Les objets qui nous entourent, depuis le simple nid d'une hirondelle jusqu'à la halle d'un marché couvert, ne cessent de nous interroger sur les liens étroits et parfois mystérieux qui unissent formes, forces et matières. Mais la science des structures, indispensable à l'architecte qui les dessine tout comme à l'amateur qui cherche à les comprendre, peut s'avérer d'un abord intimidant. Ne requérant aucune connaissance préalable (outre les quatre opérations mathématiques de base), l'ouvrage de l'ingénieur et l'architecte Marc Leyral vise à instruire tout lecteur sur les principes simples qui sous-tendent les structures les plus complexes.
Guidé par une volonté didactique affichée, l'ouvrage prend forme d'un dialogue socratique entre un jeune élève et son maître qui l'introduit pas à pas aux notions fondamentales de l'art de bâtir :
Qu'est-ce qu'une force ? Comment les charges se répartissent dans les éléments d'une structure ? À quelles conditions celle-ci est-elle à l'équilibre ? Comment se comportent les matériaux soumis à différents types d'efforts ? Jusqu'à quel point résistent-ils ? Qu'est-ce qu'un arc, une voûte, un porte-à-faux ou une membrane sous-tendue ? Toutes ces questions sont systématiquement associées à l'analyse d'exemples précis, anciens ou contemporains, monumentaux ou ordinaires : du Centre Georges Pompidou à Paris aux abris vernaculaires en terre crue au Cameroun, du Panthéon de Rome à la grande toiture en béton de l'hippodrome de la Zarzuela à Madrid, des ponts de singe des Indiens des Andes au dôme géodésique de l'exposition universelle de Montréal en 1967.
Accompagnés d'une riche iconographie, incluant près de 400 illustrations didactiques réalisées spécialement pour l'ouvrage, tous les chapitres se terminent par une fiche synthétique et une application pratique. La leçon apprise, il ne reste qu'un pas entre comprendre « pourquoi ça tient » et pouvoir imaginer de nouvelles structures.
L'expérience du paysage relève d'un jeu constant d'éloignements et de rapprochements. Dans nos perceptions se nouent des relations spatiales, temporelles et mobiles entre le proche et le lointain. Telle est l'oscillation permanente que ce numéro explore de la ville dense à la moyenne montagne, et du pas de la porte jusqu'à l'Extrême-Orient et le Japon.
Des contributions savantes comme celle de Bruno Taut ou de Fumihiko Maki (grand architecte japonais), mais aussi celles des étudiants, ces "nouveaux penseurs" du paysage engagés sur les problématiques du besoin de soigner des espaces attentants à nos lieux de vie, mais aussi anticipant les bouleversements par le réchauffement climatique, nous font voyager, imaginer, penser le tout près et le très loin: du quartier des Pentes du Vieux-Lyon, la périphérie nord de Blois, le littoral de Montpellier, la vallée de la Beaume en Ardèche en passant par Athènes jusqu'au Japon.
Qui a droit au paysage ? À la perte accélérée de certains paysages répondent l'ouverture de points de vue décalés et le frayage de voies inédites. Certains milieux de vie - rivières, fleuves, bassins-versants, littoraux, montagnes ou marais - deviennent des êtres de droit. Par-delà les juristes et les concepteurs d'espaces, cette réflexion concerne un large public : institutions locales, étatiques et internationales, entreprises d'aménagement, de construction et de maintenance, militants écologistes, défenseurs des biens communs. Mais aussi les usagers des lieux publics que nous sommes tous, ou les scientifiques qui peinent tant à se faire entendre.
Alors que la demande de nature dans un monde de plus en plus urbanisé se double d'une prise de conscience des menaces qui pèsent aujourd'hui sur les écosystèmes, l'auteur réunit ici une centaine de textes permettant de porter un regard renouvelé sur l'art des jardins et le paysage. Une telle anthologie interroge un art qui s'estime le plus universel. De l'idée de paradis aux théories modernes du paysage, nombreux sont ceux qui ont tenté de décrire ou de définir tant la nature que le jardin idéal en soulevant autant de questions essentielles : celle de la nature primitive ou artificielle, de son rapport à la culture et au politique, de la création du Beau et du statut qui lui est accordé.
