L'acte fondateur du roman est le meurtre de la vieille usurière, dans un immeuble de Saint-Pétersbourg, par l'étudiant Raskolnikov : sa réflexion sur le mobile du crime, l'influence de Sonia ou une mystérieuse puissance intérieure, poussent le héros à se dénoncer et à devenir l'objet d'un châtiment librement consenti. C'est pendant les années de bagne que se révèle à lui son amour pour Sonia, et le chemin de la rédemption.
Crime et Châtiment est le deuxième "grand roman" de Dostoïevski, qu'il écrivit en même temps que Le joueur, en 1866, alors qu'il était revenu de sa déportation en Sibérie et qu'il entrait dans les années les plus productives de sa carrière : L'idiot, L'Eternel Mari et Les Démons allaient paraître de 1866 à 1871.
L'acte fondateur du roman est le meurtre de la vieille usurière, dans un immeuble de Saint-Pétersbourg, par l'étudiant Raskolnikov : sa réflexion sur le mobile du crime, l'influence de Sonia ou une mystérieuse puissance intérieure, poussent le héros à se dénoncer et à devenir l'objet d'un châtiment librement consenti.
C'est pendant les années de bagne que se révèle à lui son amour pour Sonia, et le chemin de la rédemption.
Crime et Châtiment est le deuxième " grand roman " de Dostoïevski, qu'il écrivit en même temps que Le Joueur, en 1866, alors qu'il était revenu de sa déportation en Sibérie et qu'il entrait dans les années les plus productives de sa carrière : L'Idiot, L'Eternel Mari et Les Démons allaient paraître de 1866 à 1871.
Il y a le père, fiodor pavlovich, riche, malhonnête et débauché, et ses trois fils légitimes : mitia, impulsif, orgueilleux, sauvage ; yvan, intellectuel, raffiné, intransigeant ; aliocha, sincère, pieux, naïf.
Et puis il y a le fils illégitime, smerdiakov, libertin cynique vivant en serviteur chez son père. l'un d'eux sera parricide. roman complet et flamboyant, les frères karamazov rassemble une intrigue policière, plusieurs histoires d'amour, des exposés théologiques et métaphysiques éblouissants et des personnages inoubliables déchirés par leurs conflits intérieurs. sans doute le chef-d'oeuvre de dostoïevski.
Avec cette publication se conclut également l'immense entreprise de retraduction des romans de dostoïevski entamée il y a plus de dix ans par andré markowicz.
Il y a le père, Fiodor Pavlovich, riche, malhonnête et débauché, et ses trois fils légitimes : Mitia, impulsif, orgueilleux, sauvage ; Yvan, intellectuel, raffiné, intransigeant ; Aliocha, sincère, pieux, naïf. Et puis il y a le fils illégitime, Smerdiakov, libertin cynique vivant en serviteur chez son père. L'un d'eux sera parricide.
Roman complet et flamboyant, Les Frères Karamazov rassemble une intrigue policière, plusieurs histoires d'amour, des exposés théologiques et métaphysiques éblouissants et des personnages inoubliables déchirés par leurs conflits intérieurs. Sans doute le chef-d'oeuvre de Dostoïevski.
Avec cette publication se conclut également l'immense entreprise de retraduction des romans de Dostoïevski entamée il y a plus de dix ans par André Markowicz.
Réfugié dans son sous-sol, le personnage que met en scène dostoïevski n'a de cesse qu'il n'ait conspué l'humaine condition pour prôner son droit à la liberté.
Et il n'a de répit qu'il n'ait, dans son discours, humilié, diminué, vilipendé les amis de passage ou la maîtresse d'un soir. or, pour rendre la tonalité de ce monologue, pour en retrouver la " matière ", pour en restituer le sens qui tient avant tout à la langue et à l'usage qu'en fait dostoïevski, il fallait une traduction débarrassée du souci d'élégance contre lequel celui-ci n'a cessé de lutter.
C'est pourquoi la nouvelle traduction d'andré markowicz - qui a entrepris pour babel de retraduire intégralement l'oeuvre de dostoïevski - trouve ici toute sa nécessité. imprécatoire et violente, elle permet d'entendre la véritable voix du grand écrivain russe.
