer un chemin vers un monde où, pour citer Adorno, « la paix est l'état de la différence sans domination dans lequel les différences communiquent ».
L'actualiser en l'historicisant permet de revisiter le présent et, pour reprendre les catégories marxiennes, de relancer l'émancipation humaine par-delà l'émancipation politique (bourgeoise, capitalistique). Cet héritage, il nous faut le sauver tout en en faisant la critique, cathartique. En proie aux catastrophes du présent, il est urgent de faire revivre une utopie concrète, projet de justice et de bonheur.