Partant de l'expérience d'un jeune enseignant dans une des nouvelles écoles d'architecture créées après mai 68, à un moment où les architectes français formés aux Beaux-arts redécouvrent la ville, l'ouvrage s'interroge sur les changements et réorientations qui doivent aujourd'hui guider notre réflexion et notre pratique d'urbaniste. Après une première période marquée symboliquement par la parution du livre d'Henri Lefebvre, Le droit à la ville en mars 1968, la réflexion sur la ville et l'urbain est reprise cinquante ans plus tard par échelles successives dans cet ouvrage qui explore tout d'abord comment faire de tout logement un chez-soi appropriable et évolutif avant de plaider pour le rassemblement des tissus urbains diversifiés, à l'inverse des logiques séparatrices et pour l'unification de la ville fragmentée. Enfin, Philippe Panerai donne une place centrale aux « chemins de l'eau » pour accorder la ville et le territoire.
Du président de la république au maire de Paris en passant par le président de la région Île-de-France, voilà trois strates du pouvoir, celui de l'état, des collectivités territoriales et de la municipalité parisienne qui, armées d'un nouveau secrétaire d'état, se portent au chevet de la capitale française pour décider de son avenir. Mais plus que des effets d'annonce, des luttes politiciennes ou de mirifiques grands projets architecturaux, le Grand Paris a besoin de se forger une identité et un destin communs. Pour servir cette ambition, il convient d'expliquer et d'analyser les aspects de cette métropole, c'est précisément à la tâche que ce livre s'assigne. Il traite de la forme de la ville en essayant de fournir des outils comme des repères pour décrire l'agglomération parisienne et imaginer son avenir au XXIe siècle au sein des grandes métropoles mondiales. Voilà longtemps que Paris a dépassé ses limites pour former une agglomération où se rassemblent des territoires divers coupés par des infrastructures de transports et des forêts, où les parties habitées coexistent avec des zones agricoles, des pôles d'emplois, des secteurs naturels, des plateformes logistiques. Le centre ancien, la Ville de Paris, ne représente plus que 5% du territoire urbanisé et deux millions d'habitants. Dorénavant, il doit composer avec d'autres réalités, en premier lieu les sept à huit millions de banlieusards.
Le débat sur Paris et son agglomération est essentiel : quelle ville et pour qui ? Par quelles modalités associer les citoyens aux décisions qui les concernent ? Comment faire participer les acteurs économiques aux stratégies d'aménagement qui fixent le cadre du développement ? Cette discussion se nourrit des espoirs, des inquiétudes et des prises de conscience récentes sur l'environnement et la préservation des ressources, la densité et l'économie des sols, les modes de transport et le développement économique, le logement et l'emploi.
La connaissance et la compréhension d'une ville ne forcent pas l'évidence, notamment pour les métropoles étendues marquées de strates historiques successives.
Une première phase d'observation permet d'identifier les différences : tracés qui s'additionnent, se superposent, s'interrompent et ressurgissent, bâti qui se renouvelle et s'étend au gré d'une lente densification par excroissance, surélévation, découpage et comblement. L'urbanisation accélérée de la période contemporaine marque encore plus radicalement le paysage par le volume des constructions, le mode d'implantation et les techniques utilisées.
Pour aller plus loin, il convient d'élaborer une connaissance d'investigation en mêlant l'approche historique, la géographie, le travail cartographique, l'analyse architecturale, l'observation constructive et celle des modes de vie. En affirmant l'importance du dessin comme un moyen de comprendre et de rendre sensible.
Le bâti ou plus largement les formes urbaines incluent des tracés, des découpages, des dispositions matérialisées, construites, inscrites sur le soi qui conditionnent les capacités de développement et de renouvellement des activités sur un territoire.
Inscrites dans une longue durée, ces formes échappent rapidement aux conditions de leur création ; de produits elles deviennent contraintes voire causes. si dans le passé il semble que l'élaboration de formes susceptibles d'accueillir, voire de favoriser le développement de la vie urbaine ait été de soi, tellement était partagée par les techniciens et les habitants une idée de la ville, la question aujourd'hui ne peut plus être résolue d'une manière quasi naturelle.
Trop de ruptures sont intervenues dans les théories et les pratiques de l'urbanisme et la réflexion doit être reprise à la base. l'enjeu est clair : sommes-nous encore capables de contribuer modestement au développement des villes, c'est-à-dire non seulement d'étendre les territoires urbanisés et d'accroître le nombre de bâtiments mais de continuer à proposer aux habitants un cadre susceptible de s'adapter aux changements de modes de vie et aux modifications économiques ? cet ouvrage qui s'apparente à un manuel oú se mêlent constats et analyses de la réalité et propositions renoue consciemment avec les traités d'urbanisme du début du siècle.
Il traite successivement des découpages, parcellaires et de leur ordonnancement en fonction des types bâtis, situe l'espace de la voie dans ses relations avec les terrains desservis et aborde à plus grande échelle la constitution du tissu et l'étude des grands tracés avant de mener une réflexion sur les activités et leur localisation.