Peut-on cerner la vie que nous vivons, l'ici et le maintenant d'une vie, à vif sans qu'elle soit obscurcie par le concept comme l'a fait la science de Galilée à nos jours ? Peut-on penser la vie sans risquer de la perdre ?
Michel Blay tente ici de montrer, faisant référence à la parole évangélique de Jean, à la mystique (Nicolas de Cues) et à l'architecture de Suger qui tente de magnifier la lumière dans la construction des cathédrales, comment la vie peut s'exprimer sans la médiation du concept qui la prive de sa « vitalité ». Ne nous désolons pas, n'espérons pas une autre vie, la vie est là, dans toute sa prégnance, et il suffit de se laisser envahir pour battre avec elle à l'unisson.
C'est sans doute en se mettant à l'écoute des poètes que nous pouvons entendre cette vie que nous vivons, toute puissante, jaillissante, charnelle, et ainsi sentir à nouveau en soi son épiphanie : « Prendre chair de l'oiseau, pour savoir le bonheur [...] Trouver toujours le monde entre son cri de peur / et son ravissement ».
«La philosophie est écrite dans cet immense livre qui se tient toujours ouvert devant nos yeux, je veux dire l'Univers [...]. Il est écrit en langue mathématique.» La thèse de Galilée opéra une véritable révolution. Alexandre Koyré en a tiré une étude classique sur le basculement de l'Occident, à la Renaissance, d'une conception aristotélicienne d'un espace fini et ordonné selon la perfection graduée des êtres, dans un univers indéfini, ne comportant plus aucune hiérarchie naturelle et uni seulement par l'identité des lois qui le régissent dans toutes ses parties et ses composants ultimes. Ce passage du monde clos à l'univers infini s'opère grâce à la géométrisation de la cosmologie.Michel Blay ouvre le dossier de la mathématisation du monde, de Galilée à Lagrange, de Newton à Laplace, dossier du fondement de notre modernité scientifique:construire une science mathématique de la nature ne vise plus à pénétrer, via la géométrie, la nature et la perfection des choses, mais, bien plutôt, à élaborer un système cohérent d'axiomes, de principes et de concepts reconstruisant les phénomènes de la nature à l'intérieur du seul domaine de l'intelligibilité mathématique. C'est alors que du monde clos naît l'univers mathématique qui est le nôtre, un univers dans lequel Dieu, de Créateur, devient pour d'aucuns une hypothèse qui cesse d'être nécessaire, un univers où l'enchantement de l'harmonie des sphères le cède à la beauté des raisonnements et des postulats.
Pourquoi renoncer à penser ce que nous sommes au profit du monde plat des circuits électroniques, de la fascination des écrans et des comportements devenus quasi instinctifs imposés par les touches des machines ?
Sommes-nous encore capables de construire nos existences ?
Isaac Newton fut sans conteste l'un des plus grands scientifiques de tous les temps. Son immense contribution à la science moderne tient en partie dans un ouvrage sans équivalent, un ouvrage qui bouleversa comme aucun doute notre vision du Monde : les Principia, Principes mathématique de la philosophie naturelle. La nouveauté de l'apport newtonien est considérable: en soumettant à la seule loi de la gravitation universelle les phénomènes terrestres et célestes, Newton a unifié la physique. Ce n'est pas tout. Par-delà ce travail conceptuel extrêmement novateur, le texte newtonien est aussi traversé par un souci d'organisation déductive qui conduit Newton tout à la fois à énoncer les principes qui gouvernent les développements théoriques et à mettre en place les mathématiques qui rendent possibles ces développements.
L'oeuvre newtonienne est l'aboutissement des travaux du XVIIème siècle et le point de départ de ce que l'on appelle aujourd'hui la mécanique rationnelle. C'est ce double aspect que Michel Blay éclaire ici.
ÉDITORIAL.
Michel Blay.
DOSSIER.
CHAMPS ET CONTRECHAMPSDE LA MUSICOLOGIE D'AUJOURD'HUI.
Introduction.
Laurent Feneyrou.
De la théorie et de l'esthétique musicales.
Laurent Feneyrou.
L'histoire de la musique en France depuis 1945.
Rémy Campos.
Une science des textes musicaux : l'édition critique de partitions.
Nicolas Southon.
Étudier la musique sous toutes ses formes : La démultiplication des approches scientifiques en musicologie.
François-Xavier Féron, Catherine Guastavino.
VARIA.
La musique antique s'expose au Louvre-Lens.
Sibylle Emerit, Violaine Jeammet.
CNRS - FNRS, destins croisés.
Pascal Pirot.
