Littérature
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Walt Whitman, l'homme de l'espace américain, l'homme du surgissement, du déferlement vocal, du souffle porté à sa plus vaste amplitude, cet homme-là se dresse à jamais avec ses cris, ses rages, ses ferveurs. Tant d'énergie brute, tant de puissante naïveté, tant d'intuitions sonores ne cessent d'activer le coeur, d'exalter le corps. C'est la chance d'un bain de houle, avec en plus cette joie singulière, hérétique en poésie, de voguer gaillardement sur de bons sentiments. Whitman porte et emporte, provoque, prend par le bras, allonge le pas, amplifie l'écho et révèle à chacun sa voix d'homme. «Solitaire américain poussé comme un gratte-ciel dans un désert inculte de maisons à bas étages», selon Jacques Darras, Walt Whitman apparaît bien aujourd'hui à cette place de guetteur : il respire haut, il voit loin, il préfigure un monde fraternellement habitable.
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échos du grand âge ; comme un oiseau puissant aux ailes libres
Walt Whitman
- Unes
- 16 Août 2024
- 9782877042833
Ce volume rassemble les poèmes considérés par Whitman comme « le sillage » de ses mythiques Feuilles d'herbe, une poursuite de ses « explorations » poétiques. Il s'ouvre avec Comme un oiseau puissant aux ailes libres, dont la rédaction commence en 1872. Whitman a alors 53 ans, quelques années ont passé depuis la guerre de Sécession, et l'heure est au futur et au renouvellement de la nation pour le poète. Cet oiseau libre, c'est l'Amérique, des plaines, des forêts et des fleuves, c'est le vaste pays sauvage que l'on parcourt porté par le vent. C'est le soleil radieux, le grand ciel vide, les eaux du Potomac et l'éclosion des roses rouges, les prairies verdoyantes et « le matin pourpre des collines ». L'Amérique est pour Whitman la destination finale du navire humain, aboutissement du temps, des nations et des époques, une terre où bâtir un futur démocratique et apaisé : un « Nouveau Monde » encore à définir, dont la dimension dépasse le présent et que seul le « futur » est à même accueillir. Viennent ensuite les Échos du grand âge, derniers poèmes de Whitman, écrits entre 1873 et sa mort en 1892, et publiés à titre posthume 1897. Poèmes en forme de dernière envolée panoramique d'un poète qui réunit les derniers éclats magnétiques d'un vol d'abeilles sauvages, d'une brise, de la lumière du jour et du silence de la nuit, de l'aller-retour des marées. Un dernier regard paisible sur la nature, dans l'attente non moins paisible de la mort. Après les souvenirs des échos de la guerre, les naufrages, les spectres, des hommes déchirés, Whitman « crée un décor, un chant » plein de lumière, plein d'une foi confiante en l'avènement d'un monde moderne et réconcilié. Ces poèmes qui alternent l'ampleur du souffle narratif et la sensualité lumineuse d'évocations aériennes témoigne d'une époque où la poésie était une vision de la destinée de l'homme et de la femme, un chant de progrès, d'émancipation et de paix. D'amour aussi, qui est « le pouls de tout », et un désir d'atteindre à la Joie, dans une célébration musicale de l'existence, de l'ordinaire beauté de vivre et de respirer, ainsi que le résume Whitman avec la simplicité remarquable des grands poètes : « être tout simplement - quoi de mieux ? »
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En 1862, Walt Whitman part à la recherche de son frère, porté disparu sur les champs de bataille de la guerre de Sécession. Il découvre la situation épouvantable des hôpitaux militaires et refuse de rester indifférent. Poète engagé, humaniste, Whitman va mettre ses idéaux en application. Il décide de se consacrer aux blessés, d'accompagner les mourants, plaçant sa vie entre parenthèses durant trois ans.
Quels que soient leur camp ou leur couleur, il apporte amitié, écoute et réconfort à ceux qui en ont besoin. Le soir, il écrit : des carnets pour se libérer, des articles pour témoigner, des lettres à sa mère pour s'épancher. Ces trois sources se complètent pour faire de Tant que durera la guerre un document intime, littéraire et historique unique. -
Étrange destin que celui de la première édition de Feuilles d'herbe puisqu'elle est restée à ce jour inédite en France où Whitman (1819-1892) est souvent cantonné au rôle de poète traditionnel, voire scolaire. L'éminence de ce poème-fleuve dans l'édition de 1855 est à l'image de la hardiesse indéniable d'un brûlot poétique que 150 ans d'existence et sept versions successives semblent avoir rendu toujours plus éblouissant et radical. C'est en 1959 que ce " chef-d'oeuvre enseveli de la littérature américaine " refit surface dans le monde anglophone grâce à Malcolm Cawley où il s'imposa de façon durable. On compte actuellement six éditions de ce texte alors qu'en France nous en restons toujours à l'infatigable entreprise de réécriture menée par Whitman.
Les poèmes en leur premier état paraissent neufs, radicaux et déroutants d'où l'intérêt de les présenter dans cette version au lecteur français. Son " aboiement barbare par-dessus les toits du monde " inaugure la naissance en juillet 1855 de la poésie américaine moderne.
