D'abord Victoria, jeune personne en quête d'avenir. Peu pressée de cotiser et convaincue que tout arrive, elle est disposée à étudier n'importe quelle offre du Destin - en dehors du travail. Victoria se tient donc la plupart du temps au balcon, dans un état de vigilance avancée. Sous le même toit, Marc-Ange, quelqu'un d'assez facile à vivre. Jadis professeur de Victoria, il est aujourd'hui son compagnon alors qu'il s'était juré de ne pas tomber dans le panneau. De son prochain, Marc-Ange n'attend rien d'extraordinaire:qu'il aille voir ailleurs s'il y est. Ça ne l'empêche pas d'avoir un fils, le Petit, brillant sujet de dix ans prompt à donner son avis sur des questions extérieures à son champ d'expertise, dans une langue trop recherchée pour être honnête. Qui d'autre? Les Dupont. En ce moment les Dupont - un jeune, un vieux, l'un poli l'autre non - vivent sur le trottoir, d'air frais et d'on ne sait quoi. Bref chacun est à peu près à sa place. Pour l'instant. Tout arrive, en effet.
A trente-deux ans, pas d'enfants mais beaucoup de diplômes, Reine capitalise assez de réussites professionnelles pour combler plusieurs vies. Elle s'apprête à relever un énième défi : un poste d'influence, une N+1 irritable, une tour à la Défense, encore des miles. Mais à la faveur d'un acte manqué, elle craque, envoie tout balader. Le salariat, les escarpins, sa carrière et la fierté de ses parents.
La voilà libre. Libre de s'inventer une vie, une fortune, dans un monde affolé où l'urgence est d'entreprendre, où l'injonction est d'oser. A ses côtés, son ami Etienne, un triomphe de la République. Parti de la classe ouvrière puis recalibré dans quelque fabrique d'élites, il trépigne sous les ordres d'un PDG increvable, certain qu'à sa place il ferait beaucoup mieux. Et puis Pierre, un mari trouvé à HEC.
Et bientôt Martin, une passion trouvée au bon moment. Ou au pire. Tout dépend de ce qu'on attend de l'amour. Le roman agile et rapide d'une génération hyper-formée, pour qui la réussite est une nature, la performance un état, l'argent l'air qu'on respire, et le désir le premier combustible. Dans cette radiographie d'une brève époque et d'un mince milieu, on retrouve l'écriture très vive de Maria Pourchet et son talent d'ironiste - tempéré, pour cette romance, d'une vraie tendresse.
Fabien, adolescent subversif et railleur, écrit d'un centre de repos où il poursuit une thérapie inédite : il doit raconter en détail les événements qui l'y ont conduit. Il ne pourra sortir que s'il y parvient. Dans des cahiers à carreaux, il adresse à sa psychiatre le récit mordant de sa vie de pensionnaire dans un collège catholique du nord-est de la France, au début des années quatre-vingt-dix. Il raconte aussi ses week-ends de fils unique, dont l'humour ne masque pas tout à fait le désarroi, au sein d'une famille décomposée par un mystérieux drame.
De cahier en cahier, la vérité attendue par le médecin reste pourtant dissimulée dans les motifs tragi-comiques du récit de Fabien. Sa mémoire se fait plus inventive à mesure qu'elle semble refouler un secret qui, tel celui de la chambre de Barbe-Bleue, serait mortellement dangereux à découvrir. Tout en essayant d'en retarder l'émergence, Fabien livre une chronique singulière et effrontée où scintillent ses incessantes trouvailles de langage.
«Paul était devant le poste, à mille lieues d'envisager qu'on pût lui réserver un anniversaire surprise fin juin, à lui, natif de février.» Marguerite tente en vain de convaincre Paul de sortir. C'est le début d'une guerre dont les proportions vont leur échapper à tous deux. À l'autre bout de la ville, en attendant l'arrivée du couple, les invités prennent possession des lieux. Peu à peu, la soirée dérive loin du projet initial.
Maria Pourchet explore le fonctionnement d'un couple, les origines de son désastre mais aussi l'étendue des solitudes. On rit à chaque page. non sans un certain effroi.