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Photographie
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Pointus, un art de vivre
Pascale Delplanque, Colette Servières
- Feed Back
- 20 Novembre 2024
- 9782492359224
Partie intégrante de l'identité méditerranéenne, les pointus, barques et barquettes ont bien failli sombrer dans l'oubli, dépassés par les mutations du monde. C'était sans compter sur la passion d'hommes et de femmes qui, leur vouant un attachement quasi charnel, n'ont d'autre but que leur sauvegarde. Au-delà de l'inestimable témoignage patrimonial, le pointu véhicule aujourd'hui tout un art de vivre et des valeurs à partager entre frères de port et de mer.
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Photographica n.6 : Photographie et modèles : le nu et ses histoires.
Eléonore Challine, Colette Morel, Paul-Louis Roubert
- Editions De La Sorbonne
- Photographica
- 27 Avril 2023
- 9791035108724
La photographie de nu, comme genre structurant de l'histoire de la photographie et de l'établissement de son marché, est analysée dans l'historiographie de la photographie artistique depuis les années 1990. Ce numéro de Photographica souhaite aborder la question de la photographie de nu du point de vue des modèles eux-mêmes. Dans une approche décentrée de la photographie, en considérant les modèles comme autant de co-producteurs et co-productrices volontaires ou involontaires, les articles publiés éclairent les vies, les parcours et les statuts parfois hybrides de ces modèles à travers l'histoire de la photographie en interrogeant ces positions relatives de muse, épouse ou de comédienne, participantes ou non d'une renommée qui bénéficie parfois d'une toute autre histoire. Ce numéro intitulé Photographie et modèles : le nu et ses histoires voudrait ainsi étendre l'histoire de la photographie à celle de ces modèles comme autant d'acteurs et d'actrices majeures d'une iconographie symbole de la transformation de l'image des corps, majoritairement féminins, en marchandise.
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L'ombre de Kate
Colette Pourroy, Fabien Ribery, Maurice Salaun
- Andre Frere
- 12 Juillet 2022
- 9782492696084
Un bébé sur un quai de gare que serre sa maman sur son coeur, un père qui repart à la guerre en 1916, après une courte permission donnée pour la naissance de son enfant, puis une explosion, le désastre, la mort. Cet homme nié est le grand-père de Colette Pourroy, dont le fils sidéré, privé de mots, devint mutique. Rien n'aura été transmis que le silence, qui réunit dans la séparation, et la douleur qui mènera à soixante-treize ans une veuve vers le suicide par noyade, la bouche remplie de l'eau létale de l'histoire du crime de son siècle. L'appareil photographique de la petite-fille ne cessant, livre après livre, d'interroger sa généalogie familiale, est une fabrique de fantômes, une chambre d'écho pour une parole absente. Un cahier est ouvert sur un fauteuil au tissu élimé, l'écriture est encore lisible, mais les noms sont recouverts de suie. Dans son dialogue intérieur avec l'indicible, Colette Pourroy interroge le néant.
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Rouge était sa couleur
Colette Pourroy, Laura Serani, Michel Meiffren
- Andre Frere
- 27 Août 2019
- 9791092265842
Dans le parcours de Colette Pourroy, réflexion introspective et recherche artistique sont intimement liées. Au fil du temps son écriture personnelle s'est imposée dans une démarche d'auteur où la photographie a été le langage juste, pour restituer autant le réel que l'imaginaire, les faits et leurs échos. Soggiacente pendant longtemps, elle a pris forme avec un projet précis, celui de raconter sa vie et celle des êtres aimés. Depuis, Colette Pourroy traite sans répit de sa famille, des histoires dites et de celles niées, de la place des uns et des autres, de la douleur et de la nostalgie. Saga familiale, déclinée désormais en trilogie sur son père et sa soeur et, enfin, sur sa mère.
Sous l'influence de son écriture magnétique, on la suit dans un labyrinthe d'indices, d'allusions et d'illusions. Sans le fil de l'histoire, il ne nous reste que notre imagination pour en sortir en interprétant les signes qu'elle laisse au fil des pages.
