Le critique musical britannique Simon Reynolds est aussi à l´aise pour retracer avec minute la vie des stars du glam que pour décrire l´intensité sonore de la jungle, de la techno et des musiques hardcore britanniques. Ce recueil inédit rassemble d´abord ses chroniques virtuoses pour le magazine Wire, qui l´ont amené à théoriser le hardcore continuum (jungle, drum´n´bass, etc.) - selon lui la dernière esthétique à avoir représenté une rupture majeure dans les musiques électroniques, autour d´un goût immodéré pour la basse, les rythmiques syncopées et les atmosphères d´un "réalisme sale", exorcisme de l´anxiété généralisée sous les effets d´un capitalisme passé en mode turbo. Après l´analyse en temps réel de ces scènes, vient le temps de la théorie et d´une série de réflexions ambitieuses sur le sens du futur dans les musiques électroniques, le rapport à la politique dans les scènes dancefloor, mais aussi de leurs suites dans le dancehall ou la musique de Burial.
Cette histoire exhaustive du glam rock par l'auteur de Rétromania (Le Mot et le reste) réussit, alors même qu'elle revient sur des artistes des sixties et seventies, à nous propulser dans une réflexion d'une actualité totale sur la culture et la société. Il y est question du genre et de sa performance, évidemment, puis, très vite, de la « queerisation » des formes instituées, de la pratique camp de l'ambiguïté et de la distanciation, et de la passion - au sens étymologique de pathos, « souffrance », « maladie » - du glamour, du fétiche, du halo, tant sonore que visuel.
Le Choc du glam a également l'immense mérite de savoir à la fois parler aux vieux « rockistes » et aux jeunes « poptimistes » : il reprend l'histoire du rock (principalement anglais) à l'extrême fin des années 1960 pour éclairer les ambiguïtés d'une époque et, en particulier, le potentiel politique du rejet de l'authenticité.