Valjean, l'ancien forçat devenu bourgeois et protecteur des faibles ; Fantine, l'ouvrière écrasée par sa condition ; le couple Thénardier, figure du mal et de l'opportunisme ; Marius, l'étudiant idéaliste ; Gavroche, le gamin des rues impertinent qui meurt sur les barricades ; Javert, la fatalité imposée par la société sous les traits d'un policier vengeur... Et, bien sûr, Cosette, l'enfant victime. Voilà comment une oeuvre immense incarne son siècle en quelques destins exemplaires, figures devenues mythiques qui continuent de susciter une multitude d'adaptations.
Victor Hugo a vingt-six ans quand il écrit, en deux mois et demi, Le Dernier Jour d'un Condamné, roman qui constitue sans doute le réquisitoire le plus véhément jamais prononcé contre la peine de mort.
Nous ne saurons pas qui est le Condamné, nous ne saurons rien du crime qu'il a commis. Car le propos de l'auteur n'est pas d'entrer dans un débat mais d'exhiber l'horreur et l'absurdité de la situation dans laquelle se trouve n'importe quel homme à qui l'on va trancher le cou dans quelques heures.
Ce roman - aux accents souvent étrangement modernes - a une telle puissance de suggestion que le lecteur finit par s'identifier au narrateur dont il partage tour à tour l'angoisse et les vaines espérances. Jusqu'aux dernières lignes du livre, le génie de Victor Hugo nous fait participer à une attente effarée : celle du bruit grinçant que fera le couperet se précipitant dans les rails de la guillotine.
Quiconque aura lu ce livre n'oubliera plus jamais cette saisissante leçon d'écriture et d'humanité.
Collection « Classiques » dirigée par Michel Zink et Michel Jarrety Victor Hugo Les Contemplations Les Contemplations, que Hugo fait paraître en 1856, sont à un double titre marquées par la distance et la séparation : parce que le proscrit qui, dans Châtiments, vient de fustiger Napoléon III, est en exil à Guernesey ; mais aussi parce que le recueil, en son centre, porte la brisure du deuil, et ses deux parties - « Autrefois », « Aujourd'hui » - sont séparées par la césure tragique de l'année 1843 où Léopoldine, la fille de Hugo, disparut noyée. La parole poétique prend naissance dans la mort, et « ce livre », nous dit l'écrivain, « doit être lu comme on lirait le livre d'un mort ».
Mais Les Contemplations construisent aussi une destinée. Il se peut qu'elle emprunte à la biographie de l'écrivain ; on se tromperait pourtant à la confondre avec la sienne. Car si le lyrisme de Hugo touche à l'universel, c'est que le poète précisément dépouille ici l'écorce individuelle pour atteindre à l'intime : le sien propre et celui du lecteur qui saura ainsi se retrouver dans le miroir que lui tendent ces Mémoires d'une âme.
Edition de Ludmila Charles-Wurtz.
« ...Un homme nommé Claude Gueux, pauvre ouvrier, vivait à Paris en 1831. Il avait avec lui une fille qui était sa maîtresse et un enfant de cette fille... Il était capable, habile, intelligent, fort mal traité par l'éducation, fort bien traité par la nature, ne sachant pas lire mais sachant penser. Un hiver, l'ouvrage manqua. L'homme, la fille et l'enfant eurent froid et faim. L'homme vola. Il en résulta trois jours de pain et de feu pour la femme et pour l'enfant et cinq ans de prison pour l'homme. Il fut envoyé faire son temps à la Maison Centrale de Clairvaux.
On va voir ce que la Société en a fait. » Relation allégorique d'un drame individuel, cet ardent plaidoyer contre la peine de mort et contre la prison met à nu le mécanisme de la brutalité sociale qui ne sait répondre à la détresse que par la répression. Avec Claude Gueux, Victor Hugo n'est plus simplement romancier ou poète. Il conquiert une place éminente auprès des plus grands orateurs de la Liberté.
Présentation et notes par Emmanuel Buron.
