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"Reprends-toi, me suis-je dit, délecte-toi des dernières saisons de tes soixante-neuf ans, le nombre sacré de Jimi Hendrix, avec sa réponse à une telle exhortation : I'm going to live my life the way I want to, je vais vivre ma vie comme j'en ai envie."
En 2016, l'année du singe, Patti Smith fête ses soixante-dix ans. Des États-Unis au Portugal, elle tisse la toile de cette année singulière marquée par des bouleversements intimes - la perte d'amis chers - et politiques - l'élection de Trump -, sans jamais s'abandonner au désespoir.
Avec humour et sagesse, elle livre une réflexion émouvante sur l'amitié, le temps qui passe, et célèbre l'art, la littérature et les pouvoirs de l'imagination. -
Paul McCartney : Paroles et souvenirs de 1956 à aujourd'hui
Paul McCartney
- Buchet Chastel
- 10 Octobre 2024
- 9782283040218
Paul McCartney raconte dans ces pages, avec une rare sincérité, sa vie et sa musique à travers 161 chansons qui ont jalonné toute sa carrière depuis ses compositions adolescentes jusqu'à la folle décennie des Beatles, sans oublier les Wings et ses albums solo les plus récents.
Pour chacune de ces chansons, il raconte les circonstances dans lesquelles elle a été écrite, précise les personnes ou les lieux qui l'ont inspirée et confie les émotions quelle fait naître en lui aujourd'hui.
Illustrés d'images exceptionnelles brouillons de chansons, lettres, photographies tirées des archives personnelles de Paul McCartney, cet ouvrage exceptionnel lève le voile sur les créations et l'univers intime dune légende vivante.
Au fil de ces récits, le lecteur apprend à connaître l'homme, découvre comment certaines des plus grandes mélodies du XXe siècle ont été créées et assiste, comme en coulisses, aux moments d'inspiration. La voix et la personnalité de Paul McCartney surgissent ainsi de chaque page. -
Ingénieurs, historiens, designers, urbanistes, tous les spécialistes traitent des ' concepts ' de l'architecture sur des modes séparés, parfois concurrents. Quant aux architectes, ils sont naturellement enclins à privilégier leur époque et leur approche.
Quels concepts commandent notre appréhension pratique aussi bien que théorique de l'architecture - concrètement ces édifices où nous vivons, que nous croisons chaque jour ou que nous allons voir en touristes admiratifs ? Dans un retour aux fondamentaux, indispensable car nous ne savons plus ' voir ' ce qui nous entoure si complètement, Yves Michaud dresse ici la liste des catégories sous lesquelles nous percevons, concevons et mettons en oeuvre l'architecture.
Ce livre ne privilégie donc ni époque, ni style, ni orientation puisque les catégories répertoriées valent pour toutes les sortes d'architecture - vernaculaire, de masse, monumentale, de prestige.
Il n'est pas conservateur mais ne chante pas non plus les louanges des ' starchitectes ' de notre temps. Il essaie de mettre en évidence tous les aspects sous lesquels un édifice peut être conçu et approché : le temps, la situation, la fonction, le projet, le dessin, le matériau, la forme, la structure, l'espace, l'ornement, le symbole - et même la beauté. -
Héliogabale : Drame en quatre actes
Jean Genet, François Rouget
- Gallimard
- blanche
- 4 Avril 2024
- 9782073049063
Juin 1942. Jean Genet est incarcéré à la prison de Fresnes, condamné à huit mois de réclusion pour vol de livres. À trente et un ans, le détenu n'a encore rien publié ; mais la cellule est un lieu propice à l'éclosion de son talent littéraire. Il y écrit son premier roman, Notre-Dame-des-Fleurs, et le long poème Le Condamné à mort. L'attrait du théâtre se fait déjà sentir, comme en témoigne Héliogabale, ce drame à l'antique dont un manuscrit a été enfin retrouvé à la Houghton Library. L'existence de cette pièce était attestée, Genet l'ayant fait lire à quelques proches et ayant exprimé le souhait qu'elle soit publiée et créée - avec Jean Marais dans le rôle-titre. Rien de cela n'eut lieu et l'écrivain n'y revint plus.