Convoquant Virgile, Boccace, De Serres, La Quintinie, Temple, Rousseau, Girardin, Olmsted, André, Jekyll, Burle-Marx, Page, Mumford, McHarg, Debord, Finlay, Lassus, Tschumi, Clément, Courajoud, Latz, Berque et nombre d'autres penseurs - parfois traduits pour la première fois - l'ouvrage offre une anthologie riche et savante de l'Antiquité à nos jours. Chaque grand cycle temporel est introduit par une synthèse qui propose un état des lieux érudit s'employant à traquer les évolutions au sein des conceptions et doctrines occidentales.
Apprendre à voir est un long apprentissage.
Or c'est précisément à l'éducation d'un regard, celui de l'architecte, que s'est employé dominique spinetta. de l'observation des objets et situations de la vie courante, il s'applique à dégager des principes utiles à la conception d'un projet architectural. promeneur attentif et curieux, il évolue sans difficulté de l'échelle de l'espace domestique à celle des dispositions urbaines. a partir de cette collection de lieux, amplement photographiés et dessinés, s'élabore un enseignement qui lie intimement la compréhension des formes à leurs usages.
Au fil des démonstrations, le lecteur pourra se forger un regard de concepteur, capable de reconnaître - pour les transformer - les logiques des espaces bâtis.
Au tournant des années 1990, la ville de Lille fut le théâtre d'une des opérations d'urbanisme les plus commentées et les plus controversées de la fin du xxe siècle, non seulement à l'échelle locale, mais aussi nationale et internationale. Baptisée Euralille, celle-ci portait sur un secteur de 70 hectares autour de la nouvelle gare Tgv qui allait bientôt mettre la capitale des Flandres à une heure des grandes métropoles européennes : Paris, Londres ou Bruxelles.
Avec une trentaine d'années de recul, Valéry Didelon revient sur Euralille, devenu le troisième quartier d'affaires en France, en s'intéressant non pas tant à ses formes urbaines ou à son style architectural qu'au processus qui l'a généré et qui reflète le tournant néolibéral de l'aménagement des villes : mélange de déclin de l'Etat-providence, de montée en puissance des opérateurs privés et de crise du statut de l'architecte-urbaniste.
L'ouvrage est ainsi organisé autour des trois personnages principaux de cette histoire, acteurs majeurs et pionniers de leurs domaines respectifs : Rem Koolhaas, architecte néerlandais de réputation mondiale qui deviendra l'une des plus grandes stars de l'architecture, Pierre Mauroy, maire socialiste de la ville et homme politique d'envergure nationale mais surtout Jean-Paul Baïetto, véritable manager de ce projet, créateur de la société d'économie mixte qui le finança, et inventeur en France, à cette occasion, de la figure mi-publique mi-privée de l'" aménageur ", aujourd'hui centrale dans les opérations urbanistiques.
Armé d'une bibliographie et d'un index, le livre est complété par un entretien inédit avec Rem Koolhaas, réalisé par l'auteur.
Décrié ou désiré, l'« américanisme » - entendu comme le produit d'une influence culturelle des États-Unis - a été généralement étudié dans le contexte occidental. Or, on le sait moins, le phénomène a également touché la Russie, tzariste d'abord, soviétique ensuite. Dans ce livre, et l'exposition qu'il accompagne au Centre canadien d'architecture à Montréal (nov. 2019 - août 2020), Jean-Louis Cohen dresse un magistral tableau de cet amerikanizm en Russie sur une période de 130 ans : depuis le début des années 1860, marqué par l'abolition du servage et la modernisation industrielle du pays, jusqu'au début des années 1990 avec le démantèlement progressif de l'Urss. Privilégiant les épisodes architecturaux et urbains de cette histoire, l'auteur sait les articuler avec les autres domaines de la culture savante (littérature, cinéma, arts visuels, musique) et populaire (publicité, illustration, production industrielle).