D'abord trois hommes sont "embarqués".
Ils ne se connaissent pas. face à face dans le train de petersbourg, rogojine le noiraud et le blond mychkine, prince à la race abolie, forment un contraste parfait ; bientôt ils s'appelleront "frères" et le seront. dans la mort. ou plutôt : auprès de la morte, ayant accompli leur destin, cousu au nom, puis au visage bouleversant de nastassia filippovna. le coryphée est là aussi, sous l'aspect du fonctionnaire lebedev [...].
L'idiot est une tragédie biblique, un drame coupé d'apologues, commenté par toutes les voix de l'humain concert... michel guérin (extrait de la lecture) traduire l'idiot, c'est vivre, pendant un an, dans une tension incessante, avec une respiration particulière : jamais à pleins poumons, toujours à reprendre son souffle, toujours en haletant, à tenir cet élan indescriptible qui fait de presque chaque mouvement de la pensée, de chaque paragraphe, voire de chaque phrase une longue montée, une explosion et une descente brusque [...].
Jamais encore auparavant l'image physique d'un auteur écrivant son roman ne m'avait autant suivi. tous les matins, me mettant au travail avec une sorte de bonheur terrorisé, je le voyais paraître devant moi, et je me demandais : "mais comment donc un homme peut-il écrire cela ?" andré markowicz (extrait de l'avant-propos du traducteur)
Le Joueur est la confession directe d'un possédé à la voix haletante et familière. Le destin d'Alexis Ivanovitch, consumé par deux passions égales, le jeu et l'amour d'une femme, révèle l'image d'une humanité pleine de désirs fous et d'aspirations incontrôlées, condamnée à l'éternelle nostalgie du bonheur ou à l'espérance du salut. Dicté en vingt-sept jours à une sténographe, publié en 1866, la même année que Crime et Châtiment, ce roman tourmenté, qui reprend l'héritage du romantisme russe et ouvre sur les achèvements majeurs de Dostoïevski, offre un accès saisissant à l'univers du grand écrivain.
D'abord trois hommes sont "embarqués".
Ils ne se connaissent pas. face à face dans le train de petersbourg, rogojine le noiraud et le blond mychkine, prince à la race abolie, forment un contraste parfait ; bientôt ils s'appelleront "frères" et le seront. dans la mort. ou plutôt : auprès de la morte, ayant accompli leur destin, cousu au nom, puis au visage bouleversant de nastassia filippovna. le coryphée est là aussi, sous l'aspect du fonctionnaire lebedev [...].
L'idiot est une tragédie biblique, un drame coupé d'apologues, commenté par toutes les voix de l'humain concert... michel guérin (extrait de la lecture) traduire l'idiot, c'est vivre, pendant un an, dans une tension incessante, avec une respiration particulière : jamais à pleins poumons, toujours à reprendre son souffle, toujours en haletant, à tenir cet élan indescriptible qui fait de presque chaque mouvement de la pensée, de chaque paragraphe, voire de chaque phrase une longue montée, une explosion et une descente brusque [...].
Jamais encore auparavant l'image physique d'un auteur écrivant son roman ne m'avait autant suivi. tous les matins, me mettant au travail avec une sorte de bonheur terrorisé, je le voyais paraître devant moi, et je me demandais : "mais comment donc un homme peut-il écrire cela ?" andré markowicz (extrait de l'avant-propos du traducteur)
La sélection que nous proposons des pensées de Dostoïevski doit permettre au lecteur français de mieux comprendre quelle était sa vision du monde, sans dissimuler sa complexité ni son caractère profondément dérangeant, d'un point de vue philosophique et d'un point de vue politique.
Raskolnikov, jeune étudiant vivant dans la misère, assassine sa logeuse à coups de hache. C'est le point de départ de Crime et châtiment, chef-d'oeuvre paru en 1866, inspiré des quatre années que Dostoïevski passa au bagne en Sibérie. Révolté par la misère, l'alcoolisme et la corruption qui sévissent alors en Russie, l'auteur tire de cette pourriture une oeuvre immortelle. Raskolnikov, ambitieux et solitaire, rejette la morale collective, transgresse les lois de la société, et se rêve en nouveau Napoléon. Pour lui, le monde se divise en deux catégories : les êtres ordinaires et les êtres exceptionnels ; à ces derniers, tout est permis ; alors oui, son crime, comme ceux de Napoléon, sera justifié par l'Histoire. Plongeant dans les ténèbres de l'âme humaine, disséquant la morale, analysant les rouages de la violence, Dostoïevski décrit la déchéance d'un homme, poussé dans ses retranchements par la cruauté du monde.