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Battements de tambour représente à bien des égards un cas à part dans la production poétique de Walt Whitman (1819-1892). Plus connu comme l'auteur de Feuilles d'herbe (Leaves of Grass), l'oeuvrephare qu'il remania de 1855 à sa mort, Whitman publia en 1865 deux recueils de poèmes consacrés à la guerre de Sécession. C'est le second de ces deux recueils qui est traduit ici. Publié à quelques semaines d'intervalle du premier, il en intègre les pièces et trahit le souci qu'affiche le poète de réagir de façon adéquate à l'assassinat d'Abraham Lincoln, tout en exprimant un espoir de réconciliation entre les deux camps. Si la plupart devaient finir par rejoindre le corpus de Feuilles d'herbe, les poèmes du présent recueil sont présentés dans leur état initial, mêlés à des pièces de circonstance ou à des textes courts, plus contemplatifs et a priori sans rapport direct avec la guerre.
Battements de tambour donne à voir un poète qui tente de trouver un sens au conflit fratricide national, sans jamais prendre parti. Si l'on retrouve de nombreux traits d'écriture typiquement whitmaniens, on cherchera en vain les audaces stylistiques d'un poème comme « Chant de moi-même » ou comme « Je chante le corps électrique ». Le défi, pour le traducteur, est de rendre une langue qui va des accents dionysiaques de l'enthousiasme belliqueux initial aux langueurs apolliniennes de l'élégie pour atteindre un état d'apaisement relatif (et peut-être un brin artificiel). La présente traduction s'est donc attachée à reproduire les différents registres employés dans le recueil, prenant soin de proposer des équivalents aux différents traits d'écriture employés par un poète soucieux de panser les plaies de son pays. Par exemple, dans l'ultra-célèbre « Ô capitaine ! mon capitaine ! », le traducteur a choisi de conserver les rimes de l'original (évacuées par les traducteurs précédents au profit du seul contenu thématique). L'appareil de notes a été réduit au strict minimum afin de troubler le moins possible la lecture des poèmes.
E. A.
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L'ivrognerie de Franklin Evans : un récit d'époque
Walt Whitman
- Corti
- Domaine Romantique
- 24 Mars 2022
- 9782714312716
Afin d'assurer à Franklin Evans une large diffusion, qu'il obtiendra en effet, avec une vente de vingt mille exemplaires, le débutant Walt Whitman, âgé de vingt-trois ans, feint de se joindre à des ligues de vertu, et de se faire prêcheur moraliste et funèbre de l'antialcoolisme.
C'est un prétexte, un paravent, un faux-semblant et, tout compte fait, un excellent outil. L'arrière-pensée, sans doute, se fixe sur les romans picaresques anglais du siècle précédent, dans le but de tracer, sous forme de récit à la première personne, a rake's progress, la carrière d'un libertin, dans des conditions new-yorkaises et autres qu'il a lui-même éprouvées, jalonnées de rencontres décisives de bons et de mauvais anges, où l'on peut soupçonner sous les abus de boissons entre garçons une allégorie d'excès sexuels, les femmes aimées, ou du moins épousées, étant bien présentes, mais se trouvant toutes victimes sur le chemin d'expiation et de réhabilitation du héros ; et tout cela dans un souci de psychologie autant que de sociologie, et puis naturellement avec des envolées inévitables du tempérament poétique, des échappées visionnaires comme celle du remarquable chapitre XX, avec son cérémonial de renonciation au Serpent Tentateur.
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« Walt Whitman aura été en fin de compte plus prolifique comme prosateur que comme poète. Soucieux de léguer à la postérité cet important volet de sa production littéraire, il supervisera l'édition définitive de ses textes en prose en 1892, l'année même de sa disparition. Il est donc clair que pour Whitman la frontière entre prose et poésie est ténue, ce qui correspond d'ailleurs à la position qu'il revendique:« l'heure est venue ( ... ) de briser les barrières formelles érigées entre prose et poésie.» Les textes retenus ici couvrent quatre décennies de la carrière littéraire de Walt Whitman. Ils donnent la mesure d'un pan négligé et pourtant primordial de sa production : la réflexion théorique. D'une constance à toute épreuve, il associe sans relâche l'évolution démocratique de son pays au développement de la littérature américaine, au sujet de laquelle il fera preuve jusqu'à sa mort d'une férocité volontiers polémique. Les textes proposés ici (réunis de son vivant par le poète dans Recueil et par son exécuteur testamentaire à titre posthume dans Manuel d'Amérique) brossent de façon saisissante et souvent déroutante le portrait d'un penseur inflexible qui s'est donné comme mission impossible d'imposer la poésie comme pierre angulaire de l'édifice social et politique de tout un pays.
À ce titre, pour créer une littérature qui puisse se présenter comme autochtone, il restait encore aux États-Unis, débarrassés du joug britannique, à se libérer de l'idiome hérité de l'ancien pouvoir colonial.
D'où, chez Whitman, l'imbrication si intime du linguistique et du politique.
