L'art de la mémoire, le territoire et l'architecture Sébastien Marot Collection
Penser l'espace Format : 150 x 210 mm 112 pages, 150 illustrations 12 ? Broché
ISBN : 978-2-915456-58-5 Office : mars 01 Dans cet ouvrage, Sébastien Marot
s'emploie à forger la notion de « suburbanisme », un néologisme un peu ingrat
qui désigne un tiers état du territoire, quelque chose entre la ville et la
campagne. Il en désigne comme opérateur principal l'architecte paysagiste,
qu'il situe entre le concepteur d'espaces urbains et le paysan aménageur. Il
révèle une transformation majeure dans l'élaboration des milieux bâtis ou
espaces aménagés, un renversement de perspective. Ce n'est plus le programme
mais le site qui est la condition préalable de toute conception. La mise en
place de cette démarche alternative fait du paysage l'élément initial et
régulateur du projet. Ce faisant les nouveaux aménagements ou interventions
s'élaborent d'abord à partir de la géographie et de la mémoire du site. Il
revient alors au concepteur de faire valoir toutes les potentialités de ce
territoire dans la négociation avec les commanditaires pour produire l'espace
public urbain et périurbain. Le large débat s'appuie sur quatre axes
principaux, articulant passé et présent, passant de l'architecture de la ville
au territoire de la ville. Le premier volet est un livre publié en 1966 par
l'historien anglais d'idées Frances Yates. Le deuxième est une métaphore forgée
en 1930 par Sigmund Freud. Le troisième est un compte tenu par l'artiste
américain Robert Smithson d'une banlieue de marche en 1967. Le dernier volet
est un petit parc, conçu par l'architecte Georges Descombes dans une banlieue
de Genève dans les années 1980. Tous les volets sont rassemblés dans un
argumentaire cohérent qui éclaire la pratique contemporaine. Sébastien Marot
est philosophe, maître-assistant à l'École d'architecture de Marne-la-Vallée et
professeur invité à la chaire de paysage de l'École polytechnique fédérale de
Zurich. Il a été le créateur et rédacteur en chef de la revue Le Visiteur et
s'est occupé de la publication des textes d'André Corboz Le territoire comme
palimpseste. Liens avec d'autres ouvrages de la Villette : Mouvance II,
Augustin Berque Jardins et paysages, une anthologie, Jean-Pierre Le Dantec
Densité, Cahier de l'école de Blois n°6
Ce livre plante ses piliers et stabilise son paysage sur trois lieux. Ces étapes structurent la pensée, les réalisations, en quelque sorte, du travail de Georges Descombes : le parc de Lancy, l'itinéraire genevois de la Voie Suisse et l'aménagement et la revitalisation de l'Aire. Autour de ces trois pôles « organisateurs », particulièrement adéquats pour faire comprendre une attitude dans la conception du projet d'architecture, viennent se joindre, par allusions rapides, toute la série de projets, amis, autour desquels s'articulent en méandres les rencontres faites le long des années d'enseignement à Genève, aux USA ou en Europe.
Tout d'abord un « jardin à Lancy », où s'invente un travail projectuel prenant en compte l'épaisseur du territoire, où le projet considère ce qui existe encore et ce qui a disparu, ce qu'Elissa Rosenberg a appelé une « imagination topographique ».
Ensuite le projet pour la « Voie suisse », où la même démarche se précise jusqu'à l'extrême limite du travail sur les traces, et leur transformation significative dans le temps. C'est aussi le moment où l'artiste revêt un rôle majeur dans le projet, avec les contributions de Richard Long, Max Neuhaus et Carmen Perrin.
La présence des artistes dans ce projet permet de faire quelques « pas de côté » pour valoriser l'importance des pratiques artistiques dans les démarches de Georges Descombes, que l'on retrouve dans sa participation à des installations ou expositions artistiques, en particulier aux Pays-Bas.
Enfin, le projet de restauration de la rivière l'Aire, à Genève. Ici, on pourra voir l'effort pour échapper à une tendance extrêmement répandue aujourd'hui dans l'architecture du paysage, qui consiste à privilégier les « processus » et le caractère écologique, en négligeant toute mise forme conséquente. Une réduction suicidaire qui simplifie à outrance le projet architectural, qui donne naissance à une sorte de nouveau « fonctionnalisme » qui se fonde le plus souvent inconsciemment sur un dualisme « nature/culture », au moment même où celui-ci est critiqué et abandonné par les anthropologues et philosophes.
Fondé en 2000, l'atelier de Julien Descombes et Marco Rampini s'est distingué sur la scène architecturale par son large éventail d'intérêts, du territoire à l'urbanisme, de l'architecture aux ouvrages d'art. Il s'intéresse en particulier aux aménagements paysagers et urbains. En témoignent plusieurs projets de haute qualité : la Turbinenplatz (2000-2003), à Zurich, étonne l'observateur par le contraste entre les aménagements « minimalistes » et le spectacle féerique offert par son éclairage artificiel ; la place Simon Goulart recrée une ambiance festive et conviviale au centre de Genève ; entamé en 2001, le projet de la renaturation sur quatre kilomètres de l'Aire, un cours d'eau canalisé au XXe siècle, se matérialise peu à peu, offrant un nouvel espace de promenade au promeneur contemplatif. La production de l'atelier, territoriale, urbaine et architecturale, s'étend hors des frontières helvétiques, par l'aménagement des rives de la Saône à Lyon-Confluence ou le dessin du Jardin d'Eole à Paris.