Voilà donc, plus de quatre-vingts ans plus tard, la mise en scène des dernières heures d'Héliogabale, jeune prince romain assassiné, telles que Genet les a rêvées et méditées. Au travers de cette figure solaire, hautement transgressive et sacrificielle, à laquelle Antonin Artaud avait consacré un essai flamboyant en 1934, Genet aborde les thèmes qui lui sont chers, dans les règles de l'art mais en laissant affleurer un lyrisme bien tenu : le travestissement et l'homosexualité, la sainteté par la déchéance, la beauté par l'abjection. Un envers du monde social où l'auteur, apprenti dramaturge, entend déjà trouver ses vérités, situer son oeuvre à venir et inventer sa propre légende. -
"Il faut toujours une séparation d'avec les autres gens autour de la personne qui écrit les livres. C'est une solitude essentielle. C'est la solitude de l'auteur, celle de l'écrit. Pour débuter la chose, on se demande ce que c'était ce silence autour de soi. Et pratiquemment à chaque pas que l'on fait dans une maison et à toutes les heures de la journée, dans toutes les lumières, qu'elles soient du dehors ou des lampes allumées dans le jour. Cette solitude réelle du corps devient celle, inviolable, de l'écrit."
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"Mon objectif est donc la perfection technique. Je puis y tendre sans cesse, puisque je suis assuré de ne jamais l'atteindre. L'important est d'en approcher toujours davantage. L'art, sans doute, a d'autres effets, mais l'artiste, à mon gré, ne doit pas avoir d'autre but."
Toute sa vie, Maurice Ravel (1875-1937) s'est présenté comme un artiste libre. Tantôt à l'avant-garde de la modernité, tantôt garant d'une certaine tradition française, il a consacré son existence à essayer des formes musicales nouvelles, offrant des chefs-d'oeuvre à la postérité, au premier rang desquels le célèbre Boléro. Réservé voire secret sur sa manière de créer comme sur sa vie personnelle, attentif à la création de son temps, il fut un fervent défenseur de la musique de Debussy et de Stravinsky. Acteur privilégié d'une période riche en changements, il incarne mieux que nul autre les ruptures de son é -
Marcel Duchamp : La magie de l'art
Pascal Rousseau
- Gallimard
- Art et Artistes
- 31 Octobre 2024
- 9782073057556
Figure incontournable de l'avant-garde du XXe siècle, connu pour le geste iconoclaste du ready-made, Marcel Duchamp a trop vite été lu et interprété comme un artiste de la fin de l'art. Duchamp serait celui qui voulait, selon ses propres mots, "liquider complètement l'art" ou "tourner l'art en dérision". Mais, à le suivre dans ses oeuvres et ses déclarations, on découvre assez vite une autre facette, celle d'un artiste qui, tout en affirmant vouloir ne plus produire d'oeuvres, repense la fonction de l'art à partir de nombreux emprunts à une culture fin-de-siècle croisant anarchisme et symbolisme.
S'appuyant pour partie sur les propos de Duchamp lors d'une fameuse conférence de 1957 consacrée au "processus créatif", cet ouvrage examine le poids et la fonction de cet héritage dans lequel Duchamp puise non seulement des modèles (médium, esthète, thaumaturge), mais un esprit de transgression qui annonçait, avant l'heure, une refonte radicale des notions d'auteur et de performance artistique, à grande distance de la démystification de l'art annoncée.
Pascal Rousseau est professeur d'histoire de l'art contemporain à l'université Paris-1 Panthéon-Sorbonne. -
Le lion de Rosa (Bonheur)
Laurence Bertrand dorléac
- Gallimard
- Art et Artistes
- 7 Novembre 2024
- 9782073080530
À force de regarder une étude de lion et de lionne de Rosa Bonheur, Laurence Bertrand Dorléac imagine toutes sortes de contes qui exagèrent une vie singulière. Elle revient à l'imaginaire de l'artiste en matière de modèle, de dessin, de couleur, mais aussi d'animaux, de château, de carrière, de politique, de domptage ou d'amour. Pour saisir la folie douce de son oeuvre, elle retourne à un siècle de fer qui ne donne presque aucune chance à une femme d'exister.
