En obtenant son premier emploi, Eve a le sentiment de rompre avec une adolescence marquée par le chagrin, à la suite de la mort de son père, une décennie auparavant.
Mais l'entreprise dont la jeune femme est désormais salariée traverse un moment de grandes turbulences. Un procès commence, très médiatisé, au sujet d'une vague de suicides survenue il y a quelques années au sein du personnel.
Proche de la retraite, Vincent a connu ces drames qui, déjà à l'époque, faisaient les gros titres. Mais il se souvient surtout de la période qui a suivi, celle ou l'entreprise a voulu se donner une autre image, où de nouvelles valeurs ont été mises à l'honneur, l'« humain », le « bien-être des employés ».
Vincent y a-t-il cru de façon un peu trop naïve ?
Et quel rapport avec Eve, dont il a favorisé l'embauche ?
Ma grand-mère habitait à Sarajevo, près de l'endroit où l'archiduc François-Ferdinand a été assassiné en juin 1914, événement considéré comme déclencheur de la Première Guerre mondiale.
À la fin de la Seconde, en mai 1945, on la retrouve à Berlin, au milieu des décombres, entourée de ses enfants.
Ces deux anecdotes sont le fondement d'une quête qui retrace presque deux siècles et demi d'une chronique à la fois familiale et historique, mettant en scène six générations d'une famille. Balayant une Mitteleuropa en perpétuelle évolution, ce roman tâche de rendre hommage à ceux dont l'histoire n'a pas retenu les noms, mais qu'elle a tout de même embarqués dans ses bouleversements. Et, en ces temps où la situation des migrants n'a jamais été aussi controversée, il a aussi pour volonté de remettre dans nos coeurs les péripéties modestes et singulières de nos origines.
T. B.
À la suite d'une confusion, c'est avec la dépouille d'un inconnu qu'Isabelle Rimbaud fait le trajet de Marseille à Charleville. Déjouant les pronostics des médecins, Arthur, lui, se remet. Et ce sont les journaux qui lui apprennent sa mort... Jadis poète, naguère marchand, Jean-Nicolas-Arthur Rimbaud sera-t-il capable de s'inventer un troisième destin ? Relancé dans la tourmente de l'histoire, de l'affaire Dreyfus aux tranchées de la Première Guerre mondiale ; témoin stupéfait de la construction de son propre mythe, celui qui écrivit « Je est un autre » avait-il imaginé à quel point cette phrase se révélerait prophétique ?Thierry Beinstingel donne à cette existence inventée une incroyable tangibilité. Palpitant de bout en bout. Jean-Claude Lebrun, L'Humanité.Un Rimbaud-roman au style élégant et fluide, qui joue avec l'obsession contemporaine de la vérité biographique. Fabrice Pliskin, L'Obs.
Avant, le soir, pour me détendre, je faisais des croquis, avec règle et compas, comme on me l'a appris pendant mes études de dessin industriel.
Maintenant j'écris sur un cahier volé dans la maison d'en face, désertée par ses occupants.
Ce qui m'a pris d'entrer dans cette maison, je ne saurais l'expliquer. La poussière qui s'accumulait sur la voiture garée devant, la boîte aux lettres qui débordait de publicités ont dû me faire craindre un événement dans le genre des faits divers dont parlent parfois la télévision ou les journaux.
Ce que j'y ai découvert n'avait rien de spectaculaire.
Pourtant, ce cahier que j'y ai ramassé dans une chambre d'enfant allait bouleverser mon existence.
T. B.
Cet épisode caniculaire a quelque chose de rafraîchissant et cet homme froid, de chaleureux. C'est la réussite de Thierry Beinstingel, artiste de l'odyssée minuscule. Macha Séry, Le Monde des livres.
Un hommage aux mystères de l'écriture. Sylvie Tanette, Les Inrockuptibles.
