La Fabrique d'absolu est un roman de science-fction redige en 1922, alors que le genre n'etait pas ofciellement reconnu, mais c'est surtout une dystopie a la maniere de Capek, contenant force elements reels, une tres haute dose d'ironie et des intuitions fulgurantes.
En pleine crise du charbon qui se fait de plus en plus rare, un grand industriel, Bondy, va tomber par hasard sur l'invention d'un de ses amis d'enfance. Celui-ci a mis au point un systeme parfait de production d'energie a partir de minimes quantites de charbon et sans creation de dechets. Le charbon est entierement degrade dans ses « carburateurs » qu'il nomme nucleaires et qui exploitent entierement l'atome. Seulement ces carburateurs dans le processus d'utilisation totale de la matiere, degagent une essence divine. Toute personne placee a proximite est ainsi touchee par la grace et devient profondement croyante, donne tous ses biens aux pauvres, fait des miracles... Ce ne sont pas les seuls effets nefastes du carburateur qui, place dans les usines, se met a travailler tout seul et a produire sans arre.t et sans limite. Le conft mondial et le chaos sont inevitables et Capek les imagine arriver entre 1944 et 1953 !
Dans cette fable feroce contre le Progres aveugle, contre les machinations geopolitiques qui ont mene a la Grande guerre, Capek analyse avec beaucoup de subtilite l'humain face a ses defauts sociaux. Comme dans La Guerre des salamandres (La Baconniere, 2012), il se revele, a travers ce texte, un representant original du roman utopique en me.me temps qu'un maitre novateur de la prose tcheque moderne.
á Sous ses dehors de plaisante pochade, le present livre ne manquera pas d'impressionner le lecteur contemporain par de troublantes intuitions relatives aux ravages a venir tant de la bombe atomique que des ideologies totalitaires qui pretendaient faire le bonheur des gens malgre eux. â Eric Naulleau, Le Matricule des anges, 1999.
En avril 1923, Karel Capek démissionne du poste de dramaturge qu'il occupait depuis octobre 1921 au Théâtre municipal de Vinohrady et part aussitôt en vacances en Italie pour se refaire une santé. Son séjour dure près de huit semaines. On est au tout début de l'ère fasciste et c'est son premier voyage en Italie. Durant son périple, Capek adresse à son journal quinze lettres, qui sont publiées en feuilleton, au fur et à mesure. Sur la base de celles-ci, il produira ce recueil de Lettres italiennes, savoureux, drôle et pénétrant.
Le périple de Capek est avant tout urbain, Venise, Padoue et Ferrare, Ravenne et Saint-Marin, Florence, Sienne et Orvieto, Rome, Palerme, Taormina, Gênes et Milan, Vérone, Bolzano, sans compter les étapes intermédiaires évoquées en passant (Rimini, Bologne, Pérouse, Arezzo, Pise, Mantoue) et les nécropoles souterraines (Pompéi, Ostie) mais il est très loin d'offrir une liste de beautés ou de curiosités. En voyageant librement et en s'intéressant plus aux enfants qui jouent dans une cour qu'aux monuments historiques d'intérêt capital, Capek fait le choix d'un voyage personnel et joyeux où il cède volontiers à la description d'ambiances et d'anecdotes, non sans se départir de sa facécie. Ainsi de Rome il dira : « Si je fais cet exposé pseudo-historique, c'est pour ne pas avoir honte de dire que Rome dans l'ensemble ne me plaît pas. Ni le Forum romanum, ni l'horrible ruine de briques du Palatin, ni rien d'autre n'ont suscité en moi de sentiments sacrés ».
Ce livre de l'auteur de La Fabrique d'Absolu et de La Guerre des Salamandres, déjà édités dans la même collection, relate le premier voyage du grand écrivain tchèque en Angleterre en 1924.
Karel Capek découvre Londres et les Londoniens avec un étonnement quasi constant, rencontre et dessine H. G. Wells, G.-K. Chesterton, G. B. Shaw notamment. Il explore aussi la country, passe par des petites villes, visite des cathédrales, Cambridge et Oxford. L'Écosse, le pays de Galles et l'Irlande sont décrits avec la même ironie si caractéristique de l'esprit pragois et cet humour attachant et délicat qui est propre à Capek.
Ce récit de voyage désopilant signe la rencontre entre l'un des écrivains les plus éminents des lettres tchèques et la mystérieuse Angleterre, pays des paradoxes. On s'accorde avec Arthur Miller : « C'est une joie de le lire ».