Laurence Bertrand Dorléac est professeure d'histoire de l'art à Sciences Po, autrice de livres et d'expositions. Elle préside la Fondation nationale des sciences politiques. -
À Venise, au pied de la Douane de mer, en face du palais des Doges et de San Giorgio Maggiore avec son haut campanile, deux jeunes gens qui s'aiment vont écouter, le soir, un personnage surprenant qui porte beaucoup de noms. Ses récits les emportent, à travers l'espace et le temps, dans un tourbillon d'aventures où passent à toute allure, sous des éclairages imprévus, assez peu familiers aux enfants des écoles, Stendhal et Christophe Colomb, des Chinois et des Arabes, le procurateur de Judée et des guerriers vikings, le raid israélien sur Entebbe et l'invention du zéro, les amours de Pauline Borghèse et Les Mille et Une Nuits, toutes les passions du monde et aussi ses misères. L'homme à l'imperméable, qui raconte, avant de disparaître comme il est apparu, ces souvenirs ou ces fables qui se confondent avec la vie, se prétend condamné à l'immortalité pour avoir refusé, sur le chemin du Calvaire, un verre d'eau à Jésus titubant sous sa croix. Son histoire d'éternité fait revivre un mythe aussi universel que don Juan ou le docteur Faust : le Juif errant. Dans les récits de la Douane de mer, il ne ressemble à rien de connu : à mi-chemin de la Bible et de la bande dessinée, de Hegel et d'Arsène Lupin, il incarne l'histoire des hommes, nécessaire et inutile, depuis toujours maudite et pourtant irrésistible de gaieté et de bonheur.
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En hommage à la mémoire de son grand-père, symbole de la tradition, contraint de s'éloigner à jamais de la terre de ses ancêtres, le cadet d'une vieille famille française enfermée dans l'image du passé raconte ce qui a été et qui achève de s'effondrer. Le berceau de la tribu, le château de Plessis-lez-Vaudreuil, est au centre de cette longue chronique qui embrasse, depuis les croisades jusqu'à nos jours, l'histoire du monde, du pays, du clan, de tout ce que la lignée a incarné et en quoi elle a cru, et qui s'est peu a peu effrité. Un mariage d'amour et d'argent, les idées contemporaines et subversives, les livres, les moeurs nouvelles ouvrent successivement des brèches dans la forteresse de la tradition. L'histoire du XXe siècle, avec ses situations paradoxales, précipite la mutation et la décadence d'une famille qui avait su, à travers tous les cataclysmes, maintenir ses privilè
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La fée cinéma : autobiographie d'une pionnière
Alice Guy
- Gallimard
- L'Imaginaire
- 16 Juin 2022
- 9782072960796
La Fée-Cinéma est le récit autobiographique d'Alice Guy : première femme cinéaste du monde.
Écrire vite. Raconter son enfance, d'abord : la jeune Alice est élevée entre le Chili, la Suisse et la France. Puis le pensionnat et la vie à Paris. Suivent des études de sténographie, avant qu'elle ne devienne en 1895 la secrétaire de Léon Gaumont au Comptoir général de Photographie. C'est à la suite de la première projection du cinématographe des frères Lumière qu'Alice a l'idée de tourner de courtes fictions pour soutenir la vente des caméras Gaumont.
Déjà "mordue par le démon du cinéma", elle n'a qu'une obsession : raconter des histoires en réalisant ses propres films, dont le plus célèbre, La Fée aux choux, considéré comme le premier film de fiction...
Longtemps effacée de l'Histoire, Alice Guy décrit ici avec précision les débuts du cinéma, la magie des accidents, des expérimentations et autres bouts de ficelle. Sans détour et sans romance, d'une écriture intime et urgente, elle dit la beauté du 7e art qu'elle a "aidé à mettre au monde" ; elle se réhabilite.
Elle meurt en 1968 et ses Mémoires, pourtant achevés en 1953, ne seront publiés qu'en 1976. -
C'est autour d'un événement - la destruction de Port-Royal par Louis XIV - et d'une idée : retrouver dans les ruines de la société actuelle "les signes d'une vie heureuse, toujours possible", que l'auteur fait s'entrecroiser des portraits du XVIIe (saint François de Sales, Saint-Cyran, Pascal, Racine, etc.) et du XXe siècle (Dhôtel, un clochard, Genet, le grand-père de l'auteur, etc.). Leurs rencontres, leurs paroles, leurs visions tissent une tapisserie lumineuse, pleine d'espérance pour notre siècle en ruine.