Dmitri, Ivan et Alexeï, trois êtres que tout sépare, partagent un même père, et avec lui une honte indicible : honte de l'origine, de la naissance... Honte d'exister, qui précipite Dimitri dans l'alcool et les excès de son père et assigne Ivan à une résignation désabusée. Alors que la propagation de l'athéisme plonge le peuple russe dans un doute existentiel, Fiodor Pavlovich, le père de la fratrie, incarne ce désarroi d'une dévotion en souffrance d'idole. Condamné à une existence au second degré, il s'affirme comme une parodie de lui-même. La disparition de Dieu n'a balayé ni la peine ni la culpabilité, mais laissé insatiable la faim d'être pardonné : faute de rédemption, Fiodor mène l'existence dérisoire d'un bouffon et ne récolte que la haine de ses fils. Seul le cadet Alexeï ouvre, confiant, le chemin vers une existence vivable, en opposant au règne généralisé de la honte la ferveur de l'homme simple. Exprimant les craintes ineffables qui nous agitent, Dostoïevski trouve une ultime consolation dans la fièvre des mots échangés et l'ivresse dangereuse des aveux murmurés.
«Il y a lieu de croire que Rogojine éprouva cette brusque sensation d'épouvante ; venant s'ajouter à tant d'autres émotions, elle l'immobilisa sur place et sauva le prince du coup de couteau qui allait inévitablement s'abattre sur lui. Rogojine n'avait pas eu le temps de se rendre compte de l'attaque qui terrassait son adversaire. Mais, ayant vu celui-ci chanceler et tomber soudainement à la renverse dans l'escalier, la nuque portant contre une marche de pierre, il était descendu quatre à quatre en évitant le corps étendu et s'était enfui de l'hôtel presque comme un fou.»
Ses cheveux étaient comme vraiment très noirs, ses yeux clairs comme vraiment très paisibles et limpides, le teint comme vraiment très tendre et pâle, mais d'une santé comme trop claire et certaine, ses dents, de vrais rangs de perles, ses lèvres, du corail - on aurait dit, le plus bel homme possible, et, en même temps, il avait comme quelque chose de repoussant. On disait que son visage faisait penser à un masque ; du reste, on disait beaucoup de choses...
Veules, médiocres, obscurs, les acteurs de ce drame - une sombre conspiration nihiliste dans une quelconque ville de province - gravitent autour de la figure de Stavroguine, démon baudelairien, "homme de l'orgueil, homme du défi - mais d'un défi dans le vide".
Car ce roman (c'est le traducteur qui souligne) "n'existe finalement que pour semer le trouble, égarer, emporter, faire tournoyer, tournoyer, attraper des éclairs, et, à la fin, après plus de mille pages de cyclone, par une espèce de bouffonnerie indifférente, pas même grimaçante, non, grotesque, abandonner le lecteur, essoufflé, avec rien. Possédé."
Veules, médiocres, obscurs, les acteurs de ce drame - une sombre conspiration nihiliste dans une quelconque ville de province - gravitent autour de la figure de Stavroguine, démon baudelairien, "homme de l'orgueil, homme du défi - mais d'un défi dans le vide".
Car ce roman (c'est le traducteur qui souligne) "n'existe finalement que pour semer le trouble, égarer, emporter, faire tournoyer, tournoyer, attraper des éclairs, et, à la fin, après plus de mille pages de cyclone, par une espèce de bouffonnerie indifférente, pas même grinçante, non, grotesque, abandonner le lecteur, essoufflé, avec rien. Possédé."
Les nuits blanches, c'est d'abord un vrai roman d'amour.