27 poèmes que Victor Hugo dédie à ses deux petits-enfants Jeanne et Georges Hugo. À 75 ans , l'auteur des Misérables y célèbre la douceur de la jeunesse et la complicité qui peut se nouer entre les générations. Un hommage rendu à la pureté de l'enfance et une formidable leçon de joie et d'optimisme.
En 1877, Victor Hugo publie 27 poèmes qu'il dédie à ses « marmots ». On y découvre l'homme avant l'écrivain ou la personnalité politique, attendri par les rires et les jeux des enfants bien-aimés, lucide sur le monde qui les entoure et les voit grandir, mais toujours rajeuni par cette « aurore » qu'est l'âme enfantine.
27 arts d'être grand-père pour célébrer un amour simple et pur, pour rendre hommage à cette tendre complicité entre deux générations.
Une voix se lève, au début de la Monarchie de Juillet, pour dénoncer la destruction du patrimoine architectural et artistique français : celle de Victor Hugo. Dans « Guerre aux démolisseurs », paru en mars 1832, le jeune poète regrette le « vieux souvenir de la France » qui « s'en va avec la pierre sur laquelle il était écrit ». Il déplore le vandalisme, moderne et bourgeois, qui se répand et ravage le vieux Paris.
En imposant Hernani, chef-d'oeuvre du drame romantique, à la Comédie-Française, temple du classicisme, Victor Hugo fut à l'origine de l'une des plus célèbres batailles de l'histoire littéraire. «Tissu d'extravagances», fruit d'un «esprit humain affranchi de toute règle et de toute bienséance», selon la censure, Hernani marquait l'avènement d'un théâtre mariant le sublime au trivial et investi par le lyrisme, l'épique et la politique.
Drame historique retraçant l'accession à l'Empire de Charles Quint, comédie d'intrigue mettant en scène un roi, un vieillard et un bandit épris de la même femme, tragédie héroïque sous-tendue par la loi de l'honneur aristocratique, Hernani incarne le mélange des genres. Consacrant le triomphe de l'avant-garde artistique, la création de cette pièce flamboyante, au printemps 1830, entérinait la révolution française du goût.
Édition enrichie (Introduction, notes et chronologie)Sorti du libre élan mystique, le gothique, comme on l'a dit sans le comprendre, est le genre libre. Je dis libre, et non arbitraire. S'il s'en fût tenu au même type, s'il fût resté assujetti par l'harmonie géométrique, il eût péri de langueur. [...] Comment compter nos belles églises au xiiie siècle ? Je voulais du moins parler de Notre-Dame de Paris. Mais quelqu'un a marqué ce monument d'une telle griffe de lion, que personne désormais ne se hasardera d'y toucher. C'est sa chose désormais, c'est son fief, c'est le majorat de Quasimodo. Il a bâti, à côté de la vieille cathédrale, une cathédrale de poésie, aussi ferme que les fondements de l'autre, aussi haute que ses tours. Si je regardais cette église, ce serait comme livre d'histoire, comme le grand registre des destinées de la monarchie. [...] La grande et lourde église, toute fleurdelysée, appartient à l'histoire plus qu'à la religion. Elle a peu d'élan, peu de ce mouvement d'ascension si frappant dans les églises de Strasbourg et de Cologne. Les bandes longitudinales qui coupent Notre-Dame de Paris arrêtent l'élan ; ce sont plutôt les lignes d'un livre. Cela raconte au lieu de prier. [...] Notre-Dame de Paris est l'église de la monarchie ; Notre-Dame de Reims, celle du sacre.
Jules Michelet, Histoire de France, iv, 8, « Eclaircissements : la Passion comme principe d'art au Moyen Age » (1833).
Présentation et notes par Jacques Seebacher.
« Qu'est-ce que les Contemplations ? C'est ce qu'on pourrait appeler, si le mot n'avait quelque prétention, les Mémoires d'une âme » (Préface).
Peu d'oeuvres poétiques se réfèrent plus ouvertement à leur contexte historique et biographique que celle-ci. Publiées en 1856, Les Contemplations portent la marque d'un double deuil : la perte de la fille du poète, Léopoldine, et la mort symbolique que représente l'exil. Mais ce qui s'y joue touche à la puissance de la parole poétique : par la contemplation, plongée aux tréfonds de soi d'où doit émerger la poésie, Hugo fait du déchirement un acte créateur et du verbe lyrique l'instrument d'une recherche d'absolu.