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John Dewey (1859-1952) est un des piliers du pragmatisme. Au centre de cette tradition, il y a l'enquête, c'est-à-dire la conviction qu'aucune question n'est a priori étrangère à la discussion et à la justification rationnelle.
Dewey a porté cette notion d'enquête le plus loin : à ses yeux, il n'y a pas de différence essentielle entre les questions que posent les choix éthiques, moraux ou esthétiques et celles qui ont une signification et une portée plus directement cognitives. Aussi aborde-t-il les questions morales et esthétiques dans un esprit d'expérimentation - ce qui tranche considérablement avec la manière dont la philosophie les aborde d'ordinaire, privilégiant soit la subjectivité et la vie morale, soit les conditions sociales et institutionnelles.
Dans L'art comme expérience, la préoccupation de Dewey est l'éducation de l'homme ordinaire. Il développe une vision de l'art en société démocratique, qui libère quiconque des mythes intimidants qui font obstacles à l'expérience artistique. -
Des visages entre les draps : La ressemblance inquiète, II
Georges Didi-Huberman
- Gallimard
- Art et Artistes
- 25 Avril 2024
- 9782073001016
La ressemblance, particulièrement à l'époque de la Renaissance, n'est souvent qu'un mythe : à la fois une opération "légendaire", littéraire, et un "bricolage", un montage technique destiné à réunir dans le concret des ordres de pensée ou de réalité tout à fait hétérogènes. C'est ainsi que le fameux "portrait de Dante" par son "ami Giotto" - qui a fixé jusqu'à aujourd'hui notre image du poète - n'aura été qu'une invention rétrospective destinée à fonder, au XVIe siècle, l'idée d'une Renaissance tout entière ordonnée par la conquête des ressemblances optiques et picturales... et à refouler de notre culture historique l'importance des ressemblances par contact en usage dans maints objets florentins du Trecento et du Quattrocento.
Une réflexion sur un célèbre portrait en buste, moulé et modelé en terre cuite, poursuit ce parcours critique : à travers son destin dans le discours de l'histoire de l'art - chef-d'oeuvre de Donatello ou, au contraire, oeuvre indigne du qualificatif même d'"artistique" ? - on verra émerger quelques présupposés théoriques majeurs de la discipline elle-même qui, trop souvent, ignore qu'elle regarde aussi avec ses... mots.
Dans l'autoportrait "christique" de Dürer, enfin, nous aurons à découvrir que l'image peinte n'avait rien, pour lui, d'une simple conquête virtuose sur le monde visible. Envisagée au prisme de son inquiétude religieuse, elle s'imposait plutôt comme un drame de la ressemblance : ainsi dans la hantise de visages disparaissant sous le blanc des linceuls. -
"Nous autres, les vibrants, nous avons besoin de croire pour faire croire. Notre vraie vie, c'est là-bas, dans le foyer incandescent de toutes les passions vécues ou rêvées."
La vie de Sarah Bernhardt (1844-1923) a donné lieu à toutes les inventions. On l'a dite allemande, hongroise, algérienne, américaine, trouvée sur un banc des Tuileries ; on a fait des choux gras de son type sémite et brocardé ses origines incertaines. Star avant la lettre, contrôlant son image et sachant la monnayer, la 'divine Sarah' a joué un rôle primordial dans l'histoire du théâtre en France et dans la culture de son temps. Sa devise, "Quand même", illustre bien ce que fut cette femme libre, à la volonté infatigable, élevée de son vivant au rang de trésor national. Jadis inscrite dans le "fichier des courtisanes", celle que Victor Hugo surnomma la "Voix d'or" fut durant toute sa vie fidèle à ses préceptes : haïr très peu, mépriser beaucoup, pardonner souvent, ne jamais oublier. -
C'est à partir de cinquante photos qu'il a choisies que Willy Ronis dessine ici son autoportrait. À quatre-vingt-seize ans, sa mémoire est toute fraîche. Il se souvient de chaque instant, de chaque mouvement de la lumière, celle des rues de Paris, celle des bords de la Marne, un encore celle d'une petite ville du Sud, quand il vivait là-bas avec sa femme, Marie-Anne, et son fils Vincent. Une photo, c'est un moment pris sur le vif, mais c'est aussi l'histoire d'un jour. Ce jour-là : un autoportrait à la manière d'un Je me souviens.