Ils sont trois. Elle enseigne l'allemand dans un lycée mais tente aussi d'inculquer des notions de français à des migrants accueillis par une association humanitaire. Lui a accepté le travail le plus étrange de sa vie : gardien d'une station de pompage même plus en service et si isolée au milieu d'interminables champs de maïs que son employeur a dû l'y faire déposer en hélicoptère. La troisième, encore aux études, gagne sous le manteau un peu d'argent en rendant visite à un garçon autiste que celle qui se présente comme sa mère cache aux services sociaux dans un immeuble de la périphérie voué à une démolition prochaine. Tous les trois vont faire, à des degrés divers, l'expérience de l'effacement, de la perte des repères et des habitudes qui tiennent lieu le plus souvent d'identité. Mais si c'était pour mieux découvrir ce que vivent d'autres gens, et notamment les plus faibles ?
Thierry Beinstingel, au printemps 2000, publiait son premier roman La Réserve, aux éditions Dominique Guéniot. Ce récit futuriste était ancré en Haute-Marne, et l'auteur imaginait l'avenir de son département natal après presque deux décennies, en 2017. Au fil des aventures, Simon, jeune fonctionnaire ambitieux, et Claire, son amie d'enfance, prévoyaient nos lendemains qui chantent. L'année de cette intrigue est désormais derrière nous. Certaines des prévisions se sont réalisées, d'autres non, cependant bien des tendances ou des projets, alors à peine ébauchés, sont toujours d'actualité, ce qui démontre le talent d'anticipation de Thierry Beinstingel. Vingt-et-un ans plus tard, après 14 livres publiés chez des éditeurs parisiens, et gr$ace à la complicité de Lau'rent Zahnd, dépositaire du fond éditorial de Dominique Guéniot, l'auteur a souhaité rééditer ce premier roman et l'augmenter d'une suite. Simon et Claire se retrouvent ainsi pour une nouvelle histoire haut-marnaise, toujours aussi rocambolesque. Et bien entendu, c'est à nouveau un récit d'anticipation qui nous porte vers l'horizon 2027. Aujourd'hui, alors que les incertitudes de tous genres nous cernent, bien malin sera celui qui devinera l'avenir. Mais, comme pour la première histoire, l'auteur prend les paris auprès de ses lecteurs sur ce qui se réalisera en 2027.
Désormais Eric : un sans-visage, un anonyme, une voix... Jusqu'au jour où des suicides rappellent que l'homme n'est pas une machine. Alors, peu à peu, Eric s'évade : la course à pied, l'écriture. Enfin, il décide de transgresser les consignes et rappelle, de sa propre initiative, un client.Regard clinique, précision méthodique, utilisation, contre toute attente, d'un humour dévastateur, le livre est un formidable révélateur de la violence du monde du travail contemporain.
Michel Abescat, Télérama.Un roman saisissant, impressionnant, acéré, percutant, mélancolique, sans révolte sur l'individu dissous dans le collectif anonyme, interchangeable, qui, peu à peu, perd pied. Sans bruit. Jean-Claude Raspiengeas, La Croix.
Au travail, on le surnomme « l'ancêtre » ou « l'ours », peu importe, pourvu qu'on lui concède sa vie de solitude sur les routes. Il est VRP en papier peint depuis quarante ans. Un jour, sa hiérarchie souhaite qu'il vende aussi des canapés. Quand il songe au temps qu'il a fallu à l'espèce humaine pour apprendre à se tenir debout, il juge cette évolution déshonorante. D'où lui vient une telle idée ? Peut-être de la correspondance de Rimbaud qui l'accompagne toujours en chemin. C'est une toute jeune diplômée d'une école de commerce. Elle vient d'être nommée à la tête de l'équipe de ventes. Un salaire inespéré lui a permis d'acheter à crédit un appartement trop grand pour elle, dont une pièce reste obstinément vide. Y installera-t-elle un canapé ? Sa première mission est claire : licencier l'ancêtre sans délais. Un affrontement s'annonce. Mais l'être humain trouve parfois d'étonnantes ressources pour braver la logique d'entreprise...