L'impression de chaos procurée par la suburbia et le mitage du paysage renvoient aux contours d'un territoire nouveau où s'imbriquent espaces ruraux et urbains. Désormais planétaires, les effets sur les modes d'urbanisation de ce " sprawl " ou étalement restaient à être analysés de manière circonstanciée. À travers des questions touchant aux infrastructures routières, aux centres commerciaux et aux lotissements pavillonnaires, David Mangin décrit la ville sectorisée, celle des enclaves privées, à laquelle il oppose la ville passante et métissée, celle du domaine public. Partant de l'observation du contexte français, il confronte la situation nationale aux phénomènes rencontrés au sein des villes asiatiques et s'interroge sur l'idée d'une importation d'un soit disant modèle américain.
Si l'auteur s'est intéressé principalement à trois entités omniprésentes dans la périphérie des villes : les infrastructures routières, l'urbanisme commercial et les ensembles de maisons individuelles, c'est pour mieux étudier les effets de la croissance urbaine de ces trente-cinq dernières années ainsi que leurs conséquences morphologiques et sociales .
Pour mettre en évidences les interactions qui se sont nouées en matière d'aménagement entre les sphères économiques, politiques et spatiales, l'auteur a croisé travaux cartographiques, enquêtes de terrains, entretiens et modèles. Contrairement aux méthodes anglo-saxonnes recourant largement aux analyses perceptives, il a volontairement choisi de tester, sur ces territoires, les outils de l'analyse urbaine apparus, en Italie, en Espagne et en France notamment dans les années soixante. Tracés, voiries, découpages du sol, règles d'édification, rapports publics/privés sont donc les objets privilégiés de cette recherche et des observations souvent consignées par le biais d'une abondante documentation cartographique.
« Dans son histoire de la construction, Giedion attribue à la France un rôle central et paradoxal. De 1830 à l'époque contemporaine (les années 1920 pour Giedion), la France tient, selon lui, une place majeure dans l'innovation technologique : les ingénieurs français sont à la pointe des techniques constructives grâce à la qualité des grandes écoles scientifiques. Mais la pesanteur de la tradition académique empêche selon Giedion les architectes, accablés de références historiques, de tirer profit des inventions, dont l'usage est restreint aux travaux publics et aux constructions industrielles ».
Nicolas Padiou, in Livraisons d'histoire de l'architecture, 2003.
« La traduction de l'un des livres cultes de l'historiographie architecturale contemporaine doit être considérée comme un petit événement. Dans l'avant-propos à ce fac-similé, Jean-Louis Cohen replace dans son contexte l'écriture de Bauen in Frankreich, bauen in Eisen, bauen in Eisenbeton, ses fondements théoriques et ses influences : Walter Benjamin s'en inspirera en effet au cours de l'écriture de son Paris au XIXe siècle. [...].
Aussi la présentation de quelques éléments de la prémaquette permet-elle de comprendre mieux encore le rôle fondamental de l'iconographie dans le déroulement de son propos. L'ouvrage peut être vu, il est vrai, comme une exposition à plat ; son écriture est quasi cinématographique, servie par une mise en page - attribuée à l'artiste hongrois László Moholy-Nagy - qui en accentue l'efficacité ».
Simon Texier, in Bulletin monumental, 2002.
« Lorsque votre livre m'est parvenu, les quelques pages que j'ai lues sur le vif m'ont tellement électrisé que j'ai dû m'imposer de ne pas le lire plus loin jusqu'à ce que je fasse meilleure connaissance avec mes propres recherches sur le sujet [...]. Depuis quelques jours, les choses ont repris leur cours normal, et je passe des heures à lire votre livre, en admiration. » Lettre de Walter Benjamin à Sigfried Giedion, 1929.
