Meknès, 10 avril 1672. «Si Dieu m'a donné le royaume, nul ne peut me l'ôter.»L'homme qui prononce ces mots s'appelle Moulay Ismaïl. Il vient de monter sur le trône du Maroc et d'accéder aux titres suprêmes de sultan et de commandeur des croyants.Durant son demi-siècle de règne, cet homme hors du commun réussit l'impossible : unifier son royaume et étendre son territoire. On le surnomme le Roi-Soleil marocain.Autour de lui, l'Europe s'avance. Et déjà s'annoncent les premières tentatives de ce que l'on appellera plus tard la colonisation.C'est à travers le regard d'un Français, Casimir Giordano, médecin personnel du sultan, que flamboie cette épopée, faite de déchirements, d'intrigues et de gloire.L'île du Couchant est le premier volume de ce Guerre et paix oriental qui s'achèvera en 1912, à l'heure du protectorat.
«Me voici au couchant de ma vie. Je suis né le 6 mai 1918. J'ai quatre-vingt-six ans.Une certitude:j'ai mille ans de souvenirs.En cette heure où le jour décline, assis en tailleur au sommet de cette dune de sable, comme du temps de ma jeunesse au milieu des Bédouins de ma tribu, ces souvenirs je les vois qui défilent en cortège sur la ligne d'horizon.Je vois des villes qui s'enchevêtrent dans la chevelure du temps. Des villes aux vastes avenues se dressent désormais ici, sur ma propre terre où n'existaient alors que les routes du vent. Je vois des gratte-ciel et des jardins, là où ne poussait que la rocaille. Des palmiers, des nuées de palmiers. Des écoles, des universités, des hôpitaux, des musées, et tant d'autres rêves devenus vrais. Un mirage devenu pierre et acier.Ce ne fut pas simple, mais ce fut exaltant.J'ai tiré des entrailles du désert un pays dont les gens d'Occident savent le nom:le père de la Gazelle.Mon nom, lui, vous est peu connu.Je m'appelle Cheikh Zayed.»