Partant de l'expérience d'un jeune enseignant dans une des nouvelles écoles d'architecture créées après mai 68, à un moment où les architectes français formés aux Beaux-arts redécouvrent la ville, l'ouvrage s'interroge sur les changements et réorientations qui doivent aujourd'hui guider notre réflexion et notre pratique d'urbaniste. Après une première période marquée symboliquement par la parution du livre d'Henri Lefebvre, Le droit à la ville en mars 1968, la réflexion sur la ville et l'urbain est reprise cinquante ans plus tard par échelles successives dans cet ouvrage qui explore tout d'abord comment faire de tout logement un chez-soi appropriable et évolutif avant de plaider pour le rassemblement des tissus urbains diversifiés, à l'inverse des logiques séparatrices et pour l'unification de la ville fragmentée. Enfin, Philippe Panerai donne une place centrale aux « chemins de l'eau » pour accorder la ville et le territoire.
La métropole francilienne peine à s'inscrire dans la globalisation, malgré sa puissance économique et culturelle qui en fait l'une des toutes premières métropoles mondiales, sans doute parce que son histoire et sa culture politique ont enfermé l'Île-de-France dans un cadre national en grande partie autoréférencé.
En comparant Paris avec ses deux grandes rivales, Londres et New York, cet ouvrage permet de mieux percevoir cette singularité historique et culturelle. Largement dominé par le monde politique, et notamment par l'État, le système d'acteurs francilien éprouve des difficultés à s'ouvrir alors même que le processus de globalisation fait de plus en plus entendre ses exigences.
Le territoire francilien apparaît alors comme un lieu de conflits où différentes visions du monde s'opposent, notamment sur la question de la place de l'Île-de- France dans la globalisation. Si l'on observe quelques tentatives de construction d'un acteur collectif, elles restent parcellaires et sectorielles. Paris, tiraillée entre ses identités et ses aspirations, pourra-t-elle s'affirmer comme métropole dans la globalisation ?
La question métropolitaine s'impose dans les débats en France pendant que nombre d'entre nous en font l'expérience quotidienne, ne serait-ce qu'en se déplaçant pour aller travailler, étudier, consommer ou se divertir. Elle s'institutionnalise avec l'invention de la métropole depuis le 1er janvier 2015, alors qu'aux États- Unis, si l'expression « révolution métropolitaine » est utilisée pour signifier l'importance du bouleversement économique et spatial, elle n'a pas encore de traduction politique concrète. Les études évoquent l'urbanisation de la banlieue et la périphérisation du centre, parallèlement à la diffusion des emplois sur un territoire urbanisé plus large qu'autrefois.
Dans le but de dépasser le débat national opposant la « France des flux » et la « France périphérique », l'analyse souligne la convergence de deux traditions scientifiques (France, États-Unis), ce qui permet d'identifier sur un mode pertinent l'enjeu central de la métropole, outre les inégalités sociales et spatiales : la modification à terme du rapport d'un État à son territoire.