L'objectif est d'essayer de comprendre le phénomène mégapolitain. Selon les géographes, une mégapole est une agglomération de plus de 10 millions d'habitants, à ne pas confondre avec la mégalopole. Cette dernière est un espace urbanisé polynucléaire formé de plusieurs agglomérations dont l'extension fini par les faire se rejoindre. L'ouvrage se veut didactique sur les processus de fabrication actuelle de la mégapole parisienne : "comprendre pour agir".
Mais il veut aussi défricher de nouvelles questions souvent mises de côté. Par exemple, se soucier des transports, notamment de cette nouvelle ligne de métro, le fameux "grand huit", sans se préoccuper des modes de développement et des immobilités résidentielles, c'est raisonner sans visibilité, ni choix politiques. Mais encore faut-il raisonner dans le bon sens. C'est aussi l'enjeu de cet ouvrage : proposer des scénarios, des options, des process pour avoir une chance que les projets émergent, car, plus que jamais "It's the economy, stupid " ! Paris, ville monde, capitale du XIXe siècle, grâce à la force de ses industries, de ses réseaux, de ses transformations haussmanniennes.
Mais Paris a débordé ses fortifications militaires successives. Paris a annexé les communes limitrophes. Paris s'est nourri des campagnes proches. Mais la ville ne retrouve-t-elle pas des enceintes avec les grandes rocades que sont l'A86 et l'A104 - des barrières physiques, politiques et psychologiques. Cette prise de conscience d'un grand territoire est au coeur du devenir de Paris et des questions ici abordée.
Rien ne prédisposait Varian Fry à l'héroïsme. Il grandit dans cette Amérique des banlieues riches du New Jersey, avant d'intégrer l'université de Harvard. Diplômé en 1931, il pratique à la fois le journalisme et le professorat de lettres classiques. Envoyé à Berlin, il y découvre le nazisme et les persécutions contre les juifs. Son destin est scellé. Mais que faire ? Écrire, militer, protester, manifester, aider des réfugiés austro-allemands fraîchement arrivés à New York, cela parvient un temps à apaiser sa bonne conscience.
En 1940, il prend part à la fondation d'un comité de secours, The Emergency Rescue Committee, dans le but spécifique de faire sortir artistes, savants, philosophes et écrivains piégés dans la zone libre. Très vite, le comité veut envoyer un homme de confiance connaissant bien l'Europe et parlant couramment le français à Marseille. Fry se porte candidat. Sitôt arrivé, il noue des contacts avec tous ceux qui courent de grands dangers.
Il y a Victor Serge, romancier, essayiste, trotskiste. Il y a André Breton. Il y a les peintres Oscar Dominguez, Wifredo Lam, Max Ernst, Hans Bellmer, Marcel Duchamp, Victor Brauner, Jacques Herold, Jacques Lipchitz, André Masson. Il y a les écrivains Heinrich et Golo Mann, Franz Werfel et Lion Feuchtwanger, Benjamin Péret. Il y a les philosophes Hannah Arendt, Claude Lévi-Strauss et la très politique Anna Seghers.
Il y a Otto Meyerhof, prix Nobel de médecine. Il y a Wanda Landowska, la claveciniste. Il y a même ceux qui ne veulent pas partir dont Marc Chagall. Fry se déplace pour le convaincre, mais en vain. Chagall se voit avant tout artiste, la police le voit avant tout juif et l'arrête. Fry le fait sortir de prison et l'expédie illico en Amérique avec femme et enfant. Pour héberger et occuper tout ce monde, il loue une villa en marge de la ville et c'est toute cette trop brève aventure que relate l'ouvrage.
Expulsé en septembre 1941, il aura sauvé plus de deux mille personnes. Villa Air-Bel est démolie dans les années 1980. Alain Guyot, enseignant à l'École nationale supérieure d'architecture de Marseille, ses étudiants, avec les élèves de deux lycées, et une écrivaine, Diana Pollin, ont entrepris de faire revivre la villa à travers le récit, historique et biographique, et une reconstitution numérique des lieux.
Longtemps considérées comme un épiphénomène, les gated communities ou enclaves résidentielles privées, closes et gardiennées, se développent maintenant dans le monde entier. Elles ne relèvent donc plus d'une aberration urbaine mais incarnent l'aboutissement d'une longue, voire inexorable, évolution de l'habitat où la mixité sociale et l'hétérotopie deviennent l'exception. Ériger des barrières, s'enclore, se retrouver entre soi, s'adjuger des usages exclusifs, tout cela relève de l'exclusion et non de l'intégration, rôle dévolu depuis toujours à la cité. Mais de quoi ou de qui se prive-t-on en clôturant ? Qui finalement s'exclut le plus d'une société où la cohésion d'ensemble s'avère chaque jour plus menacée par des inégalités grandissantes ?
En revenant aux sources du rêve américain, en analysant les principes de fabrication de la ville américaine, on découvre que ce phénomène ne constitue point une rupture, mais forme l'aboutissement logique de stratégies à l'oeuvre depuis longtemps. En sécession avec l'idée classique de la ville et détachés de la notion d'espace public au sens habituel du terme, ces environnements semblent à beaucoup constituer la principale alternative, si ce n'est la seule, aux problèmes de la mégapole.
À partir du cas de Los Angeles, l'ouvrage éclaire les conditions qui ont présidé à leur apparition : étalement infini des mégapoles, privatisation de l'espace public, hégémonie du marketing, fragmentation sociale, insécurité urbaine. En s'intéressant aux gated communities, l'auteur interroge la ville contemporaine dans ses différentes manifestations : no-go areas, ghettos, parcs d'attractions, campus d'entreprises, etc.
Stéphane Degoutin, designer, graphiste et architecte d'intérieur, s'est vite tourné vers l'étude des phénomènes urbains. Il a été lauréat d'une bourse d'étude dans le cadre du programme " L'envers des villes " initié par la Caisse des dépôts et consignations et l'AFAA. Il poursuit cette interrogation sur le fait urbain dans la création de sites internet dont Nogoland.com ou Googlehouse.net.
" ...Tous ceux qui font ou qui ont fait le voyage de Mari sont unanimes, l'architecture dégagée est unique et il faut non seulement souhaiter mais agir pour quelle ne soit pas abandonnée à une destruction inévitable...
Dans une lettre découverte naguère à Mari. il fut dit que le roi d'Ugarit envoya son fils pour voir la résidence de Zimri-lim, considérée comme une des merveilles du temps. De cette merveille, il ne reste aujourd'hui que des éboulis informes. Le palais du IIIe millénaire a jusqu'ici mieux résisté. Nous nous sommes efforcés de protéger les zones les plus importantes, avec des moyens modestes, à la limite de nos crédits.
C'est insuffisant et, en toute nécessité, il faut agir et agir vite. Nous avons appris qu'en avril dernier, un groupe d'experts réunis à l'Unesco avait décidé la création d'un fonds de patrimoine mondial qui se propose d'offrir aux gouvernements qui le demandent une assistance internationale pour la restauration et la protection des monuments, oeuvres d'art ou sites naturels de valeur universelle, situés dans leur territoire et menacés de dégradation ou de destruction.
Si le palais de Mari ne répond pas e ces questions, nous ne voyons pas ce qu'on pourrait exiger de lui. Il est menacé de dégradation et de destruction et nous considérons, en toute objectivité, qu'il y a là une opération de sauvegarde à laquelle nous convions tous ceux qui ont compris qu'en la circonstance, silence et inaction seraient, bien plus qu'un crime, une faute. Une faute impardonnable... " André Parrot, Les Fouilles de Mari, 1972.