Le laboratoire CNRS de photobiologie de Gif-sur-Yvette (1957 - 1967).
Espoir et déception pour la génétique française.
Yves Carton.
Une renaissance de l'examen clinique : l'échostéthoscopie.
Arben Elezi.
« Mathématiques védiques », espoirs fin de siècle d'une modernité alternative.
Agathe Keller.
Le 20 août 1944, au lendemain de l´appel à l´insurrection lancé par le Comité parisien de libération, Frédéric Joliot-Curie est nommé par Henri Wallon à la tête du CNRS. Après les années de l´Occupation et du gouvernement de Vichy, une nouvelle politique de l´enseignement supérieur et de la recherche s´imposait. C´est cette nouvelle politique issue de la Libération, impulsée par le CNR (Conseil National de la Résistance) et menée de façon ouverte et pragmatique par Frédéric Joliot qui est présentée et documentée dans ce livre. Une nouvelle politique imaginée sous les auspices conjoints, la liberté étant retrouvée, de la démocratie et de la République. Un moment instructif qui, par la création d´une assemblée délibérante et d´un directoire exécutif, a permis le développement d´une recherche à la fois républicaine démocratique et efficace. Une leçon de l´histoire à méditer aujourd´hui. Michel Blay, philosophe et historien des sciences, est président du Comité pour l´histoire du CNRS.
Au cours de ce qu'il est convenu d'appeler l'Âge classique (notre XVIIe siècle), deux domaines majeurs de la pensée - la philosophie et les mathématiques, déterminants dans tous les registres du savoir - vont être profondément renouvelés par l'émergence d'une question jusqu'alors laissée de côté : celle de l'infini.
LA FÉCONDITÉ D'UNE NOTION MATHÉMATIQUE ET PHILOSOPHIQUE, DE GIORDANO BRUNO AUX LUMIÈRES Au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles en Europe, la pensée s'est affranchie des anciennes hiérarchies théologiques et métaphysiques qui, depuis l'Antiquité, imposaient leur vision du monde comme celle d'un univers limité, fini.
La raison à l'oeuvre en sciences comme en philosophie (Pascal, Descartes, etc.) a introduit un nouveau questionnement et transformé la conception des connaissances. Ces changements qui reposent sur la notion d'infini ont eu des répercussions sur la société : des notions fondatrices comme la liberté se sont renouvelées en entraînant de nouveaux droits.
Cette nouvelle façon d'être au monde, sans Dieu ni théologie, correspond aux Lumières  ;- une période de quelques dizaines d'années seulement dont on sait qu'elle fut le creuset de la Révolution française puis du Romantisme - « cette interrogation critique sur le présent et sur nous-mêmes »  ;(dixit Michel Foucault) au coeur de la pensée rationnelle moderne.
On a toujours tendance à faire remonter les commencements de la science aux Grecs anciens. On tient pour acquis qu'elle incarne un progrès en marche, qu'elle se construit linéairement, de manière cumulative, chacun ajoutant une brique à l'édifice commun. La science serait universelle, surplombante, détachée de tout substrat idéologique et culturel, et les écrits de nos prédécesseurs ne seraient que des essais, souvent naïfs, pour nous permettre de devenir ce que nous sommes.
Il n'en est rien. Nos prédécesseurs se préoccupaient de la construction de mondes ayant leur propre signification, leur propre cohérence, comme autant de systèmes de pensée à une époque donnée. La question du « progrès » n'a dans ce cadre pas grande signification.
En revanche, un chemin traverse la pensée occidentale depuis les Grecs : celui de l'ordre démonstratif, lancé par les Éléments d'Euclide, poursuivi en terre d'Islam, renforcé au XVIesiècle en Occident, où naissent les mathématiques comme nous les connaissons. Mais cet ordre démonstratif vaut pour sa forme, pas pour son contenu.
En prenant une position résolument critique, en revisitant les approches historicisantes de l'histoire des sciences, en interrogeant l'homogénéisation idéologique des pensées dans l'histoire globale, Michel Blay développe une nouvelle sensibilité aux constructions du passé comme à celles du présent, et ouvre une nouvelle voie pour l'avenir.
De " absolu " à " vrai ", de " bonheur " à " mal ", de " darwinisme " à " phénoménologie ", ce dictionnaire présente en près de 800 articles, les principaux courants, les notions et les doctrines de l'histoire de la philosophie.
Il rend compte de l'évolution progressive des grands concepts et permet de comprendre les origines, les développements et les prolongements de la réflexion philosophique. un index des philosophes facilite l'accès à ce dictionnaire, conçu pour satisfaire les besoins des étudiants, enseignants et chercheurs mais répondre aussi à la curiosité de chacun.