Cette section des Contemplations contient certains des textes les plus connus de la poésie française. En pleurant la disparition de sa fille Léopoldine, Hugo interroge la condition humaine et, pathétique, interpelle Dieu : il atteint à l'universalité et à l'intemporalité.
Notions littéraires : le vers.
Contextualisation : le discours autobiographique, depuis Rousseau jusqu'au XXIe siècle.
Histoire des arts : Les Contemplations, une nouvelle conception de la poésie ; le romantisme ; la représentation de la mort.
Oeuvre d'art étudiée : Chatillon
> Victor Hugo Les Misérables * Tant qu'il existera, par le fait des lois et des moeurs, une damnation sociale créant artificiellement, en pleine civilisation, des enfers, et compliquant d'une fatalité humaine la destinée qui est divine ; tant que les trois problèmes du siècle, la dégradation de l'homme par le prolétariat, la déchéance de la femme par la faim, l'atrophie de l'enfant par la nuit, ne seront pas résolus ; tant que, dans de certaines régions, l'asphyxie sociale sera possible ; en d'autres termes, et à un point de vue plus étendu encore, tant qu'il y aura sur la terre ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas être inutiles.
Hauteville-House, 1er janvier 1862.
Victor Hugo.
Présentation et notes de Guy Rosa.
Commentaires de Nicole Savy.
Un recueil poétique majeur de Hugo, suivi d'un parcours littéraire « Les Mémoires d'une âme ». Dans une édition conforme aux nouveaux programmes de français du lycée, incluant notamment des prolongements artistiques et culturels et un dossier Nouveau bac.
L'oeuvre.
Dans ce recueil, écrit après la mort de sa fille, Hugo exprime sa souffrance, en communion avec celles des autres hommes. Ce faisant, il libère le vers et amorce une révolution poétique.
Le parcours « Les Mémoires d'une âme ».
10 poèmes pour analyser comment le poète romantique épanche son âme dans ses vers et y exprime les interrogations et les tourments de toute conscience.
Le dossier.
Toutes les ressources utiles au lycéen pour étudier l'oeuvre dans le cadre des nouveaux programmes :
- un avant-texte pour situer l'oeuvre dans son contexte.
- au fil du texte, la rubrique « Des clés pour vous guider ».
- après le texte :
- des repères sur l'oeuvre.
- un groupement de textes complémentaires « Survivre à la mort d'un enfant ».
- des sujets types pour l'écrit et l'oral du nouveau bac français.
Des prolongements artistiques et culturels.
Une sélection de 6 oeuvres, en lien avec le recueil et le thème du parcours, et des outils pour les analyser.
Et un guide pédagogique.
Sur www.classiques-et-cie.com. En accès gratuit réservé aux enseignants, il inclut tous les corrigés : des questionnaires au fil du texte, des sujets de bac, des lectures d'images.
Victor Hugo Les Misérables ** Ce livre est un livre de charité, c'est-à-dire un livre fait pour exciter, pour provoquer l'esprit de charité, c'est un livre d'une nature terrible et navrante, disant à la conscience du lecteur : « Eh bien ? Qu'en pensez-vous ? Que concluez-vous ? » Les Misérables sont un étourdissant rappel à l'ordre d'une société trop amoureuse d'elle-même et trop peu soucieuse de l'immortelle loi de fraternité, un plaidoyer pour les Misérables (ceux qui souffrent de la misère et que la misère déshonore), proféré par la bouche la plus éloquente de ce temps.
Le nouveau livre de Victor Hugo doit être le Bienvenu (comme l'évêque dont il raconte la victorieuse charité), le livre à applaudir, le livre à remercier. N'est-il pas utile que de temps à autre le poète, le philosophe prennent un peu le Bonheur égoïste aux cheveux, et lui disent, en lui secouant le muße dans le sang et l'ordure : « Vois ton oeuvre et bois ton oeuvre » oe Charles Baudelaire.
Présentation et notes de Guy Rosa.
Commentaires de Nicole Savy.