Sur la photo, la main soutient la nuque sans la toucher, la main immense : on détaille les os, les ongles, taches oblongues, claires sur la peau noire. Ongles grattant, fouillant la terre ou la poussière, émiettant une herbe sèche, broyant un insecte sur un tronc d'arbre mort, portant l'un et l'autre à la bouche. Terminaisons des doigts récurant en spatule des assiettes vides avec frénésie, comme le prolongement d'un oeil écarquillé. (extrait)
1937, c'est une année qui ne dit rien, a priori. Le Front populaire a un autre millésime, et la Seconde Guerre mondiale vient peu après. Pourtant, 1937, c'est l'Exposition internationale de Paris. C'est aussi Guernica et ses mille bombes incendiaires lâchées sur la petite ville d'Espagne. Et Guernica, c'est également une toile, celle que Picasso bâtit, quai des Grands-Augustins, à Paris, pour la présenter au pavillon des républicains espagnols de l'Exposition internationale.
L'auteur raconte ici le roman de 1937, en partant du catalogue officiel de cette " Exposition internationale des Arts et des Techniques appliqués à la vie moderne ". S'y succèdent les clichés en quadrichromie des différents pavillons que le concert des nations de l'époque a posé sur les bords de la Seine. Cartes postales lisses, irréelles et trompeuses au regard des cris et convulsions en noir et blanc de Guernica. Nous suivons le photographe chargé de confectionner le catalogue, procédant à la fabrique de ce réel moderne, perfectionné, et, en contrepoint, à travers le regard photographique de Dora Maar, nous assistons au travail de Picasso. Deux regards, deux visions, dont la coexistence historique nous rappelle à quel point l'insouciance, la légèreté, l'illusion du progrès, peuvent être tragiquement contemporaines de la barbarie en marche. Un rappel à la vigilance.
Lors de la dernière présidentielle, c'est dans un petit village de l'est de la France qu'un parti d'extrême droite réalise son meilleur score. Des journalistes sont dépêchés pour se pencher sur le phénomène. Parmi eux, de retour en France après avoir passé vingt ans au Moyen-Orient, coupé du pays natal depuis trop longtemps pour manier un discours de circonstance, Pierre arrive sur les lieux. Accompagné d'un preneur de son aveugle, hébergé dans un gîte rural, il écoute les habitants éluder ses questions, parler d'invasions qu'ils n'ont pas subies ou évoquer une pierre préhistorique enfouie sous les fondations de l'église. Chacun réinvente une histoire différente, mais les protagonistes ignorent encore qu'un drame va les réunir.
Mêlant narration romanesque et langage collectif, Faux nègres confronte notre histoire avec l'actualité la plus récente.
Un Beinstingel laconique, dont la plume subtile fait merveille. Jérôme Dupuis, L'Express.
On a tous un CV. Brillant ou terne, modeste ou ronflant. Ceux qui changent souvent d'emploi le mettent à jour régulièrement, comme les grands voyageurs renouvellent leur passeport. Mais que reflète-t-il ? Que dit-il de ce que nous sommes vraiment ? Nous passons en moyenne huit mille jours de notre vie au travail. Et tout cela tiendrait sur une page, banal rectangle de 21 par 29,7 centimètres ? CV : n'était-il pas urgent d'en faire un roman ?
" Remplir les étagères vides avec le fatras étalé au milieu de la pièce ", voilà la tâche que doit accomplir un intérimaire, isolé pendant une semaine dans un entrepôt pour ranger des composants mécaniques.
Répétition des gestes, des pensées, et des jours : le travail, le repas dans la gamelle, le retour chez soi par le même bus, le même train, les brefs instants de vie de famille, le sommeil harassé... On travaille, semblable à ces milliers d'intérimaires qui se louent ici un mois, là quinze jours, éléments d'une mécanique, composants d'un ensemble qui le plus souvent les dépasse. Comme dans son précédent roman, Thierry Beinstingel plonge le lecteur au coeur du monde du travail dans ce qu'il a de déshumanisant et d'absurde, tout en donnant naissance à une " poétique sociale " où les vérins à vis coulissante et les filetages trapézoïdaux, les crémaillères à denture droite triple rang finissent par former un recueil, lignes lumineuses de tout ce temps perdu au travail.