30 millions de touristes se rendent chaque année à Paris pour visiter ses prestigieux monuments. Mais on oublie que cette ville est riche aussi de ses immeubles ordinaires qui en constituent le paysage quotidien, si apprécié du flâneur. Cet ouvrage rend justice à ce patrimoine mineur et invisible qui compte plusieurs types identifiables depuis la fin du Moyen-Âge, jusqu'au XXe siècle.
La maîtrise du dessin comme celle de la maquette s'impose comme un point de passage obligé dans toute formation à l'architecture.
De sorte que l'acquisition des outils nécessaires à la représentation demeure un des apprentissages fondamentaux. par-delà cet enseignement, il convient d'exposer, de manière pratique et critique, les modalités les plus habituelles des représentations, de préciser leur nature, les diverses expressions de leurs codes, les conditions de leur utilisation ainsi que leurs limites. la représentation, avant d'être un outil de communication, constitue un outil de conception pour organiser l'espace et lui donner une forme.
Le recours à des figures codifiées : plan, coupe, élévation, axonométrie, perspectives, etc, vise à présenter une réalité absente et à permettre de percevoir ce qui demeurera caché jusqu'à l'achèvement de la construction.
Une veritable somme de connaissances, au sens encyclopédique du terme, sur le dessin d'architecture.
Eros est présent dans tous les arts. Mais en architecture? De tous les arts serait-elle la seule exemptée de l'emprise du corps ?
Frédéric Allamel démontre le contraire. L'architecture est justement cette vaste enveloppe corporelle au sein de laquelle se jouent les petits drames de nos vies intimes.
Militant pour une architecture incorporant toute la palette des sens et faisant fi du bon goût castrateur, Frédéric Allamel décrypte les réalisations et projets - anciens ou récents - où la fonction d'habiter se conjugue avec l'hédonisme. Cette relecture de l'espace architectural, souvent anodin plus que monumental, met à jour un patrimoine toujours affleurant de formes capricieuses et fantasques qui font de l'architecture un art de la séduction.
Une des originalités de cet ouvrage collectif sur la représentation de l'architecture est qu'il ne traite pas uniquement du dessin d'architecte. Mais il s'intéresse à toutes les autres formes que celle-ci peut prendre, à chaque stade de la vie d'une architecture, de sa conception à sa médiatisation, en passant par son exécution ou sa transformation : c'est-à-dire non seulement des documents visuels (une photographie, un croquis, un diagramme, un photomontage) mais aussi des objets matériels (une maquette) ou même des productions textuelles (une publication, un discours). Plus encore, le livre s'intéresse à la manière dont on se représente mentalement les espaces architecturaux et urbains qu'on soit un individu ou un groupe, dans les cercles du pouvoir ou dans la société civile, spécialiste ou non, et à la manière dont ces multiples représentations interagissent avec les processus de transformations de ces espaces.Introduit par deux essais théoriques - d'un philosophe, historien de la cartographie, et d'un historien de l'art, expert en études visuelles - l'ouvrage entend faire le point sur la recherche actuelle dans ce domaine.
Journaliste et critique d'architecture, Ulrich Conrads est le premier à entreprendre une anthologie de textes phares de l'histoire architecturale du XXe siècle. Publiée en 1964, elle présente chronologiquement soixante-dix programmes et manifestes significatifs d'une grande variété thématique rédigés entre 1903 et 1963. À travers cet ouvrage, Conrads démontre que les écrits des acteurs de la scène architecturale contemporaine sont aussi importants que leurs oeuvres construites pour appréhender leurs gageures et idéaux respectifs. En parallèle, il fournit aux lecteurs une compilation pédagogique accessible et efficace pour s'initier et comprendre l'évolution de l'architecture sur six décennies.
Objet de multiples traductions depuis sa parution, l'ouvrage d'Ulrich Conrads demeure une référence bibliographique incontournable.
