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Ces 29 "récits apocryphes" ont été écrits par Capek entre 1920 et 1938. Chacun des récits, à quelques exceptions près, est centré autour d'un personnage historique ou semi-légendaire bien connu de tous. Réfutant le plus souvent les notions transmises par l'histoire, Capek nous montre ce personnage sous des côtés intimes, parfois inattendus, nous expose les mobiles de ses actes, en fait une étude psychologique tournant à la satire.
L'humour domine dans la plupart des récits, mais certains sont empreints également d'une grande tendresse et d'un grand amour de l'homme. La vision personnelle de l'auteur leur donne une forte résonance d'actualité. Ces récits sont groupés, dans l'édition finale, selon l'ordre chronologique de l'apparition des personnages dans l'histoire.
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Karel capek fut l'un des rares écrivains tchèques à conquérir de son vivant une célébrité mondiale, qu'il dut principalement à son oeuvre de dramaturge, et même surtout à une seule pièce, la célèbre r.
U. r. (1920), dans laquelle il forgea un néologisme qui allait connaître une fortune prodigieuse : le robot.
Mais, loin de n'être qu'un dramaturge qui eut son moment de succès, capek est l'un de ces auteurs protéiformes qui abordent avec un égal bonheur tous les exercices de la plume et peut être considéré comme le maître à penser de la tchécoslovaquie de l'entre-deux-guerres.
Le météore se compose de trois récits concentriques cherchant à reconstituer l'histoire d'un homme dépourvu d'identité se trouvant sur un lit d'hôpital et dont on ignore tout au départ.
Mais ce qui est original ici est qu'aucun des trois récits n'a de fondement dans le réel. celui de la soeur de charité est un rêve, le deuxième est basé sur un don de voyance et celui du romancier est un exercice d'imagination. le tout est appuyé sur la connaissance scientifique représentée par les observations et déductions professionnelles du chirurgien et de l'interniste.
Tout en se conformant aux données précises fournies par ces observations, les trois récits se complètent en se recoupant sur un certain nombre de points.
Mais les contradictions apparaissent au fil de la lecture, car chacun des trois conteurs, prenant la parole à son tour, nous convainc qu'il détient la solution définitive de l'énigme.
Ce roman a plu à un vaste public ; comme pour hordubal ou la guerre des salamandres, les lecteurs, passionnés par le monde à la fois réel et fantastique de karel capek, lui ont donné raison. répétons-le, ce n'est pas un hasard : l'ambition de capek, chef de file de la culture d'une tchécoslovaquie renaissante, était de combler autant que faire se pouvait le fossé entre la littérature et le peuple.
Qui nierait qu'il ait réussi ici à concilier la qualité littéraire et la lisibilité, tout en faisant passer, sans prétention aucune et sans vains déploiements d'intellectualisme, quelques-unes des grandes idées philosophiques et morales qui lui tenaient à coeur ?.
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Romancier, journaliste, dramaturge, essayiste, Karel Capek incarne parfaitement l'idéal de l'écrivain populaire, dans le meilleur sens du terme.
En vingt-cinq ans de carrière littéraire, jusqu'à l'aube de la Seconde Guerre mondiale, il produira dans une Tchécoslovaquie nouvellement indépendante une oeuvre considérable qui fait de lui, aujourd'hui encore, le plus grand écrivain de son pays.
Imagination multiforme, l'extraordinaire diversité du talent de Capek surgit peu à peu au fil des publications ou rééditions. Pour beaucoup, il est avant tout un auteur de science-fiction.
La guerre des Salamandres ou sur scène R. U. R. en firent une sorte de H. G. Wells, version slave. Mais comment alors expliquer l'apparition d'un roman comme Le Météore, qui semble sortir des officines du nouveau roman le plus expérimental ?
Et voici Hordubal, une tragédie paysanne et familiale qui pourrait se situer, avec ses personnages frustes et instinctifs, dans le Sud agricole américain de Caldwell ou Faulkner.
Hordubal ne revient-il pas des Etats-Unis d'ailleurs ? Il rentre chez lui, à Kriva et chez lui, il fait peur et on ne le connaît pas. Personne n'attendait son retour et la vie s'était organisée sans lui. Hordubal, c'est l'homme en trop, dont on finira par se débarrasser.
Roman paysan, roman de moeurs et finalement roman d'un crime. Exemple parfait, rigoureux de la tragédie en milieu fermé. On en oublie le lieu et le temps, concentrés sur ces personnages qui semblent eux-mêmes happés par leur destin.
Le mari, la femme, l'amant, l'enfant. Rien de plus simple, de plus direct, de plus fort. La primitivité des moeurs semble épurer les sentiments à l'extrême.
Karel Capek a trouvé le langage propre à la tragédie rurale. Aucune intervention personnelle ne brise la continuité de cette analyse clinique. Nous remontons ici à la source des passions les plus élémentaires de l'homme. On est à Kriva, comme à Argos : dans cette aridité où naissent les chants les plus douloureux.
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On connaît essentiellement Karel Capek comme l'inventeur du mot "robot" et comme un auteur d'ouvrages dits de "science-fiction", La Guerre des salamandres ou R.U.R.
Il a été, en réalité, non seulement le plus grand écrivain de son pays, mais l'un des plus grands écrivains du XXe siècle. Capek, en effet, n'est pas seulement un maître de l'art du récit, un créateur étourdissant de personnages, mais un poète métaphysique qui s'interroge sur la condition humaine, en scrute les béances, en dépeint la misère et le destin tragique voué à la solitude et à l'incompréhension.
L'une de ses oeuvres les plus accomplies est le poème de la mort qu'il a édifié dans la trilogie romanesque dont Une vie ordinaire, publiée en 1934, constitue le nier volet.
Dans Hordubal, le premier roman de ce cycle, Capek, selon ses propres termes, opposait " la face cachée mais véritable de l'homme et de sa vie intérieure à l'image déformée et inexacte que se font de lui-même ceux qui ne lui veulent pas de mal ".
Il montrait que notre connaissance des gens se limite très souvent à nos propres projections. Dans Le météore, Capek multipliait les points de vue. La vie d'un homme y était décrite sous plusieurs aspects différents. Chaque narrateur projetait sa propre histoire sur celle du disparu dont il essayait de reconstituer la vie. Devançant " l'école du regard ", Capek mettait l'accent sur les pièges de la subjectivité.
Dans Une vie ordinaire, l'auteur apporte la conclusion à la fois synthétique et paradoxale de la trilogie. Au regard des autres se substitue le propre regard du défunt sur lui-même, à travers les souvenirs dans lesquels, avant sa mort, il essaie de retracer l'histoire de sa vie, l'histoire d'une vie " sans histoires ". A la pluralité des regards des autres sur un être se substitue la pluralité de l'être lui-même qui se dévoile sous son propre regard.
Non seulement Capek y désigne la dimension " universelle " de l'existence la plus banale, la plus " ordinaire ", mais les doutes et les interrogations du personnage sur sa propre vie composent une polyphonie romanesque où émerge la multiplicité des facettes qui composent l'identité d'un Moi rongé par le Ça. Et derrière le petit homme gris, derrière l'apparence terne et uniforme d'un fonctionnaire quelconque, on voit transparaître peu à peu l'insondable complexité de la nature humaine.
La création littéraire est ici inhérente à l'essence même d'un homme " sans qualités ". Ici, la création littéraire n'est pas surajoutée sur le vivant, elle émane intrinsèquement du vivant et le cours lisse et plat d'une " vie ordinaire " devient l'abîme originel où se creuse sans fin le mystère de l'être. Gérard Conio