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Julie Wolkenstein
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C'est le nom d'un bout de l'autoroute qui relie Paris à Saint-Pair-sur-Mer, dans la Manche, et tous mes souvenirs. Je l'ai enfin suivie plus loin, jusqu'en Bretagne, pour y retrouver un témoin de la mort accidentelle de mon petit frère, à l'âge de deux mois : une Bretonne qui avait vingt ans lorsqu'elle a découvert Paris en 1968, s'y est fabriqué des souvenirs et cherche encore, elle aussi, la vérité sur cette mort. J. W.
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« Un escape game, c'est comme la vie. Surtout lorsque cette vie (la mienne) est d'abord un lieu, une maison aux multiples pièces, chacune encombrée de souvenirs et peuplée de fantômes. » Dans sa maison de Saint-Pair-sur-Mer, la narratrice remonte le temps. De l'été 1980 à des époques plus lointaines, elle part à la recherche des deux grands absents de sa vie : son père, puis son frère disparu soudainement.
Les pièces, les meubles, les objets de toutes sortes forment un drôle de puzzle à reconstituer. À mesure qu'elle progresse, les indices assemblés font apparaître l'histoire d'une famille, ses failles et ses secrets.
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Automne 1952 : dans un château délabré de l'Eure, Éric Rohmer tourne Les Petites Filles modèles. C'est son premier long-métrage. Presque achevé, jamais sorti au cinéma, il a disparu. Ceci est avéré et vérifié. Nul ne sait ce qu'est devenu ce film. A-t-il été perdu, volé, détruit par Rohmer qui n'en aurait pas été satisfait ? Printemps 2016 : Sophie, une prof d'université à la retraite spécialiste de la comtesse de Ségur, et Paul, un jeune homme qui consacre sa thèse à des films introuvables, traversent ensemble la Normandie à la recherche de traces, de témoins, d'explications. Joseph Kéké, l'étudiant béninois qui a produit le film, a-t-il vraiment cassé une dent à une strip-teaseuse poétesse ? À quoi servent les châteaux en ruines ? Quel rapport entre la comtesse de Ségur, Éric Rohmer et le cinéma érotique des années 1970 ?
Ce roman ébouriffant multiplie les pistes et les péripéties. De nouveaux personnages réels ou fictifs surgissent à chaque détour de page et nourrissent une enquête qui mêle réalité avérée et vérifiée à la fiction la plus débridée. Chemin faisant, et c'est ce qui donne aussi à cette histoire une profondeur inattendue tant le ton en est plaisant, désinvolte et spirituel, c'est avant tout sur eux-mêmes que Paul et Sophie enquêtent sans s'en rendre compte.
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Après la mort de mon père, j'ai trouvé en rangeant ses papiers des documents sur sa grandmère dont j'ignorais tout et qui révélaient un secret de famille. Je ne me suis jamais intéressée aux ancêtres de personne : les gens que je ne connais pas, surtout s'ils sont morts, me sont cent fois plus étrangers, même s'ils me sont apparentés, que les personnages de romans.
Mais il y avait dans ce que je découvrais sur cette arrière-grand-mère des choses qui me plaisaient, d'autres que j'aurais voulu savoir. J'ai hésité à enquêter. Ce livre est le résultat de mes hésitations.
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Juillet 1911, une matinée d'été dans la campagne anglaise. Edward Sanders marche le long de la rivière. Il rentre chez lui, mais personne ne l'y attend. Ni Susan, ni les enfants. Tous le croient en ville, sagement assis à son bureau. Susan Sanders parcourt les rues de Londres. Personne ne sait qu'elle s'y trouve. Pas Edward en tout cas. Elle va lui faire une surprise, aller le chercher à l'étude, pénétrer dans cet immeuble inconnu où il passe ses journées. Aujourd'hui, elle a un secret à lui confier. Pour tous les deux, c'est une journée particulière. Au rythme de leur promenade, au fil de leurs souvenirs, reviennent en foule les fantômes d'une époque disparue:débutantes promises à la noyade ou à la folie, duchesses suffragettes, scandales étouffés, excentriques sacrifiés. C'est l'heure anglaise, l'heure où se réveillent les fastes de la Riviera et les enfances solitaires, les bibelots victoriens et leurs fêlures.
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Dans quelques années, lorsque le niveau des océans aura monté.
La mer grignote un bout de côte normande, engloutira bientôt les quelques villas perchées sur la falaise. Ce jour-là, Éliane, la seule survivante des trois familles de vacanciers qui y ont partagé tous leurs étés, veut voir la dernière vague. Revenue sur cette plage, elle s'accroche à sa maison, à ses souvenirs.
À ceux qui sont morts, elle prête sa voix, revit les derniers instants de chacun. Pour différer la disparition de ce décor familier et la sienne propre, elle fait de sa mémoire une digue, un barrage : que restera-t-il de ces résidences secondaires, du goût des crevettes grises, des préjugés bourgeois, des bains de minuit, des vies réelles et imaginaires, à la toute fin ?
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La veuve d'un milliardaire américain achète la plume d'une autre pour livrer son passé et confier, à rebours, le secret de ses fuites successives.Sa biographe ressasse une année de fêtes monotones, et mêle à son récit la chronique de ses vingt ans.Au croisement de leurs deux histoires, une imposture : pas de sang, juste de l'encre. Pas de cadavre, mais une confidence à quatre mains, entièrement réversible. Un polar dont l'enjeu n'est pas l'identité de la criminelle, mais de la narratrice.
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« J'aurais dû m'en apercevoir dès le début : la première fois que je l'ai vue, le soir où elle a débarqué sur l'île avec ma mère et s'est encadrée dans la porte-fenêtre, éblouie par le décalage horaire et le coucher de soleil, tout cïncidait, tout concordait. Nous reproduisions déjà à notre insu la situation de départ de ce vieux bouquin de James que, comme tous les étudiants américains, j'avais lu à la fac quelques années plus tôt. Sur le moment je n'ai rien compris. Mais maintenant j'en suis sûr : sa personnalité, ses voyages, les hommes qui l'ont aimée, celui qu'elle a épousé, ses enfants, ses deuils, tout a été écrit, imaginé il y a un siècle. Je ne suis pas superstitieux. Je ne suis pas fou. Mais son destin imite exactement celui d'un personnage de roman qu'elle ne connaît même pas. Et qui se termine par ma mort. Je peux peut-être déjouer cette espèce de malédiction. Je n'ai plus beaucoup de temps, je sais ce qui me reste à faire. »
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Pourquoi Ann Hellbrown a-t-elle brusquement décidé d'arrêter d'écrire après la noyade de son mari ? Pourquoi s'est-elle exilée en Angleterre et n'a-t-elle jamais, jusqu'à sa mort en 1912, rompu son voeu de silence ? De quoi est-elle coupable ? Une poignée d'universitaires, plus ou moins excentriques, plus ou moins convaincus du sérieux de leur mission, sont réunis par un colloque consacré à la romancière. Dans le manoir de l'ouest de la France où elle vécut jadis, ils échangent des points de vue, forment des hypothèses littéraires et des projets amoureux. De chercheurs, ils se transforment en détectives. Ils ont quatre jours pour mener l'enquête sur la disparue. Leurs témoignages croisés, ainsi que d'autres pièces mystérieusement versées au dossier à leur insu permettront au lecteur de juger. Au rythme des vagues qui menacent le manoir, dans ce va-et-vient qui mêle satire des moeurs universitaires et plongée dans une intimité d'un autre temps, entre aujourd'hui et hier, les secrets engloutis refont surface.