Un jeune homme solitaire et romanesque rencontre, une nuit, dans pétersbourg désert, une jeune fille éplorée. désespérée par un chagrin d'amour, nastenka se laisse aller au fantasme du jeune homme, amoureux depuis le premier instant, le berce - et se berce - dans l'illusion, jusqu'à ce que... le fiancé revienne et qu'elle se jette dans ses bras. dès lors, comme le note michel del castillo dans sa lecture, tout est soudain " marqué au sceau de l'inauthenticité.
" la nouvelle traduction d'andré markowicz, qui dans babel retraduit l'intégrale de dostoïevski, tire de ce roman un parti stylistique étonnant. discordante, ironique, la voix que l'on entend ici est bien celle du grand écrivain russe, qui n'a cessé sa vie durant de se battre, au nom de la vérité, contre l'élégance trompeuse, celle des mots et celle des sentiments.
Je sais qu'il faudrait que je me tue, que je me balaie de la surface de la terre, comme un insecte dégoûtant. Mais j'ai peur du suicide, parce que j'ai peur de montrer du courage. Je sais que ce sera encore un mensonge - le dernier mensonge d'une série infinie de mensonges. A quoi bon se mentir à soi-même, simplement pour jouer les courageux ? L'indignation, la honte, jamais je n'arrive à les éprouver ; et donc le désespoir pas plus.
(Nikolaï Stavroguine) Veules, médiocres, obscurs, les acteurs de ce drame - une sombre conspiration nihiliste dans une quelconque ville de province - gravitent autour de la figure de Stavroguine, démon baudelairien, "homme de l'orgueil, homme du défi - mais d'un défi dans le vide". Car ce roman (c'est le traducteur qui souligne) "n'existe finalement que pour semer le trouble, égarer, emporter, faire tournoyer, tournoyer, attraper des éclairs, et, à la fin, après plus de mille pages de cyclone, par une espèce de bouffonnerie indifférente, pas même grinçante, non, grotesque, abandonner le lecteur, essoufflé, avec rien. Possédé."
A Saint-Pétersbourg, en 1865, Raskolnikov, un jeune noble sombre et altier, renfermé mais aussi généreux, a interrompu ses études faute d'argent. Endetté auprès de sa logeuse qui lui loue une étroite mansarde, il se sent écrasé par sa pauvreté. Mais il se croit aussi appelé à un grand avenir et, dédaigneux de la loi morale, se pense fondé à commettre un crime : ce qu'il va faire bientôt - de manière crapuleuse. Publié en huit livraisons par Le Messager russe au cours de l'année 1866, le roman de Dostoïevski montre en Raskolnikov un témoin de la misère, de l'alcoolisme et de la prostitution que l'auteur décrit sans voiles, un criminel aussi qui ne sait trop pourquoi il l'est devenu, tant les raisons qu'il s'invente pour agir sont contradictoires. Mais la tragédie n'exclut pas la vision d'une vie lumineuse, et le châtiment de son crime va lui permettre un long cheminement vers la vérité, et la renonciation à sa mélancolie brutale. Après quoi sera possible ce que l'épilogue annonce : l'initiation de Raskolnikov à une réalité nouvelle, le passage d'un monde à un autre monde.
Traduction d'Elisabeth Guertik.
Edition de Jean-Louis Backès.
Dostoïevski écrit Les Démons en riposte à un péril, celui d'un attentat anarchiste, et en soutien à celui qui deviendra le tsar Alexandre III. Il dépeint un monde où les nobles s'affrontent, laissant le champ libre à leurs ennemis, les socialistes, qui s'installeront durablement au sein de la nouvelle génération.À partir de 1871, d'abord en roman-feuilleton, Dostoïevski met en scène un monde immense et, à travers la voix de son narrateur, donne vie à une impressionnante galerie de personnages. La multiplicité des rebondissements crée un suspense permanent, captivant. Si simples en apparence, les intrigues sont en réalité complexes et profondes. Sous ses allures de pamphlet prophétique, ce roman en dit beaucoup sur son époque, et plus encore sur la vision que l'auteur a de son pays.
Récit des années de bagne, que dostoïevski a commencé de rédiger alors qu'il était encore lui-même prisonnier - et qu'il a achevé à son départ de sibérie, entre 1860 et 1861 -, ce livre, plutôt qu'un journal de la maison des morts, propose véritablement, comme le signale son titre nouvellement traduit par andré markowicz, des carnets d'une maison morte.
