Prix Robert-Cliche 2021 ll s'est assis là où se rendaient les vagues pour observer la danse singulière des particules. Elles avaient un comportement plus animal que minéral. Il était facile de leur prêter une volonté : déplier le plus loin possible, en longues traînées, leur chatoiement bizarre. Saisi par le phénomène, Goyette n'a pas reculé. Le fleuve lui est rentré dans les souliers, dans les pantalons, dans la raie. C'était froid, et de plus en plus magnifique. Grâce à leur énorme usine, les Lelarge contrôlent le marché des fruits de mer sur la Côte-Nord quand survient, sur la plage de Baie-Trinité, un visiteur à l'élégance suspecte, lié à un mystérieux conglomérat japonais. Pour Frédéric Goyette, fonctionnaire dépressif de l'Agence canadienne d'inspection des aliments, amateur d'aquavit et de jazz inécoutable, c'est le début de l'enquête. Quant à Laurie Lelarge, cadette rebelle de sa famille, l'homme en vient vite à exercer sur elle un attrait confus, mais irrépressible. Elle ignore encore que Mori Ishikawa est l'auteur d'une invention qui est promise à changer le cours de l'histoire...
Quand Djemila Benhabib a pris connaissance du rapport de la commission Bouchard-Taylor, elle a été outrée qu'on demande aux Québécois d'accueillir favorablement toutes les requêtes faites au nom de l'islam. Sous prétexte de tolérance, les commissaires ont ainsi confondu musulmans et islamistes, alors que ces derniers ne sont qu'une petite minorité parmi les immigrants de culture musulmane. Or, les islamistes, Djemila Benhabib les connaît bien et elle a toutes les raisons de s'en méfier. En Algérie, où elle a vécu, elle les a vus envahir l'espace public, en tirant parti des défaillances de l'État et en pratiquant la terreur, elle les a vus imposer leur programme politique et infliger aux femmes leur tyrannie. En France, où sa famille a trouvé refuge, elle les a vus exercer des pressions insoutenables auprès des populations maghrébines pour les garder en dehors de la société d'accueil. Au Québec, elle les a vus réclamer des passe-droits et des privilèges, en invoquant la Charte des droits et la liberté de religion. C'est leur stratégie éprouvée qu'elle expose ici et qu'elle dénonce, dans un témoignage solidement documenté, mais auquel elle donne de touchants accents personnels, parce qu'il remue en elle une histoire encore douloureuse.
Le mythe de Prométhée, dans lequel s'exprime l'instinct de puissance de la civilisation occidentale, a son revers dans le mythe de la souffrance salvatrice et le dolorisme chrétien.
Hervé Fischer utilise ici sa méthode - la mythanalyse - pour rendre compte encore une fois des mythes qui gouvernent nos inconscients sociaux, mais il montre, en évoquant son itinéraire personnel, qu'elle peut aussi constituer une cure libératrice à l'échelle individuelle. Il écrit en effet : " C'est en réfléchissant aux figures de la puissance et de la souffrance, qui sont au coeur de ma culture, que j'ai mieux compris ma névrose familiale, les larmes de ma mère et mes propres sentiments de mal-être.
" Après avoir analysé la désespérance qui accable notre époque, il fonde, dans une philosophie matérialiste de la nature, le réenchantement du monde et, dans la volonté humaine, le sens de la vie et une éthique planétaire.
Hervé Fischer montre ici comment la production et la diffusion numériques des films sonnent le glas du monopole impérial de Hollywood qui en est venu à contrôler les réseaux de salles avec ses bobines 35 mm et la pratique du block booking.
Le numérique va ainsi redonner droit de cité au cinéma indépendant, aux films d'auteur et aux cinématographies nationales. C'est en s'appuyant sur les points de vue de personnalités aussi diverses que George Lucas, Jack Valenti, Humberto Solas, Daniel Langlois, Steven Spielberg, Wim Wenders, Ingmar Bergman qu'Hervé Fischer croit pouvoir annoncer cette victoire de la création et de la diversité culturelle sur l'impérialisme hollywoodien.
- J'ai le goût de t'acheter quelque chose ! Je peux t'acheter quelque chose ?
Il sautillait littéralement, me devançant sur le trottoir comme pour évacuer un trop-plein d'énergie.
- De quoi tu parles ?
- Tu voudrais quoi, Émilie ?
- Je veux rien.
- Un café ? Un nouveau manteau ?
Il revenait vers moi pour me prendre par les épaules, puis se remettait à faire des bonds en énumérant toutes les choses qu'il pourrait m'acheter.
Il jubilait. Moi, je me sentais... C'était quoi, donc, ce sentiment ? C'était flou, comme l'embryon d'une émotion. Peut-être l'humiliation.
Né le 29 août 1842 à Havre-aux-Maisons, aux Îles de la Madeleine, Placide Vigneau a été pêcheur, capitaine de goélette et, plus tard, gardien de phare sur l'Île aux Perroquets, dans l'archipel de Mingan. Dans les carnets qui font l'objet de cette édition annotée et présentée par des chercheurs de l'Université du Québec à Rimouski, il raconte, entre autres, les naufrages de son siècle. Le plus fameux d'entre eux est sans nul doute celui du Granicus, au large d'Anticosti, seul épisode connu d'anthropophagie dans l'histoire de la navigation québécoise... Les textes de Vigneau permettent également de découvrir la vie quotidienne des marins du XIXe siècle et de leurs communautés : chasse, élevage, agriculture, recettes et remèdes, etc. Leur mise en contexte, détaillée mais accessible, est très éclairante.
Des histoires de couples. De couples fantômes, de couples impossibles, de couples mort-nés, de couples à sens unique. Des histoires sur autre chose aussi. L'obsession maladive, inquiétante, l'incommunicabilité de nos mondes intérieurs. Et cette toute petite chose qu'est la dignité - sa perte, le plus souvent, mais aussi, parfois, sa conquête fugace.
En octobre 1963, André Malraux, ministre des Affaires culturelles de Charles de Gaulle, retrouve au Québec son homologue Georges-Emile Lapalme pour une visite officielle. L'auteur de La condition humaine, le philosophe de l'art, le combattant de la guerre d'Espagne et de la Résistance, est en service commandé. Dès 1960, le général lui avait dit : "Malraux, il faut s'occuper du Québec". Pendant une semaine où se succèdent les discours prononcés sans notes, le ministre, affinant sa compréhension d'un pays et d'un peuple qu'il découvre, les intégre à sa vision universaliste de l'avenir de l'humanité et de la francophonie.