Bien des écrivains du XIXe siècle ont mené de front activité littéraire et activité critique. Alexandre Dumas père, Théophile Gautier, Jules Barbey d'Aurevilly ont été de ce nombre.Le présent ouvrage examine les stratégies d'énonciation, les scénographies, les postures et discours déployés par ces trois auteurs, ainsi que les interférences esthétiques entre leur oeuvre littéraire et leur production critique.Sont interrogées la transformation de la critique littéraire au cours du XIXe siècle et la façon dont ces grands écrivains-critiques ont fait, chacun selon sa voie, évoluer la représentation de cette activité. Pratique d'abord seconde, mais participant de plus en plus d'une écriture moderne.L'ouvrage entend contribuer, du même coup, à repenser les frontières toujours plus poreuses entre critique et littérature.
L'Éros proprement amoureux de Dumas, qui le poussa à accumuler sa vie durant conquêtes et maîtresses, est la figure emblématique d'une énergie vitale et d'un désir de littérature et d'action qui n'avaient pas, en tant que tels, fait l'objet d'assez d'attention. Proposant une « éro-poétique » de l'oeuvre dumasienne, l'ouvrage y aborde le désir selon plusieurs directions privilégiées. Il explore le désir amoureux et érotique, sa représentation, sa productivité et sa portée dans les différents genres illustrés par Dumas (théâtre, romans, contes, récits de voyage, autobiographie et écrits intimes, causeries...). Il envisage plus largement le désir comme une origine et un foyer de la création dumasienne, permettant d'en comprendre la fécondité, la variété, mais aussi les modes d'énonciation et de réception. Il s'intéresse enfin aux empreintes du désir chez les descendants biologiques et littéraires de Dumas, et à la façon dont les motifs sentimentaux et l'érotisme façonnent l'imaginaire qui se déploie dans les réécritures, les adaptations ou les suites de ses oeuvres, telles que le D'Artagnan amoureux de Nimier.
La lettre, voyageuse par nature, chemine sur les routes d'un lieu à l'autre, de l'expéditeur au destinataire; chronique à deux plumes, ouverte à l'inconnu des jours à venir, la correspondance relie les êtres, raccorde les espaces, connecte les temps.Ce volume rend hommage à la chercheuse, Brigitte Diaz, qui a théorisé le nomadisme épistolaire et activement oeuvrée à la réhabilitation littéraire des correspondances.Traçant librement leurs itinéraires parmi des correspondances variées, les contributions explorent le statut mobile des correspondances (des feuillets épars à l'objet éditorial, de la sphère privée à la sphère publique et médiatique, du document brut à l'élaboration littéraire); elles questionnent la porosité des frontières entre lettres et fiction ainsi que la fécondité des interférences entre l'épistolaire et le romanesque. Elles frayent aussi des chemins dans des corpus épistolaires inédits ou très méconnus, ouvrant la voie à de nouveaux voyages et recherches.
Ancienne élève de l'ecole normale supérieure (ulm), agrégée de lettres modernes, julie anselmini est l'auteur d'une thèse sur la poétique du roman dumasien.
Les écrivains romantiques sont confrontés à un double défi : maintenir intact, dans un monde toujours plus rationaliste mais en mal de sacré, la possibilité de l'enchantement, tout en offrant à des lecteurs avides de nouveauté un merveilleux spécifiquement moderne. Dumas relève ce défi en s'emparant de mythes contemporains comme le progrès illimité de la Science, la toute-puissance de l'Argent ou le charme de l'Ailleurs ; il modèle de façon décisive la figure du surhomme et il arpente le terrain encore largement inexploré des états psychiques hors normes. Jouant un rôle central dans l'efficacité du récit, le merveilleux n'a pas seulement pour but de captiver le lecteur, il tend aussi à l'instruire et à l'émanciper : en ressuscitant magiquement une Histoire dont il dévoile le sens politique, et en créant un légendaire visant à célébrer et à fonder, Dumas guide son lecteur vers une société idéale que les pouvoirs prophétiques du surhomme font surgir ici et maintenant. Si l'oeuvre dumasienne permet ainsi de renouveler l'approche du merveilleux, à une époque où il connaît de profondes mutations, réciproquement, cette catégorie littéraire met en lumière la cohérence et la complexité d'une oeuvre de tout premier plan.
L'ouvrage s'intéresse à la « relation critique » entre les différents acteurs des correspondances littéraires : celles-ci convoquent tout le personnel de la scène littéraire et sont les témoins des grands débats critiques et poétiques qui traversent l'histoire et produisent de nouveaux canons esthétiques.
Notre vie est tissée de récits. Parfois même d'histoires à dormir debout. Comment expliquer une telle omniprésence mais aussi le plaisir si vif que nous prenons tant à raconter qu'à écouter ou lire des histoires?? L'hypothèse de ce nouveau numéro du MAUSS est que la réponse à ces questions est à chercher dans les relations entre don et récits. Raconter, n'est-ce pas avant tout donner?? Le récit n'est-il pas fondamentalement généreux??
Ce sont ces générosités du récit que ce numéro propose d'interroger à travers la multiplicité de ses formes. Que donne-t-on en racontant des blagues?? En prononçant une oraison funèbre?? En livrant sa vie intime à un psychanalyste?? En relatant des faits (réels ou imaginaires), le récit relie un «?donataire?» et un «?bénéficiaire?», mais quelle est la nature des relations qui se nouent ainsi?? Et notamment entre auteur et lecteur. Car le récit de fiction est aussi offrande, don de vie, donnant à voir des événements, des êtres, mais aussi des possibles qui sans lui resteraient lettre morte. Et n'oublions pas le plaisir du récit, ce qui se donne, libéralement.
Cette dimension esthétique et créative, dont attestent ces multiples récits, n'est-elle pas d'ailleurs l'un des fondements du social, en cela qu'il désigne, plus que l'obligation ou la nécessité d'être ensemble, le plaisir partagé qu'on y éprouve ?
Avec les textes de Victor Rosenthal, David Le Breton, Henri Raynal, Lewis Hyde, Julie Anselmini et Claude Schopp, Nathalie Solomon, Pascal Durand, François Flahaut, Stéphane Corbin, Daniel Desormeaux, Florian Villain, François Bordes, Alain Caillé, Richard Bucaille.
Les textes en version @ : Anthony Glinoer et Michel Lacroix, Marcel Hénaff, Rebecca Colesworthy, Fabien Robertson, Pierre Michard, Philippe Chanial, Rudy Amand, Michaël Singleton.
Jean-François Louette, « Revanches de la bêtise dans L'Idiot de la famille » ;
Young-Rae Ji, « La reconstruction sartrienne de la vie de Flaubert » ;
Nao Sawada, « Biographe malgré lui. L'Idiot de la famille dans le miroir des Mots » ;
Marielle Macé, « "Penser par cas". Pratiques de l'exemple et narration dans L'Idiot de la famille » ;
Julie Anselmini, « Les stratégies argumentatives dans L'Idiot de la famille » ;
Jean Bourgault, « "Réinventer l'art d'écrire". Littérature et phénoménologie dans L'Idiot de la famille » ;
Julie Aucagne, « Achille-Cléophas Flaubert et les métamorphoses du regard chirurgical » ;
Gilles Philippe, « Le protocole prérédactionnel dans les manuscrits de L'Idiot de la famille » ;
Grégory Cormann, « L'indisable sartrien entre Merleau-Ponty et Lacan. Inventer une étrange histoire de L'Idiot de la famille » ;
L'Idiot de la famille : repères bibliographiques