Pour lui, on sent bien que la photo a joué le rôle d'une mémoire ineffaçable et c'est avec émotion que ce livre feuillette à la fois son être le plus intime, son talent de photographe et son talent de conteur. Partout, sur un visage, dans l'ombre d'un couple derrière un rideau, dans le corps d'un enfant, dans le mouvement d'un bal, dans une foule comme dans un escalier de Montmartre un matin d'hiver, il nous raconte une histoire, un scénario, un poème. -
"Comme vous, je suis désolé de ne pouvoir exposer cette année la série des Nymphéas... Je suis très difficile pour moi-même, c'est peut-être vrai, mais cela vaut mieux que de montrer des choses qui sont médiocres."
Figure-phare du mouvement impressionniste, auteur du tableau-manifeste Impression, soleil levant, Claude Monet (1840-1926) chercha sa vie durant - du Havre à Giverny, de Paris à Venise - la nuance de couleur juste. Saisissant sur chaque toile un nouvel effet de lumière, il composa des séries picturales parmi les plus célèbres au monde : les Meules, les Cathédrale de Rouen, les Parlement de Londres, les Nymphéas. Perfectionniste à l'extrême, créateur aussi exigeant avec lui-même qu'avec ses mécènes, ami au long cours (notamment de Georges Clemenceau et d'Auguste Renoir), l'artiste composa par petites touches une oeuvre radicale, annonciatrice de l'art moderne. -
"Avant d'y arriver, je savais que ma présence au bord du Jourdain, sur les bases palestiniennes, ne serait jamais clairement dite : j'avais accueilli cette révolte de la même façon qu'un oreille musicienne reconnaît la note juste. Souvent hors de la tente, je dormais sous les arbres, et je regardais la Voie lactée très proche derrière les branches. En se déplaçant la nuit, sur l'herbe et sur les feuilles, les sentinelles en armes ne faisaient aucun bruit. Leurs silhouettes voulaient se confondre avec les troncs d'arbres. Elles écoutaient. Ils, elles, les sentinelles.
[...] Dans une tragédie de Shakespeare des archers tirent des flèches contre le ciel et je n'aurais pas été surpris si des feddayin d'aplomb sur leurs jambes écartées, mais agacés par tant de beauté en forme d'arc s'arrachant à la terre d'Israël, eussent visé et tiré des balles contre la Voie lactée, la Chine et les pays socialistes leur fournissant assez de munitions pour faire dégringoler la moitié du firmament. Tirer des balles contre les étoiles cependant qu'elles sortaient de leur propre berceau, la Palestine ?" -
Cette oeuvre de Nathalie Sarraute ne comporte ni personnage ni intrigue. Son héros est un roman, Les Fruits d'Or, et elle a pour sujet les réactions que ce roman et l'accueil qu'il reçoit provoquent chez ceux qui l'aiment ou le rejettent.
Il ne s'agit pas de peindre la réalité visible et connue. Les péripéties balzaciennes qui entourent le lancement d'un livre ne sont pas le domaine de Nathalie Sarraute. Il n'est ici question ni d'éditeurs, ni de publicité, ni des jeux des prix littéraires.
L'auteur des Fruits d'Or est également absent. Seules sont montrées ces actions dramatiques invisibles et cependant très précises, qui constituent cette substance romanesque dont, depuis ses Tropismes parus en 1939, Nathalie Sarraute n'a jamais cessé d'étendre le champ et qui a déterminé toutes ses recherches techniques.
En recréant ces mouvements dans le domaine du contact direct ou indirect avec l'oeuvre d'art, en les amplifiant parfois jusqu'à la satire, c'est à certains aspects essentiels du phénomène esthétique que touche ce roman.
