Ivan illich amplifie et radicalise sa critique de la société industrielle.
Il ne vise plus une institution particulière (école, santé, transports), mais l'organisation globale. il dénonce la servitude née du mode industriel de production, le gigantisme des outils, le culte de la croissance indéfinie et de la réussite matérielle.
L'homme va-t-il réclamer son droit, reprendre la parole et le pouvoir de décider, rouvrir un espace social de rencontres et d'échanges, se souvenir qu'il a un passé, des voisins, des égaux ?
Ce n'est que par la redécouverte de la convivialité que les sociétés s'humaniseront.
« Ivan Illich a été à l'origine de débats célèbres dont le thème était la contre-productivité des institutions modernes : au-delà de certains seuils, les institutions productrices de services, comme les écoles, les autoroutes et les hôpitaux, éloignent leurs clients des fins pour lesquelles elles ont été conçues.
Ivan Illich fut le plus lucide des critiques de la société industrielle. Il voulut en écrire l'épilogue et il le fit. Jadis fameuses en France, les «thèses d'Illich» ont peut-être été oubliées, mais jamais elles n'ont été infirmées. Après elles, la société industrielle a perdu toute justification théorique. Elle ne tient debout que grâce à l'hébétude de ses membres et au cynisme de ses dirigeants. Toutefois, plutôt que de débattre des thèses qui la dérangent, l'huître sociale s'en est protégée en les isolant. Il est temps d'affirmer que l'oeuvre d'Illich n'est pas une perle rare mais une réflexion fondée sur un solide sens commun. Il faut briser la gangue dans laquelle elle a été enfermée afin de libérer son inquiétant contenu. Alors que tous les bien-pensants croyaient encore aux promesses du développement, Illich montra que cette brillante médaille avait un revers sinistre : le passage de la pauvreté à la misère, c'est-à-dire la difficulté croissante, pour les pauvres, de subsister en dehors de la sphère du marché. Ses livres vinrent secouer la soumission de chacun au dogme de la rareté, fondement de l'économie moderne. » Valentine BORREMANS et Jean ROBERT
Ce deuxième volume des oeuvres complètes d'Ivan Illich rassemble six textes publiés entre 1977 et 1994 : Le Chômage créateur (1977), Le Travail fantôme (1981), Le Genre vernaculaire (1983), H2O, les eaux de l'oubli (1988), Du lisible au visible. Sur l'art de lire de Hugues de Saint-Victor (1991), et Dans le miroir du passé (1994).
L´eau est une ressource trop souvent perçue comme une marchandise qui coule dans nos robinets, sert à notre consommation puis devient un déchet qui est recyclé avant d´être renvoyé au cours d´eau. Dans cet ouvrage Ivan Illich, invité à une conférence à Dallas où un projet de lac d´épuration est envisagé, présente l´eau comme un élément constitutif de notre histoire et de notre devenir. A travers une série d´anecdotes culturelles, l´auteur emmène le lecteur dans la découverte de la ressource en tant que matière, imaginaire, aura, technique, composante des religions mais également des usages culturels. Cet ouvrage illustre combien l´eau est indispensable pour ""habiter"" nos territoires. L´eau exprime la vie, sa valeur n´a pas de prix.
« Je plaide pour une renaissance des pratiques ascétiques, pour maintenir vivants nos sens, dans les terres dévastées par le «show», au milieu des informations écrasantes, des conseils à perpétuité, du diagnostic intensif, de la gestion thérapeutique, de l'invasion des conseillers, des soins terminaux, de la vitesse qui coupe le souffle. » Ivan ILLICH
Voici un recueil qui dissipe beaucoup de malentendus nés dès la publication d'Une société sans école (1971).
En effet, bien qu'Ivan Illich ait toujours souligné qu'il ne préconisait nullement un retour aux modes de vie d'autrefois, on l'a maintes fois accusé d'entretenir une nostalgie du passé. Pourtant son fil directeur n'a jamais cessé d'être l'examen de notre temps Dans le miroir du passé, c'est-à-dire la recherche des origines de nos idées actuelles, afin d'en évaluer la validité ici et maintenant. Qu'il s'agisse de l'économie, de l'enseignement, de la médecine, de l'informatique et de sa " culture " ou de la bioéthique, il nous invite à réfléchir sur leur genèse, leur déploiement, leur emprise sur notre quotidien.
Savourer les joies du faire, pratiquer l'art d'habiter ou de souffrir, vivre harmonieusement, voilà ce à quoi nous convie Ivan Illich. Au-delà de ses thèses iconoclastes, on découvrira aussi les aspects inattendus d'une pensée indépendante dont la richesse n'a pas fini de nous surprendre.
ivan illich (1926-2002) prétendait traiter en historien des questions que d'autres auraient adressé à des théologiens.
il reprochait à l'église d'avoir institutionnalisé ce qui, par essence, est gratuit, et d'avoir instrumentalisé la charité. il voyait dans cette perversion d'origine lointaine des institutions modernes comme l'eglise, l'ecole et l'université, et ne cessa d'inciter le monde occidental à repenser celles-ci fondamentalement.
a la fin de sa vie, dans ces entretiens accordés à david cayley, il parle pour la première fois de la "corruption" du nouveau testament qui lui paraît le "péché originel" menant tout droit à la société de consommation, à la misère des autres, et à une relation aliénée entre les êtres.
ces entretiens constituent une sorte de "testament spirituel" qui éclaire l'ensemble de l'oeuvre d'ivan illich.
il pose l'histoire du bon samaritain et son acte de miséricorde spontanée - sans considération d'origine ni de religion - comme le véritable fondement d'une éthique capable d'unir au lieu de diviser.
un essai d'une force et d'une perspicacité rares à l'heure où les différentes croyances s'affrontent et se combattent...