Un grand doute s'abat sur la société?: il ne serait plus possible de renverser le capitalisme. Et d'ailleurs, par quoi le remplacer, avec quelles forces?? Si la course contre la montre a commencé, la tâche n'est-elle pas d'ores et déjà insurmontable?? Ce fatalisme est l'arme de l'adversaire. Il n'y a pour le combattre qu'une seule voie?: édifier des alternatives, construire un autre imaginaire, réunir des forces qui travaillent à l'invention d'un nouvel avenir possible.
Ce livre a une triple dimension. D'abord une ambition?: offrir un panorama des alternatives qui sont aujourd'hui en discussion partout dans le monde. Ensuite, un point de vue?: partir toujours du sol concret du travail et de l'expérience de la lutte sociale.
Enfin une méthode?: entamer une discussion commune aussi rigoureuse que possible. Le syndicalisme est l'un des outils essentiels de la résistance à la destruction de l'humanité. Pour empêcher sa propre disparition, pour faire face à ses tâches historiques, pour se renforcer, il lui faut se réinventer et dépasser la vieille et mortifère coupure entre syndicalisme et politique. Il lui faut se transformer en un syndicalisme intégral. Un impératif en découle?: qu'il se mêle au travail de l'utopie.
Défaire l'emprise néolibérale sur toute la société appelle la « convergence des luttes ». L'exploitation, les oppressions, les injustices, les catastrophes écologiques ne sont pas isolables les unes des autres. Chacun·e dans sa vie le ressent. L'exigence d'une vie digne, le féminisme, l'antiracisme, l'écologie, la démocratie, les droits individuels et collectifs sont d'ores et déjà des causes partagées dans de nombreuses organisations syndicales.
Mais une étape doit être franchie en tirant toutes les implications de cette transformation des pratiques et des représentations. Il en va de l'efficacité de leur action dans la société.
Pas de convergence des luttes sans intégration des causes. Tel est le message de ce livre-manifeste écrit par des syndicalistes qui ont entamé depuis plusieurs années une réflexion sur le renouvellement de l'action dans le monde professionnel.
Le temps de la mise en commun est venu pour le syndicalisme comme pour toutes les autres formes de mobilisation engagées dans une lutte globale contre le néolibéralisme mortifère.
Le syndicalisme en-commun est le nom d'une refondation qui a déjà commencé.
La transmission d'une culture économique, sociale, politique est une nécessité démocratique.
L'école doit plus que jamais y contribuer. Cela inclut l'étude des entreprises dont les multiples aspects ne peuvent être ignorés des citoyens et des salariés. Un tel enseignement ne peut se confondre sans conséquences avec la propagande ou la publicité. Il doit s'appuyer sur l'observation indépendante et l'analyse objective. Cela va à l'encontre des modes d'inculcation de " l'esprit d'entreprise " et de diffusion des " images positives de l'entreprise ", nouveau catéchisme que l'OCDE et la Commission européenne, relayées par de nombreux experts et administrateurs nationaux, fermement soutenues par le patronat, voudraient imposer.
Ce discours invitant à modeler les comportements plus qu'à transmettre des connaissances fait de l'Entreprise un mythe, le lieu de toutes les réussites et la source des valeurs fondamentales. Il trouve sa justification dans la mobilisation générale au service de la compétitivité, à laquelle ne devrait se soustraire aucune institution à l'âge de la mondialisation. La nature de l'enseignement des réalités économiques engage donc le sens fondamental de la laïcité, la liberté de l'esprit.
L'ouvrage offre une analyse critique des relations actuelles entre l'école et le monde des entreprises et présente une large gamme de propositions visant à faire de la connaissance du monde des entreprises une composante indispensable d'une culture du citoyen moderne.