Ici, les prisonniers sont terriblement vivants, et les portraits que brosse l'écrivain, d'un profond réalisme, sont d'une saisissante humanité. hymne à la vie avant tout, ces carnets de la maison morte ouvrent la voie à toute la littérature ultérieure sur les camps.
«Le héros de notre récit entra tout hagard dans son logement ; sans quitter ni manteau ni chapeau, il traversa le couloir et, comme frappé de la foudre, s'arrêta sur le seuil de sa chambre. L'inconnu était assis devant lui, en manteau et chapeau lui aussi, sur son propre lit, souriant légèrement, et, clignant un peu des yeux, il le saluait amicalement de la tête. M. Goliadkine voulut crier mais ne put et il se laissa tomber sur une chaise presque évanoui d'épouvante. Et à vrai dire il y avait de quoi. M. Goliadkine avait tout à fait reconnu son nocturne compagnon. Son nocturne compagnon n'était autre que lui-même, M. Goliadkine lui-même, un autre M. Goliadkine, mais tout à fait identique à lui-même ; en un mot ce qui s'appelle son double sous tous les rapports...»
La maison des morts, c'est le bagne de Sibérie où Dostoïevski a purgé comme condamné politique une peine de quatre années de travaux forcés et de six ans de «service militaire». Mais la maison des morts, c'est aussi le Goulag. La Russie de Dostoïevski est déjà celle de Staline, de Beria, de Vychinski, des grands procès où les accusés rivalisent devant leurs procureurs de contrition et d'aveux. Comme l'écrit Claude Roy, «la Russie d'hier et la Russie moderne sont exemplaires dans la science du châtiment sur deux points essentiels. Elles ont poussé plus avant peut-être qu'aucun peuple l'art de donner aux tortionnaires cette paix de l'esprit que procure la bonne conscience. Elles ont su simultanément contraindre un nombre important de leurs victimes, non seulement à subir sans révolte les épreuves infligées, mais à donner à leurs tourmenteurs un total acquiescement.»
Makar dévouchkine et varenka dobrossiolova s'écrivent assidûment.
Lui est un petit fonctionnaire, elle est sa voisine d'en face, une jeune fille dans le besoin. au fil de leur correspondance, composée avec simplicité et spontanéité, se dessine l'affection sincère qui les lie, et qui fera le malheur de l'un d'eux.
Les pauvres gens est le premier roman d'un auteur qui gagna une notoriété immédiate. la trame sentimentale et le style naturaliste sont prétextes à explorer l'âme humaine dans son inconscient et son refoulé : les lettres des deux personnages suggèrent en effet beaucoup par leurs silences et leurs non-dits.
Ce dévoilement comme involontaire, parfois troublant, annonce d'autres monstres de la mauvaise foi à venir dans une oeuvre magistrale.
Tandis que de sa main gauche blessée il tenait l'assassin, il se mit à chercher, en tâtonnant de la droite, le cordon du rideau : cela dura très longtemps, enfin il le saisit et l'arracha.
Lui-même fut surpris, plus tard, de l'effort extraordinaire que cela nécessita. durant ces trois minutes, ni l'un ni l'autre ne laissèrent échapper un seul mot. on n'entendait que leur respiration oppressée et le bruit sourd de la lutte. etant enfin parvenu à ligoter les bras de pavel pavlovitch ramenés derrière le dos, veltchaninov le jeta à terre, se dressa, écarta le rideau et leva le store.
" Je suis un homme ridicule. Maintenant, ils disent que je suis fou. Ce serait une promotion, s'ils ne me trouvaient pas toujours aussi ridicule. Mais maintenant je ne me fâche plus, maintenant je les aime tous, et même quand ils se moquent de moi... " Lassé du monde, détourné du suicide par une rencontre fortuite, le héros de ce monologue imprécatoire plonge dans un profond sommeil. Son rêve le conduit alors vers un univers utopique, un double de la terre mais sans le péché originel, un monde où les hommes vivent bons, libres et heureux. Et c'est l'occasion pour Dostoïevski de laisser libre cours à sa veine mystique, investissant son héros, de retour dans le quotidien des hommes après avoir touché de près l'idée du bonheur, d'une mission évangélique.