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François Perche
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Depuis que j'ai ouvert cette librairie, j'ai toujours été entouré de voix.
Dès les premiers jours, les gens découvraient un libraire qui savait les écouter. Plus tard, j'ai appris que l'on m'appelait " la grande oreille ". J'ai acheté un cahier. Besogneux du crayon et du papier, j'écrivais chaque jour le produit du rapt quotidien, les paroles ramassées au-dessus des livres, les confidences, les cris, les murmures, les angoisses, les appels au secours. J'ai la même perception pour " mes " voix que pour les livres que j'expose dans les rayons et sur les tables : une commune vibration d'humanité.
F. P.
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Je voudrais dérouler mon souffle pour recréer à nouveau mon père mort.
Son écriture dans mon écriture. Le cheminement de nos propres mots, de résonances en résonances. Quelque chose devrait surgir de cela, s'infiltrer progressivement dans les dépôts et alluvions dont ma propre écriture est formée. Lorsque le coeur cesse de battre, les mots ne disparaissent pas tous, certains continuent à vivre dans d'autres mémoires. Ils se réfugient dans mes mots. Lorsque le coeur cesse de battre la vie s'évapore, mais déjà de jeunes vies, tournées vers ce qu'il faut bien appeler leurs racines, engrangent dans leurs propres souvenirs ces souvenirs d'un autre temps.
Ses mots ne reculent pas. Ils éclatent et se répandent. Ils ne s'enfonceront jamais dans la nuit. On entend leur respiration lointaine, comme une lente reconstruction de soi. F. P.
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