« Ange est le nom dont nous désignions le sujet dont l'existence affirmée autorise la Grande Politique : politique qui casse en deux l'histoire du monde, telle encore qu'elle transforme l'homme en ce qu'il a de plus profond... l'entreprise visant à procurer aux hommes, par la grâce de formes inouïes, la vie bienheureuse, se renversa en machine d'enfer.
Si j'ai décidé d'assembler ces avortons en une commune baraque, faire tronc à ces têtes mortes, c'est que je crois fini le temps des livres. »
Nous tenons (avec aristote, ou hegel, compte aussi bien) que la philosophie n'existe que du système, que par là, seulement, elle n'est pas une pratique quelconque de transformation de soi.
Que toute philosophie, s'il en est une encore possible, se doit donc " exposer " (aux deux sens reçus) selon les trois intérêts où la raison reconnaît son devoir. celle qui prend, en ce livre ? ce risque sur soi, propose trois maîtres-mots : constitution, négation, symphonie.
Pour chacun d'eux choississant l'une des déterminations dont il est susceptible, choix qui s'avèrent s'entre-exprimer, sinon se commander, en une sorte qu'une orientation s'en désigne.
- constitution, en effet, s'affirme, ou non, toute : si on élit le second énoncé, quelque chose d'elle choit, que la négation seule relève.
- négation, cependant se dit en deux sens, selon que simplement elle nie, ou bien qu'elle suraffirme.
- symphonie, enfin, peut-être éclectisme, accord déréglé, ou hiérarchie.
- c'est comme veut la " division ", le terme de droite qu'on a toujours posé.
- ni la constitution n'est toute ni la négation simple ni la symphonie sans principe.
- a ces trois décisions nouées tient la véracité, comme parti pris du réel, qu'il faut éprouver à la théorie, à la pratique, à l'esthétique.
Ce n'est pas livre sur deleuze mais, à son occasion, quelques réflexions simplement.
Et puisqu'il fut " historien de la philosophie ", on s'intéresse d'abord à la drôle de façon dont il usa de cette discipline - elle-même, au reste, assez drôle -, qui longtemps lui fit masque, derrière quoi il put retarder l'offre de ses propres pensées. qu'il y fallût, comme on montre, la manière et l'art exquis du faussaire importe moins, somme toute, que la question que soulève la possibilité même de ce retard qu'est-ce, en effet, que la philosophie en personne, pour tolérer que son exercice soit différé ? comme les histoires de deleuze, ensuite, s'inventent grâce à plusieurs catégories dont il est douteux que la métaphysique ne les rencontre pas nécessairement (immanence, multiplicité, vie, etc.
), il était certainement opportun d'évaluer celles-ci, jusqu'aux conséquences vulgaires qu'elles emportent, et de peser, à rebours, les effets qui engendrent les catégories directement hostiles (transcendance, unité, dialectique, etc. ). si bien que, parti pourtant d'un pas prudent, on a dû arriver à quelques décisions un peu brutales - dont heureusement un nom simple, après tout, résume et paraphe le choix : matérialisme.
Au regard du concept, le titre est redondant - du matérialisme, on ne sait rien, sinon qu'il vive !
Mais le mépris où choit la vertu des partages rend opportun le retour au mot d'ordre, et au tract. Le rappel du matérialisme s'entend donc : À bas le spiritualisme !
Cette juste clameur paraît grossière, tant qu'on feint synonymes « spirituel » et « spiritualiste ». L'émotion spiritualiste, cependant, interdit l'irénisme : or, elle suscite aujourd'hui toutes sortes d' « affaires », derrière lesquelles il faut distinguer une conspiration.
Dès lors, coup pour coup : qu'à la conspiration spiritualiste s'oppose l'alliance matérialiste.
Si le matérialisme, en effet, est « sans histoire », parce qu'on n'en peut construire le concept, il a un « avenir », parce qu'il eut toujours puissance d'intervention.
La philosophie, il est vrai, est avare d'interventions, parce qu'elle juge que celles-ci n'ont sens que lorsqu'un intérêt de la raison est clairement, distinctement encore, menacé. Aussi intervient-elle alors avec la dernière brutalité, rappelée - si elle se tient à la hauteur de l'idée - à sa base.
La base veut que l'esprit, faisant affaires, n'est pas tout.
Que l'être vient avant l'homme.
Que matière signifie avant.
Sur l'une des premières pages du livre on peut lire :
Le présent texte est un tract. Comme il est de règle, aucun nom propre ne lui est attaché. L'auteur - car il y en a un - souhaite que sa déclaration soit lue sans qu'il soit fait acception de personne. les circonstances détermineront si cet anonymat, appelé par la structure, peut ou doit être levé. J.-C. M.
À ce jour l'anonymat est levé.
Dans cette série d'entretiens réalisés en 1978 et 1979, Guy Lardreau et Georges Duby s'interrogent sur les conditions de possibilité d'un discours historique : comment le réel advenu se dépose-t-il dans une pluralité de témoignages ? Y a-t-il sens à parler de philosophie de l'histoire ? En quoi l'histoire peut-elle avoir rang de science ?
À l'historien, le philosophe demande d'abord : l'histoire, comme discours, se soutient-elle d'un réel, évanoui certes, mais qu'il s'agit de restaurer ?
Ou bien l'histoire, comme objet, n'est-elle suscitée que du discours qui la nomme, dont le " réel " s'épuise en la cohérence du rêve bien lié de l'historien ?
Une chose, alors, est ce que celui-ci articule sur son discours, où le nominalisme s'impose ; une autre, ce qu'il relève en l'exercice d'un métier, où le réalisme est requis. Restituant les façons dont les gens ont pensé, il admet que des noms ont été réellement proférés. Cette convention, par quoi surgit une positivité, renvoie à son tour à une éthique de la connaissance.
C'est à ce souci éthique que s'attachent ces Dialogues, également indispensables aux philosophes et aux historiens.
Chacun éprouve ce paradoxe : discours philosophique et discours spirituel sont différents, alors qu'ils parlent de la « même chose ». Si l'on s'efforce d'exposer une oeuvre spirituelle selon l'ordre des raisons, on fait pourtant apparaître une fracture qui renvoie à deux modes d'opération de l'Autre... Que serait une philosophie de la religion ? Un Dieu des philosophes ?
Il ne s'agit pas, ici, d'un livre didactique sur le roman policier, mais de se demander en quoi les romans de ce "genre" - sans prétendre, certes, " faire de la philosophie ", ni défendre des " idées philosophiques " - comportent néanmoins, dans leur structure, leur manière d'être, un tour qui rappelle quelque chose à celui qui fait profession de philosopher.
En l'espèce, cette forme est d'abord celle de l'enquête (en anglais : inquiry) ; et Guy Lardreau de marquer combien ce genre est anglais, même si, d'évidence, il existe des " polars " français, allemands, américains... Or, qui dit enquête dit empirisme. Aussi bien, on lira ce livre à partir de l'une ou l'autre de ses " entrées " : soit, en effet, qu'on éclaire le roman policier par l'empirisme, soit qu'on se serve de certains de ses meilleurs exemples pour, comme dit Lardreau, présenter, c'est-à-dire donner à voir, rendre mieux saisissables " quelques concepts majeurs de la philosophie ".