Autocrate, le tsar tient son pouvoir de Dieu et ne saurait le partager. Il règne et il gouverne.
À travers les biographies contrastées des souverains et souveraines qui se sont succédé, Pierre Gonneau explique ce qui fait l'essence du personnage et sa fonction, du premier tsar, Ivan le Terrible, jusqu'à l'abdication du dernier, Nicolas II, en passant par des figures monumentales, comme Pierre le Grand ou Catherine II, mais aussi par les tsarévitchs assassinés et les imposteurs qui prétendent les réincarner. Il les fait revivre dans leur réalité humaine, dans leurs succès et leurs échecs, mais aussi dans la manière dont ils ont habité ce rôle unique.
C'est une façon nouvelle et enrichissante de raconter l'histoire de la Russie de l'Ancien Régime.
Ouvrir les portes de la cité la plus fameuse de l'histoire médiévale russe, Novgorod, c'est entrer dans un monde fabuleux et méconnu, aux origines mêmes d'une puissance millénaire. Pour en saisir l'esprit, il faut naviguer entre les textes et les vestiges, tenter de faire la part du mystère et de la vérité historique. Riourik, héros mythique, y a-t-il fondé la Russie, ou la «?Ville Neuve?» est-elle apparue lorsqu'une libre association d'aventuriers vikings, commerçant les armes à la main, s'est installée aux bords du fleuve Volkhov?? Novgorod invite à l'aventure et au rêve.
L'historien Pierre Gonneau nous guide à travers l'écheveau des rues et des monuments de la ville la plus peuplée de Russie au début du XIIIe?siècle, avec près de 30?000 habitants. Comme les marchands allemands de la Hanse venus acquérir de précieuses fourrures, l'auteur s'arrête devant la blanche cathédrale Sainte-Sophie, symbole du lieu. Il parcourt le territoire sur lequel cette cité exerçait son pouvoir, envoyant ses jeunes gaillards batailler sur les rives de la mer Blanche comme aux confins de la Volga.
Les aspects politiques, économiques et artistiques y sont présentés avec précision, rappelant la puissance et le rayonnement de cette cité libre, presque «?république?», qui résiste à Alexandre Nevski. Si ce modèle politique disparaît sous les coups d'Ivan III en 1478, il subsiste encore un peu de cet esprit si singulier dans les icônes et les manuscrits de prestige, comme dans les étonnants billets sur écorce de bouleau qui racontent les travaux et les jours.
Premier tsar de Russie, Ivan le Terrible (1530-1584) est le personnage noir par excellence, et pourtant bien aimé, de l'histoire russe. Marié sept fois, infanticide, tyrannique et paranoïaque, il incarne néanmoins la figure paternelle du souverain, proche du peuple, imposant le respect aux ennemis de l'extérieur et châtiant les abus des puissants.
Héritier du trône de Moscou, orphelin de père à trois ans, de mère à huit, il montre des penchants pervers dès son enfance, laquelle est rythmée par de violentes révolutions de palais. À son entrée dans l'âge adulte, guidé par de bons conseillers, il fait figure de prince éclairé. La période glorieuse du règne, marquée par le couronnement et les premières conquêtes, semble combler toutes les attentes, même si la répression et la suspicion sont déjà présentes. Mais les revers de fortune ne tardent pas à mettre un terme aux espoirs que le jeune tsar a suscités. Ivan met alors son pays à feu et à sang, poursuit sans succès des guerres ruineuses et donne libre cours à ses moeurs licencieuses. Massacres, tortures, pillages, sanglants coups de théâtre, dont le plus fameux est l'assassinat de son fils, ponctuent les vingt dernières années de sa vie.
À l'aide des travaux les plus récents, Pierre Gonneau s'efforce de démêler les faits de la légende, sans chercher à « réhabiliter » Ivan, comme on a pu le faire du temps de Staline, ni à supprimer les ombres, bien réelles, du tableau. Il met ainsi en lumière les aspirations et les tensions d'une époque et, surtout, restitue la personnalité d'Ivan, tout en contraste.
De 1547 à 1917, la Russie est dirigée par un tsar. Autocrate, il tient son pouvoir de Dieu et de luimême, et ne saurait le partager avec personne. Il règne et il gouverne. Les changements de souverains, de capitale et même l'accession des femmes au trône, avec les impératrices du XVIIIe siècle, ne changent en rien la substance de pouvoir, ni le lieu du couronnement qui demeure toujours Moscou. Comment devient-on tsar ? Quel est son pouvoir ? Comment sont caractérisés les rites et la sacralité ?