La question urbaine occupe désormais une place essentielle. Les reportages se multiplient tant sur les banlieues à problèmes que sur les "ghettos dorés", résidences sécurisées pour classes aisées. Les premières ont fait la une depuis plusieurs décennies, les secondes suscitent l'intérêt récemment, à raison de l'expansion rapide des communautés résidentielles fermées. L'idée de "fracture urbaine" semble ainsi prendre la relève de celle de fracture sociale.
Sous couvert d'une urbanisation généralisée, il semble que les mécanismes antérieurs d'unification de la société inversaient leurs effets. Des HLM aux " beaux quartiers " en passant par les lotissements pavillonnaires, une voie existait qui montrait un possible passage d'un espace à l'autre, même s'ils étaient physiquement éloignés. La pacification que procurait la séparation valait comme condition pour la promotion. A présent, l'inverse se produit. La distance - entre les cités d'habitat social et le péri-urbain pavillonnaire, entre celui-ci et les centres gentrifiés des grandes villes - est vécue comme rejet d'un univers par l'autre, alimentant l'amertume et les frictions, le sentiment de ne pas appartenir à la même ville, à la même société.
Au lieu d'un mouvement unique et unifiant les espaces de la ville, c'est à l'avènement d'une ville à trois vitesses que l'on assiste : celle de la relégation des cités d'habitat social, celle de la péri-urbanisation des classes moyennes qui redoutent la proximité avec les " exclus " des cités mais se sentent " oubliés " par l'élite des " gagnants " portée à investir dans le processus de gentrification des centres anciens.
Cet ouvrage reprend deux articles parus dans la revue Esprit (" La nouvelle question urbaine " et " La ville à trois vitesse ")plus un texte inédit.
Jacques Donzelot, l'un des meilleurs spécialistes des questions sociales et urbaine, est l'auteur, , de Faire société, L'Invention du social, Quand la ville se défait... parus au Seuil Liens avec d'autres ouvrages de la Villette :
La ville franchisée, David Mangin Prisonniers volontaires du rêve américain, Stéphane Degoutin Métropolitique, Jean-Paul Dollé
Toute conception d'édifice implique de maîtriser le passage des deux dimensions du plan aux trois dimensions de l'espace.
La géométrie descriptive développe cette faculté puisqu'elle procure une compréhension permettant de concevoir, de générer et de représenter les formes dans l'espace. le cours de dessin d'architecture répond à une exigence trop rare de l'enseignement: introduire au dessin d'architecture à partir de la base théorique et pratique que constitue la géométrie descriptive. illustré de très nombreux exemples tant historiques que contemporains, ce manuel expose avec beaucoup de clarté et de précision les méthodes de construction tout comme de projection des volumes, du plus simple au plus complexe, sans omettre d'exposer les règles de tracé des ombres.
Conçu dans une visée pédagogique et donc de manière à acquérir une connaissance progressive, l'ouvrage s'adresse aux étudiants en architecture, mais aussi à tous ceux qui, dans le design, la mode, l'architecture intérieure, le paysage, la mécanique, désirent maîtriser la représentation des volumes et des formes.
Énoncées depuis vingt siècles et réactualisées à la Renaissance, les catégories d'utilitas, de firmitas et de venustas (utilité, solidité et beauté) forment le cadre conceptuel pour penser et concevoir l'architecture occidentale. Cette trilogie est suffisamment souples pour intégrer les expériences accumulées au fil du temps, et ouvertes aux apports de chaque époque tout comme aux paroles singulières des architectes.
La catégorie d'utilitas renvoie aux besoins fondamentaux de l'habitation humaine. Elle se rapporte aux dispositions spatiales et matérielles qui permettent à un bâtiment d'être adapté à sa destination, à son usage, soit à ce que l'on appelle aujourd'hui sa fonction.
La catégorie de firmitas est celle des matériaux mise en oeuvre. À ce titre elle s'ancre profondément dans l'économie. La classification morphologique des ouvrages de construction, inséparables de leurs systèmes techniques, est abordée au regard de leur capacité à contenir de l'espace habité.