Merveilles de la nature, les arcs-en-ciel ont fait l'objet d'une multitude d'interprétations et mérité une attention très particulière de la part des physiciens et des philosophes, mais aussi des peintres et des coloristes. Michel Blay présente dans ce livre l'histoire des théories de l'arc-en-ciel, depuis les travaux d'Aristote dans les Météorologiques jusqu'à ceux de Georges Airy ou de James Maxwell au IXIe siècle. Il montre le long travail d'élucidation intellectuelle et expérimental qui a été nécessaire pour résoudre l'énigme de l'arc-en-ciel, objet de nombreux débats théologiques et scientifiques. L'auteur analyse en parallèle la question centrale de la nature des couleurs - point de convergence de préoccupations scientifiques et picturales - depuis Newton jusqu'aux travaux de Goethe et de Paul Klee.
La diversité des couleurs, ce fait si présent dans la vie de tous, n'a pas manqué de susciter de nombreuses théories.
Qualitatives d'abord, dès l'Antiquité ; quantitatives ensuite, avec la philosophie naturelle moderne. Ce livre raconte comment s'est opéré ce basculement : à partir du XVIIe siècle est apparue une conception nouvelle de la lumière et des couleurs, grâce à laquelle on a pu enfin mathématiser et expliquer tant de phénomènes, l'arc-en-ciel n'étant pas le moindre.
Qu'est-ce donc que ce monde où l'homme semble sans repos, où les raisons d'être ne sont plus, à maints égards, que des raisons de vitesse ? Comment s'est-il substitué, jusqu'à l'effacer, à l'univers ancien où l'homme, assujetti aux règles divines et aux hiérarchies ontologiques, suivait son chemin sans imaginer prendre de vitesse le mouvement du monde ?Autrement dit, pourquoi et comment faire vite a-t-il pu devenir une fin en soi ? Devenus ce que nous sommes, nous imaginons volontiers que l'empire de la vitesse est sorti tout armé du seul progrès technologique, lui-même amené par le désir « naturel » d'échapper à la contrainte du temps subi ou perdu. Mais en réalité, le concept a précédé le rêve, la subtile raison scientifique a appelé cet aveuglant, exaltant et périlleux changement de monde, dont seul un retour sur le témoignage des artistes et des écrivains nous permet aujourd'hui de prendre la mesure. Le grand mérite de cet ouvrage est de montrer comment, s'agissant d'un trait majeur de notre civilisation, se sont articulés le scientifique et l'extra-scientifique. L'enquête, en soi passionnante, originale par la place qu'elle accorde à ce révélateur majeur qu'est l'évolution des conceptions esthétiques, contribue avec bonheur à nous placer dans la position épistémologique nécessaire pour affronter une autre tâche indispensable : appréhender le jeu contemporain de l'homme et du temps. Michel BLAY, philosophe et historien des sciences, auteur de nombreux ouvrages sur l'émergence de la science classique, est directeur de recherches au CNRS. Il a été directeur de la recherche à l'E.N.S. de Saint Cloud / Lyon.
Dans cet essai, le philosophe Michel Blay met encore une fois l'accent sur le sens de l'humain. Dans ces quatre chapitres où l'infini se manifeste dans le fini, l'auteur fait appel aux poètes (comme Y. Bonnefoy, A. Borne, A. Frénaud, Ph. Jaccottet) et à la poésie pour illustrer sa défense de l'homme en tant que passeur d'existence.
Pour lui, toute poésie est une quête qui aboutit à un « frémissement » de création dans l'univers des hommes, des arbres et des rochers. C'est pourquoi l'acte poétique de « visitation » est un horizon d'ontologie pour notre épanouissement d'êtres vivants dans le monde. Et pour mieux exister, « il faut renaître au visible, au chant, au son, penser notre exister pour nous penser enfin humain » car « le monde est là, le visible et l'invisible, le fini et l'infini, l'être et le néant dans un horizon d'exister ». Et quand notre civilisation machinale et machinée tue le chant/la poésie, elle tue aussi l'humain.
Ces chapitres sont aussi la preuve de la tension spirituelle de l'homme comme expérience de lumière et de chair vive où se reconnaît le sens même de notre existence.