L'ombre du père absent qui traverse sa première série, l'inquiétude, la peur et les fantômes qui affleurent de celle sur sa soeur «Éve Réincarnée », ici laissent la place au mystère et à la fascination pour une figure féminine, omniprésente et en même temps évanescente, qui semble éclipser toutes les autres.
La poésie propre à l'univers visuel de Colette Pourroy s'alimente d'émotions très personnelles. Un portrait en jeune femme et les apparitions mises en scène de sa contre-figure, renforcent la sensualité, la force et la féminité de la protagoniste de ce nouveau récit, de cette mère, qui aimait tant le rouge. En noir et blanc, sa fille les traduit.
Dès les premières images, le ton fait penser à une histoire d'amour sur laquelle plane un mauvais présage. La légèreté des amours à leurs débuts est vite assombrie par l'apparition de portes fermées et de corps enfermés.
Une valise, une succession de paliers où des escarpins passent et repassent, une machine à écrire figée et des éclats dans le noir évoquent une répétition douloureuse de départs et de séparations. La solitude envahit l'espace, l'enfant s'efface entre les silhouettes de ses parents, les pas dans la neige divergent en s'éloignant, des parois de verre s'érigent en écran et une nuit sans étoiles tombe sur la campagne et dans les pièces de la maison. Cet univers, habité d'âmes errantes à la recherche de l'être aimé ou de la famille rêvée, respire le désir et son impossibilité.
Colette Pourroy continue son voyage intérieur, bouscule les souvenirs, dépasse les tabous et répare... Au fil du voyage son écriture singulière et envoûtante s'affirme et elle réussit la magie de rendre visible l'invisible.
Laura Serani
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Ève, première femme, première née, soeur aînée, soeur aimée... Il y a dans cette série photographique de Colette Pourroy quelque chose de l'ordre de la déclaration d'amour sororal, exprimée avec la volonté de revisiter un territoire de l'intime et l'urgence de conjurer la fuite des souvenirs fussent-ils dévastateurs. Ces images semblent hantées par le train de la mémoire qui inexorablement poursuit sa course de l'enfance à l'âge adulte. Latentes mais résistantes, elles nous racontent une histoire jusqu'alors restée au seuil de la parole et qui trouve dans la transposition photographique un palliatif à la douleur de l'énonciation. Le flou vaporeux, le contraste entre le blanc laiteux et le noir profond qui les caractérisent confèrent à la séquence qu'elles composent un aspect hallucinatoire.
À la netteté photographique, la photographe préfère en effet une représentation délibérément troublée par une vitesse d'exposition sous-estimée, une focale imprécise et une lumière radicalement violente et écrasante comme pour donner à voir le non-dit.
Pourtant, ce n'est pas de ces rapports à l'indicible que vient le malaise se dégageant de la lecture des images mais bien plutôt de l'ambiguïté qui s'y loge. Ainsi, nombreux sont les signes de la duplicité : la main est celle qui se tend et celle qui contraint, la fenêtre peut être ouverte pour respirer l'air frais dans une pièce devenue étouffante mais aussi devenir l'instrument d'un suicide, le drap être celui sous lequel on se cache avec l'innocence des jeux de l'enfance ou avec la sensualité des premiers émois amoureux mais aussi celui qui recouvre un corps à la morgue.
Dans cette narration visuelle se tissent une infinité d'histoires scandées par un certain nombre de leitmotive : l'ouverture, l'emprisonnement, le double, la dissimulation, la ligne de partage d'où émerge un « visage lunaire », une féminité fragile. La traversée symbolique des trois âges de la vie que condense ici la littérarité des images semble donner une place prépondérante à l'adolescence, à ce moment incertain de l'existence où tout peut basculer. La présence de la photographe, de la soeur, du double retrouvé après la solitude et le huis clos n'est pourtant pas salvatrice. Il n'y a pas de reconstruction grâce au regard de l'autre, fût-il photographique et empathique : une vitre, un voile persistent entre les âmes et les séparent. L'issue fatale que l'on pressentait demeure le point d'orgue de la composition. La morte-vivante dont on suivait les pas hagards s'est bel et bien brûlé les ailes dans l'obscurité et il faut en accepter la perte.