La catégorie du venustas est la plus complexe des trois et pose d'emblée la question des finalités de l'architecture. Elle est reliée au concept de « modernité » dont l'évolution du sens au cours du XXe siècle mérite un examen attentif.
La critique d'architecture, ses enjeux et ses frontières incertaines avec la théorie et l'histoire de l'architecture suscitent un intérêt croissant depuis les années 1980. Afin de démêler les controverses, présentes ou passées, sur les multiples définitions de cet objet réputé insaisissable, ne faut-il pas dépasser les discours convenus et relativiser les constats pessimistes sur la supposée crise qu'elle traverse ?
Au cours du xxe siècle, de nombreux architectes se sont interrogés sur les instruments spécifiques à la critique de leur discipline, mais aussi sur ses limites. L'ouvrage passe en revue, du point de vue de l'historien, l'essentiel des discours tenus de part et d'autre de l'Atlantique. Il déploie de la sorte un vaste spectre de conceptions de la critique d'architecture et pose la question de sa double origine, dans les théories architecturales et dans le jugement porté sur des productions esthétiques.
L'art de la mémoire, le territoire et l'architecture Sébastien Marot Collection
Penser l'espace Format : 150 x 210 mm 112 pages, 150 illustrations 12 ? Broché
ISBN : 978-2-915456-58-5 Office : mars 01 Dans cet ouvrage, Sébastien Marot
s'emploie à forger la notion de « suburbanisme », un néologisme un peu ingrat
qui désigne un tiers état du territoire, quelque chose entre la ville et la
campagne. Il en désigne comme opérateur principal l'architecte paysagiste,
qu'il situe entre le concepteur d'espaces urbains et le paysan aménageur. Il
révèle une transformation majeure dans l'élaboration des milieux bâtis ou
espaces aménagés, un renversement de perspective. Ce n'est plus le programme
mais le site qui est la condition préalable de toute conception. La mise en
place de cette démarche alternative fait du paysage l'élément initial et
régulateur du projet. Ce faisant les nouveaux aménagements ou interventions
s'élaborent d'abord à partir de la géographie et de la mémoire du site. Il
revient alors au concepteur de faire valoir toutes les potentialités de ce
territoire dans la négociation avec les commanditaires pour produire l'espace
public urbain et périurbain. Le large débat s'appuie sur quatre axes
principaux, articulant passé et présent, passant de l'architecture de la ville
au territoire de la ville. Le premier volet est un livre publié en 1966 par
l'historien anglais d'idées Frances Yates. Le deuxième est une métaphore forgée
en 1930 par Sigmund Freud. Le troisième est un compte tenu par l'artiste
américain Robert Smithson d'une banlieue de marche en 1967. Le dernier volet
est un petit parc, conçu par l'architecte Georges Descombes dans une banlieue
de Genève dans les années 1980. Tous les volets sont rassemblés dans un
argumentaire cohérent qui éclaire la pratique contemporaine. Sébastien Marot
est philosophe, maître-assistant à l'École d'architecture de Marne-la-Vallée et
professeur invité à la chaire de paysage de l'École polytechnique fédérale de
Zurich. Il a été le créateur et rédacteur en chef de la revue Le Visiteur et
s'est occupé de la publication des textes d'André Corboz Le territoire comme
palimpseste. Liens avec d'autres ouvrages de la Villette : Mouvance II,
Augustin Berque Jardins et paysages, une anthologie, Jean-Pierre Le Dantec
Densité, Cahier de l'école de Blois n°6
L'actualité a remis le logement social au premier plan.
Reste à travailler encore et toujours sur ce qui indique et implique une écoute en profondeur. Cela impose la nécessité de développer à partir des pratiques et usages des habitants un ensemble de réflexions sur les intentions architecturales et leurs traductions formelles. S'adressant à ceux qui sont sensibles à la responsabilité de la puissance publique au regard du logement pour le plus grand nombre, ce livre propose une série de réflexions sur la notion de l'habiter.