«Voici deux romans du même poète, l'un archiconnu, l'autre presque ignoré, rassemblés par les nécessités de l'édition et les contingences de la recherche, séparés dans l'histoire par plus de trente années, par la quasi-totalité de l'oeuvre lyrique et épique, par la masse énorme des Misérables. Contemporains l'un de la révolution de Juillet, l'autre des premiers temps de la Première Internationale. L'un passe pour un roman historique, mais l'action en fait dériver le sens de Reims à Paris, de la légitimité du sacre à la prophétie révolutionnaire, de la mort de Louis XI à toute Renaissance, suspens de l'histoire, avènement du Peuple. L'autre vaut comme roman élémentaire, "naturaliste" en un sens étrange, mais le temps du récit le ramène à la Restauration, son lieu national n'est autre que l'exil, sa fatalité n'est pas la verroterie de l'espérance, mais la clôture d'un regard noyé, indifférent à l'éclosion printanière, au rut de la nature. Notre-Dame de Paris fournit la décoration du sombre vestibule d'entrée de Hauteville-House, maison-poème, Les Travailleurs de la mer sont ce qu'on voit du haut de la bâtisse, de ce look-out impératif où règnent, par-dessus les dogmes et les lois, la transparence des choses, plus haut que les commodités bourgeoises et les fantaisies mobilières du génie, la nudité de l'écriture, au-delà des symboles pesants et des caprices familiaux, le silence de la fatalité intérieure : l'abîme du coeur humain. Tombe en plein ciel, caverne retournée, Moi révulsé en un indicible On, en une distance d'auteur qui a cessé de dénoncer, renoncé à signaler et feint de se résigner à indiquer.» Jacques Seebacher.
La reine d'Espagne exile don Salluste pour avoir séduit une de ses suivantes et refusé de l'épouser. Afin de se venger, celui-ci substitue son valet Ruy Blas à un grand seigneur et fait du laquais le Premier ministre. Avec un dossier étudiant le drame romantique, théâtralité et romanesque, personnages et mélancolie.
Un choix de poèmes extraits de divers recueils échelonnés tout au long de la carrière du poète, des Ballades à L'Art d'être grand-père en passant par les Contemplations.
Dans une Italie ensanglantée par les assassinats politiques, la redoutable Lucrèce Borgia veille de loin sur son fils Gennaro qui ignore tout d'elle. Son amour maternel la pousse à se repentir de ses crimes passés. Mais sa soif de vengeance et de pouvoir provoque un enchaînement tragique d'événements. Mêlant la joie insouciante du carnaval et les obscurs complots des palais, ce drame romantique sombre et éclatant révèle le désir de Victor Hugo d'écrire pour la scène un texte vif et percutant.
Victor Hugo Le Dernier Jour d'un condamné « V. Hugo a écrit d'admirables poëmes, il a écrit d'admirables romans et d'admirables drames ; mais, pour nous, son oeuvre capitale - quand le bourreau aura été chassé -, ce sera d'avoir aidé à chasser le bourreau.
« Il y a quelque chose de plus grand qu'un grand poëte ou un grand romancier, c'est un sage. Il y a quelque chose de plus beau, de plus enviable que l'imagination, c'est le coeur. » C'était au temps où Joseph de Maistre voyait en la peine de mort la clef de voûte de l'édifice social. Mais Pierre Larousse avait raison de se féliciter de l'efficacité de ce livre étrange. Hugo réinvente son art pour servir la plus noble des causes. Qui est-il, ce condamné ? Quel crime a-t-il commis ? Nous ne le saurons pas. De la main, de la plume, il suffit qu'il nous conduise vers son avenir immédiat. Comment penser l'homme quand l'homme décide de la mort de l'homme oe édition de Guy Rosa.