Ne faut-il pas dire aussi ce poème, tant dans cette forme romanesque nouvelle se confondent les limites qui séparent traditionnellement la poésie du roman. -
« Qui regarde qui, au juste ? L'objectif semble changer de point de vue en permanence : il y a moi qui les photographie, la presse qui nous photographie, et puis ces dizaines de milliers de gens amassés qui cherchent à saisir le tourbillon. » - PAUL McCARTNEY
Ces photographies prises par Paul McCartney racontent la saison 1963-1964 des Beatles, avec les concerts à Liverpool et à Londres puis leur passage par Paris et l'Olympia avant leur première tournée aux États-Unis, de New York à Miami en passant par Washington.
Des images qui sont comme les notes qu'aurait prises Paul McCartney pendant cette année extraordinaire et témoignent de l'effervescence créative de l'époque comme des moments les plus intimes de la vie du groupe. Nul n'a jamais raconté de la sorte l'histoire de John, George, Ringo et de leur entourage pendant ces quelques mois où tout s'est joué.
Musicien exceptionnel, parolier de génie, artiste complet, Paul McCartney se révèle, au fil de ces clichés dévoilés ici pour la première fois, un photographe-né au regard espiègle et tendre.
« Vous tenez entre les mains le regard, au sens littéral du terme, de Paul McCartney sur cette fameuse année 1964, qui vit la Beatlemania se répandre sur la terre entière, comme un torrent en crue, après avoir quitté son lit britannique. Entre nous soit dit, sans le moindre doute, la contamination la plus joyeuse qu'ait pu connaître le monde au cours des dernières décennies. » - ANTOINE DE CAUNES -
Donner à voir : Images de Birkenau, du Sonderkommando à Gerhard Richter
Eric de Chassey
- Gallimard
- Art et Artistes
- 30 Mai 2024
- 9782073058065
En 2014, le peintre Gerhard Richter achève quatre tableaux abstraits qu'il nomme Birkenau. Ils sont le résultat de sa longue confrontation avec quatre photographies prises pendant l'été 1944 près du crématoire V d'Auschwitz-Birkenau par les membres du Sonderkommando affectés à la préparation des victimes et au traitement de leurs cadavres. Ce sont les seules images documentant de façon directe le processus d'extermination des Juifs d'Europe par gazage et destruction de leurs restes. Éric de Chassey analyse ici ces photographies, à partir de leur matérialité et de ce que l'on sait des conditions de leur prise de vue, et mène une enquête minutieuse pour comprendre quels traitements, problématiques, elles ont subis de la part d'un artiste contemporain attaché à maintenir vivante la mémoire de la Shoah. Il montre ainsi comment, à force de spectacularisation et de relativisme, nous sommes devenus insensibles aux enjeux moraux et politiques des images et de la manière dont on les montre et les regarde.
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« Il n'est que dix heures du matin. Il dégoupille le muselet de métal et fait sauter le bouchon. Le rire quasi continu de Bacon, sa bonne humeur tranchent avec le désespoir que dégagent ses tableaux. Je saisis qu'il y a un sens aigu du tragique en lui, mêlé au comique, comme chez Shakespeare, un autre de ses auteurs de chevet. Est-il ce Dr Jekyll et Mr Hyde ? »
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Nous sommes dans une pièce de théâtre. On y tourne un film sur le Bartleby de Melville. Tous ceux que réunit le tournage ont une raison puissante et personnelle de participer à cette création.
Ainsi Daniel Pennac nous invite-t-il, en rapprochant la figure de son propre frère de celle du fameux scribe, à visiter les coulisses du théâtre, du cinéma et l'atelier d'un grand écrivain. -
Mon éloge est un dithyrambe totalement subjectif, sincère et ressenti, un discours "pour l'édification commune", ainsi qu'il est écrit dans les manuels de rhétorique. Il ne cherche pas à plaire aux critiques ou aux chroniqueurs. Il s'adresse aux lecteurs qui veulent découvrir le jazz, à ceux qui l'aiment un peu mais de loin ; aux simples enthousiastes, aussi, ces ravis du jazz, comme moi, qui communient dans la ferveur d'un solo de sax, d'une envolée de trompette, d'un murmure de basse...