Il apporte moins une réponse toute faite qu'un ensemble de questionnements ouverts issu de la rencontre avec ceux qui y résident. C'est une invitation à repenser les modalités fondamentales de l'habiter. En amont de débats techniques, économiques et politiques, s'impose aux décideurs : et concepteurs la redéfinition de ce qui fait l'essence de la vie collective, du rapport à l'autre, du chez-soi. Il montre que toute conception architecturale doit questionner les références premières que sont : le dedans et le dehors, le proche et le lointain, l'intime et le commun, le natal, ainsi que certaines notions qui le déploient : la nature aménagée, les services, les espaces d'accueil...
Percevoir e prendre en compte ces articulations, c'est permettre aux habitants de retrouver une histoire oubliée tout en rendant la leur possible.
La figure de l'architecte issue de la Renaissance repose sur la séparation du savoir et du faire, de l'artisanat et de l'art mais dans le même temps apparaissent les indices d'une rupture profonde inaugurée par le capitalisme naissant et reproduit depuis quels que soient les régimes ou pays. Ainsi, Dessin/Chantier, c'est en finir avec la bienséante trilogie vitruvienne (utilitas, firmitas, venustas), c'est voir autrement le monde et saisir comment se produit la valeur dans un monde dominé par la marchandise qui se saisit même de l'espace.
Le propos tranche par son approche idéologique à l'opposé du libéralisme actuel. L'auteur est marqué par les luttes des années 60 au Brésil, son pays d'origine, par la violence faite aux ouvriers bâtissant Brasilia, humbles paysans affamés, déportés sur ce site ingrat et abjectement exploités. Son propos s'en ressent, parfois difficile, oscillant entre ombre et clarté. Mais il faut lire Dessin/Chantier avec l'application du maçon qui trace au cordeau, avoir l'oeil du charpentier, saisir la coupe du verrier et avoir éprouvé l'endurance du manoeuvre.
Alors le voici parti à la recherche d'une autre pratique de l'architecture et de son édification, une pratique heureuse passant par un changement radical des rapports de production. Une pratique non hiérarchisée et non spécialisée qui encourage l'autonomie, le savoir collectif, le perfectionnement dans l'expérimentation. Loin des pratiques narcissiques et de l'affirmation ostentatoire des ego, le sujet abordé par Ferro dans sa démarche c'est la recherche de l'assomption par le travailleur du savoir et du savoir-faire objectivement inscrit dans le métier, dans la situation historique de son matériau. C'est la recherche d'une liberté radicale associée à une nouvelle poétique, celle de la main heureuse.
Hongrois d'origine mais installé à Vienne puis à Berlin, László Moholy-Nagy intègre la fameuse école du Bauhaus. Surtout connue pour ses réalisations en matière d'architecture et reconnue en tant que précurseur en matière de design, cette école a exercé une forte influence sur les arts plastiques.
Quatre années durant, il y entreprend une carrière de pédagogue dont cet ouvrage témoigne. Restituant les contours d'une expérience créatrice, mieux véritable grammaire de la création moderne, l'ouvrage se présente, comme une compilation de toutes les références et expériences que Moholy-Nagy proposait à ses élèves. Ses recherches (dessins, photogrammes, travaux graphiques) visent à briser le primat du regard, convaincu que l'art ne peut être réduit à la simple observation mais convoque le toucher et la kinesthésie.
En trois chapitres, « La matière », « Le volume (sculpture) » et « L'espace (architecture) », précédé d'une sorte de manifeste théorique l'artiste expose sa vision du lien inaliénable entre arts, technologie et vie. Bannissant les formules artistiques existantes, il souligne les évolutions des effets optiques avec premier lieu les jeux de lumière remplaçant les effets de la couleur, et pointe les modifications advenues avec la sculpture, passant de statique et modelée à dynamique et constructive. Fort de ces démonstrations, il conclut qu'effets optiques, matérialité redécouverte, jeux de volumes trouvent dans l'architecture moderne leur aboutissement.