On a souvent fait d'Un héros de notre temps le premier roman psychologique de la littérature russe. Mais l'analyse y est toujours subordonnée à cette ironie dominante, à ce regard distancié et critique que Petchorine, personnage principal et narrateur, jette sur ses aventures. À juste titre, on y lira les signes d'un certain essoufflement de la sensibilité romantique ; mais on verra aussi en Petchorine l'aîné de ces héros sombres qui peupleront les plus grands textes de Gontcharov, Tourgueniev ou Dostoïevski.
À bien des égards, en effet, le court roman de Lermontov, étrange, décousu, fascinant, annonce les romans russes de la deuxième moitié du XIXe siècle.
Georges et Vièrotchka se sont aimés, puis se sont perdus de vue.
Lorsqu'ils se retrouvent quelques années plus tard, à Saint-Pétersbourg, il est devenu un jeune officier de la Garde, cynique et un peu cruel ; elle est mariée avec le vieux Prince Ligovskoï. Bien sûr, leurs sentiments ne tardent pas à renaître... Roman inachevé, La Princesse Ligovskoï nous offre une admirable peinture psychologique de deux jeunes mondains, ainsi qu'une brillante évocation du Saint-Pétersbourg de 1830.
Le récit est scindé en cinq nouvelles qui suivent les mésaventures d'un même héros, Petchorine.
Les première et deuxième parties permettent de présenter le héros d'un point de vue externe. Un narrateur anonyme fait sa connaissance et relate son voyage à travers le Caucase. Petchorine est ainsi introduit, avec son passé, sa tendance fâcheuse à l'effronterie, son envie de séduction inconstante qui le mène à se désintéresser de l'objet de son amour, par ennui et lassitude.
La suite est narrée du point de vue de Petchorine, sous forme de journal personnel.
Les péripéties de notre antihéros reprennent et, alors qu'il est aux abords de la mer Noire, il fait face à des contrebandiers qui tentent de l'assassiner pour éviter d'être dénoncés.
Pour tromper l'ennui, le jeune homme entreprend de séduire une jeune fille, qu'il abandonne une fois celle-ci sous le charme. Un rival amoureux, agacé par son comportement, et se jugeant offensé, le provoque alors en duel. Petchorine sort vainqueur de cette confrontation.
La dernière section est narrée par notre antihéros, qui témoigne de l'existence d'un homme, Voulitch, qui risque sa vie et valide la théorie selon laquelle il serait soumis à un certain déterminisme. Après être sorti indemne du jeu de la roulette russe, il est pris à parti dans une ruelle par un ivrogne, et est froidement assassiné.
Lermontov, au Caucase, a senti qu'il rencontrait d'autres règles que celles en vigueur à Saint-Pétersbourg.
Tout y est plus violent, jusqu'à la nature de la guerre. Combattre, pour vaincre ou pour la dernière cartouche. Il y a, dans les moeurs, les coutumes de ces sociétés, un éthos archaïque qui, lorsqu'il est transgressé, mène à la tragédie. Bela, qui appartient à ce monde, est une jeune femme vouée, par sa beauté, à la tragédie. Cette aventure romantique sur fond de conquête coloniale, écrite de main de maître, venant juste après la prose éblouissante de Pouchkine, ouvre le champ à la très grande littérature russe.
Ce récit, qui mêle la passion amoureuse, la petite guerre, la vengeance et la mort violente - des thèmes qui me touchent - se déroule dans un milieu montagnard d'une saisissante beauté, à laquelle le jeune Lermontov a été particulièrement sensible.
Des poèmes sélectionnés par Igor Astrow pour découvrir Michel Lermontov, un poète engagé et jeune militaire à la vie dissipée qui fut tué lors d'un duel pour une plaisanterie insignifiante.
Les trois grands écrivains du début du début du XIXe siècle que réunit ce volume ouvrent la voie triomphale où s'engage la littérature russe quand, cessant d'imiter ou d'adapter des modèles étrangers, elle révèle son originalité nationale. On y trouvera la comédie de Griboïèdov, Le Malheur d'avoir trop d'esprit,le drame de Pouchkine, Boris Godounov et ses oeuvres en prose, Les Récits de Bielkine, Doubrovski, La Dame de Pique, La Fille du Capitaine, et les oeuvres en prose de Lermontov parmi lesquelles Un héros de notre temps.