C'est l'un des enjeux les plus évidents des textes de Whitman qui, le premier, mettra en oeuvre ce que, désormais, on pourra nommer 1'« américanité ».
E.A.
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Vie et aventures de Jack Engle est un roman feuilleton publie´ en 1852, dans le journal new-yorkais The Sunday Dispatch. Ce re´cit retrace l'histoire de Jack, un gamin des rues new-yorkaises recueilli par un marchand ambulant. Quelques anne´es plus tard, son bienfaiteur de´cide de placer le jeune homme chez Cover, un avocat crapuleux, dans l'espoir qu'il fera carrie`re. Or, par un hasard des plus dramatiques, le he´ros se retrouve plonge´ dans le myste`re de ses origines...
Cette critique sociale sous forme de fiction rend en quelque sorte hommage a` Dickens et a` ses plus grandes oeuvres telles que Oliver Twist et David Copperfield. Ce roman s'ancre dans un genre traditionnel du XIXe : City mysteries.
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Quatre rameaux de novembre
Walt Whitman
- Editions La Breche
- Pages Americaines
- 15 Janvier 2008
- 9782912753250
Ces quatre proses furent publiées par Whitman à l'automne de sa vie. Qu'il évoque son passage au Bureau des Affaires indiennes, ses promenades dans Central Park ou les campagnes de l'Est, il nous donne à sentir, dans un style personnel, l'Amérique du Nord de l'intérieur : il « se l'incorpore », selon l'expression de John Burroughs, avant de la « refaçonner en un colossal Whitman ».
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En 1855 se publie - dans un pays, qui ne sait pas tout à fait encore lequel il veut devenir - un volume sans origine : dépourvu de nom d'auteur (sans être pour autant anonyme) ; dépourvu de programme de lecture (pamphlet, épopée, programme, essai, fabrique d'un " pré " ?) ; dépourvu même d'une langue et d'une rhétorique stables tant il en fauche et en fane et en vanne, il déroule un texte hybride, balancé en deux parties : l'une, évidemment composée en prose, halète en massifs de paragraphes serrés : l'autre, qui n'est pas en prose, bourgeonne par touffes incalculables,.
Tantôt s'érigeant sur deux lignes grêles, tantôt ondulant au fil d'une succession de pages selon une forme ni vers ni versets, mais participant presque moqueusement des deux, jusqu'à se déployer parfois, au gré de la tentation foisonnante de l'herbier halluciné, en catalogue moins exhaustif que suggestif de l'ampleur de sa tâche : le tout frappé au coin d'une extraordinaire capacité à instituer précisément son insouci d'une origine autre que celle qu'il sème de soi, et étalé en outre, avec une luxuriante insistance, sous le titre incompréhensible et néanmoins délicieux (ainsi en va t'il souvent de la précipitation du poème) de " Feuilles d'Herbe ".
C'est la seconde partie de cet ouvrage fou, affolé, buissonnier, qui est ici traduite pour l'éventuel plaisir et l'adhésion éventuelle de son lecteur - auquel il est demandé d'en devenir, autant que le moissonneur d'un temps comme il sied, plus encore l'indéfinie fenaison : dans son pays seul entend en effet, de toujours et à jamais, croître en brassées sans cesse renouvelées le champ de ces feuilles d'herbe.
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Comme des baies de genévrier (feuilles de carnets)
Walt Whitman
- Mercure De France
- 7 Septembre 1993
- 9782715218161
Présentation de Philippe Jaworski
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Relire aujourd'hui «?Enfants d'Adam?» et «?Calamus?», c'est suivre, page après page, «?un poète soucieux, en nommant le corps, de briser les tabous d'une société corsetée tout en jetant les ponts d'une sensibilité poétique audacieuse qui continue d'interroger et d'inspirer.?»
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Feuilles d'herbe : illustrations, couleur
Walt Whitman, Margaret c. Cook
- Belles Lettres
- 26 Mai 2021
- 9782251452012
Camarade, ceci n'est pas un livre - Qui touche ceci touche un homme.
Walt Whitman.
« Il faut que je confesse que moi, un Toscan, un Italien, un Latin, je n'ai pas senti ce que voulait dire la poésie en lisant Virgile ou Dante et encore moins Pétrarque et le Tasse, poètes de luxe et par conséquent plus hommes de lettres que poètes, mais bien en lisant les énumérations puériles et les invocations passionnées du bon faucheur des Feuilles d'Herbe. » Giovanni Papini, Ritratti Stranieri, 1908-1921.
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Préfigurant l'oeuvre d'un des plus grands poètes américains, voici six nouvelles de Walt Whitman, inédites en France et demeurées dans l'ombre jusqu'en 1927. Elles illustrent certains aspects de l'Amérique des années 1840 et comportent quelques gros plans sur des faits de société, mais sont aussi le reflet d'une période de la vie de Whitman, où, contraint d'abandonner New York pour Long Island, il exerça la charge d'instituteur itinérant pendant cinq ans.
Exemplaires de l'esthétique littéraire américaine du XIXe siècle, elles annoncent la thématique et le style de «Feuilles d'Herbe», publié dix ans plus tard.