L'objectif du présent ouvrage est de montrer que, en dépit des évolutions qu'il a pu connaître depuis la fin de la guerre froide -en particulier avec le rôle croissant joué par le Conseil de sécurité-, le régime juridique établi par la Charte des Nations Unies reste fondé sur un véritable jus contra bellum (un « droit contre la guerre »), et non sur le jus ad bellum qui caractérisait les périodes antérieures.
Cette nouvelle édition est le fruit d'un travail considérable, lié à la prise en compte de nouveaux précédents comme ceux de la lutte contre l' « Etat islamique » en Irak ou en Syrie, ou les conflits en Ukraine ou au Yémen, pour ne reprendre que les plus connus d'entre eux. Une telle pratique étatique n'a pas manqué d'agiter les débats doctrinaux, exposés dans un chapitre méthodologique entièrement révisé. La réflexion menée sur cette base a aussi suscité certaines adaptations des positions défendues au sein du présent ouvrage, spécialement dans le domaine de l'intervention consentie et de la question de la définition même de la « force », notamment dans le contexte des exécutions ciblées et des cyber-opérations. Quant à la question de la légitime défense, elle continue à susciter des controverses aigues qui, pour l'heure, n'ont pas donné lieu à un consensus suspeptible de dépasser une interprétation restrictive qui découle des textes acceptés par les Etats et interprétés par la Cour internationale de Justice.
Dans cet ouvrage au titre évocateur, l'auteur ne se prononce pas directement sur le fond des grandes questions auquel le droit international contemporain est confronté. L'analyse se concentre sur l'argumentation déployée par les acteurs en place pour justifier leurs actes dans des situations aussi diverses et controversées que l'intervention militaire contre la Yougoslavie, le droit des minorités, la loi belge de compétence universelle ou encore la « guerre contre le terrorisme ». Ce déplacement dans l'analyse, qui va du droit international au discours du droit international, est un moyen heuristique décisif qui permet de mettre en lumière de façon indirecte mais particulièrement suggestive les traits fondamentaux du droit international contemporain et de la rationalité globale dans laquelle il s'insère.
Cette démarche originale relève d'un positivisme critique, et repose sur une méthodologie à connotation sociologique inspirée principalement des travaux de Max Weber sur la rationalité juridique. Le mérite d'une telle approche tend parfois à être oublié aujourd'hui, tant les critiques outre-atlantiques, qui pourraient devenir prédominantes, ne cessent de se multiplier à l'égard du positivisme, considéré comme un courant de pensée européen totalement dépassé. Emmanuelle Jouannet (professeure à l'Université Paris l Panthéon-Sorbonne) signe dans la Présentation un essai interprétatif qui permet de situer ces textes dans la pensée et l'oeuvre globale d'Olivier Corten.
Le cinéma est un objet d'études pour les sciences humaines depuis un certain temps déjà. D'abord, les relations entre droit et cinéma ont fait l'objet d'un certain nombre de réflexions de la part de juristes qui travaillent essentiellement dans un cadre juridique national, et à partir du véritable genre que sont devenus les Courtroom movies. ensuite, on peut pointer un grand nombre d'études mettant en relation le cinéma et les relations internationales. Dans ces études, cependant, le droit n'est qu'exceptionnellement évoqué, si tant est qu'il le soit jamais. bref, si on met à part quelques rares écrits, les relations entre droit international et cinéma n'ont jamais fait l'objet d'une analyse spécifique, lacune que vise à combler le présent ouvrage. Son objectif est de montrer quelles sont les représentations qui se dégagent des productions cinématographiques, autrement dit quelle est l'image du droit international et des normes qui le composent qui est véhiculée dans les films et séries. au-delà d'une critique strictement juridique, l'ambition est de prendre en compte, dans une perspective plus large empreinte d'interdisciplinarité, les relations entre droit international, cinéma et idéologie. le projet a aussi une vocation didactique, favorisant à la fois un dialogue entre académiques et acteurs du monde culturel et, plus largement, une prise de distance et une vision critique de la part de tout (télé)spectateur.