Afin de répondre à ces questions, Pierre Gonneau retrace quatre siècles de l'histoire russe. Du premier tsar, Ivan le Terrible, jusqu'à l'abdication du dernier, Nicolas II, en passant par la première femme politique russe, Stenka Razine, l'auteur dévoile ce qui fait l'essence de l'image et de la fonction de tsar à travers des biographies de souverains, et souveraines, qui se sont succédé sur le trône de Russie.
Les révolutions de 1917 ont jeté à bas les symboles tsaristes, pourtant plusieurs dirigeants soviétiques, notamment Staline, ont été qualifiés de « tsar rouge », montrant ainsi la permanence de l'autorité absolue d'un chef unique dans l'histoire de la Russie.
La Russie actuelle est issue de la Rus', pays qui doit son nom aux Rhôs. Arrivés sur les rives du lac Ladoga vers 730, ces Vikings rassemblent les tribus baltes, slaves et finnoises de l'Europe orientale. Entre 980 et 988, un de leurs princes, Vladimir de Kiev, fonde la dynastie qui règne sur cet espace jusqu'au début du XVIIe siècle et lui donne sa religion, le christianisme orthodoxe. Le " joug mongol " (1237-1480) provoque une série de recompositions, mais l'héritage de la Rus' est revendiqué par les princes de Moscou quand ils constituent une nouvelle puissance, à la fin du XVe siècle. Ivan le Terrible, le premier tsar russe (1547), se voit comme le descendant direct de Vladimir. L'État russe affiche de nouvelles ambitions, traverse des crises et change de dynastie, avec l'avènement des Romanov. Pourtant, jusqu'au règne personnel de Pierre le Grand, il demeure très lié à son passé médiéval.
Pierre Gonneau est professeur à l'Université Paris-Sorbonne et directeur d'études à l'École pratique des hautes études. Il a publié plusieurs travaux sur la culture russe médiévale, en particulier sur les figures de Serge de Radonège et d'André Roublev.
Aleksandr Lavrov est professeur à l'Université Paris VIII Vincennes-Saint-Denis. Il a travaillé notamment sur les XVIIe et XVIIIe siècles en Russie, et plus particulièrement sur la régence de la tsarine Sophie, demi-soeur de Pierre le Grand, ainsi que sur les rapports entre religion officielle, religion populaire et pratiques magiques.
De Pierre le Grand à Nicolas II, la Russie s'affirme comme un des acteurs majeurs du concert des nations européennes, empire multiethnique et multiconfessionnel à cheval sur deux continents et objet d'une quête identitaire entre nationalisme, spiritualité orthodoxe et mystique révolutionnaire. Pierre le Grand projette son empire sur la scène internationale et le remodèle, dans une transformation qui s'apparente à une réinvention complète du peuple russe.
Puis, sous le sceptre de quatre impératrices, la Russie se porte à la tête des nations civilisées, tandis qu'au XIXe siècle, au contraire, le trône est occupé par des empereurs affichant un style de gouvernement masculin. Sous Alexandre Ier, le rayonnement du pays atteint son apogée avec la victoire remportée sur Napoléon, avant que son successeur, Nicolas Ier, s'attire une hostilité quasi générale dans son rôle de " gendarme de l'Europe ".
La défaite de Crimée (1855) ouvre enfin une période de tension extrême. L'alliance avec la France, scellée à la veille du XXe siècle, ainsi que les défis logistiques et militaires auxquels la Russie est confrontée l'amènent au grand tournant d'octobre 1917.
La gouvernance Hollande interpelle, deux visions d'une gauche enmanque de repères. Deux personnalités du monde politique confrontent leurs points de vue et interpellent sans vergogne ceux qui se réclament de la gauche.
" Nous avons choisi de fonder nos analyses sur les déclarations de Nicolas Sarkozy, et non dans les interprétations qui ont pu en être faites. Nous nous sommes efforcés d'éviter la mauvaise manière de la citation tronquée ou sortie du contexte. Le lecteur qui chercherait dans ces pages des anecdotes croustillantes ou des révélations bouleversantes sera évidemment déçu. " Démonter les rouages, les pièges rhétoriques des discours, des actes, des projets de Nicolas Sarkozy est l'ambition de cet essai. Prenant exemple sur des questions récurrentes qui se posent à la France depuis près de trente ans comme la question sociale, la relation à la jeunesse des cités, la discrimination positive et le modèle républicain d'intégration, ou encore la place des religions, ce livre entend montrer, textes et déclarations à l'appui, " le danger et l'illusion que représente le "sarkozysme" pour la France et l'Europe ". La " rupture " prônée inlassablement et en tout domaine par le " ministre président candidat " n'est finalement, nous disent Pierre Defrance et Jean-Luc Gonneau, " qu'alignement en politique intérieure comme en politique étrangère sur un libéralisme économique sans freins et sans morale ". Une charge rude, remarquablement étayée.