Le milieu des années 50 marque un tournant dans les rapports de la Caisse des dépôts à la difficile question de l habitat « populaire ». Alors qu elle n était jusque-là qu une banque de prêts pour les collectivités publiques et les organismes constructeurs de logements, cet acteur majeur de la politique financière, économique et sociale du pays décide de s engager lui-même dans la réalisation d opérations d envergure. La création, le 11 juin 1954, d une première filiale technique, la Société centrale immobilière de la Caisse des dépôts (SCIC), inaugure une fonction nouvelle dans l histoire de l établissement : celle de maîtrise d ouvrage. Celle-ci s impose rapidement comme le plus important constructeur français. Le 31 décembre 1958, jour où est publié le décret des « Zones à urbaniser en priorité » (ZUP), elle aura lancé la réalisation de 76 455 logements sur plus de 400 programmes distincts. Cette performance rend compte d une véritable innovation dans la définition des problèmes de construction et d urbanisme comme dans le choix des modes opératoires pour tenter de les résoudre. La Caisse des dépôts devient ainsi l initiatrice d une nouvelle échelle d appréciation et d intervention : de l investissement direct au montage d opération, du groupe d habitation à la cité nouvelle, de la ville au territoire. Son rôle sera déterminant dans la définition de la politique urbaine des années 1960.
Les nouvelles modalités d'exercice du maintien de l'ordre contribuent au développement de nouvelles figures spatiales, obligeant les architectes à repenser la place de la sécurité dans leurs projets. Cet art nouveau de la gestion des espaces urbains emprunte beaucoup à la conception des stades et de leurs abords, à la nécessité de prévoir une gestion des parcours et des flux qui permette l'événement sportif ou festif tout en évitant les frictions dont ils peuvent être l'occasion. La première partie de l'ouvrage est consacrée à une analyse de ces nouvelles figures spatiales de la sécurité urbaine. La seconde se propose d'examiner les écueils auxquels ces nouvelles figures nous exposent, en particulier celles d'une réduction des usages possibles sur l'espace public. Ces constats portent l'auteur à avancer, dans une troisième partie, quelques pistes susceptibles de concilier la sécurité avec la spontanéité et l'hospitalité qui font les charmes de la vie urbaine.
Dans le paysage fragmenté des territoires contemporains péri-urbanisés, la place faite aux « vides » nous semble à reconsidérer. Entendu comme une substance - non comme une absence -, l'espace vide est une matière sans cesse changeante à révéler et à replacer au coeur de la pensée urbanistique et paysagère. Dépassant les dichotomies clivantes (public-privé, ouvert-fermé, central-périphérique), le vide est d'abord une idée à partir de laquelle de nouvelles interactions peuvent se tisser pour construire les conditions d'une alter-urbanité. Dans le cadre de cette journée d'étude, nous discutons de la capacité du vide (dans ses multiples acceptions et temporalités) à repenser la notion de « commun ». Par les regards croisés de praticiens et de chercheurs de différentes disciplines (architecte-urbaniste, paysagiste, historien, cinéaste...), nous interrogeons les possibilités d'une transition écologique et sociétale des territoires, par une conception, des pratiques et des outils renouvelés.