«Prostitution, vice, crime, qu'importe! La nuit a beau s'épaissir, l'étincelle persiste. Quelque descente que vous fassiez, il y a de la lumière. Lumière dans le mendiant, lumière dans le vagabond, lumière dans le voleur, lumière dans la fille des rues. Plus vous vous enfoncez bas, plus la lueur miraculeuse s'obstine.» «D'abord destiné au septième livre de la troisième partie des Misérables, et originellement intitulé 'Les Fleurs', ce texte, qui comporte sept chapitres (numérotés de III à IX), a été retiré du manuscrit, écarté mais non oublié, l'auteur souhaitant le réserver pour un autre projet, 'mon travail sur L'Âme ', note-t-il. Preuve que ces pages, venues du roman de 1862, portées par les silhouettes difformes des voleurs et des escarpes, se détachent et regardent vers un autre horizon ; elles désignent un plan supérieur, idéal, spirituel et métaphysique, auquel Hugo entendait sans doute consacrer les dimensions d'un livre. Retenons simplement l'impératif qui s'en dégage : scruter le fond de l'âme. Et pour ce faire, procéder par degrés, aller du fini à l'infini, de l'immanent au transcendant.» (Henri Scepi).
Les Contemplations, écrit Hugo, « c'est l'existence humaine sortant de l'énigme du berceau et aboutissant à l'énigme du cercueil ; c'est un esprit qui marche de lueur en lueur en laissant derrière lui la jeunesse, l'amour, l'illusion, le combat, le désespoir, et qui s'arrête éperdu au bord de l'infini ».
Face à la perte de sa fille Léopoldine et à la mort symbolique que représente l'exil, Hugo inscrit la parole subjective dans la marche de l'histoire et fait du déchirement un acte créateur. De la célèbre « Réponse à un acte d'accusation », où le poète pose en révolutionnaire de la langue, aux poèmes sur le deuil, il offre une réflexion poignante sur les pouvoirs de la littérature contre la destruction et le passage du temps. Tombeau à la mémoire d'une âme disparue, Les Contemplations (1856) marquent le sommet de l'oeuvre poétique de Victor Hugo.
« Mémoires d'une âme » selon l'expression du poète lui-même, le recueil des Contemplations déploie un panorama puissant de l'expérience humaine. Des enthousiasmes, éblouissements et passions qui l'animent aux douleurs qu'engendrent le deuil et l'exil, en passant par ses méditations esthétiques ou philosophiques, Hugo sonde en profondeur les mouvements les plus subtils de sa conscience, livrant un chef-d'oeuvre du romantisme poétique, universel et intemporel.
Dans le volume, de nombreuses activités d'appropriation et d'étude de la langue, ainsi qu'un cahier photos et un groupement de textes en lien avec le parcours associé « Les Mémoires d'une âme » (Nouveaux programmes, Bac 2020).
Victor Hugo Les Châtiments L'histoire ne marche pas à reculons. On ne fonde pas un empire bourgeois sur les ruines d'une république. Pour l'avoir clamé, Victor Hugo est exilé par celui qu'il appelait Napoléon le Petit, caricature de l'autre, celui d'Austerlitz. La République, croit-il, c'est le progrès moral, la vertu individuelle, la légitimité, le peuple justement représenté. « Dix millions, cent millions de voix scrutinant en masse ne comptent pas devant cet atome, devant cette parcelle de Dieu, l'âme du juste. » Victor Hugo sera ce juste qui se dresse devant le coup d'Etat du prince Louis-Napoléon. « Sonnez, sonnez toujours, clairons de la pensée. » Ils résonnent encore dans ces vers grandioses et passionnés, pleins d'un rêve de justice et d'égalité.
Préface, commentaires et notes de Jean-Marie Gleize et Guy Rosa.
Le 7 novembre 1831, un certain Claude Gueux, emprisonné pour un petit larcin, tue le directeur de sa prison. Il est condamné à mort et guillotiné en juin 1832. Le fait divers, relayé par la presse, inspire Victor Hugo. L'auteur du Dernier Jour d'un condamné s'empare de l'histoire de cet homme ordinaire que la souffrance et le désespoir ont transformé en meurtrier. Réquisitoire contre la peine de mort et plaidoyer pour l'éducation du peuple, cette nouvelle met en scène avec brutalité une société sclérosée, une justice inique et l'État indifférent qui ont poussé un individu honnête à commettre un crime.
Claude Gueux est suivi d'autres textes contre la peine de mort, dont la Préface au Dernier Jour d'un condamné et le Discours à l'Assemblée constituante du 15 septembre 1848.