Depuis plusieurs années, on assiste à un développement considérable du droit international : de plus en plus de domaines sont régis par ce droit, des règles de plus en plus nombreuses apparaissent, les jugements et les études scientifiques se multiplient. Dans ce contexte, il apparaît illusoire de prétendre connaître le détail de toutes les règles existantes, même dans un domaine particulier, qu'il s'agisse du droit des Nations unies, des droits de la personne, du droit de la mer, du droit international humanitaire, ou encore du droit économique international.
C'est pourquoi il paraît particulièrement important de disposer d'une méthode qui permette d'acquérir, de maîtriser et d'utiliser de nouvelles connaissances. Pourtant, aucun ouvrage de langue française n'a, jusqu'ici, été publié en méthodologie du droit international. Ce texte a pour ambition de combler cette lacune ; il a été conçu à partir du cours de "méthodologie de la recherche en droit international", dispensé à l'Université libre de Bruxelles depuis 1997.
Après avoir mis l'accent sur la diversité des approches méthodologiques, en les mettant en lien avec les options théoriques qui les sous-tendent, l'ouvrage comprend un chapitre centré sur la construction scientifique d'un sujet, l'expérience montrant que les difficultés d'une étude sont souvent dues à une conceptualisation préalable insuffisante. Sont ensuite exposés des problèmes méthodologiques plus spécifiques relatifs aux sources du droit international - avec un accent particulier sur la coutume - ainsi qu'à l'interprétation et à l'application de ce droit.
Un dernier chapitre, plus classique, reprend quelques conseils relatifs à la rédaction d'un travail écrit.
Is international law universal? Can it be anything else than the will of the actors who are able to impose on others their values and interests? Beyond the strategic objectives that can be pursued - by a lawyer pleading before a court, a state representative operating in an international organization or addressing the general public, an author seeking recognition, or a citizen interested in the law - since international law cannot be interpreted objectively, can it at least be interpreted in a convincing and well-argued way? These are the questions that underlie this book, which, following a critical approach, emphasizes the profound ambivalence of international law.
International law appears to be torn between, on the one hand, the pursuit of a universalist ideal of justice and peace, and, on the other, the need to deal with power relations in a political context. From this perspective, it would be futile to claim to establish, and even less 'to discover', one single 'correct' interpretation of legal rules such as, for example, the right to self- determination, the principle of non-intervention or the prohibition of genocide. It is however possible to provide an overview of the main debates among states, other international actors or among legal scholars relating to the interpretation of the main rules of international law. In the book, these debates will be illustrated by references borrowed from popular culture and, in particular, from music and films.
The ambition of this book is to enable the reader, on the basis of these elements, to position himself or herself by selecting and defending the arguments that seem most convincing, and, more fundamentally, to understand the legal and political terms of the controversy...
L'hypothèse de travail de cette introduction critique est l'assimilation du droit positif belge à une " idéologie ", c'est-à-dire à un " système (possédant sa logique et sa rigueur propre) de représentations (images, mythes, idées ou concepts selon les cas) doué d'une existence et d'un rôle historique au sein d'une société donnée ".
Cette assimilation ne présente pas de connotation péjorative, mais vise simplement à mieux comprendre les spécificités de l'ordre juridique belge. Dans une première partie, on montre comment le droit belge peut être assimilé à un système, en insistant sur la cohérence qui caractérise l'agencement de certains mécanismes juridiques fondamentaux fédéralisation de la Belgique, séparation des pouvoirs, hiérarchie des sources, ordonnancement des juridictions__ Dans une seconde partie, on détecte les représentations sous-jacentes au discours juridique belge, en montrant que le droit y est souvent assimilé à la rationalité et à la justice.
Ces représentations, qui renvoient à une articulation entre certaines doctrines positivistes et jusnaturalistes que l'on retrouve notamment dans le concept d'Etat de droit, remplissent un rôle historique dans la société belge. Le recours au droit a ainsi permis de justifier un certain nombre de décisions politiques, ce qu'on illustre par plusieurs épisodes de l'histoire de Belgique (naissance de l'Etat belge, occupation de la Belgique, colonisation du Congo et évolution du statut de la femme).
En dépit de la crise que connaissent les modèles modernes du droit et de la souveraineté, le discours juridique remplit encore aujourd'hui un tel rôle. La question de savoir si un comportement est légitime est souvent compliquée mais il semble bien plus simple de déterminer si ce même comportement est légal. Le droit parvient ainsi, comme toute idéologie, à nous installer dans un univers moral sûr et intellectuellement confortable.