Vie et destin a été traduit dans le monde entier.
Deux essais sous la plume de simon markish et semion lipkine ont été consacrés à vassili grossman. l'age d'homme a publié également : tout passe, la route et la paix soit avec vous.
Première partie du légendaire Vie et Destin, Pour une juste cause est déjà tout parcouru du souffle épique qui anime le chef-d'oeuvre de l'écrivain soviétique. Avec ce roman, nous entrons de plain pied dans les moments les plus tragiques et les plus poignants de la IIe guerre mondiale.
Ce petit roman est un grand livre, le testament littéraire et politique de vassili grossman, achevé après la confiscation du manuscrit de vie et destin par le kgb en 1960.
Avant de disparaître, grossman se sentait obligé de dire tout ce qu'il avait compris sur la société soviétique, la russie et l'urss. il a été le premier à démontrer le vrai rôle joué par lénine. vassili grossman a entrevu sa grandeur et sa lâcheté, " son mépris de la liberté, le fanatisme de sa foi, la cruauté dont il faisait preuve envers ses ennemis ", et il est arrivé à la conclusion inébranlable que " tout cela, qui assura la victoire de son oeuvre, était né et s'était forgé dans les profondeurs millénaires du servage russe, de la servitude russe ".
Grossman a vu mieux que les autres l'aspect inhumain de l'etat créé par lénine et incarné par staline, les millions de tonnes qui pèsent sur chacun des citoyens soviétiques, " forces de plomb, obscures " qui les poussent. mais grossman restait optimiste : malgré tout, malgré la puissance inouïe de l'etat et l'assujettissement jamais vu de l'homme, il termine ses réflexions (et donc sa vie) en faisant dire à ivan grigoriévitch : " .
Quelque illimité que soit le pouvoir d'etat et quelque forts que soient les empires, tout cela n'est que fumée, que brouillard et, comme tel, disparaîtra. il n'y a qu'une force qui persiste, qui se développe, qui vive, et cette force, elle réside dans la liberté. vivre, cela signifie être un homme libre. un jour, liberté et russie ne feront qu'un ! ".
« Dans la geôle de Reading, près la ville, Est une fosse d'infamie :
C'est là que gît un homme misérable Dévoré par des dents de flamme ;
Dans un suaire brûlant il repose, Et sa tombe n'a pas de nom. » Inspiré par deux années passées dans les prisons londoniennes pour « actes indécents », Oscar Wilde raconte dans ces vers bouleversants comme un long cauchemar la douleur, l'angoisse, la culpabilité.
Henri Roorda van Eysinga (1870-1925), fils d'un fonctionnaire colonial néerlandais exilé en Suisse, fut toute sa vie maître de mathématiques.
Comme la plupart des vrais humoristes, il se protégeait par le rire d'une vision désespérée de la vie. Lorsqu'il fut parvenu à la conclusion que celle-ci, malgré tout, ne valait pas la chandelle, il s'en expliqua dans un bref écrit intitulé Mon suicide et se donna la mort. De son vivant, Roorda avait publié une dizaine d'opuscules et nombre de proses d'almanach. Lorsque ces cahiers devenus introuvables furent rassemblées en deux volumes d'oeuvres complètes, par L'Age d'Homme, en 1969, ils révélèrent un véritable et grand philosophe, pédagogue, chroniqueur, dont le ton narquois, la pensée déchaînée et le calembour surréalisant se distinguaient singulièrement dans le paysage intellectuel suisse romand.
Voici un Vialatte tragique, un Queneau métaphysique, un Rousseau infiniment respectueux de l'être humain. Comme l'écrit André Guex dans sa remarquable préface aux oeuvres complètes, " Roorda, maître de mathématiques, n'ennuyait pas. Pourtant, comme il le dit, la foule n'est pas sensible à la perfection du cube et, lorsqu'on parle en public des polyèdres réguliers, on n'évoque pas, dans l'esprit de ses auditeurs, des images émouvantes.
Quant à l'humoriste, il a formulé quelques unes des seules idées justes défendues dans ce pays depuis bien longtemps. " Le Roseau pensotant et Avant la grande réforme de l'an 2000, les deux écrits présentés ici, résument à merveille les deux facettes de l'admirable et rare personnage : un pince-sans-rire dévastateur doublé d'un pédagogue visionnaire qui, plus que quiconque, prenait au sérieux son travail et les enfants.
Un autre texte de Roorda, avec ceux de Denis de Rougemont et Edmond Gilliard, figure dans le recueil Trois pamphlets pédagogiques, publié dans la même collection par L'Age d'Homme. Ce livre a été l'une des bases de la théorie libertaire de l'éducation.
L'oeuvre illustre d'un poète illustre. Eugène Oniéguine, c'est toute la Russie du début du XIXe siècle. Une oeuvre en laquelle tous les Russes se reconnaissent depuis sa composition jusqu'à nos jours, et qui marquera à jamais l'âme de ses lecteurs de son empreinte impérissable.
L'histoire de la composition de ce livre fondateur de la littérature russe, c'est l'histoire même de Pouchkine, de sa vie d'homme épris de liberté et de fantaisie. C'est aussi comme une prémonition de son destin : la mort de Vladimir Lienski, personnage secondaire de l'oeuvre, dans un duel stupide, semble préfigurer le duel-assassinat de Pouchkine lui-même. Le grand poète a écrit, on le sait, d'autres pages, belles, passionnantes, souvent marquées d'un humour à la fois léger et grave, mais Eugène Oniéguine reste son legs capital, sous la forme d'un roman de "compilation" de plus de 400 sonnets mis à la suite, chacun offrant, le plus souvent, un sens complet. La traduction de ce chef-d'oeuvre a été une véritable gageure, relevée avec une maîtrise lumineuse par Roger Legras.