Biologie de synthèse, nanotechnologies, liste sans fin des nouveaux gadgets électroniques, nouveaux artefacts robotiques... La course permanente à l'innovation impose au corps social de se soumettre aux développements de multiples nouveautés technologiques. Appauvrissement des ressources, accroissement de la pollution, surveillance toujours plus méticuleuse des États et des individus, solitude au travail, en sont le résultat. Surmonter ces problèmes exige de revenir sur l'idée de nature, en prenant conscience qu'il n'y a pas une nature en soi, à notre service, mais que l'idée que nous nous faisons d'elle s'est constituée progressivement depuis la fin du XVIe siècle. C'est cette fabrique de l'idée de nature à l'époque moderne qui fait l'objet de ce livre.
Histoire de la recherche contemporaine T5 n°2 SOMMAIRE ÉDITORIAL Michel Blay DOSSIER HUBERT CURIEN, UNE VIE POUR LA RECHERCHE Introduction : Bernard Decomps Hubert Curien, physicien et professeur André Authier Hubert Curien, directeur(s) du CNRS Denis Guthleben Hubert Curien à la DGRST Jacques Sevin Hubert Curien, à la présidence du Cnes Jacques Arnould Le ministre Hubert Curien Philippe Waldteufel Hubert Curien et le partage de la science Dominique Ferriot La science en fête Marie-Claude Ledur L'ancrage de la recherche en région Laurent Beauvais et Marie-Claude Ledur Hubert Curien et l'international Philippe Zeller et Philippe Waldteufel VARIA Lascaux II : où l'art rencontre la science Monique Peytral, Bernard Augst et Denis Vialou interviewés par Luc Heintze
Une terre au centre du monde et l'homme au centre de l'univers : représentation de l'époque médiévale religieuse encore trop attachée à ses traditions écrites, antiques et fausses. Mais, heureusement « COPERNIC vint » et sa « révolution » sonna le début de la science... Telle est la vulgate moderne de l'histoire des sciences.
ÉDITORIAL.
Michel Blay.
DOSSIER.
L'OPECST, TRENTE ANS D'ÉVALUATIONS DES CHOIX SCIENTIFIQUES ET TECHNOLOGIQUES AU PARLEMENT.
Introduction.
Émilien Schultz, Michel Dubois.
Analyse socio-institutionnelle de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST).
Pierre Delvenne.
Entretien avec Jean-Yves Le Déaut.
Émilien Schultz.
OPECST et le nucléaire : retour sur 27 ans d'évaluation de gestion des déchets hautement radioactifs.
Céline Parotte.
Mettre en débat la science, à quelles fins ? La montée en puissance des auditions publiques contradictoires à l'OPECST.
Valentine Potdevin, Séverine Louvel.
Entretien avec Daniel Boy.
Émilien Schultz.
L'OPECST au travail. Enquête sur la genèse d'un rapport.
Marie-Alix Molinié, Emilien Schultz.
Entretien avec la sénatrice Marie-Christine Blandin.
Émilien Schultz.
VARIA.
De la recherche agricole à la recherche en agronomie dans les pays francophones d'Afrique sub-saharienne et de Madagascar entre 1945 et 1985.
Didier Picard.
La génétique animale à l'INRA : soixante ans d'une histoire scientifi que en prise avec le monde de la sélection et riche en rebondissements technologiques.
Pierre Sellier, Didier Boichard, Étienne Verrier.
L'Institut de Mécanique des Fluides de Toulouse. 100 ans d'histoire.
François Charru.
DOSSIER :
RELATIONS FRANCE-AFRIQUE DANS LES MONDES ACADÉMIQUES Introduction : Formaliser la ré?exion sur les relations académiques franco-africaines Anne Doquet, Christophe Broqua Entre production savante, posture critique et imperium : l'africanisme français des années 1970 Jean-Pierre Dozon Framing Rural France as an African studies laboratory: The Formation à la recherche en Afrique noire (FRAN), 1969-1983 Allison Sanders Diplômés de France au Congo-Brazzaville et relations universitaires franco-congolaises (1960-2005) : une étude de cas de la construction et de la rupture du lien singulier franco-africain Jean-Yves Blum Le Coat Plutôt union libre que séparation. Les chercheurs africains francophones et l'Université française dans le contexte de réarrangement global du champ académique par les États-Unis Abdoulaye Gueye Les instituts français de recherche dans le marché académique africain anglophone Marie-Emmanuelle Pommerolle Le Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (CODESRIA), ou la volonté de savoir en Afrique pour l'Afrique. Naissance et évolution d'une institution panafricaine Martin Mourre L'africanisme dans les sciences de l'information et de la communication : de l'utopie ( ?) d'une communauté epistémique Thomas Atenga L'expatriation de la recherche française en Afrique subsaharienne : distinctions raciales et épistémologies scienti?ques (Sénégal, Madagascar, Bénin) Hélène Quashie
DOSSIER : les mutations récentes de la géographie en France.