dans ces quarante et une histoires, les animaux n'occupent pas nécessairement une place centrale. pourtant, qu'ils traversent seulement le récit ou s'y complaisent longuement, ils nous sont familiers. nous les croisons tous les jours sans y prendre garde, ils font partie du décor, rythment notre vie. un poisson meurt, un chat nous attend, un pigeon passe au milieu d'une journée de travail, un
chevreuil s'immobilise au bord d'une route et ce chien qui aboie en pleine nuit nous replonge en enfance. dans ce que nous croyons
maîtriser, ils nous apportent l'imprévu. ils sont la revanche de l'indompté sur le prévisible, de vendredi sur robinson. l'apprivoisé se rebiffe, l'ombrageux sort de l'ombre.
tendre et drôle, l'auteur renouvelle avec bonheur le genre du bestiaire pour mieux parler de l'homme.né à langres en 1958, thierry beinstingel signe avec ce bestiaire domestique son septième ouvrage. il a publié dernièrement cv roman (fayard, 2007).
Il a travaillé de longues années au Central des télécommunications, s'est dévoué à l'Entreprise. Mais il y a vécu également les grandes étapes de la déshumanisation du travail.
Témoin cette Description d'emploi, formulaire que chacun se doit un beau jour de remplir en puisant à un Glossaire des verbes afin de décrire son activité avec le plus de précision possible. La suite de la carrière en dépend. Ces verbes, on les emploiera de préférence à l'infinitif ou à la troisième personne du singulier sans mentionner le pronom personnel. Des verbes sans sujet, donc.
Sans sujet ? Ce jour-là, le narrateur se jure d'être lui aussi implacable, d'écrire un roman peuplé de verbes sans sujet, de retourner contre l'anonyme concepteur de cette insulte à l'humanité la violence de son acte. Il en résulte cet étonnant roman de l'incommunicabilité au coeur de la communication où plus personne, bientôt, ne répondra à personne.
Né à Langres en 1958, Thierry Beinstingel est cadre dans les télécommunications. Il vit à Saint-Dizier. Central est son premier roman.
Des clochers raclent le ciel comme des navires échoués, tout un paysage tangue au fil de ces pages : au milieu des terres labourées, un tracteur Fiat bleu passe ; à son volant, un ouvrier agricole. C´est son histoire qui est ici racontée. Ses semaines, partagées entre les champs, le café du village sur la nationale, la bâtisse familiale au décor inchangé depuis son enfance, les bals du coin, qu´il fréquente assidûment pour tromper sa solitude et rencontrer, qui sait, la femme de sa vie. Mais quelle est celle qui voudra de cet homme entre deux âges, sa veste pied-de-poule un peu démodée sur les épaules ? Et que fera-t-il lorsqu´il découvrira un soir, en rentrant du boulot, sa mère morte dans le poulailler, face contre terre ?
Son histoire est aussi celle d´un monde qui finit, où les petites exploitations meurent, et où la télévision, lucarne vide de sens, luit dans la nuit des fermes. Reste la beauté des paysages et des chemins creux, que l´auteur, dans un souffle, rend palpable.
Avant, le soir, pour me détendre, je faisais des croquis, avec règle et compas, comme on me l'a appris pendant mes études de dessin industriel.
Maintenant j'écris sur un cahier volé dans la maison d'en face, désertée par ses occupants.
Je me suis toujours fait l'effet d'un homme sans histoires. Ce qui m'a pris d'entrer dans cette maison, je ne saurais l'expliquer. La poussière qui s'accumulait sur la voiture garée devant, la boîte aux lettres qui débordait de publicités ont dû me faire craindre un événement dans le genre des faits divers dont parlent parfois la télévision ou les journaux.
Ce que j'y ai découvert n'avait rien de spectaculaire.
Pourtant, ce cahier que j'y ai ramassé dans une chambre d'enfant allait bouleverser mon existence.
Un beau livre mêlant le sport, l'art et la littérature Une actualité française et internationale : La France organise le championnat du monde de Handball en janvier 2017.
Regards croisés du joueur et du spectateur qui dans l'instant du sport sont chacun sensibles au mouvement, à la géométrie, la tactique et l'intensité du moment.
L'ouvrage présente 23 oeuvres de Alain Delatour.
Les textes de Thierry Beinstingel portent un regard particulier et original sur le handball.